I N F O R M A T I O N S La rhumatologie pédiatrique : une nouvelle discipline ! P o i n t s S. Guillaume* f o r t s " La nouvelle classification des arthrites juvé- Que pense-t-on de la nouvelle classification ? niles idiopathiques (AJI) est validée (Durban 1997). Depuis 1994, un groupe international de rhumato-pédiatres tente de mettre au point une nouvelle classification des arthrites juvéniles idiopathiques (AJI). Celle-ci tient compte des caractéristiques cliniques et biologiques initiales et évolutives des différents rhumatismes inflammatoires chroniques observés chez l’enfant. Remaniée lors de la réunion de Durban en 1997, elle a abouti à une répartition en sept groupes des AJI (enfants de moins de 16 ans souffrant d’une arthrite pendant au moins six semaines consécutives) : les arthrites systémiques ou maladie de Still ; les polyarthrites “facteur rhumatoïde négatif” ; les polyarthrites “facteur rhumatoïde positif” ; les oligoarthrites persistantes (moins de 5 articulations atteintes) ou étendues (au moins 5 articulations atteintes après le sixième mois d’évolution) ; les arthrites avec enthésopathie (Enthesis Related Arthritis) ; les rhumatismes psoriasiques ; les rhumatismes inclassés (encadré). L’équipe de D. Symmons (Royaume-Uni) a comparé cette nouvelle classification à celle de l’EULAR, publiée en 1977. Plus performante, elle permet de classer les patients en groupes plus homogènes, et vient d’être validée par ce groupe. " Le pronostic des arthrites juvéniles idiopathiques est sévère : une prise en charge spécialisée est nécessaire. " Attention aux yeux : une vérification ophtalmologique trimestrielle est justifiée. " Les nouveaux traitements de l’AJI réfractaire : le TNFα-récepteur soluble, le méthotrexate à forte dose et l’autogreffe de moelle. " La fibromyalgie de l’enfant : une réalité ? Mots-clés : Épidémiologie - Arthrite juvénile idiopathique. L e VIe Congrès de rhumatologie pédiatrique s’est tenu à Glasgow du 6 au 11 juin derniers. Plus de 300 participants venus du monde entier ont contribué à la création de la Société européenne de rhumatologie pédiatrique (Paediatric Rheumatology European Society ou PRES). Il s’agit d’une société dynamique, qui a la volonté d’améliorer le diagnostic et le pronostic des rhumatismes inflammatoires chroniques de l’enfant. Présidée par P. Woo (Royaume-Uni), la PRES se chargera d’organiser un congrès européen de rhumatologie pédiatrique chaque année. Les arthrites juvéniles idiopathiques, par les multiples interrogations qu’elles suscitent, ont été au cœur de la plupart des débats et seront l’objet de la plus grande partie de ce travail de synthèse. Tous les abstracts (communications orales et posters) sont disponibles dans le supplément de juin 1999 de Annals of Rheumatic Diseases, intitulé XIVth European League Against Rheumatism Congress. * Unité Inserm U345, Institut Necker, Paris. 10 ARTHRITES JUVÉNILES IDIOPATHIQUES : QUOI DE NEUF ? Classification des arthrites juvéniles idiopathiques # Arthrite systémique ou maladie de Still : arthrite avec ou précédée d’une fièvre quotidienne oscillante pendant au moins deux semaines, et au moins un des critères suivants : rash érythémateux labile, adénopathies, hépatosplénomégalie, sérites. Exclusions : maladies inflammatoires du nouveau-né, syndrome hyper-IgD, FAPA et fièvres périodiques. $ Polyarthrite sans facteur rhumatoïde (FR) : arthrite d’au moins 5 articulations pendant les 6 premiers mois d’évolution et absence de FR. Exclusions : présence de FR, antécédents familiaux de psoriasis, arthrite systémique. .../... I .../... % Polyarthrites avec FR : arthrite d’au moins 5 articulations pendant les 6 premiers mois d’évolution et présence de FR lors de 2 tests à 3 mois d’intervalle. Exclusions : absence de FR, antécédents familiaux de psoriasis, arthrite systémique. & Oligoarthrites : arthrite de 1 à 4 articulations pendant les 