Politique publique et concurrence

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IEP Toulouse, 1ère année économie, semestre B, DST.
Elements de corrigé pour le sujet n°2 : politique publique et concurrence
Marie-Benoît Magrini et Nicolas Belorgey
Moyenne générale : 11,3
Note minimale : 4,5
Note maximale : 17,5
La notation s’est faite en 4 rubriques, détaillées en fin de copie, notée chacune sur 5 points :
- Introduction (I) : accroche, définitions, problématique, lien du plan avec elle
- Plan (P) : cohérence du raisonnement et suivi du plan jusqu’à la fin
- Contenu (C) : fond et forme
- Conclusion (C) : résumé et ouverture
La plupart des copies se sont concentrées sur la relation politique publique  concurrence, alors
que l’inverse aurait aussi pu être développé avec profit (que signifie la politique publique du point
de vue de la théorie de la concurrence ?).
La méthodologie de la dissertation est dans l’ensemble bien connue ; le « test des trois phrases » ne
semble cependant pas systématiquement fait (lire la phrase de problématique et la ou les phrases de
plan, typiquement une pour chacune des deux parties, pour voir si le plan répond bien à la question
posée).
Beaucoup de copies aussi ne parviennent pas à choisir une problématique et posent 2 ou 3
questions, ce qui nuit considérablement à la clarté du raisonnement.
Sur le fond, quelques confusions regrettables reviennent souvent :
- Entre concurrence et marché, par exemple avec l’idée selon laquelle la puissance publique serait
censée « réguler les dérives de la concurrence » : la concurrence n’est pas une dérive, au contraire
ce sont les entraves à la concurrence que la puissance publique combat. Mais réguler les dérives du
marché, oui.
- Entre les néolibéraux et les néoclassiques (et nouveaux classiques). Le néolibéralisme est une
notion plutôt historique ou politique, qu’on trouve chez des auteurs comme Foucault, Bourdieu ou
Wacquant. Ce n’est pas une école de pensée économique. Mieux vaut dans une dissertation
d’économie se référer à une école économique, comme celle des néo-classiques (Walras) ou, plus
récents, les monétaristes (Friedman) ou les nouveaux classiques (Barro, Lucas).
- Quant à Hayek, cité par la plupart des copies comme un néolibéral, il se rattache en économie au
courant des institutionnalistes autrichiens, qui comme son nom l’indique accorde beaucoup
d’importance aux institutions. Il faut distinguer chez lui une part idéologique ou politique, qui le fait
qualifier de néolibéral dans le sens des auteurs précités (et on pourrait même dire conservateur voire
réactionnaire), et une part économique (il a été prix Nobel d’économie en 1974). En fait, la plupart
des fois où Hayek a été cité (à propos du caractère auto-régulateur du marché) il aurait
avantageusement été remplacé par Smith ou Walras qui ont souvent été oubliés.
- Entre économie et libéralisme ou néolibéralisme. Parmi les grands économistes, on trouve
notamment Marx et Keynes.
Ceci étant dit, bravo pour avoir fait ce devoir en deux heures ; nous espérons que cela vous a servi à
perfectionner votre gestion du temps et que la fiche sur la méthodologie de la dissert vous a été
utile. Vous trouverez ci-dessous une proposition de correction sous forme de plan détaillé :
* Accroche possible : La question s’est reposée récemment avec Airbus : la puissance publique
devait-elle intervenir pour secourir la firme ou bien laisser faire le marché ?
* Concurrence : 1) CPP ; 2) ce qui n’est pas le monopole
* Politique publique : intervention de la puissance publique dans la sphère économique, avec
comme objectif (et comme fondement) une amélioration du bien-être collectif.
Le respect des conditions de la CPP doit-il exclure l’intervention de la puissance publique ou au
contraire celle-ci est-elle nécessaire à l’établissement d’un marché concurrentiel ?
I.
II.
La politique publique est habituellement vue comme risquant de perturber le
fonctionnement du marché en CPP
a. Le fonctionnement spontané du marché en CPP aboutit en théorie à un optimum
i. Les conditions de la CPP sont strictes
1. Les 5 conditions
2. L’absence d’externalités, de biens publics, de monopoles naturels
ii. … mais elles garantissent la réalisation d’un optimum économique
1. Au niveau du marché (analyse en termes de surplus)
2. Au niveau de la firme (une obligation d’efficacité)
b. Dans ces conditions, l’intervention publique ne peut que dégrader ce fonctionnement
optimal
i. Les politiques de réglementation ont connu des failles (ex : les coins fiscaux
et sociaux qui perturbent les signaux des prix)
ii. D’où une prohibition des aides publiques par les politiques de la concurrence.
Ex. de l’UE.
Le marché ne peut fonctionner de manière réellement concurrentielle sans l’aide des
pouvoirs publics
a. En pratique, le fonctionnement naturel du marché conduit à s’écarter de l’idéal
concurrentiel
i. Les conditions de la CPP sont rarement remplies
ii. Les firmes, par leurs stratégies, visent à s’éloigner d’une situation
concurrentielle
b. Les pouvoirs publics peuvent contribuer à restaurer des conditions concurrentielles
acceptables
i. Directement, en régulant des activités existantes :
1. La politique de lutte contre les concentrations
2. La réglementation des monopoles naturels
ii. Indirectement, en réunissant les conditions de fonctionnement d’un marché
concurrentiel là où elles font défaut
1. Le cas de la lutte contre la pollution
2. L’action en faveur de la transparence de l’information (labels, …)
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