La recherche sur la leucémie myéloïde chronique, un type de cancer de la moelle osseuse, menée depuis plusieurs années par le Pr François Guilhot au sein du CIC, s’inscrit dans cette logique. «Il y a 20 ans, lorsque nous nous sommes intéressés à cette maladie, les patients atteints de ce cancer décédaient en l’espace de trois à cinq ans. Les deux grands traitements proposés – la transplantation de moelle osseuse et la chimiothérapie – étaient alors inefficaces.» Les travaux de recherche ont démontré qu’en associant de l’interféron aux inhibiteurs de tyrosine kinase, cette thérapie était capable d’augmenter l’espérance de vie des malades. «Aujourd’hui, 80 % des patients sont encore en vie 8 ans plus tard.» Au sein du service hépato-gastro-enterologie et assistance nutritive, les patients souffrant de maladies vasculaires du foie trouvent également une réponse à leur maladie grâce à la recherche. «Le service fait partie d’une cohorte nationale pour ces types de maladies, note le Pr Christine Silvain, chef du service. On étudie l’association des maladies vasculaires du foie au syndrome myéloprolifératif. Nous travaillons avec le service d’hématologie sur un traitement à base d’interféron qui permet d’améliorer la prise en charge des patients voire de les guérir.» Le service mène d’autres études notamment sur les malades souffrant d’hépatite C. Là encore, un Comité de protection des personnes, un garde-fou pour les patients «Le législateur a pris rapidement conscience qu’il fallait encadrer la recherche, souligne le Dr Louis Lacoste, vice-président du comité de protection des personnes (CPP) du CHU de Poitiers. L’histoire a montré qu’il y a toujours eu des dérives.» Les premières règles ont été mises en place à la suite du procès de Nuremberg, enrichies par la déclaration d’Helsinki, reprise au niveau national par la loi Huriet, puis par la loi de 2004 relative à la santé publique. Les comités de protection des personnes sont issus de ce mouvement réglementaire, en constante évolution, qui place la sécurité des patients comme priorité dans la recherche clinique. Aussi, tout projet de recherche doit obtenir l’aval d’un CPP. La France compte 39 CPP. Celui du CHU couvre l’inter-région Ouest. Son rôle : s’assurer que les projets de recherche respectent les mesures médicales, éthiques, sociales, psychologiques et juridiques visant à assurer la protection des personnes. «Le but est vraiment de s’assurer du consentement éclairé du patient. Ce qui doit se traduire par la transmission d’une bonne information tant aux niveaux des bénéfices et des risques de la recherche que du déroulement pratique de l’étude.» Concrètement le comité, qui se réunit chaque mois, se compose de 14 titulaires et 14 suppléants séparés à part égale en deux collèges : l’un regroupant des professionnels de santé (médecins, pharmaciens, méthodologistes...) et l’autre des personnalités issues de la société civile (représentants des patients et des usagers, travailleurs sociaux, juristes, psychologues...). Il peut être saisi par les promoteurs institutionnels, c’est-àdire des médecins chercheurs du CHU de Poitiers, comme par les promoteurs industriels. «Chaque membre du comité doit avoir une bonne compréhension de l’ensemble des données développées par le promoteur de la recherche. Le comité accepte peu le flou.» Aussi, il est rare qu’un avis favorable soit donné en première séance : sur 150 dossiers traités chaque année moins de 10 % ont obtenu le précieux sésame. «Un avis défavorable oblige alors le promoteur à retravailler son dossier.» Dans ce cas, il peut faire appel à un autre CPP ou représenter sa demande après avoir effectué les modifications souhaitées. «Les principaux motifs qui font qu’un dossier n’est pas accepté portent principalement sur une question de méthode, sur un manque de clarté des bénéfices-risques ou encore sur un problème d’information.» CHU Magazine n° 67 – 21