ÉDITORIAL Cœur et anesthésie “ Heart and anesthesia A Gérard Helft Institut de cardiologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. ctuellement, quelque 7 millions d’anesthésies sont réalisées chaque année en France. Le nombre d’interventions chirurgicales va croissant ; on estime que d’ici 2020, il pourrait encore augmenter de 25 %. Il augmentera encore davantage chez les sujets âgés. Les données démographiques des patients opérés indiquent également un nombre croissant de comorbidités chez les patients âgés. Des collaborations avec les gériatres sont souvent nécessaires et très souhaitables afin d’évaluer le risque de complications selon les comorbidités bien plus que selon l’âge : c’est l’un des messages du Pr Boddaert (“Spécificités du sujet âgé dans la gestion pré- et postopératoire”). Si la mortalité cardiovasculaire commence à décroître dans la population générale, la prévalence de la maladie coronaire, de l’insuffisance cardiaque et des facteurs de risque cardiovasculaire, en particulier du diabète, augmente. Cela a un impact en termes d’anesthésie et de prise en charge des patients. Le risque cardiaque résultant des contraintes de la période ­périopératoire est un enjeu de santé publique. En effet, les complications cardiaques sont la première cause de morbidité après une intervention de chirurgie non cardiaque. Par conséquent, les stratégies de réduction du risque de complications périopératoires ischémiques faisant intervenir les scores de risque et le maniement de certains médicaments sont à connaître et à appliquer (“Stratégies de réduction du risque de complications périopératoires ischémiques en chirurgie non cardiaque”). La prise en charge optimale de certains patients nécessite aussi dans certains cas une concertation collégiale tant en préopératoire qu’en postopératoire. Les scores de risque sont destinés à aider les praticiens pour l’appréciation du risque chirurgical. Leur intérêt et leurs limites sont commentés par le Pr Litzler (“Comment évaluer le risque chirurgical à partir des scores ?”). Les souffrances myocardiques postopératoires sont fréquentes, notamment dans certaines chirurgies à risque, telles que la chirurgie vasculaire ou la chirurgie d’urgence. En postopératoire, la décision de recours à un avis spécialisé se pose et doit être prise avec discernement rappelle le Pr Piriou (“Surveillance des complications cardiaques postopératoires”). En cas d’augmentation de la troponine rattachée à un syndrome coronaire aigu sans sus-décalage du segment ST, les patients devront bénéficier d’une évaluation cardiaque à distance dont le délai dépendra essentiellement du risque. Si l’avènement des nouveaux anticoagulants et des nouveaux antiagrégants plaquettaires est globalement un progrès dans la prise en charge des patients en fibrillation auriculaire et des patients coronariens, ces nouveaux traitements font courir un risque supplémentaire à ces patients s’ils ne sont pas maniés correctement ! C’est paradoxal mais certain, il faut par conséquent apprendre à manier ces nouvelles molécules, c’est le message du Pr Marc Samama (“Quel risque hémorragique et quelle prise en charge périopératoire avec les nouveaux anticoagulants/antiplaquettaires ?”). ” Espérons que ce numéro spécial apportera à chacun, selon ses besoins, un éclairage nouveau dont pourront profiter nos patients. La Lettre du Cardiologue • n° 461-462 - janvier-février 2013 | 5