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REVUE DE PRESSE coordonné par
le Pr B. Combe
14 | La Lettre du Rhumatologue • No 369 - février 2011
Commentaire
Finalement, la LEMP reste une maladie très rare,
d’évolution sévère et souvent mortelle, favorisée
par les immunosuppresseurs. À l’heure actuelle,
aucune donnée ne permet de prévoir le dévelop-
pement de la maladie. La crainte de sa survenue
ne doit pas retarder l’instauration d’un traitement
immunosuppresseur dans la PR, s’il est justifié
par l’activité ou le caractère érosif de la maladie.
Cependant, il faut sûrement insister sur la néces-
sité de déclarer les événements suspects à la phar-
macovigilance et y penser en cas de phénomènes
neurologiques atypiques chez un patient traité,
afin de cesser les traitements et de ne pas sous-
diagnostiquer cette pathologie.
Référence bibliographique
Kumar D, Bouldin TW, Berger RG. A case of progressive
multifocal leukoencephalopathy in a patient treated with
infliximab. Arthritis Rheum 2010;62(11):3191-5.
Commentaire
Cette étude démontre, dans un système in vitro,
que
P.gingivalis
est capable de sécréter elle- même
des enzymes PAD qui peuvent dégrader les
protéines telles que le fibrinogène et favoriser
localement la citrullination de protéines au sein
de la muqueuse buccale. C’est donc un lien fort
et intéressant entre l’environnement et le déve-
loppement de la PR.
Références bibliographiques
1. Sebbag M, Simon M, Vincent C et al. The antiperinuclear factor
and the so-called antikeratin antibodies are the same rheumatoid
arthritis-specific autoantibodies. J Clin Invest 1995;95(6):2672-9.
2. Girbal-Neuhauser E, Durieux JJ, Arnaud M et al. The
epitopes targeted by the rheumatoid arthritis-associated
antifilaggrin autoantibodies are posttranslationally generated
on various sites of (pro)filaggrin by deimination of arginine
residues. J Immunol 1999;162(1):585-94.
3. Ortiz P, Bissada NF, Palomo L et al. Periodontal therapy
reduces the severity of active rheumatoid arthritis in patients
treated with or without tumor necrosis factor inhibitors.
J Periodontol 2009;80(4):535-40.
4. Wegner N, Wait R, Sroka A et al. Peptidylarginine demi-
minase from Porphyromonas gingivalis citrullinates human
fibrinogen and α-enolase: implications for autoimmunity in
rheumatoid arthritis. Arthritis Rheum 2010;62(9):2662-72.
dont la prévalence est estimée à 4,2 % des adultes aux États-Unis. P.gingivalis en est la
principale cause. Elle provoque une inflammation locale et une résorption progressive
de l’os soutenant les dents. P.gingivalis est retrouvée chez 90 % des patients ayant
une parodontite et chez 10 à 30 % des sujets sains. N.Wegner et al.(4) ont montré
que, au sein d’une dizaine de bactéries contaminant habituellement la flore buccale,
seule P. gingivalis était capable d’entraîner une citrullination des protéines. Cette action
endogène est liée à la production par cette bactérie d’une enzyme PAD, appelée PPAD
(P.gingivalis peptydyl arginine déiminase). Il existe des différences entre la citrullination
induite par P. gingivalis et la citrullination physiologique. En effet, celle liée à P.gingivalis
est favorisée par la présence de protéases de type gingipain exprimées par la bactérie et
s’exerce au niveau des résidus arginine des sites carboxy-terminaux. Enfin, fait important,
le fibrinogène humain peut être citrulliné par P.gingivalis. Il est clivé en peptides de petite
taille par les gingipains puis citrulliné par PPAD. Il devient alors potentiellement une cible
antigénique citrullinée.
V. Devauchelle-Pensec (Brest)
Un nouveau cas de LEMP
dans la polyarthrite rhumatoïde
La leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) est une pathologie démyélini-
sante subaiguë liée à une réactivation du virusJC (VJC). Cette pathologie survient le plus
fréquemment chez les sujets immunodéprimés et, jusqu’à présent, aucun cas n’avait été
rapporté sous infliximab.
Le cas rapporté ici concerne un patient âgé de 72ans, présentant une polyarthrite
distale et symétrique, érosive séropositive. Le patient a peu d’antécédents (bronchite
chronique, hypertension artérielle, hypertrophie bénigne de la prostate). Il est initia-
lement traité par prednisone 10 mg/ j, hydroxychloroquine 400 mg/ j et méthotrexate
17,5 mg/ sem. pendant 3ans puis, l’hydroxychloroquine se révélant toxique, par de
l’infliximab. Au bout de 3ans, il se plaint de l’apparition de vertiges lors de mouve-
ments ainsi que d’une sensation pendant 24heures de maladresse d’une main. Les
examens neurologiques cliniques réalisés quelques jours plus tard sont normaux et
l’administration d’infliximab est poursuivie. Deux ans plus tard, il présente des troubles
de la mémoire, des épisodes de confusion et des troubles de la coordination. L’IRM
de l’encéphale enT1, T2 et FLAIR retrouve de multiples hypersignaux de la substance
blanche périventriculaire. Toutes les autres investigations sont normales. La ponction
lombaire montre une hyperlymphocytose, mais sans mise en évidence du virus JC. La
biopsie cérébrale retrouve des lésions très évocatrices. Tous les traitements sont inter-
rompus sauf la cortisone et le patient rejoint son domicile avec de graves séquelles
neurologiques.
La LEMP se caractérise cliniquement par une atteinte du système nerveux central liée
à la réplication du VJC dans les oligodendrocytes, entraînant une lyse cellulaire et une
atteinte de la myéline. Les symptômes les plus fréquents sont les déficits neurologiques
aigus, une modification des capacités mentales, des déficits moteurs, une ataxie limbique,
des atteintes corticales (aphasie, cécité). Le diagnostic est porté par les résultats de la
PCR sur le liquide céphalo-rachidien, la biopsie cérébrale et l’aspect IRM. La LEMP a été
décrite sous traitement anti-VIH, sous chimiothérapie, sous anticorps monoclonaux et sous
immunosuppresseurs conventionnels. Les pathologies associées à la LEMP sont : le sida,
les pathologies lymphoprolifératives et les maladies auto-immunes (sclérose en plaques).
Seuls 5cas de LEMP sous méthotrexate oral ont été rapportés, chez des patients ayant
reçu d’autres traitements immunosuppresseurs.
V. Devauchelle-Pensec (Brest)