revue de presse
Sophie Gonbert, Xavier Girerd, Paul Valensi
Hypolipémiants et risque de
démence
La démence affecterait environ
10 % de la population après 65 ans. La
frontière entre démence d’origine vascu-
laire et maladie d’Alzheimer semble ne
plus être aussi marquée, car il y a proba-
blement un continuum entre ces deux
mécanismes physiopathologiques. Cer-
tains éléments suggèrent une association
entre lipides, phénomènes vasculaires et
développement de la démence : l’allèle ε4
de l’apoprotéine E est un facteur de risque
pour la maladie d’Alzheimer ; un ana-
logue du LDL-récepteur, la LRP (LDL
Receptor related protein), qui permet aux
neurones de se fournir en cholestérol,
semble impliquée dans certaines formes
d’Alzheimer ; le cholestérol pourrait de
même moduler la dégradation du précur-
seur de la protéine amyloïde ; enfin, dans
les zones cérébrales endommagées par
l’Alzheimer, les cellules endothéliales
semblent présenter des anomalies de fonc-
tionnement comparables à celles obser-
vées dans l’athérosclérose. Une étude cas-
contrôles rétrospective britannique s’est
intéressée à savoir si l’utilisation de traite-
ments hypolipémiants était associée ou
non à une variation dans l’incidence de la
démence. Au sein d’une population suivie
en médecine de ville entre 1992 et 1998,
sont apparus 284 cas de démence dus ou
non à la maladie d’Alzheimer. Ces
patients ont été comparés à 1 080 sujets
contrôles sains issus de la même popula-
tion. Parallèlement, l’existence d’une dys-
lipidémie et d’un traitement hypolipé-
miant a été recherchée dans les deux
groupes. Parmi les contrôles, 13 %
avaient une dyslipidémie non traitée
contre 10,2 % chez les déments, 11 %
étaient ou avaient été sous statines contre
4,6 % chez les déments, 7 % étaient ou
avaient été sous d’autres hypolipémiants
(fibrates, résines ou acide nicotinique)
contre 8,5 % chez les déments. Parmi les
contrôles, 69 % étaient normolipidé-
miques contre 77 % chez les déments.
Exprimés en odds ratio ajustés sur l’âge,
le sexe, les antécédents de pontage, les
niveaux de pression artérielle, la consom-
mation de tabac et le BMI, les résultats
étaient les suivants : le fait d’avoir une
dyslipidémie ou de recevoir un traitement
hypolipémiant autre qu’une statine n’ex-
posait pas à un risque supérieur ou infé-
rieur de démence (respectivement OR =
0,72 (IC 95 % : 0,45-1,14) et OR = 0,96
(IC 95 % : 0,47-1,97). En revanche, le fait
de recevoir un traitement par statine était
associé significativement à une probabilité
moindre de démence définie par un OR
égal à 0,29 (0,13-0,63 ; p = 0,002). Cette
étude rétrospective n’est évidemment pas
indemne de biais possibles : les patients
ayant reçu des statines sont peut-être des
sujets à plus haut niveau socioculturel, à
plus haut niveau d’études par exemple,
variables à prendre en compte dans l’ap-
parition de la démence. De plus, cette
étude ne fournit pas les données néces-
saires quant à l’étiologie des démences,
qui permettraient de savoir si l’effet
potentiellement bénéfique des statines est
limité ou non aux seules démences vascu-
laires, ou s’il existe un mécanisme de
“protection” spécifiquement neuronal,
s’ajoutant à la liste des effets pléïotropes
des statines, c’est-à-dire ne passant pas
directement par la baisse du LDL-choles-
térol. Ces données, certes novatrices,
demandent donc à être étayées par de plus
grands essais thérapeutiques, en double
aveugle, en cours tels que PROSPER avec
la pravastatine chez le sujet âgé avant
d’élargir l’indication des statines à la pré-
vention de la démence.
– Jick H, Zornberg GL, Jick SS, Seshadri S,
Drachman DA. Statins and the risk of demen-
tia. Lancet 2000 ; 11, 356 (9242) : 1627-31.
S.G.
Intérêt du dosage des méta-
néphrines plasmatiques
dans le diagnostic du
phéochromocytome
Le diagnostic de phéochromocytome
repose sur la mise en évidence d’un résultat
positif de dosages des dérivés des catécho-
lamines. Depuis une quinzaine d’années, ce
sont les métanéphrines et normétanéphrines
qui se sont imposées comme les dosages
ayant la spécificité la plus élevée et une sen-
sibilité suffisamment satisfaisante pour per-
mettre un dépistage fiable en clinique du
phéochromocytome. En revanche, c’est sur
le recueil urinaire des 24 heures que repose
ce diagnostic et l’on connaît les difficultés
d’un prélèvement fiable en particulier
lorsque le patient est en ambulatoire. Le
dosage des métanéphrines sur le plasma est
possible et le travail d’une équipe de Vienne
indique que ce dosage possède une sensibi-
lité de 100 % pour détecter un phéochro-
mocytome surrénalien par comparaison à la
sensibilité de 82 % apportée par le dosage
de la noradrénaline plasmatique. Le prélè-
vement était effectué après 20 minutes de
repos en position couchée. Le dosage réa-
lisé par HPLC avait un seuil inférieur de
détection des normétanéphrines de 55 pmol/l
et de 82 pmol/l pour les métanéphrines. Les
valeurs pour la population normale étaient
de 430 ± 30 pmol/l pour les normétané-
phrines et de 150 ± 10 pmol/l pour les méta-
néphrines, les valeurs pathologiques étaient
définies à partir d’un travail de la littérature
à 660 pmol/l pour les normétanéphrines et à
300 pmol/l pour les métanéphrines. À noter
qu’une interaction avec l’acétaminophène
est signalée pour le dosage de la norméta-
néphrine.
– Raber W et al. Diagnostic efficacy of unconju-
gated plasma metanephrines for the detection of
pheochromocytoma. Arch Intern Med 2000 ; 160 :
2957-63.
X.G.
Revue de presse
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Act. Méd. Int. - Hypertension (13), n° 2, février 2001