6 premiers mois d’évolution. Exclusions : antécédents familiaux de psoriasis, antécédents familiaux de spondylarthropathie, présence de FR, arthrite systémique. * Forme persistante : atteinte restant oligoarticulaire après le sixième mois d’évolution. * Forme étendue : atteinte devenant polyarticulaire (au moins 5 articulations touchées) après le sixième mois d’évolution. ' Arthrite avec enthésopathie : arthrite et enthésite, ou arthrite avec au moins deux des critères suivants : uvéite aiguë, douleur sacro-iliaque, douleur rachidienne inflammatoire, HLA B27, antécédents familiaux de spondylarthropathie, de maladie inflammatoire digestive, d’uvéite aiguë, arthrite du garçon de plus de 8 ans. Exclusions : FR+, FAN+, antécédents familiaux de psoriasis, arthrite systémique. ( Arthrite psoriasique : arthrite et psoriasis ou arthrite et antécédents familiaux de psoriasis + dactylite ou oncolyse/ongle en dé à coudre. Exclusion : présence de FR, arthrite systémique. ) Arthrite inclassée : toutes les autres ou celles qui répondent à deux classifications différentes. Quelques chiffres... Les études épidémiologiques en Europe occidentale et aux ÉtatsUnis sont nombreuses mais toutes sujettes à discussion (rétrospectives, biais de recrutement...). En dépit des critiques, leurs résultats sont remarquablement uniformes. L’incidence des AJI oscille entre 10 et 19/100 000 enfants par an et leur prévalence entre 56 et 113/100 000 enfants. Bien que la proportion des différentes formes d’AJI soit constante au sein d’une même population, une méta-analyse, présentée par D. Symmons, montre qu’il existe des variations interethniques. L’oligoarthrite représente la forme la plus commune chez les Caucasiens, les polyarthrites sans et avec FR étant les plus fréquentes respectivement chez les Indiens et les Canadiens. La première étude épidémiologique japonaise, réalisée sur 1 290 hôpitaux pédiatriques entre 1985 et 1994, montre que l’incidence et la prévalence des AJI au Japon sont dix fois moindres qu’en Europe de l’Ouest. Sur 570 AJI, 54,4 % étaient des maladies de Still, 24,6 % des polyarthrites et 21,1 % des oligoarthrites. Toutes ces variations d’épidémiologie clinique témoignent vraisemblablement de différences génétiques interethniques. La Lettre du Rhumatologue - n° 254 - septembre 1999 N F O R M A T I O N S Génétique des arthrites juvéniles idiopathiques : on progresse ! Le 12e “Workshop” consacré au système HLA dans les AJI confirme qu’il existe des liaisons significatives entre les oligoarthrites et les molécules HLA de classe II (DRB1*13/11/8, DPB1*0201, DQA1*0401/0501/0601 et DQB1*0301 et 0401). Certains de ces allèles sont aussi associés à la polyarthrite sans FR. En revanche, les allèles de susceptibilité à la polyarthrite avec FR sont les mêmes que ceux de la polyarthrite rhumatoïde de l’adulte. Cela suggère qu’il pourrait donc bien s’agir de l’authentique polyarthrite rhumatoïde de l’enfant. En revanche, aucun haplotype HLA ne semble favoriser la survenue d’une maladie de Still. Une autre stratégie a été utilisée par le groupe de P. Woo : celle du gène candidat. Il s’agit de rechercher des mutations dans des gènes codant pour des protéines que l’on suppose impliquées dans la physiopathologie d’une maladie. À titre d’exemple, ce groupe a découvert une mutation ponctuelle dans la région régulatrice du gène codant pour l’IL6 chez les patients atteints de maladie de Still. Cette mutation semble associée à une “sensibilité” excessive aux cytokines proinflammatoires (IL1 et TNFα). De même, il a isolé un polymorphisme particulier dans le promoteur du gène de l’IL10, cytokine anti-inflammatoire majeure, chez les malades souffrant d’oligoarthrites étendues qui produisent de faibles quantités d’IL10. Par analogie à la polyarthrite rhumatoïde de l’adulte, les implications thérapeutiques sont importantes puisqu’elles mettent en jeu la manipulation