La Lettre du Pneumologue - Vol. IX - n° 6 - novembre-décembre 2006
Éthique
Éthique
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3 si elle ne se fonde pas sur le dernier état des connaissances
scientifiques et sur une expérimentation préclinique suffisante ;
3 si elle ne vise pas à étendre la connaissance scientifique de l’être
humain et les moyens susceptibles d’améliorer sa condition ;
3 si elle ne répond pas aux exigences de respect de la dignité
et de protection des personnes telles que définies par les textes
internationaux et la loi.
En pratique, toute recherche biomédicale doit être réalisée
après l’avis favorable du CPP et l’autorisation de l’autorité
compétente au ministère.
La demande d’avis sur un projet de recherche biomédicale est
adressée au CPP par le promoteur. Il en existe au moins un
par région. L’agrément des CPP est délivré pour une durée de
4 ans. La pluridisciplinarité de la composition d’un CPP est
une de ses valeurs essentielles. En effet, les CPP sont compo-
sés de manière à garantir leur indépendance et la diversité des
compétences dans le domaine biomédical et à l’égard des ques-
tions éthiques, sociales, psychologiques et juridiques. Ainsi,
depuis la nouvelle loi, ils comprennent 16 membres titulaires
d’origines et de compétences différentes, répartis en 7 caté-
gories : professionnels de santé, et professionnels ayant une
expérience approfondie en matière de recherche biomédicale ;
méthodologiste ; personne qualifiée en éthique ; travailleur
social ; personne qualifiée en sciences comportementales ; per-
sonnes qualifiées en raison de leurs compétences en matière
juridique ; représentants des associations agréées de malades
ou d’usagers du système de santé.
De plus, le représentant de l’État nomme un membre sup-
pléant pour chaque membre titulaire de chacune des catégo-
ries énumérées. Pour rendre un avis, le principe d’une éthique
de la discussion doit être respecté. Quant au principe d’indé-
pendance, il est également essentiel. Les comités exercent leur
mission en toute indépendance vis-à-vis de l’État, des promo-
teurs, des investigateurs ou de toute pression externe, quelle
qu’elle soit. Il convient donc de souligner que ne peuvent va-
lablement participer à une délibération les personnes qui ne
sont pas indépendantes du promoteur et de l’investigateur de
la recherche examinée.
En ce qui concerne la décision, les avis sont en théorie, selon
les termes de la loi, rendus à la majorité simple des membres
présents, sur rapport d’un des membres du CPP désigné par
le président ou d’un expert appelé à participer aux travaux du
comité. Le vote au scrutin secret est de droit (mais non obliga-
toire et, en pratique, rare) et, en cas de vote avec partage égal
des voix, le président de séance a voix prépondérante (rare-
ment utilisée en pratique également).
Une situation de vote est en effet une situation qui pose ques-
tion, le but étant que tous les membres trouvent un accord
commun ou du moins un accord largement majoritaire, étant
donné l’importance de l’enjeu : s’assurer que la protection sera
effective et de qualité.
Sur quoi se prononce le CPP pour rendre un avis positif ou
négatif ? Les points particulièrement pris en compte sont :
la validité de la recherche et de sa conception ; les garanties
prévues pour les personnes qui se prêtent à la recherche ; les
modalités de recrutement, d’information des personnes, de re-
cueil de leur consentement et de leur indemnisation éventuelle ;
la pertinence éthique et scientifique du projet.
C’est pourquoi, en pratique, le dossier de demande adressé au
CPP par le promoteur doit comprendre un dossier administra-
tif (en pratique, se renseigner auprès du comité de sa région) et
un dossier sur la recherche biomédicale comportant, notam-
ment, le protocole constitué par un document daté, intégrant,
le cas échéant, les modifications successives et décrivant le ou
les objectifs, la conception, la méthode, les aspects statistiques
et l’organisation de la recherche.
Ce dossier doit contenir des renseignements sur la nature
et les modalités de la recherche : identité du promoteur et
celle du fabriquant du médicament s’il est distinct du promo-
teur/identités et compétences des investigateurs (CV) ; titre
et objectif de la recherche (exposé des prérequis scientifiques,
descriptif complet du protocole, avec résumé, méthode, statis-
tiques, organisation et déroulement dans le temps, etc.) ; toute
information utile sur le médicament, le produit, l’objet, le ma-
tériel ou la méthode expérimentés ; cahiers d’observations ;
brochure pour les investigateurs ; accord écrit du ou des chefs
de services ; accord de la DRC (si AP/HP) et/ou des directeurs
des établissements ; exposé des bénéfices et des risques.
Il doit comporter également tous les renseignement permet-
tant d’évaluer la protection des personnes : évaluation de la
balance bénéfice/risque ; procédures de recrutement des per-
sonnes ; procédures d’information et de consentement initial/
droit de retrait ; procédures d’information durant le protocole
et précisions sur les modalités de diffusion des résultats glo-
baux auprès des participants (loi du 4 mars 2002, droits des
malades) ; lieu(x) de la recherche, sécurité des locaux, sécu-
rité des personnes, cas de l’urgence ; protection des personnes
plus vulnérables ; attestation de l’assurance souscrite par le
promoteur ; indemnisation ou non ; proposition d’une pério-
de d’exclusion de toute recherche biomédicale ou non.
Signalons ici le cas particulier de la collecte d’échantillons
biologiques. Pour ces collections d’échantillons biologiques
humains, constituées en dehors du cadre d’une recherche bio-
médicale, le CPP se prononce sur la qualité de l’information
des participants, les modalités de recueil du consentement et
la pertinence éthique et scientifique du projet. En cas d’utili-
sation d’éléments et de produits du corps humain à des fins
scientifiques relevant d’un changement de finalité par rapport
au consentement initialement donné, le comité s’assure que le
nouveau consentement des personnes est bien recueilli. Si la
collecte a lieu au sein d’un protocole de recherche, ces points
sont analysés par le CPP avec l’ensemble du protocole.
La finalité de l’encadrement de la recherche étant d’assurer la
protection des participants sans retarder les recherches qui
font partie d’enjeux stratégiques scientifiques ou industriels,
le CPP se prononce dans un délai de 35 jours. Le comité peut
demander au promoteur des éléments d’informations com-
plémentaires qu’il estime nécessaires à l’examen du dossier. Il
peut également lui demander de modifier son projet. Le délai
est alors suspendu jusqu’à réception des éléments demandés