Neurologie

publicité
Sommaire
Des domaines
pathologiques variés
L’interférence
avec toutes
les neurosciences
Sclérose en plaques :
le rôle de l’infirmière
Neurologie
Une discipline
nécessairement liée
aux autres
Alzheimer
Épilepsie
Autres pathologies
Escarres
Urgence en neuro
La discipline neurologique est relativement récente.
Elle a été individualisée à la fin du siècle dernier,
grâce à Jean-Martin Charcot, qui en a tracé le domaine
de compétence et les limites avec la psychiatrie.
La méthode d’investigation qui a apporté la plupart
des informations jusqu’à la moitié de ce siècle est la méthode
anatomo-clinique. Mais les progrès scientifiques
et techniques bouleversent l’analyse clinique.
O
n entend par le terme “neurologie”, l’étude
des désordres qui affectent le système nerveux central (cerveau et moelle épinière) et
périphérique, les désordres liés à une dysfonction organique explicable par une lésion visible
ou identifiable, par exemple, par un mécanisme
neurochimique. Ce point de vue permet de
distinguer la neurologie de la psychiatrie. En
effet, celle-ci a pour champ d’application les
désordres cérébraux, qui, eux, ne sont pas
directement corrélés à une lésion identifiable du
système nerveux. Cette distinction est néanmoins insuffisante car il existe tout un ensemble
de domaines qui sont aux confins de la neurologie et de la psychiatrie.
Méthode d’investigation
CORTEX
moteur
sensitif
CERVELET
NOYAUX
CENTRAUX
THALAMUS
spécifique
non spécifique
VOIE
PYRAMIDALE
VOIE
LEMNISCALE
Nerfs crâniens
FACE
moteurs
TRONC
CÉRÉBRAL
2e motoneurone
TÉGUMENTS
DE LA FACE
VOIES
EXTRALEMNISCALES
VOIES
EXTRAPYRAMIDALES
MUSCLES
DU TRONC
ET DES
MEMBRES
V
Nerfs trijumeaux
MOELLE
RÉCEPTEURS
PÉRIPHÉRIQUES
FONCTIONNEMENT DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL
La méthode anatomo-clinique est née de travaux pionniers, comme ceux de Broca, qui a
apparenté un trouble acquis du langage, c’est-àdire une aphasie, à une lésion touchant le cortex cérébral de l’hémisphère gauche.
La corrélation entre des signes neurologiques
déficitaires, par exemple une hémiplégie et une
localisation neurologique, a fondé cette méthode.
En associant l’étude précise des lésions cérébrales chez un patient après son décès et
l’analyse clinique fine des troubles neurologiques qu’il a présentés de son vivant, cette
méthode fonde la notion de localisation cérébrale, c’est-à-dire l’association d’une zone du
cerveau à une fonction.
Ce concept très puissant a apporté un grand
nombre de résultats qui ont permis de faire la
description des différentes maladies neurologiques, c’est-à-dire la nosologie actuelle ●●●
19
Neurologie
●●● en neurologie. Mais les classifications sont
bouleversées par de nouvelles méthodes d’analyse des lésions cérébrales et, en pratique, le raisonnement est aujourd’hui fondé davantage sur
la notion de réseaux neuronaux qui sont plus ou
moins altérés (par exemple, les réseaux qui soustendent la mémorisation et qui peuvent être
lésés à différents niveaux du cerveau, donnant le
même trouble de la mémoire). De même la
notion explicative de lésions génétiques concernent, notamment plusieurs types de mutations
touchant des chromosomes différents peuvent
donner la même maladie clinique, comme dans
le cas de la maladie d’Alzheimer ou de la maladie de Parkinson.
Pr Pierre Cesaro
Service de neurologie, INSERM U 421,
Hôpital Henri-Mondor, Créteil
Des domaines
pathologiques variés
La neurologie repose sur un examen précis et clinique
du patient, ce qui en fait sa force et sa richesse.
La nosologie peut être articulée suivant plusieurs
classifications, fondées entre autres sur des symptômes,
des connaissances acquises sur l’organisation du système
nerveux et la localisation des fonctions du cerveau.
La classification sémiologique se fonde sur le
symptôme majeur présenté par le patient, par
exemple une céphalée, une crise d’épilepsie, un
trouble de la mémoire, un trouble de la marche,
un vertige, une baisse de la vue, etc.
La localisation en neurologie est un élément très
important du diagnostic et elle est aujourd’hui
aidée de façon majeure par les méthodes modernes d’imagerie. Le scanner par mesure de l’absorption des rayons X et réalisation d’une image du
cerveau en trois dimensions ou l’imagerie par résonance magnétique permettent de visualiser, en
fonction de la technique utilisée, le tissu cérébral
lui-même, les cavités ou les espaces liquidiens, les
vaisseaux par angiographie de résonance magnétique. Les performances des appareils d’imagerie
sont telles, que la clinique neurologique a perdu,
pour certains, de son intérêt. Au contraire, les progrès réalisés en neurosciences cliniques sont en
grande partie fondés sur une analyse clinique encore plus fine des symptômes que présentent les
patients.
20
Cette classification a permis de lister un grand
nombre de symptômes qui sont le premier
motif de consultation.
Le deuxième type de classification se fonde
sur la connaissance précise que nous avons de
l’organisation du système nerveux central et périphérique. On peut identifier différentes maladies
qui touchent le muscle (myopathies, myosite), la
jonction neuromusculaire (myasthénie), les
troncs nerveux (névrites ou multinévrites), l’ensemble des fibres nerveuses périphériques (polyneuropathies) ou les racines ou les plexus nerveux (polyradiculonévrites, plexopathie).
De la même façon, on distingue les affections qui
touchent la moelle épinière (compression de la
moelle épinière, tabès, myélopathie par carence
vitaminique...) et les lésions du tronc cérébral.