des cytokines. Un pas important franchi par des immunologistes Le groupe de L. Wedderburn (Royaume-Uni) a mis au point une technique originale et très sensible (hétéroduplex modifié) permettant de repérer une expansion clonale de lymphocytes T avec une sensibilité dix fois supérieure à celle des techniques usuelles (étude de la longueur du CDR3). Des échantillons de sang et de liquide synovial d’enfants souffrant d’AJI et de sujets sains ont été testés. Pour la première fois, une expansion oligoclonale lymphocytaire a été démontrée dans le liquide synovial de tous les patients, parfois dans plusieurs articulations lors d’une même poussée ou dans la même articulation lors d’une rechute. Cette expansion oligoclonale spécifiquement intra-articulaire (absente dans le sang) est différente d’un enfant à l’autre, ce qui suggère que la prolifération des lymphocytes T est induite par différents antigènes potentiellement arthritogènes. Il reste à déterminer l’identité de ces antigènes... Le chemin peut être encore bien long ! Flash sur les dernières études cliniques en rhumatologie pédiatrique Œil et arthrites juvéniles Une étude canadienne, présentée par C. Duffy, s’est intéressée aux complications oculaires des AJI. Il s’agit d’une étude prospective de cinq ans, menée de 1992 à 1996 au Canada, dont l’ob11 I N F O R M A T I O N S jectif a été d’évaluer la prévalence des uvéites chroniques chez les patients atteints d’AJI (tableaux I et II). Près de la moitié des enfants (42%, n = 99) parmi les 237 AJI vues pendant cette période ont développé une uvéite chronique. Les enfants atteints d’uvéite étaient principalement de sexe féminin (76,5 %), en moyenne âgés de cinq ans au début des arthrites et de 7,8 ans lors de la découverte de l’uvéite. En cinq ans, aucune diminution franche de l’acuité visuelle n’a été notée chez ces patients, témoignant de l’efficacité d’un suivi ophtalmologique trimestriel avec un traitement précoce des uvéites. Les facteurs de risque d’uvéite chronique dans cette cohorte sont le jeune âge de début de l’arthrite chronique et la forme oligoarticulaire. Tableau I. Prévalence des uvéites chronique chez 237 enfants souffrant d’arthrite juvénile idiopathique. 237 AJ Prévalence des uvéites chroniques Oligoarthrite n = 95 (40 %) n = 44 (18,4 %) Polyarthrite n = 54 (23 %) n = 17 (7 %) Spondylarthropathie n = 50 (21 %) n = 15 (6,2 %) Rhumatisme psoriasique n = 17 (7 %) n = 23 (9,5 %) Maladie de Still n = 21 (9 %) n=0 Tableau II. Répartition des différentes formes d’AJI chez 99 enfants souffrant d’uvéite chronique. 237 AJ Répartition des différentes formes d’AJI Oligoarthrite n = 95 (40 %) n = 67 (67,6 %) Polyarthrite n = 54 (23 %) n = 14 (14,7 %) Spondylarthropathie n = 50 (21 %) n = 12 (11,8 %) Rhumatisme psoriasique n = 17 (7 %) n = 6 (5,9 %) Maladie de Still n = 21 (9 %) n=0 Facteurs prédictifs de sévérité des maladies de Still Une étude canadienne a analysé 221 enfants atteints de formes systémiques d’AJI suivis quatorze ans en moyenne dans trois centres de référence (Toronto, Halifax, Ottawa). Ces 221 patients ont été répartis en cinq groupes selon la durée de suivi. Il est clairement apparu au terme d’une analyse multi12 variée que seuls la persistance de signes systémiques durant les six premiers mois d’évolution et un chiffre de plaquettes supérieur à 600 000 sont de mauvais pronostic. La sévérité de la maladie a été jugée sur son activité persistante et sur la corticodépendance. Aucun autre critère étudié (origine ethnique, sexe, saison de début, génotype HLA, recherche d’un lien avec une liste exhaustive de virus et bactéries arthritogènes et non arthritogènes) n’a été considéré comme un critère de sévérité de la maladie de Still. Comment évaluer le retentissement des AJI ? La PRINTO (Pediatric Rheumatology International Trials Organisation), présidée par A. Martini (Italie), fédère les essais thérapeutiques