La Lettre du Rhumatologue • No 390 - mars 2013 | 7
REVUE DE PRESSE
phaseII(5) a permis de démontrer l’efficacité d’une dose mensuelle de 4 mg/ kg administrée
en injection sous-cutanée. Deux études de phaseIII, en partie en aveugle et contre placebo,
bien que de schéma un peu complexe, ont permis de confirmer l’efficacité du canakinumab
dans le traitement de l’AJI.
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Dans la première étude, l’objectif était d’évaluer, au 29
e
jour, l’efficacité d’une dose
de canakinumab comparativement à un placebo. Les patients ayant une AJI considérée
comme active avec de la fièvre, au moins 2articulations atteintes, un taux de protéineC
réactive supérieur à 30 mg/ l, mais une dose de corticoïde inférieure à 1 mg/ kg/ j, ont été
randomisés en double aveugle pour recevoir une dose unique de placebo ou de cana-
kinumab. L’objectif primaire était une amélioration du critère ACR pédiatrique30, soit
une amélioration d’aumoins 30 % de3 des 6critères d’évaluation des AJI et l’absence
d’aggravation supérieure à 30 % de plus de 1 de ces critères ainsi que la résolution de la
fièvre. Les patients répondeurs étaient alors inclus dans la seconde étude dès le 29
e
jour.
Par ailleurs, les patients considérés comme non répondeurs après 3jours et qui avaient
reçu le placebo (aveugle levé à la discrétion de l’investigateur) étaient également inclus
dans la seconde étude.
Quarante-trois patients ont été traités par canakinumab et 41 par placebo. La médiane de
l’âge était de 8ans (extrêmes : 4-13) dans le groupe canakinumab et de9ans (extrêmes :
6-14) dans le groupe placebo. Plus de la moitié des patients avaient déjà bénéficié d’une
biothérapie, et environ 70 % étaient sous corticoïde. Au 15ejour, 84 % des enfants sous
canakinumab avaient une réponse ACR pédiatrique30, contre 10 % dans le groupe placebo
(p<0,001) [figure1].
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Dans la seconde étude, les patients ont d’abord été traités en ouvert par le canakinumab
en injection toutes les 4semaines pendant12 à 32semaines, ceci afin d’évaluer la dimi-
nution de la corticothérapie grâce au canakinumab, avec pour objectif une diminution de
25 %. La dose de corticoïde des patients répondeurs selon les critères ACR pédiatrique50
et qui étaient sous corticoïde à l’inclusion était alors diminuée. Ces patients, considérés
comme répondeurs après 32semaines de traitement en ouvert par canakinumab, ont été
randomisés pour recevoir soit le placebo, soit le canakinumab, en aveugle. L’objectif de
cette seconde phase était de comparer le délai avant la rechute dans chaque groupe. Les
autres patients, considérés comme insuffisamment répondeurs, sont entrés directement
dans un suivi d’extension en ouvert.
Dans la phase ouverte de la seconde étude, 177enfants ont été traités par canakinumab.
Centd’entre eux ont participé à la seconde partie randomisée. À la fin de la première phase
en ouvert, 128patients sur 175 (73 %) étaient répondeurs selon les critères ACR50, 55
(31 %) étaient en rémission et 100 (56 %) ont eu une diminution de leur dose de corticoïde
et ont été inclus dans la seconde phase (figure1). Au cours de cette dernière, la rechute
est survenue dans un délai de 236jours dans le groupe placebo et n’était pas calculable
dans le groupe canakinumab, où moins de 50 % des patients ont présenté une rechute,
62 % des patients ayant toujours une maladie inactive.
Cent vingt-huit patients sur177 étaient sous corticoïde à l’entrée dans la seconde étude,
dont la dose a pu être réduite pour57 d’entre eux (45 %), la dose moyenne passant de
0,34 à 0,05 mg/ kg/ j. Trente-trois pour cent des patients ont été complètement sevrés en
corticoïdes.
Concernant la tolérance, aucun patient n’a arrêté l’étude pour cause d’effet indésirable.
Aucours de la première étude, il n’y a pas eu plus de syndromes d’activation macrophagique
dans le groupe canakinumab que dans le groupe placebo. Dans la phase ouverte, 7enfants
ont présenté des infections sévères. Des anticorps anti-canakinumab ont été retrouvés
chez 4patients. Aucun n’était neutralisant. À noter, de rares cas de thrombopénie et de
neutropénie sous canakinumab. Enfin, 2patients sont décédés de syndrome d’activation
macrophagique au cours de l’étude : une jeune fille traitée par placebo (6injections) après
avoir reçu 8injections de canakinumab et un jeune garçon de 13ans sous canakinumab.
Commentaire
Le canakinumab démontre ainsi son efficacité dans
l’AJI. La tolérance est difficile à évaluer dans ce
travail où les patients de la première étude ont
été en partie inclus dans la seconde. Il s’agit en
tout cas d’une nouvelle preuve de l’efficacité des
anti-IL-1 et d’une nouvelle option thérapeutique
dans une maladie particulièrement sévère.
Références bibliographiques
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