La Lettre du Rhumatologue • Supplément 4 au no 370 - mars 2011 | 19
IMAGERIE
que l’alignement des bords antérieur et postérieur
des plateaux tibiaux soit respecté (figure 1) [3].
◆Kellgren et Lawrence
L’évolution radiographique de la maladie arthrosique
s’étend sur plusieurs décennies. Le score de Kellgren
et Lawrence est le plus largement utilisé et s’applique
à de nombreuses articulations. C’est un score compo-
site qui permet de classer les sujets selon une variable
dichotomique, arthrosique ou non (4), et selon la
sévérité de la maladie. Ce score peut être utilisé pour
juger de l’aggravation de la maladie arthrosique et/ ou
déterminer le nombre de “progresseurs” dans une
population d’arthrosiques par le changement d’au
minimum un grade au cours d’une période de suivi.
Pour certaines articulations et notamment la main,
des scores plus spécifiques ont été proposés, qui
tiennent compte à la fois de la sévérité, mais égale-
ment de l’évolution de la maladie (5-7).
◆Chondrométrie
Cette technique est actuellement recommandée
par les autorités sanitaires et les sociétés savantes.
Sa simplicité et son excellente reproductibilité lui
permettent d’identifier un plus grand nombre de
patients “progresseurs” sur une période de 1 an que
l’utilisation d’un score composite semi-quantitatif
(Kellgren et Lawrence) [8]. La différence minimale
entre 2 clichés successifs jugée cliniquement perti-
nente a été calculée à 0,40 mm à la hanche (9). La
plus petite différence minimale détectable (SDD) a
été calculée à 0,64 mm sur une incidence en semi-
flexion et à 0,12 mm pour une technique automa-
tique réalisée à partir de clichés en schuss lyonnais
avec scopie. À la hanche, Maheu et al. ont montré
qu’une SDD au genou de 0,30 mm sur les incidences
de bassin et de 0,28 mm sur le cliché centré de la
hanche cible permet de classer les patients comme
“progresseurs” (10).
Évaluation structurale en IRM
◆Score semi-quantitatif : WORMS
Cette approche repose sur le WORMS-cartilage
(Whole-Organ Magnetic Resonance Imaging
Score) [11]. Est considéré comme “progresseur”
tout patient témoignant d’une aggravation de plus
de 1 point dans au moins 1 des 14 régions étudiées.
Ce score présente une excellente reproductibilité
interlecteur (coefficient intraclasse de corrélation
[ICC] = 0,99) ainsi qu’une bonne sensibilité au chan-
gement (12). Il permet de déterminer rapidement
(en moins de 15 minutes) les lésions articulaires
responsables de chondrolyse et d’évaluer l’efficacité
structurale des traitements dans la gonarthrose.
Étude volumique du cartilage
L’étude volumique fournit une valeur numérique
qui est peu représentative de l’état structural de
l’articulation. De multiples ajustements sur les para-
mètres anthro pométriques (poids, taille, surface du
plateau tibial, etc.) doivent être pratiqués et seule
l’évaluation du volume cartilagineux ou de l’épais-
seur moyenne du cartilage sur les zones portantes
est pertinente. L’approche volumique nécessite une
station de travail et un logiciel de traitement d’image
permettant une présegmentation automatique du
cartilage : elle doit être validée coupe par coupe par
l’opérateur. Le temps nécessaire à une évaluation
volumique complète du genou varie entre 1 heure
et 1 heure et demie. Les mesures volumiques sont
précises, avec une faible variabilité de la mesure
(CV = 6,53 %) [13]. En recherche clinique, la dif-
férence minimale décelable correspond à 2,8 fois
le coefficient de variation de la mesure. Ainsi, des
variations de volume de 4 % pour le cartilage patel-
laire, de 5 % pour le cartilage fémoral, de 8 % pour
le cartilage tibial interne et de 10 % pour le cartilage
tibial externe peuvent être considérées comme per-
tinentes à l’échelon individuel (14-16). Comme pour
le WORMS, l’étude volumique permet de déterminer
les facteurs de chondrolyse et d’évaluer l’efficacité
structurale des traitements dans la gonarthrose.
Médicament
chondromodulateur
Le ralentissement du processus de dégradation du
cartilage renvoie à la notion de structuromodulation,
qui se définit comme la capacité d’un traitement à
prévenir, à retarder, à stabiliser, voire à réparer les
lésions arthrosiques chez l’homme (17). Deux études
cliniques ont été réalisées à la hanche (insaponi-
fiables de soja et d’avocat et diacerhéine) [18, 19]
et 5 au genou (2 avec le sulfate de glucosamine,
1 avec le sulfate de chondroïtine [Chondrosulf®],
1 avec le risédronate et la dernière avec la doxycy-
line) [20-24]. En dehors de l’étude STOPP qui répond
sur le plan méthodologique aux recommandations
actuelles émises par les sociétés savantes, les autres
études montrent soit l’absence d’effet structuro-
modulateur, soit des limites méthodologiques qui
doivent pondérer certaines conclusions (25).