plus global et écologique lorsque le
travail visera à obtenir une meilleure
adaptation et autonomie face aux
troubles dans la vie quotidienne. Aux
stades plus précoces, on pourra fixer
des objectifs spécifiques visant au tra-
vail ciblé de certaines fonctions cogni-
tives telles que la mémoire ou le langage.
La définition des objectifs repose dans
tous les cas sur une évaluation préa-
lable des besoins au moyen de tests
neuropsychologiques et écologiques,
ainsi que sur des questionnaires de vie
quotidienne.
Méthodologie
Approche psychologique
L’objectif principal est de maintenir le
patient à domicile, le plus longtemps
possible, en harmonie avec son entou-
rage. Le travail du clinicien repose sur
la connaissance préalable de l’envi-
ronnement du patient afin de l’aider à
maintenir son autonomie et d’aider les
proches à “gérer” la maladie. Quel que
soit le cadre de l’intervention : moyen
ou long séjour, maisons de retraite
(équipes plus lourdes), en hospitalisa-
tion de jour (équipes plus légères) à
domicile ou en consultation externe,
cette approche est fondamentale.
Elle doit également permettre l’accep-
tation de la thérapie par le patient et,
dans cette optique, elle ciblera parfois
le travail sur l’anosognosie. Parfois
aussi, elle peut aider à pallier le déni
du patient et de la famille. Le théra-
peute est de toutes les façons amené à
fournir un véritable soutien psycholo-
gique au patient et à sa famille par
l’explication des troubles et de leurs
mécanismes en reliant les familles aux
réseaux existants (associations).
Approche cognitive
Fondée sur des modèles théoriques
d’explication du fonctionnement
cognitif normal, elle identifie les com-
posantes déficitaires et celles préser-
vées grâce à des évaluations neuropsy-
chologiques précises et spécifiques.
Elle va ensuite permettre de définir
une prise en charge adaptée à chaque
cas. L’objectif est de faciliter ou de
rétablir les processus déficitaires,
d’aménager l’environnement et d’op-
timiser les performances du patient
selon chaque stade d’évolution. Elle
définit des programmes spécifiques de
travail pour chaque fonction défici-
taire : mémoire, langage et communi-
cation.
Ainsi, à titre d’exemple d’entraîne-
ment de la mémoire de travail, on peut
évoquer des exercices spécifiques de
type récits d’événements vécus, enten-
dus ou lus, utilisation de techniques de
“rafraîchissement” (texte scindé en
plusieurs parties, chacune devant être
résumée avant la présentation de la
suivante). On peut également citer, au
titre des tâches visant un travail spéci-
fique des capacités langagières
(comme, par exemple, pour obtenir la
restauration de l’axe lexicoséman-
tique), l’utilisation par le thérapeute
de tâches de catégorisation, d’associa-
tion et de définition. Pour faciliter la
communication, un travail sur des
échanges verbaux brefs informatifs
avec de nombreuses reformulations,
ou des exercices visant l’apprentissage
de carnets de conversation pourra être
entrepris.
Certains programmes d’optimisation
des fonctions cognitives par ce type
d’approche ont pu être évalués en
termes d’efficacité. Même si ces
études ont été menées au cas par cas,
les résultats sont positifs.
Approche comportementale
Fondée sur les théories du behavio-
risme, elle vise la modification de
comportement. L’objectif est d’amé-
nager le milieu physique et social
afin de favoriser l’expression des
capacités résiduelles et de limiter la
dépendance, de contrôler les troubles
du comportement et de maintenir ou
de restaurer une certaine autonomie.
Jusqu’à présent, deux programmes
sont très répandus :
– ROT (Reality orientation therapy,
1966) ; il a pour objectif la réorienta-
tion temporo-spatiale et la réémer-
gence de repères d’identité person-
nelle par la présentation continue
d’informations d’orientation et par
l’utilisation d’aides externes diverses ;
– Reminiscence therapy ; ce pro-
gramme visant un travail de la
mémoire est mis en pratique dans le
cadre d’un groupe et a pour objectif
d’amener les patients déments à récu-
pérer des souvenirs personnels
anciens.
Dans la majorité des cas, les thérapies
comportementales sont proposées au
sein d’institutions, à un stade déjà
avancé de la maladie et leur efficacité
est discutée.
Autres approches
Diverses approches thérapeutiques de
traitement ont été décrites. La plupart
du temps, elles n’ont pas été évaluées,
ni quant à leurs fondements théo-
riques, ni en termes d’efficacité théra-
peutique. Il s’agit de prises en charge
organisées autour de la relaxation, de
l’utilisation de la musique, de l’art,
etc.
Pratiquées dans certains milieux insti-
tutionnels, les thérapies de groupe ont
enregistré des bénéfices indéniables
de communication et de stimulation.
Conclusion
Le problème de la prise en charge
orthophonique des démences consti-
tue un enjeu important. Trop peu de
place est encore faite à cet aspect dans
les conférences internationales de
consensus. Il est donc nécessaire de
formaliser et d’évaluer précisément
les effets des diverses approches exis-
tantes. Celles-ci sont désormais mieux
connues et tous les praticiens admet-
tent leur complémentarité. Cependant,
les programmes thérapeutiques restent
individualisés et des recherches doi-
vent être entreprises afin de définir
des méthodes permettant d’optimiser
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Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 5, juin 2003
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