La localisation a permis de reconnaître une
lésion du tronc par l’existence d’un syndrome
alterne, avec, d’un côté, une paralysie d’un nerf
crânien (diplopie ou vision double, hypoesthésie du visage par atteinte du nerf trijumeau,
paralysie faciale par atteinte du nerf facial, surdité par atteinte du nerf cochléaire et, de l’autre
côté, une atteinte des voies qui traversent le
tronc cérébral comme la voie pyramidale (hémiplégie) ou les voies de la sensibilité (troubles
proprioceptifs).
Au niveau cérébral, on distingue, d’une façon
similaire, des noyaux gris centraux, du thalamus et du striatum, les lésions de la substance
blanche située en dessous du cortex cérébral et
enfin les lésions du cortex cérébral lui-même.
La troisième classification est véritablement
nosologique. Elle concerne le mécanisme en
cause dans la maladie présentée par un patient.
Cette classification est à l’origine de “sur-spécialité” comme, par exemple, les unités de traitement des accidents vasculaires cérébraux, les
unités d’évaluation de patients épileptiques, etc.
On distingue, entre autres, la pathologie vasculaire qui étudie les lésions ischémiques du cerveau (hémiplégie vasculaire par infarctus cérébral), les lésions hémorragiques du cerveau ou
des méninges et, un peu à part, les lésions par
occlusion des veines intracérébrales qui rendent
compte des phlébites, assez fréquentes chez la
femme jeune. Ces maladies vasculaires peuvent
avoir des mécanismes extrêmement variés, qui
vont de l’embolie cardiaque à la maladie des
artères inflammatoire (lupus) ou dégénératives
(amylose du système nerveux).
Un autre grand domaine est représenté par
les pathologies inflammatoires. La maladie la
plus connue dans ce domaine est la sclérose en
plaques, d’ailleurs identifiée par les travaux de
Jean-Martin Charcot. Dans ce cas, une lésion
focale auto-immune de la myéline de la substance blanche sous-corticale a été identifiée
depuis longtemps, mais on insiste aujourd’hui
également sur l’importance des lésions des
axones qui rendent compte des déficits moteurs
ou sensitifs présentés par les patients.
Dans le domaine inflammatoire, il existe de
nombreuses autres affections comme la sarcoïdose, la maladie de Behçet, les angiopathies
inflammatoires.
Le domaine tumoral est malheureusement
très important et les tumeurs intracérébrales
sont plus sévères du fait de l’endroit où elles se
trouvent et de l’exiguïté de la boîte crânienne,
du fait de la vitesse de croissance de ces lésions.
On distingue des tumeurs qui dérivent des
méninges (méningiomes), celles qui dérivent de
la glie (gliomes) et les métastases qui viennent
de cancers viscéraux. Il existe également des
tumeurs dérivées de structures autres, comme
l’épendyme (épendymomes) ou des vaisseaux
intracérébraux (angiomes).
La thérapeutique des tumeurs cérébrales représente un enjeu majeur. La neurochirurgie, intéressante pour les tumeurs bénignes, est malheureusement inefficace pour les tumeurs malignes,
notamment celles qui sont infiltrantes, comme
les gliomes. Dans ce cas, la radiothérapie et la
chimiothérapie ne représentent pas aujourd’hui
une réponse satisfaisante.
Les maladies liées aux traumatismes crâniens
sont source de handicaps importants dans la
population, notamment du fait de la fréquence
des accidents de la voie publique pour lesquels on décrit des complications aiguës
(hémorragies extradurales ou sous-durales) et
des complications chroniques, comme les
hématomes sous-duraux ou les hydrocéphalies
post-traumatiques.
Les maladies infectieuses concernent naturellement le cerveau et l’on peut citer des maladies à germe banal, comme certaines méningites ou les abcès du cerveau, des maladies à
virus, comme les encéphalites herpétiques, des
maladies à prions qui sont transmissibles, ●●●
Confins neuropsychiatriques
Il est intéressant de noter que certaines maladies
neurologiques donnent un tableau qui ressemble
à une affection psychiatrique, par exemple une
dépression nerveuse, un état obsessionnel compulsif dans le cas du striatum par piqûres de guêpe et
que, à l’inverse, certains tableaux psychiatriques
sont associés à des troubles neurologiques.
La distinction, qui est fondée sur l’absence de lésion identifiable, n’est pas valable dans tous les cas,
puisque, par exemple, certaines formes de tremblements ne sont pas expliquées par une lésion focale ou fonctionnelle du système nerveux central.
A contrario, certaines maladies psychiatriques, notamment certaines psychoses organiques, sont expliquées par un dysfonctionnement neurochimique
du cerveau et, à n’en pas douter, les progrès des
neurosciences bouleverseront à la fois les limites
entre neurologie et psychiatrie et la classification
nosologique de ces affections.
Il y a quelques lustres, la neurologie et la psychiatrie représentaient la même spécialité en France et
il est possible que, dans le futur, certains thèmes
neuropsychiatriques reviendront dans le cadre
d’une spécialité unique.
21
Neurologie
●●● mais non contagieuses directement, comme
la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
Les complications neurologiques de certaines
infections comme le sida sont multiples, car il
faut ajouter à l’infection directe du cerveau par
le virus VIH, la possibilité de maladies opportunistes qui viennent se greffer sur l’encéphalite
elle-même.
Les maladies dégénératives représentent un
domaine majeur de la pathologie et on y distingue le cadre des démences dégénératives,
comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie
de Pick, avec comme nouveauté récente, l’identification de plusieurs gènes occasionnant un
même tableau neurologique.
La maladie neurodégénérative la plus connue
est la maladie de Parkinson qui donne essentiellement des troubles moteurs (akinésie, rigidité, tremblements) et des troubles végétatifs et
cognitifs à la suite d’une déplétion intracérébrale progessive en dopamine. Le mécanisme
de cette affection est inconnu, mais on commence à identifier certaines mutations qui peuvent entraîner une maladie de Parkinson, ainsi
que des intoxications exogènes qui sont en
cause dans d’autres syndromes parkinsoniens.
