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Le Courrier de l’algologie (5), n° 2-3, avril-septembre 200666
Vie professionnelle
Vie professionnelle
Annexe
Utilisation du référentiel avec une méthode d’audit
clinique dans le cadre d’une démarche d’évaluation
des pratiques professionnelles
✓ L’audit clinique : c’est une méthode qui va décrire, à travers
ses étapes successives, le cycle d’amélioration continue de la
qualité décrit par Deming (planifier, mettre en œuvre, évaluer,
améliorer). Pour plus de détails, on pourra se reporter aux
publications de l’Anaes sur le sujet :
– l’audit clinique, Andem, juin 1994 ;
– l’audit clinique, bases méthodologiques de l’évaluation des
pratiques professionnelles, Anaes, avril 1999 ;
– réussir un audit clinique et son plan d’amélioration, Anaes,
juin 2003.
Après une nécessaire définition et organisation du projet (pla-
nifier), l’objectif est donc de comparer la pratique réelle de
l’équipe à un référentiel, lui-même établi à partir de références
scientifiques validées. Ce référentiel est décliné en une grille
de critères d’évaluation qui permet d’évaluer si la pratique est
conforme au référentiel (mettre en œuvre). Ensuite, l’équipe
doit analyser les résultats obtenus (évaluer) et proposer un plan
d’amélioration et de suivi (améliorer).
✓ L’utilisation des référentiels de pratiques professionnelles réali-
sés conjointement par la SFAR-CFAR et la HAS permet d’effectuer
une démarche de type audit clinique, simple et rapide à utiliser pour
le médecin anesthésiste-réanimateur. En effet, la construction du
référentiel et de la grille des critères d’évaluation a été préalablement
effectuée sous l’égide du CFAR par un groupe d’anesthésistes-
réanimateurs représentatifs de la spécialité. Il ne reste plus alors
au médecin qu’à recueillir les réponses aux questions posées par
le référentiel à partir d’une étude rétrospective d’au moins 20 dos-
siers, à analyser ses résultats et à proposer un plan d’amélioration
et de suivi de ses pratiques professionnelles. L’utilisation de ces
référentiels constitue donc certainement, du moins dans un premier
temps, une porte d’entrée dans l’EPP simple et très accessible à tout
professionnel, même peu familier des méthodes qualité.
✓ Cette démarche, pour être valide, doit être explicite et donc
donner lieu à un rapport écrit décrivant la démarche réalisée.
Ce rapport peut suivre le plan type suivant (cf. Réussir un audit
clinique et son plan d’amélioration, Anaes, juin 2003) :
– présentation du contexte ;
– objectifs ;
– organisation et déroulement de la démarche (composition du
groupe projet ou de l’équipe, unité impliquée, description de la
méthode, calendrier et déroulement des différentes étapes) ;
– recueil des données (cf. modèle joint de la grille de recueil) ;
– analyse des résultats :
• Que pensez-vous de vos résultats (points forts et points à
améliorer de votre pratique) ? Sont-ils conformes à ce que
vous attendiez ?
• Comment expliquez-vous, pour certains critères d’évalua-
tion, les éventuels écarts observés ?
– Plan d’amélioration et de suivi :
• Quelles actions d’amélioration allez-vous mettre en place ?
• Comment les actions d’amélioration sont-elles suivies et
évaluées ?
– Conclusions et impact de la démarche.
✓ Spécificité de l’anesthésie-réanimation, une démarche
d’équipe : dans l’exercice de l’anesthésie-réanimation, les
contraintes organisationnelles et, en particulier, la nécessaire
permanence des soins font que, au sein des établissements de
santé, la prise en charge d’un patient implique le plus souvent
plusieurs médecins anesthésistes-réanimateurs (exemples :
consultation d’anesthésie, phase peropératoire, suivi postopé-
ratoire et réanimation). Cette spécificité du processus anesthé-
sique a conduit au développement d’une logique du travail en
équipe (dossier d’anesthésie partagé, protocoles et procédures
communs) contribuant à améliorer la qualité et la continuité des
soins et à diminuer les écarts par rapport à une norme validée
en anesthésie et en réanimation.
De ce fait, l’évaluation des pratiques en anesthésie-réanima-
tion suppose, dans la plupart des cas, une approche du travail
en équipe, des médecins anesthésistes-réanimateurs. Dans le
cadre d’une démarche d’audit, on étudie donc une quantité
prédéfinie de dossiers (20 environ, mais le nombre peut être
adapté en fonction du secteur d’activité choisi). Les résultats
sont mis en commun et une démarche d’amélioration et de
suivi est réalisée collectivement.
Cette participation collective à une EPP doit bénéficier :
– à chaque médecin qui la finalise individuellement ;
– au groupe de médecins anesthésistes-réanimateurs.
La définition d’une équipe d’anesthésistes-réanimateurs est
ouverte, mais on peut néanmoins considérer qu’il s’agit de
la plus petite entité prenant en charge un patient (exemples :
équipe d’anesthésie en ORL, équipe d’anesthésie aux urgences,
équipe de réanimation, etc.).
✓ En pratique
– Tous les membres d’une équipe d’anesthésie participent à
cet audit.
– L’équipe prend connaissance du référentiel.
– Une méthode rétrospective est retenue.
Pour les critères 1, 2, 3 et 4a : la réponse aux questions est recher-
chée une fois par an au niveau de la structure au sein de laquelle
travaille l’équipe médicale concernée. Il n’y a donc qu’une réponse
par critère (cf. grille de recueil). Pour les critères 4b, 5, 6, 7 et 8 :
20 dossiers consécutifs au minimum doivent être analysés. Il y a
donc 20 réponses par critère. Chaque membre de l’équipe recueille
sur une grille (cf. document joint) les données de 20 dossiers d’anes-
thésie consécutifs par secteur d’activité (exemples : orthopédie,
chirurgie gynécologique, etc.) concernant un acte chirurgical ou un
acte interventionnel invasif susceptible de provoquer une douleur
postopératoire, en chirurgie réglée ou en urgence.
Remarque : certains critères sont déclinés en plusieurs parties
(a, b, c). Chacune de ces parties fait l’objet d’une question
spécifique et indépendante des autres qui doit être traitée (oui,
non, non adaptée).