9
Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. III - janvier/février/mars 2003
Complications neuropérinéales de l’accouchement
Des troubles neurologiques, parfois suivis de
troubles cardiaques, peuvent être liés à la toxicité
des anesthésiques locaux lorsque ceux-ci sont injec-
tés dans une veine péridurale. Les patientes se plai-
gnent alors de vertiges, de difficultés d’élocution,
puis surviennent des convulsions. Les troubles car-
diaques associent troubles du rythme divers et
défaillance myocardique.
Une blessure radiculaire par l’aiguille est possible
lors de la mise en place d’une analgésie péridu-
rale.
Une neurolyse d’une racine peut avoir lieu si l’anes-
thésique est injecté directement dans une racine.
Elle est exceptionnelle et peut entraîner des
séquelles neurologiques définitives.
Les complications d’origine médullaire, exception-
nelles, sont liées soit à la compression, soit à une
hypovascularisation médullaire. La compression
est liée soit à un hématome péridural, soit à un
abcès. L’hématome péridural (1/500 000 accou-
chements) associe des douleurs lombaires en
ceinture, une diminution progressive de la force
musculaire au niveau des membres inférieurs et
des troubles urinaires avec évolution vers la para-
plégie en quelques heures. Le diagnostic, évoqué
sur la clinique, repose sur l’IRM médullaire. Un trai-
tement chirurgical par laminectomie doit être prati-
qué en urgence afin d’espérer une récupération
satisfaisante. La clinique de l’abcès péridural est
superposable à celle de l’hématome péridural avec
cependant des signes extrêmement progressifs,
sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Le
traitement associe chirurgie et antibiothérapie
adaptée.
Quelques cas de méningites après analgésie péri-
durale avec guérison sans séquelles ont été rappor-
tés.
D
ÉCOMPENSATION D
’
UNE PATHOLOGIE
NEUROLOGIQUE CHRONIQUE
Neuropathie
Une polyneuropathie chronique inflammatoire peut
être aggravée dans le post-partum. Ces aggrava-
tions sont sensibles aux corticoïdes, plasmaphé-
rèses ou veinoglobulines.
Épilepsie
Dans environ 25 % des cas, on observe une aug-
mentation de la fréquence des crises, particulière-
ment en début et en fin de grossesse et dans le post-
partum immédiat (7).
Sclérose en plaques
Tandis que, durant la grossesse, une relative protec-
tion est observée concernant les poussées, la
période du post-partum est une période propice aux
nouvelles poussées. Dans les 3 à 6 premiers mois
après l’accouchement, on observe un risque de
poussées multiplié par 2 à 3 par rapport à la période
ayant précédé la grossesse. De plus, ces poussées
tendent à être plus sévères (8).
Pathologies vasculaires
Dans les 6 semaines suivant le post-partum, il existe
une multiplication du risque d’AVC ischémique par
9, et du risque d’AVC hémorragique par 28. La fré-
quence estimée du nombre d’AVC durant les
6semaines suivant l’accouchement est d’environ
8pour 100 000 (9).
Ainsi, tout signe déficitaire neurologique focal cen-
tral survenant dans le post-partum doit conduire à
pratiquer un scanner cérébral en urgence, avec si
possible une IRM avec séquences de diffusion.
La thrombophlébite cérébrale est observée avec
une plus grande fréquence pendant la grossesse, et
surtout pendant le post-partum. Sa fréquence est
évaluée à 10 à 20 pour 100 000 grossesses.
Initialement, elle se présente, dans environ 60 %
des cas, par des céphalées plus ou moins associées
à des crises comitiales, un déficit moteur ou sensitif
ou, rarement, des troubles de conscience. À la
phase d’état, on observe un déficit moteur dans
70 % des cas, des céphalées dans la même propor-
tion, des crises comitiales dans 60 % des cas, des
troubles de conscience dans 60 % des cas, un défi-
cit sensitif dans 28 % des cas et une aphasie dans
20 % des cas. Le diagnostic doit être affirmé en
urgence par un scanner ou, mieux, une IRM avec
séquences angiographiques. Le traitement doit être
entrepris en urgence avec de l’héparine i.v. (10).
Céphalées
Dans la première semaine du post-partum, des
céphalées sont observées chez 30 à 40 % des
patientes. Elles sont d’autant plus fréquentes que
les femmes étaient auparavant migraineuses. Leurs
causes sont variables. Il peut s’agir de céphalées de
tension, spécialement quand il existe un syndrome
dépressif, ou de crises migraineuses souvent moins
sévères que celles observées avant la grossesse.
Myasthénie
Les risques d’aggravation de la myasthénie sont
augmentés dans une période allant de quelques
semaines à quelques mois après l’accouchement. ■
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
1. Tetzschner et al. Pudendal nerve
recovery after a non-instrumented
vaginal delivery. J Int Urogynecol J
Pelvic Floor Dysfunct 1996 ; 7(2) : 102-
4.
2. Sultan et al. Pudendal nerve
damage during labour : prospective
study before and after childbirth. Br J
Obstet Gynecol 1994 ; 101 (1) : 22-8.
3. Pregazzi et al. Postpartum urinary
symptoms : prevalence and risk fac-
tors. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol
2002 ; 103 (2) : 179-82.
4. Vargo et al. Postpartum femoral
neuropathy : relic of an earlier era ?
Arch Phys Med Rehabil 1990 ; 71 (8) :
591-6.
5. Carter et al. Iliohypogastric nerve
entrapment in pregnancy : diagnosis
and treatment. Anesth Analg 1994 ; 79
(6) : 1193-4.
6. Paech et al. Complications of obs-
tetric epidural analgesia and anaes-
thesia, a prospective analysis of
10 995 cases. Int J Obstet Anesth 1998 ;
7 : 5-11.
7. Thomas et Arzimanoglou. Épilep-
sies. Deuxième édition. Collection
“Abrégés de médecine” aux éditions
Masson. 1999.
8. Confavreux et al. Multiple sclerosis
and pregnancy : current clinical
views. Rev Neurol 1999 ; 155 (3) : 1.
9. Kittner et al. Pregnancy and the
risk of stroke. N Engl J Med. 1996 ; 335
(11) : 768-74.
10. Cantu et Barinagarrementeria.
Cerebral venous thrombosis associa-
ted with pregnancy and puerperium.
Review of 67 cases. Stroke 1993 ; 24
(12) : 1880-4.