Il existe de très nombreuses pathologies dégénératives du système nerveux central ou périphérique et celles-ci sont caractérisées par leur
localisation qui est encore appelée “systématisation”. Ainsi, la maladie de Huntington donne
une dégénérescence qui touche essentiellement
le striatum, les dégénérescences spino-cérébelleuses détruisent le cervelet et la moelle épinière... Ce type d’affection peut concerner également le système nerveux périphérique avec
des neuropathies héréditaires. Là encore, l’apport majeur des neurosciences modernes et
l’identification des mécanismes génétiques en
cause peuvent être des mutations, des délétions
ou encore des répétitions de gènes. De nombreux autres mécanismes sont éventuellement
rencontrés dans les maladies du système nerveux comme les intoxications médicamenteuses
ou exogènes, les carences en vitamines ou nutritionnelles, les troubles de la circulation du
liquide céphalo-rachidien, les malformations
congénitales.
Pr P. Cesaro
L’interférence avec
toutes les neurosciences
Il ne semble pas possible d’identifier une discipline
“neurologique” indépendante des autres disciplines
médicales et/ou chirurgicales, mais plutôt d’accepter le
terme de neurosciences cliniques qui relèvent de l’ensemble
des champs d’intérêt médical ou scientifique.
L
a neurospychologie étudie les altérations
cognitives observées au cours des maladies
neurologiques, par exemple les troubles du langage ou aphasie, les troubles de l’identification
sensorielle ou agnosie, les troubles de la mémoire, les troubles de l’identification, l’organisation
de la pensée, etc. La “neuropsychologie” est
enrichie aujourd’hui de méthodes d’imagerie
fonctionnelle qui permettent de corréler les distorsions de la pensée et les anomalies de l’activation de certaines zones cérébrales. Cette dis-
22
cipline apporte un éclairage nouveau à ce que
nous savons des fonctions cérébrales.
Dans un domaine totalement différent, la neurogénétique prend une importance majeure
avec l’identification de mutations génétiques
qui expliquent des affections de mécanismes
jusque-là inconnus, comme, par exemple, la
maladie de Huntington ou la maladie de
Creutzfeldt-Jakob.
Dans un domaine plus restreint, la neuropharmacologie et la biologie moléculaire ont permis
Informations
Dendrites
Corps
cellulaire
Influx
Axone
Myéline
Muscle
scientifique de la neurologie clinique, interfèrent
avec cette discipline de façon majeure et aboutiront sans doute à des progrès déterminants dans
un futur proche, comme cela a été illustré dans
les dix dernières années par la mise en place de
la “décade du cerveau” aux États-Unis.
Il faut également signaler le développement
de secteurs de neurologie d’urgence aptes à
Synapse
Jonction
neuromusculaire
FONCTIONNEMENT D’UN NEURONE
© CMEABG-UCBL/Joubert-Phanie
ie
han
t-P
ber
u
© A relle/Jo
i
d’identifier des mécanismes pathologiques
jusque-là totalement inconnus, comme l’hypothèse des prions, protéines pathologiques
transmissibles à l’origine de la maladie de
Creutzfeldt-Jakob. La biologie moléculaire est
également à l’origine de l’identification du
mécanisme physiopathologique de certaines
affections et de diagnostic. Ainsi, aujourd’hui, la
nature neuronale ou gliale de certaines tumeurs
est identifiée grâce à la mise en évidence d’antigènes spécifiques par des méthodes de neuroimmunologie.
L’électrophysiologie est également un domaine
très important d’investigation du
système nerveux central, soit au
niveau périphérique (électromiogramme, vitesse de la conduction nerveuse), soit au niveau
de la moelle épinière et du cerveau, par les potentiels évoqués sensitifs ou moteurs.
Ces domaines transversaux
appartiennent au cadre général des neurosciences et des
neurosciences biologiques. Ils
dépassent de loin le champ
gérer des affections apparues brutalement ou
nécessitant des soins urgents, comme les
infarctus cérébraux, les polyradiculonévrites
de Guillain-Barré, les crises comitiales, les
hypertensions intracrâniennes, etc. Dans ce
cadre, il existe des secteurs plutôt médicaux,
comme le traitement d’accidents vasculaires
cérébraux, et des secteurs qui relèvent de la
neurochirurgie. Ils sont gérés par un système
de garde 24 heures sur 24, en tout cas à l’intérieur de l’hexagone.
Ceci amène à identifier un secteur thérapeutique nouveau qui devient de plus en plus
actif et qui met en jeu des neurologues, mais
surtout et également des neuroradiologues ou
des neurochirurgiens, c’est la “neurologie interventionnelle”. On peut ainsi, sans ouvrir le
crâne, aller occlure des malformations vasculaires intracrâniennes par des méthodes neuroradiologiques endovasculaires, aller biopsier
des tumeurs développées dans les ventricules
par des méthodes de ventriculographie, ou
encore modifier l’état neurologique de patient,
comme des troubles moteurs, des tremblements ou un syndrome parkinsonien, par des
lésions cérébrales ou de la stimulation cérébrale profonde selon une technique que l’on
appelle la “stéréotaxie”.
Pr P. Cesaro
23
Neurologie
Sclérose en plaques
Le rôle de l’infirmière
Pour améliorer la prise en charge globale de la SEP,
maladie lourde de conséquences en termes psychologique,
social et professionnel, et dont les formes cliniques
et évolutives sont extrêmement hétérogènes, il paraît de plus
en plus opportun de mettre à la disposition du malade
et de son médecin traitant une équipe pluridisciplinaire.
