contrôles à tranche d’âge égale. En revanche, le taux de divorce
est très bas (4,9 %). Parmi les jeunes femmes atteintes, 70 %
n’ont jamais eu de grossesse, la fécondité et l’activité sexuelle
étant estimées normales par ailleurs. Le constat plutôt pessi-
miste de cette étude est que depuis trente ans, il n’y a pas eu
de réduction significative de la morbidité. La principale
conclusion de cette étude est que les AJI sont loin d’être des
maladies bénignes. Une prise en charge thérapeutique pré-
coce permettrait d’en améliorer le pronostic. Dans ce sens, il
a été rappelé à plusieurs reprises que le recours rapide à un
avis spécialisé en rhumatologie pédiatrique est indispensable.
Les nouveaux traitements
Trois nouveaux types de traitement ont été proposés pour les
formes graves d’arthrites juvéniles idiopathiques.
Le méthotrexate à forte dose
Le méthotrexate (MTX) à forte dose dans les AJI réfractaires
est actuellement à l’étude sous l’égide du PRINTO. Cet essai
comporte deux phases. Seront inclus les patients atteints d’AJI
polyarticulaires et actives (au moins 5 articulations atteintes),
nécessitant un traitement de fond (critères non détaillés) et
n’ayant jamais pris de MTX auparavant. Seront exclus les
patients atteints de polyarthrites avec FR, d’oligoarthrites per-
sistantes, d’AJI identifiées (rhumatisme psoriasique, spondyl-
arthropathie, etc.).
Pendant la première phase, les enfants inclus recevront per os,
en sous-cutané (s.c.) ou en intramusculaire (i.m.) entre 8 et
12,5 mg/m2/sem. de MTX (faible dose). S’ils répondent bien au
MTX faible dose (critères définis par le protocole), ils continuent
ce traitement. S’ils y répondent mal, ils sont randomi
sés soit avec
des doses moyennes (15 mg/m2/sem., maximum 20 mg/m2/sem.),
soit avec de fortes doses de MTX (30 mg/m2/sem., maximum
40 mg/m2/sem.) en s.c. ou i.m. Cet essai a démarré dans quelques
pays, mais pas encore en France.
Le p75TNF-Récepteur soluble (étanercept)
Des enfants (4-17 ans) atteints d’AJI touchant au moins 5 arti-
culations, résistants aux doses usuelles de MTX (8-
12,5 mg/m2/sem.) ou intolérants à ce médicament, ont été trai-
tés par étanercept, le MTX ayant été arrêté au moins deux
semaines avant le début du protocole. L’administration d’AINS
et de faibles doses de corticoïdes est autorisée, mais les poso-
logies ne sont pas modifiables. L’étanercept est administré à
la dose de 0,4 mg/kg deux fois par semaine en s.c.
Le protocole comporte deux phases : pendant la phase
“ouverte” de trois mois, l’étanercept est injecté à tous les
malades. Les bons répondeurs sont ensuite randomisés et trai-
tés soit par placebo soit par étanercept à la même dose pen-
dant trois mois supplémentaires.
La définition de la réponse est l’amélioration de plusieurs para-
mètres cliniques et biologiques (VS, CHAQ, évaluation glo-
bale du patient, évaluation globale du médecin et nombre d’ar-
ticulations touchées). Soixante-quatorze patients ont été
sélectionnés ; 69 (93 %) patients ont terminé la phase ouverte
de l’essai, et 51 (74 %) ont été jugés bons répondeurs, avec
une amélioration importante des paramètres cliniques et bio-
logiques (40 % ont une amélioration de plus de 70 % des dif-
férents paramètres). Sur les 18 patients jugés mauvais répon-
deurs, 17 sont sortis de l’étude pour inefficacité et un pour
effets secondaires.
Lors de la deuxième phase du protocole, 26 patients ont reçu
du placebo et 25 de l’étanercept. Quatre-vingt-un pour cent
des enfants sous placebo ont vu leur état s’aggraver, contre
28 % sous étanercept (p = 0,03). Concernant la toxicité, seuls
7% des patients ont développé une réaction inflammatoire au
site d’injection, et trois enfants ont fait un zona. Les patients
inclus étant tous atteints de formes graves, ce traitement paraît
particulièrement efficace. Il est indispensable de réaliser
d’autres essais afin de confirmer ces résultats, et surtout d’éva-
luer l’absence de majoration théorique du risque infectieux
chez ces patients.
L’autogreffe de moelle
Elle concerne les malades au-delà de toutes les ressources thé-
rapeutiques actuelles. Vingt et une AJI ont été greffées après
différents protocoles de conditionnement. Malgré 3 décès
(2 infectieux et 1 syndrome d’activation macrophagique), les
premiers résultats semblent encourageants chez ces patients
totalement réfractaires aux immunosuppresseurs les plus puis-
sants utilisés en rhumatologie.
Affaire à suivre...
Actualités sur la ciclosporine A (CsA)
Une étude rétrospective de phase IV analysant les modalités
d’utilisation, l’efficacité et la toxicité de la CsA dans les AJI
a été réalisée. Pour cela, 189 patients, ayant tous reçu un trai-
tement par CsA dans le passé ou en recevant encore un, ont
été analysés.
La répartition des AJI est la suivante : 56,5 % de formes sys-
témiques, 35 % de formes polyarticulaires, 7,5 % de formes
oligoarticulaires, 0,6 % d’arthrite avec enthésopathie et moins
de 0,5 % de rhumatisme psoriasique. L’âge moyen de la
cohorte au début du traitement par CsA est de 7 ans. La durée
moyenne du traitement est de 1,3 an, avec une dose moyenne
de 2,9 mg/kg/j. Dans 54 % des cas, la CsA est associée au
MTX et dans 71 % des cas aux corticoïdes (4,8 mg/kg/j). Mal-
gré la CsA, 67 % des AJI sont jugées actives, avec un score
d’activité de la maladie élevé ; cependant, la CsA a permis une
épargne en cortisone dans 42 % des cas. Les effets secondaires
sont assez rares, avec une HTA dans seulement 2 % des cas et
une élévation de la créatininémie (> 0,8 mg/dl) dans 10 % des
cas. Quarante-sept enfants (35 %) ont dû interrompre leur trai-
tement par CsA pour effets secondaires (hypertrichose,
troubles digestifs et augmentation de la créatininémie) ou pour
un mauvais suivi du traitement. Aucun arrêt n’a été attribué à
des problèmes tensionnels.
Le suivi des enfants qui ont dû arrêter leur traitement par CsA
a montré que, dans 40 % des cas, l’arrêt n’est pas suivi d’un
rebond de la maladie ; toutefois, dans 13 % des cas, la mala-
La Lettre du Rhumatologue - n° 254 - septembre 1999
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