à l’échelon mondial (30 pays membres). Elle s’est fixé comme objectif de traduire deux échelles mesurant le retentissement fonctionnel des AJI dans chaque langue des pays membres : le CHAQ (Children Health Assessment Questionnaire), qui évalue le handicap et la douleur, et le CHQ (Children Health Questionnaire), qui est une échelle de qualité de vie. Ces échelles ont été choisies pour leur qualité, leur validité, leur facilité et rapidité d’emploi, leur pouvoir discriminant ainsi que leur réponse au changement. Elles s’adaptent à tous les enfants, quel que soit l’âge de début de la maladie, et intègrent le retentissement physique, fonctionnel, social et émotionnel des AJI. H. Foster (Royaume-Uni) a fait part de son expérience portant sur les patients suivis pour une AJI dans leur enfance et vus en consultation ou en hospitalisation en rhumatologie une fois adultes. Il est bien évident que ne sont sélectionnés que des patients dont l’évolutivité et les séquelles de la maladie sont particulièrement invalidantes (biais de recrutement). Deux cent cinquante-cinq patients, âgés en moyenne de 34,7 ans, ont été identifiés. La durée moyenne de l’arthrite chronique à début juvénile est de 27,6 ans (6,7-59,4) et la répartition des différentes formes d’AJI est la suivante : 21 % de formes systémiques, 20 % de formes oligoarticulaires persistantes, 20,1 % de formes oligoarticulaires étendues, 16,2 % et 18,1 % de polyarthrites respectivement avec et sans FR. Parmi ces patients, 64 % des AJI ont un indice fonctionnel de Steinbrocker de stade I ou II et 36 % de stade III ou IV. Le HAQ (Health Assessment Questionnaire) est fortement corrélé à la durée de la maladie et significativement plus élevé pour les formes polyarticulaires, oligoarticulaires étendues et systémiques pour les formes oligoarticulaires persistantes. Plus de la moitié des patients (52,2 %) ont une prothèse totale soit de hanche (46,8 %), soit de genou (27,6 %), et 26 % des patients ont toujours besoin d’une corticothérapie au long cours. Le fait le plus marquant est que tous ces patients ont un niveau d’éducation significativement plus élevé que les sujets contrôles, mais aussi un taux de chômage plus important (30 % contre 12 % dans la population contrôle). Dans 25 % des cas, les patients qui ne sont pas au chômage font l’objet d’une discrimination sur leur lieu de travail lorsqu’ils en ont. Concernant leur vie affective, 48,3 % d’entre eux sont célibataires, ce qui est significativement plus élevé que pour les sujets .../... La Lettre du Rhumatologue - n° 254 - septembre 1999 I N F O R M A T I O N S .../... contrôles à tranche d’âge égale. En revanche, le taux de divorce est très bas (4,9 %). Parmi les jeunes femmes atteintes, 70 % n’ont jamais eu de grossesse, la fécondité et l’activité sexuelle étant estimées normales par ailleurs. Le constat plutôt pessimiste de cette étude est que depuis trente ans, il n’y a pas eu de réduction significative de la morbidité. La principale conclusion de cette étude est que les AJI sont loin d’être des maladies bénignes. Une prise en charge thérapeutique précoce permettrait d’en améliorer le pronostic. Dans ce sens, il a été rappelé à plusieurs reprises que le recours rapide à un avis spécialisé en rhumatologie pédiatrique est indispensable. Les nouveaux traitements Trois nouveaux types de traitement ont été proposés pour les formes graves d’arthrites juvéniles idiopathiques. Le méthotrexate à forte dose Le méthotrexate (MTX) à forte dose dans les AJI réfractaires est actuellement à l’étude sous l’égide du PRINTO. Cet essai comporte deux phases. Seront inclus les patients atteints d’AJI polyarticulaires et actives (au moins 5 articulations atteintes), nécessitant un traitement de fond (critères non détaillés) et n’ayant jamais pris de MTX auparavant. Seront exclus les patients atteints de polyarthrites avec FR, d’oligoarthrites