P
effet le Dr Jérôme de Sèze, chef de clinique au
service de neurologie du CHU de Lille. « De ce
fait, il est inenvisageable de travailler seul. La prise
en charge ne peut qu’être multidisciplinaire. »
our une maladie comme la sclérose en
plaques, l’annonce du diagnostic – de plus
en plus précoce –, le soutien psychologique et
le suivi de proximité sont trois étapes fondamentales qui exigent un travail d’équipe. Il ne
s’agit d’exclure ni le neurologue de ville ni le
médecin traitant, mais au contraire de s’assurer
l’appui de disciplines diverses (neuro-rééducateur, neurogénéticien, psychiatre, neuro-ophtalmologiste, urologue, gastro-entérologue, infir-
© P. Alix-Phanie
Un contact personnalisé
mière de recherche clinique, assistante sociale,
etc.) pour procéder à un bilan régulier, proposer une stratégie thérapeutique, faire une évaluation clinique, ou encore prendre une décision quant à un traitement agressif immunosuppresseur par exemple. Cette démarche est
aussi et surtout le moyen d’inclure le patient
dans un protocole thérapeutique. « La sclérose
en plaques est une maladie multifocale », insiste en
24
A ce titre, le travail en réseau entre médecins,
kinésithérapeutes et infirmières semble tout
particulièrement indiqué : « C’est un échange
bilatéral, centrifuge et centripète destiné à couvrir
l’ensemble des besoins du patient », reprend le
spécialiste lillois. « Le neurologue n’est pas le
seul intervenant, acquiesce le Dr Giovanni
Castelnovo, lui-même neurologue à l’hôpital
Caremeau de Nîmes. La prise en charge multidisciplinaire s’impose à tous les niveaux. Elle a
d’ailleurs déjà permis des progrès en termes de
recherche et de thérapeutique. »
Du point de vue infirmier, il s’agit de coordonner et d’organiser le système de soins autour
du patient, de l’aider à domicile « en facilitant
notamment la prise en charge médicale, administrative, sociale, familiale, voire associative », estime
le Dr Castelnovo. « Grâce à son contact personnalisé avec le malade et à sa connaissance des
nouveaux traitements de type interféron bêta par
exemple, l’infirmière libérale a un rôle d’éducation et de prévention capital dans la prise en
charge à domicile », souligne, de son côté, Sylvie
Lemaire, surveillante dans le même service que
le Dr de Sèze. « Elle seule dispose des données
concrètes et réalistes. Elle seule peut donc exprimer
le vécu et les attentes de son malade. Il faudrait
donc que son rôle soit mieux reconnu pour adapter
au mieux la conduite à tenir en vue d’une meilleure prise en charge ».
Les aspects psychologiques de la SEP requièrent
tout autant les compétences de l’infirmière, quel
que soit son statut d’ailleurs. « Lors du ●●●
PUBLI-RÉDACTIONNEL
Sclérose en plaques :
un film témoignage
sur la vie des patients
au quotidien
Pour l’illustrer, trois patients ont été filmés, pendant quelques jours, dans leur milieu
habituel. Chacun d’entre eux a dû adapter sa vie de tous les jours à son handicap.
Malgré les difficultés rencontrées, Claudia, Muriel et Joël ont des projets, personnels
et familiaux, et tiennent, tout au long de ce film de 58 minutes, un discours très
optimiste. Il est vrai que l’arsenal thérapeutique pour lutter contre la sclérose en
plaques est, aujourd’hui, beaucoup plus fourni qu’il y a quelques années.
La sclérose en plaques
(SEP) est la maladie
neurologique occidentale
la plus fréquente du jeune
adulte. Son évolution
progressive et continue
aboutit généralement
à l’installation
d’un handicap qui modifie
les conditions de vie
quotidienne des sujets
atteints. Pour ceux-ci,
poursuivre une vie
la plus normale possible
est un défi permanent
à la maladie.
L’ère du suivi clinique contemplatif est révolue. Désormais, le traitement peut débuter
précocement dans le respect des indications et la prise en charge globale du patient
permet de créer une relation médecin-malade pleine de confiance. La notion de
qualité de vie au quotidien est ainsi devenue une composante très importante à
privilégier pour ces malades chroniques. Elle participe à l’acceptation de la maladie et
de son traitement.
Si le dialogue médecin-malade permet une bonne adhésion aux choix thérapeutiques
proposés, le dialogue entre le malade et son entourage, entre le malade et le
personnel infirmier, est en effet tout aussi important. Simplement parce qu’il favorise
une meilleure compréhension des difficultés de la vie quotidienne rencontrées par les
patients atteints de sclérose en plaques, une meilleure insertion dans le “monde
normal” et donc une meilleure qualité de vie. Le film réalisé par Biogen SA devrait
contribuer à l’instauration de ce dialogue.
Fondée en Europe et aux États-Unis en 1978, Biogen SA est l’une des plus anciennes
sociétés indépendantes de biotechnologie au monde.
Conscient que le combat contre la maladie ne se cantonne pas uniquement à
l’innovation thérapeutique, Biogen SA met à la disposition des médecins, du personnel
infirmier et des patients, des services de formation et d’information. C’est dans ce cadre
que s’inscrit le film qui retrace la vie quotidienne de Claudia, Muriel et Joël.
✁
Merci de m’adresser le film
Nom :
Si activité hospitalière : Hôpital :
Adresse :
Tél. :
“Paroles de patients”*
Prénom :
Service :
Ville :
Fax :
E-mail :
❑ Je souhaite également recevoir d’autres documents sur la SEP.
Demande à nous retourner par fax au 01 40 97 00 18 ou par courrier à
“Le Capitole”, 55, avenue des Champs-Pierreux, 92012 Nanterre
* Dans la limite des stocks disponibles.
