telles les ossifications rachidiennes progressives et la survenue
de manifestations extra-articulaires (l’amylose rénale par
exemple) (1, 4).
Médicaments de la spondylarthrite ankylosante
Les médicaments qui sont à la disposition du praticien pour
traiter une SA peuvent être divisés en quatre groupes (1, 2) :
–les AINS, qui restent la classe médicamenteuse de référence
dans cette pathologie,
–les traitements adjuvants tels les antalgiques, les myore-
laxants,
–les corticoïdes,
–enfin, les traitements dits de fond, qui ont théoriquement un
effet sur le cours évolutif de la maladie.
Les AINS
Ils restent les produits les plus utilisés dans cette maladie, et
la sensibilité de la SA (et des autres spondylarthropathies) à
ces médicaments fait même partie des critères diagnostiques
des spondylarthropathies d’Amor. Selon les études, la majo-
rité des malades atteints de SA prennent des AINS (1, 2, 5).
De nombreuses études (ouvertes, contre placebo, compara-
tives, en cross-over) ont été réalisées, et il est donc difficile
d’évaluer la supériorité de tel ou tel AINS par rapport à un
autre. Selon les données de la littérature anglo-saxonne, l’in-
dométacine, le naproxène, le piroxicam, le diclofénac seraient
les AINS les plus utilisés par les patients. Ces données sont
toutefois anciennes (1985) et ne permettent pas d’apprécier
l’usage des AINS de nouvelle génération (1). L’efficacité de
la phénylbutazone est bien connue au cours de la SA, et elle
est même considérée comme un test diagnostique par certains.
Toutefois, la tolérance de ce médicament reste médiocre, avec
des effets secondaires hématologiques sévères qui restreignent
son utilisation. Les AINS sont efficaces dans la SA, quelle que
soit la forme, axiale ou périphérique, et quelle que soit l’an-
cienneté de la maladie. L’efficacité est constatée cliniquement
sur la réduction des douleurs, de la raideur matinale et l’amé-
lioration de la mobilité rachidienne. Certaines études rappor-
tent un effet sur les marqueurs biologiques inflammatoires. La
phénylbutazone pourrait, par ailleurs, retarder les phénomènes
d’ossification au rachis (1, 2).
Le principal écueil des AINS reste celui de leur tolérance. Les
effets secondaires sont dominés par la gastrotoxicité et la
néphrotoxicité. Les AINS de nouvelle génération, ou anti-
COX-2 sélectifs, devraient permettre une utilisation plus facile,
avec une efficacité identique et des effets secondaires
moindres. Une administration au long cours des AINS n’est
pas conseillée, la prescription étant plutôt réservée au traite-
ment d’une poussée douloureuse.
Les traitement adjuvants
On peut ici regrouper les antalgiques et les myorelaxants (1,
2). Les antalgiques sont d’un apport appréciable en cas de mau-
vaise tolérance des AINS. Aucune molécule n’a fait la preuve
de sa supériorité par rapport à une autre. Les myorelaxants sont,
de la même façon, un traitement adjuvant permettant de lutter
contre la raideur rachidienne. L’amitriptyline a démontré son
intérêt en tant que traitement de la douleur chronique (1).
Les corticoïdes
La corticothérapie par voie générale, et notamment sous forme
de bolus intraveineux, a montré une efficacité dans certaines
études, y compris sur les manifestations axiales (1). De faibles
doses par voie orale ( 10 mg/j) peuvent être proposées en cas
de contre-indications aux AINS, mais n’ont pas fait l’objet
d’études contrôlées.
Les traitements de fond
Ils sont réservés aux formes évolutives qui résistent ou répon-
dent insuffisamment aux AINS, ou aux formes avec atteinte
extra-articulaire (2, 5).
Dans ce groupe, la sulfasalazine tient une place de choix. La
raison de son utilisation dans la SA repose sur l’association
de cette maladie avec les entéropathies inflammatoires et la
constatation fréquente de lésions inflammatoires de la
muqueuse digestive iléale dans la SA. De nombreuses études
(ouvertes puis contrôlées contre placebo) ont démontré l’effi-
cacité de la sulfasalazine dans la SA (1, 2, 5, 6, 7). Ceci
concerne surtout les formes actives, récentes et avec atteinte
articulaire périphérique prédominante. L’amélioration est
constatée sur les paramètres habituels, c’est-à-dire la douleur,
la vitesse de sédimentation (VS) et la CRP, ainsi que le taux
d’IgA circulant. Une méta-analyse réalisée en 1990 concluait
à l’efficacité de la sulfasalazine dans la SA avec amélioration
de la raideur matinale, de la douleur et de la VS (8). Toutefois,
ces études ont, pour la plupart, été menées sur une période
courte, ne permettant pas d’apprécier l’influence de la sulfa-
salazine sur le cours évolutif de la maladie. La tolérance reste
habituellement bonne, avec des effets secondaires bien connus
(gastrotoxicité, vertiges, céphalées, cytolyse hépatique, leu-
copénie, anémie mégaloblastique, lupus induit).
D’autres traitements de fond ont été proposés dans la SA (D-
pénicillamine, antipaludéens de synthèse, sels d’or, immuno-
suppresseurs [cyclophosphamide, ciclosporine]), donnant des
résultats variables (1). Pour tous ces produits, aucune étude
contrôlée n’est disponible, ne permettant ainsi aucune conclu-
sion. Le méthotrexate a été essayé dans le cadre d’études ouvertes
donnant des résultats intéressants, mais peu spectaculaires (1).
Les gestes locaux dans la SA
Les arthrites périphériques peuvent bénéficier d’une infiltra-
tion cortisonique, voire d’une synoviorthèse. De la même
façon, certaines enthésopathies rebelles peuvent également
être traitées par infiltration cortisonique. La talalgie de la SA
pose parfois des problèmes difficiles et certaines formes
rebelles aux AINS, infiltrations et orthèses plantaires, néces-
sitent parfois le recours à la radiothérapie anti-inflammatoire,
qui reste cependant d’indication exceptionnelle. Des études
ouvertes, puis contrôlées, ont démontré l’intérêt des infiltra-
tions sous repérage scopique ou tomodensitométrique des arti-
culations sacro-iliaques, dans le cas de douleurs persistantes
malgré le traitement par voie générale (1) (figure 1, p. 42).
La Lettre du Rhumatologue - n° 261 - avril 2000
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THÉRAPEUTIQUES
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