persistantes, d’AJI identifiées (rhumatisme psoriasique, spondylarthropathie, etc.). Pendant la première phase, les enfants inclus recevront per os, en sous-cutané (s.c.) ou en intramusculaire (i.m.) entre 8 et 12,5 mg/m2/sem. de MTX (faible dose). S’ils répondent bien au MTX faible dose (critères définis par le protocole), ils continuent ce traitement. S’ils y répondent mal, ils sont randomisés soit avec des doses moyennes (15 mg/m2/sem., maximum 20 mg/m2/sem.), soit avec de fortes doses de MTX (30 mg/m2/sem., maximum 40 mg/m2/sem.) en s.c. ou i.m. Cet essai a démarré dans quelques pays, mais pas encore en France. Le p75TNF-Récepteur soluble (étanercept) Des enfants (4-17 ans) atteints d’AJI touchant au moins 5 articulations, résistants aux doses usuelles de MTX (812,5 mg/m2/sem.) ou intolérants à ce médicament, ont été traités par étanercept, le MTX ayant été arrêté au moins deux semaines avant le début du protocole. L’administration d’AINS et de faibles doses de corticoïdes est autorisée, mais les posologies ne sont pas modifiables. L’étanercept est administré à la dose de 0,4 mg/kg deux fois par semaine en s.c. Le protocole comporte deux phases : pendant la phase “ouverte” de trois mois, l’étanercept est injecté à tous les malades. Les bons répondeurs sont ensuite randomisés et traités soit par placebo soit par étanercept à la même dose pendant trois mois supplémentaires. La définition de la réponse est l’amélioration de plusieurs paramètres cliniques et biologiques (VS, CHAQ, évaluation globale du patient, évaluation globale du médecin et nombre d’articulations touchées). Soixante-quatorze patients ont été sélectionnés ; 69 (93 %) patients ont terminé la phase ouverte 14 de l’essai, et 51 (74 %) ont été jugés bons répondeurs, avec une amélioration importante des paramètres cliniques et biologiques (40 % ont une amélioration de plus de 70 % des différents paramètres). Sur les 18 patients jugés mauvais répondeurs, 17 sont sortis de l’étude pour inefficacité et un pour effets secondaires. Lors de la deuxième phase du protocole, 26 patients ont reçu du placebo et 25 de l’étanercept. Quatre-vingt-un pour cent des enfants sous placebo ont vu leur état s’aggraver, contre 28 % sous étanercept (p = 0,03). Concernant la toxicité, seuls 7 % des patients ont développé une réaction inflammatoire au site d’injection, et trois enfants ont fait un zona. Les patients inclus étant tous atteints de formes graves, ce traitement paraît particulièrement efficace. Il est indispensable de réaliser d’autres essais afin de confirmer ces résultats, et surtout d’évaluer l’absence de majoration théorique du risque infectieux chez ces patients. L’autogreffe de moelle Elle concerne les malades au-delà de toutes les ressources thérapeutiques actuelles. Vingt et une AJI ont été greffées après différents protocoles de conditionnement. Malgré 3 décès (2 infectieux et 1 syndrome d’activation macrophagique), les premiers résultats semblent encourageants chez ces patients totalement réfractaires aux immunosuppresseurs les plus puissants utilisés en rhumatologie. Affaire à suivre... Actualités sur la ciclosporine A (CsA) Une étude rétrospective de phase IV analysant les modalités d’utilisation, l’efficacité et la toxicité de la CsA dans les AJI a été réalisée. Pour cela, 189 patients, ayant tous reçu un traitement par CsA dans le passé ou en recevant encore un, ont été analysés. La répartition des AJI est la suivante : 56,5 % de formes systémiques, 35 % de formes polyarticulaires, 7,5 % de formes oligoarticulaires, 0,6 % d’arthrite avec enthésopathie et moins de 0,5 % de rhumatisme psoriasique. L’âge moyen de la cohorte au début du traitement par CsA est de 7 ans. La durée moyenne du traitement est de 1,3 an, avec une dose moyenne de 2,9 mg/kg/j. Dans 54 % des cas, la CsA est associée au MTX et dans 71 % des cas aux corticoïdes (4,8 mg/kg/j). Malgré la CsA, 67 % des AJI sont jugées actives, avec un score d’activité de la maladie élevé ; cependant, la CsA a permis une épargne en cortisone dans 42 % des cas. Les effets secondaires sont assez rares, avec une HTA dans seulement 2 % des cas et une élévation de la créatininémie (> 0,8 mg/dl) dans 10 % des cas. Quarante-sept enfants (35 %) ont dû interrompre leur traitement par CsA pour effets secondaires (hypertrichose, troubles digestifs et augmentation de la créatininémie) ou pour un mauvais suivi du traitement. Aucun arrêt n’a été attribué à des problèmes tensionnels. Le suivi des enfants qui ont dû arrêter leur traitement par CsA a montré que, dans 40 % des cas, l’arrêt n’est pas suivi d’un rebond de la maladie ; toutefois, dans 13 % des cas, la malaLa Lettre du Rhumatologue - n° 254 - septembre 1999 I die s’est aggravée, et dans 16 % des cas, au contraire, elle s’est améliorée. À noter que les critères d’efficacité ou d’inefficacité n’ont pas été précisés. Seuls 6 % des enfants sous CsA sont entrés en rémission de leur maladie. En conclusion, la CsA est utilisée aux États-Unis et en Europe dans les formes systémiques et polyarticulaires ; elle permet de diminuer la corticothérapie dans presque un cas sur deux, mais semble totalement inefficace dans plus de la moitié des cas. D’autres alternatives thérapeutiques devraient être évaluées, peut-être à l’image des traitements actuels combinés de la polyarthrite rhumatoïde de l’adulte (association de divers traitements de fond). LA FIBROMYALGIE DE L’ENFANT EXISTE-T-ELLE ? P. Malleson (Canada) a présenté une synthèse des dernières publications sur le sujet. La fibromyalgie (FM) semble exister chez l’enfant ! Elle représente 5 à 8 % des motifs de consultation de rhumatologie pédiatrique au Canada, avec un sex-ratio de 4 filles pour 1 garçon. C’est une affection des pays développés qui n’est pas observée dans le tiers-monde. Rare avant N F O R M A T I O N S 5 ans, sa fréquence augmente après 10 ans. La FM serait associée au syndrome d’hypermobilité, mais cela reste controversé. Comme chez l’adulte, on retrouve fréquemment des problèmes psychologiques sous-jacents. V. Gerloni (Italie) a présenté une étude intéressante réalisée sur 2 408 enfants scolarisés afin de déterminer la prévalence de la FM en Italie. L’étude a comporté deux phases : une phase de recrutement, où un questionnaire a été distribué aux 2 408 enfants, permettant d’identifier les cas “possibles” de FM. Soixante-six enfants ont été recrutés à l’issue de la première phase, soit 2,73 %. La deuxième phase est diagnostique et repose sur une consultation auprès d’un rhumato-pédiatre. Trente des 2 408 enfants (1,24 %) ont répondu aux critères diagnostiques de la FM de l’ACR, parmi lesquels 22 filles (73 %) et 8 garçons. La prévalence de la FM est donc de 1,9 % chez la fille et de 0,6 % chez le garçon. Une stratification par tranches d’âge a été réalisée et confirme que la prévalence de la FM augmente avec l’âge. Les signes associés à la FM sont les maux de tête, les troubles du sommeil, les troubles digestifs et, à un moindre degré, la fatigue, le stress et la dépression. Certes, la FM est rare chez l’enfant, mais elle existe bel et bien ! Il reste, bien sûr, à savoir quelle est l’origine de ce syndrome encore très controversé. " 63 rd A m e r i c a n C o l l e g e o f R h e u m a t o l o g y B o s t o n , 1 3 - 1 7 n o v e m b r e 1 9 9 9 L’engagement de SEARLE : En di rec t su r In ter ne t Être témoin de l’information en relayant les connaissances diffusées lors du congrès majeur de la spécialité à l’aide des moyens les plus performants journal on line : en direct les 14-15-16-17 novembre 1999 h t t p : / / w w w. e d i m a r k . f r / a c r / s e a r l e . h t m Une sélection quotidienne des points forts du congrès ponctuée d’interviews Pour plus de renseignements les délégués médicaux SEARLE se tiennent à votre disposition &