Neurologie
●●● diagnostic d’abord, indique Sylvie Lemaire,
nous devons établir un climat de confiance en impliquant l’ensemble de l’équipe médicale, gérer l’impact
émotionnel lié à l’incertitude qui existe autour de
cette maladie, et en écouter les réponses elles aussi
émotionnelles. Ensuite, quand la maladie évolue, il
faut accompagner le patient dans son travail de deuil
quant à une qualité de vie antérieure, et savoir déceler les troubles neuropsychologiques dus aux retentissements de la maladie sur la vie familiale, professionnelle et sociale. Enfin, mais est-il besoin de le
souligner, l’infirmière a un rôle fondamental dans le
succès des traitements prescrits ».
Anne Fellmann
Une physiopathologie complexe
La SEP touche le plus souvent des adultes jeunes et elle est plus fréquente dans les régions tempérées froides.
Elle est particulière par son évolution par poussées plus ou moins résolutives et par le caractère multifocal de
ses atteintes à l’origine d’une grande variété de symptômes. La lésion élémentaire responsable est une plaque
de démyélinisation. Elle intéresse exclusivement la substance blanche du système nerveux central et plus
précisément la myéline. Les plaques de démyélinisation sont de taille variable et disséminées dans l’espace et
le temps. Au cours des poussées, les lésions successives altèrent le fonctionnement nerveux. Au fur et à
mesure que les poussées se succèdent, la restitution anatomique devient plus aléatoire et des lésions
constituées apparaissent, entraînant des séquelles. Le caractère multifocal des lésions et des symptômes, les
évolutions par poussées plus ou moins régressives expliquent les caractères fondamentaux de la SEP, maladie
multifactorielle faisant intervenir des facteurs génétiques (10 % de SEP familiales), immunologiques et
environnementaux. Sa physiologie est extrêmement complexe et en grande partie inconnue.
Alzheimer
Une maladie en augmentation
L
a maladie d’Alzheimer, maladie neurologique
dite dégénérative, est en augmentation du fait
du vieillissement de la population. Ce n’est pourtant pas une maladie du vieillissement. Les lésions
cérébrales (plaque sénile et dégénérescences neurofibrillaires) ont été décrites, pour la plupart, par
Aloïs Alzheimer au début du siècle. Elles sont
irréversibles et conduisent à la destruction et à
la disparition progressive des cellules nerveuses.
Il en résulte une perte neuronale et une atrophie cérébrale. Une enquête IPSOS publiée
cette année pour le compte de France Alzheimer
révèle le grand besoin d’informations du public
sur cette maladie dont les contours restent flous
pour la majorité. Pourtant, 67 % des personnes
pensent que c’est un neurologue qui soigne
cette maladie qui impressionne par ses symptômes et sa fréquence. Car celle-ci n’est pas seulement la maladie d’une personne, elle est aussi
la cause de souffrances pour la famille tout
entière. Quels sont les espoirs pour soulager
cette démence ? Pour l’instant, l’objectif prioritaire des chercheurs est de retarder la maladie
26
plutôt que de la guérir. « Si l’on retarde la maladie de dix ans, on élimine 95 % de tous les cas
d’Alzheimer, tout simplement parce que les gens
vont mourir de vieillesse », a expliqué le chercheur canadien Jules Poirier, lors de la Journée
mondiale Alzheimer. Aujourd’hui, le diagnostic
positif (pas toujours facile à faire) repose sur des
critères internationaux définis par le DSM IV.
Des tests neuropsychologiques existent pour
évaluer les troubles de la mémoire. Des examens
complémentaires à l’aide de scanners ou de
l’IRM permettent d’éliminer d’autres affections.
Les traitements médicamenteux ont une action
sur les symptômes. Ces médicaments qui visent
à corriger le déficit en acétylcholine*, caractéristique de cette pathologie, permettent de ralentir
son évolution qui sera d’autant mieux traitée si
elle est détectée rapidement. ■
* Acétylcholine : c’est un neurotransmetteur, c’est-à-dire une
molécule libérée par les neurones qui transmet un message
nerveux de nature électrique. Cette molécule assure la transmission du message nerveux d’un neurone à un autre.
Démences séniles
Un devoir : retarder le déclin
Les sujets de plus de 65 ans représentent aujourd’hui 15,7 % de la population. Le nombre
de personnes de plus de 85 ans doublera dans peu d’années et le quart souffrira
de démence. Cette situation sans précédent met les pouvoirs publics au défi de trouver
des solutions et, par conséquent, les tranches d’âge aujourd’hui en activité de penser
cet avenir avec réalisme. Les Laboratoires Esai-Pfizer s’engagent dans la réflexion.
P
armi les pathologies en augmentation
du fait de l’allongement de la durée de
vie figurent les démences dont la maladie
d’Alzheimer est la cause la plus fréquente.
Cette maladie dégénérative atteint non
seulement la mémoire mais aussi les autres
fonctions cognitives et l’affectivité.
La maladie d’Alzheimer touche 3 % des
sujets de plus de 65 ans, 17 % des plus de
80 ans et jusqu’à 25 % des plus de 85 ans !
La maladie s’installe de façon progressive
et insidieuse. Elle engendre des désordres
de l’activité quotidienne comme les actes
de l’hygiène ou l’envie de se nourrir ou de
sortir, par exemple.
« Les personnes âgées peuvent et doivent
poursuivre une activité normale, continuer à
faire ce qu’elles aiment faire. La plus petite
modification doit alerter tous les soignants,
qu’ils soient en libéral ou en institution. Car
à partir de 75 ans, on risque de passer à
côté d’une démence et de s’engager alors trop
tôt dans un processus irréversible, pénible
pour le patient, pour la famille, et aussi
très stressant pour le soignant », affirme le
Dr Sylvia Goni, directeur médical et stratégique d’Esai-Pfizer.
Une observation attentive
Alors qu’il est aujourd’hui reconnu que la
rapidité de diagnostic ralentit la survenue
de la phase sévère, l’absence de repérage
de la maladie fait que cette pathologie reste
non diagnostiquée dans 50 % des cas.
