LIBÉRALE Pédiatrie Identifier les troubles du langage Un déficit de langage chez l’enfant de 3 à 6 ans nuit à la communication et à l’apprentissage scolaire. L’ANAES a publié une étude concernant le développement du langage chez ces enfants. L es recommandations concernent les troubles primaires (sans déficience mentale ou atteinte des fonctions cognitives). Identifier un trouble du langage est difficile car il est souvent associé à d’autres troubles. D’où la nécessité d’effectuer avant toute chose un bilan pluridisciplinaire. Celui-ci peut rechercher un déficit sensoriel, par exemple. Ce bilan doit être envisagé en fonction de l’âge de l’enfant et de l’évolution de son retard. L’ANAES recommande en premier lieu de prendre en compte toute préoccupation exprimée par les parents, les enseignants ou les professionnels de santé. Cette plainte doit aboutir à une évaluation individuelle qui va permettre de réaliser, s’il en est besoin, un bilan orthophonique. Et, même en l’absence d’une plainte, le repérage et le dépistage des troubles par les enseignants devraient être systématiques. D’autant que des méthodes existent (voir encadré). Trouble ou retard ? Quand les troubles sont légers ou isolés, il faut distinguer un trouble réel d’un retard. En cas de troubles graves, ceux-ci sont souvent associés à d’autres. C’est le bilan qui détermine la différence. En effet, plusieurs travaux montrent qu’une proportion élevée d’enfants ayant des retards de langage entre 3 et 5 ans ne présentent plus ce retard quelques mois ou quelques années après. Cela, même en l’absence de prise en charge particulière. Trois éléments sont à prendre en compte par un prescripteur préalablement formé : la sévérité, la spécificité et la persistance du retard de langage. Le premier examen consiste en un examen auditif, qui doit être systématique, agrémenté, en cas de doute, d’un examen audiométrique complet. Si l’examen est normal, l’enfant doit subir un examen neurologique clinique avec avis d’un neuropédiatre si des anomalies sont constatées. Une évaluation des compétences non verbales peut être envisagée avec, à la clé, une évaluation psychométrique, nécessaire en cas de doute. De 46 Professions Santé Infirmier Infirmière - No 31 - novembre 2001 même, une évaluation des capacités de communication et de socialisation renseigne et, au moindre doute, l’aide d’un questionnaire s’avère précieuse. De toute évidence, tout trouble de la compréhension nécessite un avis spécialisé et un électroencéphalogramme de sommeil. Cependant, on ne doit pas laisser de côté les carences affectives d’un enfant, dont l’insuffisance de stimulation langagière. Le bilan orthophonique Le bilan orthophonique précise le type de troubles du langage et sa gravité en évaluant à la fois les aspects expressif et pragmatique. Des épreuves étalonnées dans la population générale permettent la réalisation de ces bilans. Entre 5 et 6 ans, les épreuves destinées à comprendre un retard dans l’apprentissage de la lecture incluent la discrimination phonologique, les capacités métaphonologiques, la dénomination rapide, l’organisation syntaxique, l’attention et la mémoire verbale. Le bilan orthophonique permet de préciser les déficits ainsi que les potentialités d’évolution de l’enfant. Il précise les indications et les modalités du traitement orthophonique. Il doit faire l’objet d’un compte-rendu écrit, détaillé, argumenté et clairement explicité mentionnant les tests utilisés et leur résultat. L.G. Renseignements : www.anaes.fr Batterie de tests ERTL 4 : de 3 ans et 9 mois à 4 ans et 6 mois. PER 2000 : de 3 ans et 6 mois à 5 ans et 6 mois. ERTL A6 : de 5 ans et 9 mois à 6 ans et 4 mois. BREV : de 4 ans à 9 ans. La validation de ces outils est en cours. D’autres outils s’adressent à la tranche des 5-6 ans. Ils ont pour objectif de rechercher des signes prédictifs de troubles de l’apprentissage (bilan de santé des 5-6 ans, ERTLA6 par exemple).