Act. Méd. Int. - Neurologie (1) n° 5, octobre 2000 176
L’actualité reste encore durant l’été –
pour combien de temps ? – centrée sur le
séquençage du génome humain. La
double hélice d’ADN apparaît partout,
comme le logo d’une médecine du futur,
focalisée sur les cellules malades davan-
tage que sur l’homme souffrant. La mala-
die d’Alzheimer figure parmi les exemples
constamment cités de maladies géné-
tiques (interview du Pr Axel Kahn dans
Paris Match du 27 juillet). On mesure les
progrès accomplis par la connaissance,
car aurait-on pu imaginer, il y a encore
dix ans, l’importance du rôle de la géné-
tique dans cette affection “dégénérati-
ve” ? Ce n’est pas un hasard si les aspects
génétiques de cette affection sont autant
mis en avant. L’astronome voit le passé
dans les étoiles, le généticien lit l’avenir
dans les gènes. À l’heure où l’entrée dans
la vieillesse n’est plus considérée comme
un achèvement mais comme le début
d’une nouvelle vie, le spectre de la pré-
disposition génétique à la MA, pour ne
parler que de cet aspect des choses, est
représentatif d’une angoisse partagée par
tous : celle d’accéder à la connaissance
anticipée d’un avenir et d’un devenir iné-
luctablement défavorables, au moment
où chacun souhaiterait plutôt profiter
agréablement de sa retraite
Un vaccin pour les
petites cellules grises
La communication des premiers
résultats de la vaccination humaine (vaccin
AN-1792) contre la protéine bêta-amyloïde,
présentés au congrès de Washington en
juillet, a trouvé une oreille attentive de la
part de la presse. Le Monde du 15 juillet
rappelle que la vaccination de souris transgé-
niques de la société Elan Pharmaceuticals
était spectaculairement positive. Les résul-
tats initiaux dans le groupe de 24 patients
traités sont pour l’instant jugés encoura-
geants (Le Parisien du 15 juillet). En fait,
cela signifie que, pour l’instant, il n’a pas
eu d’effet indésirable (Le Parisien du 20
juillet). D’autres essais sont prévus pour
2001 en France et en Grande-Bretagne.
Avec un peu de patience, on saura s’il a une
efficacité réelle sur les fonctions intellec-
tuelles dans quelques années.
Alzheimer rimera-t-il
avec Pfizer ?
Chimie Hebdo du 26 juin a obser-
vé avec intérêt la phagocytose de Warner-
Lambert par Pfizer, autorisée par les auto-
rités américaines. C’est la naissance du
premier groupe pharmaceutique mondial,
ex-æquo ou quasiment avec le futur Glaxo-
SmithKline. Dans la foulée, Pfizer a inau-
guré un énorme centre de recherche (le
plus grand centre mondial pour tout dire)
riche de 70 scientifiques, dont une partie
consacrera ses efforts à la maladie
d’Alzheimer (Chimie Hebdo du 3 juillet).
Parallèlement, le secteur public américain
réagit, puisque le président Clinton, visi-
blement effrayé par la prédiction de 14 mil-
lions de patients dans 50 ans dans le pays,
et peut-être aussi par l’image d’un de ses
prédécesseurs à la Maison-Blanche, déblo-
quera 50 millions de dollars supplémen-
taires sur 5 ans pour accélérer la recherche
sur la maladie d’Alzheimer (Le Parisien du
17 juillet).
Bon pour les chiens
Courrier International de juin-
juillet reprend des extraits du New York
Times, qui s’offusque des orientations
adoptées par les firmes pharmaceutiques.
Comment, en effet, comprendre qu’elles
produisent un médicament destiné à traiter
les chiens contre la version canine de la
maladie d’Alzheimer, et qu’elles cessent de
produire des traitements efficaces contre,
par exemple, la maladie du sommeil
(300 000 Africains touchés chaque année).
Ainsi, Aventis a cédé à l’OMS le brevet de
l’éflotnithine, active même au stade coma-
teux de la maladie (“médicament de la
résurrection”) – car ce produit n’avait pas
eu les propriétés anticancéreuses espé-
rées – mais quel fabricant, en exploitant le
brevet, se lancera dans une commercialisa-
tion à fonds perdus ?
Drogue licite
Un peu à contre-pied de la derniè-
re campagne gouvernementale antitabac,
Science et Vie de mai dit tout le bien qu’il
pense de la nicotine. Bien entendu, pas
question de promouvoir la consommation
de cigarettes, mais plutôt d’indiquer les
vertus de ce produit : effet antalgique,
anxiolytique et son rôle présumé dans la
prévention des maladies d’Alzheimer et de
Parkinson. Manière aussi d’indiquer que
l’emploi de nicotine pourrait améliorer la
mémoire, la douleur, et réduire les tics dans
la maladie de Gilles de la Tourette. Des
molécules synthétiques sont en cours d’es-
sai ; le laboratoire Abbott, par exemple,
utilise chez l’animal une molécule nicoti-
nique pour lutter contre la douleur chro-
nique. Au prix d’une légère reconversion,
la Seita pourra jouer, à l’avenir, dans la
cour des industries pharmaceutiques.
Notoirement insuffisant
C’est le nombre d’IRM en
France. Avec 3 IRM par million d’habi-
tants, notre pays fait figure de parent
pauvre des pays industrialisés, très loin
derrière les États-Unis (28 par million
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