« L’observation doit être attentive au quotidien. Négliger les troubles et se protéger derrière des idées toutes faites sur le vieillissement
devient une faute », poursuit le médecin.
Le malade lui-même se fait complice de
son affection en masquant les premiers
effets de son déclin. Difficile donc à diagnostiquer. « L’infirmière et l’aide soignante
ont une mission fondamentale dans la sémiologie de la vie quotidienne des personnes. Elles
doivent savoir recueillir les informations qui
alertent, les analyser, les transmettre au
médecin et insister sur la nécessité d’une prise
en charge appropriée même s’il est difficile
d’admettre la réalité. L’âge ne signe pas un
arrêt du droit du citoyen », poursuit le
Dr Sylvia Goni.
© P. Voisin/Phanie
S’investir tout en faisant le deuil
de la personne
Dès l’apparition des premiers symptômes,
le soin consiste à ne pas se laisser envahir
par les déficiences mais à encourager
patiemment la personne à recommencer
ses gestes ratés, à insister sur une reprise
de l’activité, à stimuler l’intérêt en perte de
vitesse. « Il est certes plus facile de rester dans
un rôle passif et d’éviter les situations d’échec
que d’être exigeant et ferme tout en douceur
envers une personne qui ne veut rien entendre,
parfois même violente. En maison de retraite,
la moitié de la population souffre de troubles cognitifs », souligne le Dr Sylvia Goni.
Pour les soignants et l’entourage, il s’agit
de s’habituer à vivre dans un paradoxe :
s’investir pour retarder le déclin et faire le
deuil de la personne telle qu’elle était
avant. En effet, il ne s’agit pas de guérir,
mais de soigner. « Les découvertes scientifiques nous apprennent à rester modestes,
poursuit le Dr Sylvia Goni. Pratiquement,
toutes les pathologies que l’on appelle chroniques ne guérissent pas. Cela n’empêche pas
les soignants de faire le maximum pour prévenir, soulager, donner du soin et surtout informer et former toutes les personnes qui approchent le malade ».
Les traitements existants permettent de
diminuer ou de reculer les effets néfastes.
Il s’agit de choisir le meilleur médicament
à un moment donné pour un malade en
particulier. Certains possèdent une action
sur les symptômes. Les inhibiteurs de la
cholinestérase centrale freinent l’évolution
de la maladie en stimulant les récepteurs
cholinergiques. Les recherches sont actives
pour trouver d’autres pistes. Et l’urgence
est réelle. Les démences du grand âge
seront un problème majeur économique
et de santé publique pour ces prochaines
décennies qui peut être atténué si tous
les acteurs du monde de la santé se
mobilisent.
Les laboratoires Esai et Pfizer ont ainsi
mené plusieurs actions dont les Forums
Alzheimer de Régions. Quarante-deux
forums se sont déroulés dans 21 régions.
Un livre blanc a permis de recueillir les initiatives locales prises par des groupes pluridisciplinaires, de faire en sorte que ces
échanges sortent le soignant de son isolement et permettent une prise en charge
structurée dans une recherche globale de
qualité de soins.
D’après une communication
des Laboratoires Esai-Pfizer
27
Neurologie
Épilepsie
Des mécanismes complexes
et multiples
Le terme “épilepsie” dérive du mot grec “epilambaneim”
qui signifie surprendre. C’est le symptôme d’un désordre
neurologique sous-jacent, et non pas un diagnostic
en soi. La crise d’épilepsie, ou convulsion,
est la manifestation aiguë de l’épilepsie maladie chronique
(ou répétitions de convulsions).
des mécanismes neurochimiques sous-jacents
et de l’âge du cerveau. Il existe une classification
des syndromes épileptiques établie par la ligue
internationale contre l’épilepsie. Ce qui fait la
gravité de l’épilepsie est l’état de mal dont
l’origine peut être traumatique, tumorale, infectieuse ou vasculaire.
L’état de mal épileptique (EME) se définit
comme la survenue de trois crises successives,
sans reprise de conscience, ou une activité
convulsive de 5 à 10 minutes. « L’EME, explique
le Dr Michèle Bonnard-Gougeon, anesthésisteréanimateur en réanimation neurochirurgicale
au CHRU de Clermont-Ferrand, est une véritable
urgence vitale. Il convient de le diagnostiquer
même dans ses formes atypiques, car plus il dure,
plus sa gravité et les dégâts cérébraux qu’il entraîne augmentent, et plus il devient difficile à
gérer... Sa prise en charge en unité de réanimation
est impérative car il entraîne des perturbations
graves des fonctions vitales hémodynamiques et
respiratoires, qui impliquent un monitorage, une
surveillance et une thérapeutique adaptés ».
L’électroencéphalogramme (EEG) permet de
confirmer un diagnostic pas toujours évident à
établir dans les formes “bâtardes” de l’épilepsie.
Les traitements sont mal codifiés mais un traitement médicamenteux spécifique est fondé sur
l’administration de phénytoïnes. Au Dilantin®,
succède actuellement Prodilantin® ou fosphénytoïne en intraveineux, plus satisfaisant quant
aux effets secondaires.
28
© Burger/Phanie
signes cliniques dépendent du siège anadu foyer épileptogène, de l’étioloLgie,estomique
du type de crise, de la décharge neuronale,
Au CHU de Clermond-Ferrand, en collaboration avec le Dr J.-C. Péchadre, neurologue épileptologue, des études sont menées depuis
1983 à propos de l’épilepsie post-traumatique.
« Traitement préventif ou pas ? Les avis sont partagés », précise le Dr Bonnard-Gougeon… Le traitement préventif semble toutefois recommandé
dans le cas d’hématomes extra et sous-duraux,
de contusion corticale, d’embarrure, de plaies
pénétrantes, de convulsions au cours des vingtquatre premières heures post-traumatiques
(recommandations pour la pratique clinique,
ANAES janvier 1988). En conclusion, « une
crise qui se prolonge doit alerter le soignant et permettre l’admission du patient dans une unité de
réanimation avant l’apparition des défaillances
vitales », insiste le Dr Bonnard-Gougeon. ■
Autres pathologies
le plus souvent rencontrées
• La maladie de Parkinson
© Burger/Phanie
C‘est une maladie dégénérative, caractérisée cliniquement par un syndrome extrapyramidal
avec tremblement, akinésie et hypertonie. Elle
débute le plus souvent après la cinquantième
année et concerne les deux sexes, avec une légère prédominance masculine. L’étiologie de
cette maladie est inconnue, même si plusieurs
causes sont avancées : infectieuse, toxique,
génétique. Cette maladie nécessite un traitement à vie, ce qui induit des effets secondaires
que l’infirmière doit connaître. Plusieurs classes
de médicaments sont disponibles : les produits à
base de L-dopa, les agonistes dopaminergiques
et les anticholinergiques.
Le traitement ne permet
pas de guérir mais de
compenser le déficit en
dopamine. La dopa, précurseur de la dopamine,
peut être administrée per
os. L’infirmière doit aider
le patient à accepter sa
maladie, difficile aussi
pour l’entourage, et expliquer l’importance de l’observance du traitement en
insistant notamment sur
le respect des horaires.
Souvent une anorexie peut être responsable de
dénutrition. L’alimentation doit être surveillée en
raison de troubles moteurs et de ceux de la
déglutition qui peuvent interférer. Des troubles
cardiovasculaires sont également constatés,
essentiellement l’hypotension orthostatique,
pouvant aller jusqu’à la syncope. Les troubles de
l’équilibre et les chutes étant fréquents, il faut
prévenir les situations à risque et encourager le
patient à se mouvoir le plus longtemps possible.
Mais la maladie, on l’a vu récemment avec le suicide du peintre Bernard Buffet, entraîne aussi
des troubles psychiques. Ce sont principalement
la dépression accompagnée d’anxiété ou encore
une excitation avec agitation. Souvent aggravés
par l’hospitalisation, ces troubles doivent être
pris en compte par l’infirmière qui ne doit pas
hésiter à se faire aider par un spécialiste et à
communiquer avec le réseau familial.
• Les maladies dégénératives familiales
L’ataxie de Friedrich
C’est une maladie familiale dégénérative qui débute autour de l’adolescence par l’association
d’un certain nombre de signes : déformation
squelettique, déficit neurologique, atrophie
musculaire, troubles de l’équilibre, etc., qui vont
en s’aggravant progressivement.
L’atrophie olivo-ponto-cérébelleuse (AOPC)
C’est une maladie dégénérative qui se déclare
vers la moitié de la vie et qui associe des
troubles de l’équilibre (syndrome cérébelleux),
une atteinte de la motricité (symptômes parkinsoniens) et une démence.
La chorée de Huntington
C’est une maladie héréditaire (isolée sur le chromosome IV) caractérisée par des mouvements
anormaux amples et explosifs, associée à une
démence d’installation progressive.
• Les pathologies vasculaires cérébrales
Elles se divisent en deux grandes catégories
d’accidents : l’ischémie ou le ramollissement
cérébral (privation de sang dans un territoire du
cerveau) et l’hémorragie cérébrale (saignement
à l’intérieur du cerveau du fait de la rupture
d’un vaisseau).
Les conséquences de ces deux pathologies
dépendent de l’étendue et du siège de la lésion.
• Les maladies infectieuses
Les méningites
Elles sont caractérisées par un tableau clinique
spécifique, elles restent de pronostic grave selon
le germe microbien en cause.
Les encéphalites
Elles réalisent des tableaux cliniques divers
(confusion, épilepsie, syndrome infectieux). Le
pronostic vital est souvent en jeu, les séquelles
neurologiques en cas de guérison restent importantes (démence).
Les abcès, les parasitoses
Ils sont souvent guérissables par une antibiothérapie adaptée ou un acte chirurgical
curatif. ■
29
Neurologie
Escarres
Éviter des complications
fréquentes
Les escarres sont des complications fréquentes
des pathologies neurologiques. Les facteurs de risque
doivent être évalués rigoureusement afin de mettre
en place des stratégies préventives adaptées.
C
hez les paraplégiques et les tétraplégiques
se trouvent conjugués tous les facteurs de
risque : choc, coma, hypoxie, anémie, troubles
hémodynamiques, infections, dénutrition, immobilisation. Sans compter le port d’une minerve ou
d’un corset, d’un plâtre ou encore d’attelles bien
souvent à l’origine de ces escarres de décubitus.
Celles-ci se retrouvent au niveau des saillies
osseuses que sont l’occiput, l’épine de l’omoplate,
le sacrum, le trochanter, les ischions, les talons,
les coudes, les malléoles. Chez ces patients tout
juste sortis des services de réanimation ou de neurochirurgie, il est important de savoir que toute
altération n’est que la partie visible de l’iceberg
que représente une escarre constituée au niveau
des tissus sous-jacents.
La prise en charge de ces patients à risque consiste à réaliser des soins préventifs, déclinés en protocoles de soins spécifiques au service. L’idéal est
que l’équipe soignante du service de rééducation
Une attention particulière
Les traumatismes médullaires sont souvent associés
à des lésions rachidiennes. Ils sont dus, le plus fréquemment, à des accidents de la voie publique
ou à des chutes. La prise en charge infirmière est
essentielle et revêt trois aspects. Sur le plan psychologique : les patients, souvent jeunes, voient
leur vie bouleversée. Ils ont besoin d’écoute et
d’encouragement pour poursuivre une rééducation
qui leur apportera un peu plus d’autonomie. De
même, les complications de décubitus méritent
une attention particulière en vue de leur prévention. L’infirmière doit participer aussi à la rééducation des troubles sphinctériens en sachant les
décrire et en expliquant notamment au patient la
pratique de l’autosondage.
30
connaisse les éléments physiologiques, diagnostiques et thérapeutiques relatifs au patient avant
l’arrivée de celui-ci, en se renseignant auprès de
l’équipe qui est intervenue précédemment.
Quels sont les éléments à prendre en compte ?
L’âge, la date de l’accident et des interventions
chirurgicales, les autres pathologies, les complications médicales et chirurgicales sont les premiers critères.
Au niveau pulmonaire, il faut penser à une
éventuelle trachéotomie effectuée, ou à un
encombrement broncho-pulmonaire.
Au niveau sphinctérien, il faut savoir quel est le
mode de vidange urinaire du patient. Y a-t-il eu
une sonde à demeure, des sondages intermittents, un étui pénien, une cystostomie, un cystocath ? Quel est le mode d’exonération des selles ?
Au niveau de l’état de dépendance du patient :
est-il dépendant total, partiel ou indépendant,
notamment pour l’hygiène, l’habillage, l’alimentation, la mobilité ?
A partir de ces éléments, l’équipe de rééducation peut préparer la chambre du patient en
fonction des besoins spécifiques. Un lit et un
matelas adaptés, des aides et matériels techniques spécifiques seront mis en place. Toute
l’équipe soignante doit être impliquée. L’aidesoignante et l’infirmière sont des observateurs
privilégiés de toute altération cutanée lors des
soins d’hygiène et de nursing. Les patients immobilisés auront des changements de position
réguliers, personnalisés, permettant d’observer
la peau, notamment sa couleur et sa chaleur, et
de repérer rapidement tout gonflement, œdème
ou induration. Ce n’est qu’en respectant scrupuleusement ces mesures de prévention personnalisées que la survenue d’escarres sera
évitée. Car, faut-il le rappeler, les escarres se
soignent d’abord par la prévention qui est pour
toute équipe une priorité. ■
Urgence en neuro
Rôle de la surveillante
générale
L
a plupart des infirmières interrogées au sujet
du rôle de la surveillante générale au
moment de l’urgence pense qu’elle n’a pas un
rôle actif :
- « on n’a pas besoin d’elle » ;
- « on fait appel à elle lors de problèmes administratifs » ;
- « si l’on n’a pas de matériel, on pense que c’est
de sa faute » ;
- « elle est utile si des problèmes relationnels se
posent avec les familles » ;
- « on l’appelle en dernier, si l’on n’a pas trouvé
le cadre de la salle ».
En effet, dans le cas particulier de l’urgence en
neurologie ou dans une autre spécialité, le rôle
de l’infirmière correspond à l’utilisation d’un
« savoir » qui lui permet d’adapter son geste à
la situation. Il correspond également à un
« savoir-faire » fondé sur l’expérience et la compétence acquise, et d’un « savoir-être », c’est-àdire mettre en place un comportement qui se
définit vis-à-vis des malades, des structures de
santé, et vis-à-vis de lui-même.
Elle doit évaluer la situation, le degré d’urgence,
prévenir et déterminer si elle peut régler le problème seule, voire solliciter de l’aide. Selon sa
décision, elle adapte son geste d’emblée pour
agir dans le but de la sauvegarde du patient.
Dans des circonstances où la présence physique de la surveillante générale n’est pas utile,
c’est dans la suite logique de relations de confiance, de soutien, de formations permettant à l’infirmière d’effectuer ses gestes d’urgence en toute
sérénité et sécurité, qu’elle a un rôle primordial.
A posteriori, l’analyse de la situation rapportée
de ces cas d’urgence permet une constante amélioration de la qualité des soins dus au malade
par l’aval ou les conseils du cadre supérieur.
Ce dernier a un rôle essentiel dans une conjoncture difficile. D’une part, les contraintes budgétaires qui lui sont imposées et qu’il doit respecter, l’oblige à faire des choix et, d’autre part, il
est le garant du professionnalisme de son personnel. Par conséquent, il doit être capable de
recueillir des données, de les interpréter, de
prendre des décisions appropriées, d’être efficace, aussi bien dans les cas d’urgence que dans
les problèmes au long cours.
Dans ce contexte, c’est la qualité des choix,
objectif prioritaire de la surveillante générale,
avec le souci d’une confiance professionnelle
permanente partagée avec le personnel infirmier, qui permet de répondre au mieux aux
soins d’urgence.
Anne-Marie David
Surveillante générale
Infirmières en neuro : quand la recherche encourage le soin
Elles sont infirmières en “neuro” à la Fédération de
neurologie de la Salpêtrière à Paris. Comme souvent,
c’est le hasard qui guide le chemin d’une infirmière. Et
comme souvent, ce hasard devient un choix délibéré.
« C’est l’aspect varié du soin, tout le contraire de la
routine, qui a guidé mon choix. Les pathologies sont
différentes et les approches sont multiples », explique
Solange Mencé, approuvée par Sandrine Lefebvre qui
poursuit : « il est vrai que le service est particulièrement
enrichissant, car les médecins nous font participer à
leurs travaux. C’est un travail d’équipe, ce qui est revalorisant intellectuellement, d’autant que l’on a pu
constater les progrès qui ont été faits en matière de
médicaments et qu’on pressent tout ce qu’il y a à
faire ». Quels sont les moments graves ? « Quelquefois,
c’est lourd moralement et physiquement, car, à côté
de pathologies où il y a beaucoup de choses à découvrir et où la recherche très dynamique fait naître
l’espoir, il y a les malades qui reviennent en fin de vie.
Les patients sont des adultes de tous les âges, mais
certains sont jeunes et souffrent de tumeurs graves.
Heureusement, une équipe mobile de soins palliatifs
travaille avec nous. Et il y a tellement de choses à
découvrir pour ces malades aujourd’hui condamnés ! »
Et quand le dialogue est la règle…
A-L. P.
31
Téléchargement