CHAPITRE 2
FONCTIONS COMPLEXES, ´
EQUATIONS
DIFF´
ERENTIELLES, SUITES R´
ECURRENTES LIN´
EAIRES
2.1. Fonctions d´erivables `a valeurs complexes
On rappelle que tout nombre complexe zCs’´ecrit de fa¸con unique z=a+ib, avec a, b R.
On dit que aest la partie r´eelle de z, not´ee Re(z), et que best la partie imaginaire de z, not´ee
Im(z). On a donc z=Re(z) + iIm(z). Attention ! La partie Im(z) ´egale b, et non ib.
Soient IRun intervalle ouvert non vide et fune application IC. Pour tout tI, on peut
´ecrire f(t) = a(t) + ib(t), o`u a(t) = Re(f(t)) et b(t) = Im(f(t)). Ceci d´efinit deux applications
a, b :IR. On ´ecrira a=Re(f) et b=Im(f) et l’on dira que a(resp. b) est la partie r´eelle
(resp. imaginaire) de f.
D´efinition 2.1 (Fonctions d´erivables IC). Soit t0I.
(1) On dit que fest erivable en t0si aet ble sont. Dans ce cas, on pose f0(t0) = a0(t0)+ib0(t0).
(2) On dit que fest erivable sur Isi elle l’est en tout point de I.
(3) Remarquons que si fest d´erivable sur Iet si 0 = f0(t) = a0(t) + ib0(t) pour tout tI, alors
a(resp. b) est la fonction constante de valeur a0=a(t0) (resp. b0=b(t0)), donc fest la fonction
constante de valeur complexe a0+ib0.
On a de plus les propri´et´es suivantes, qui se d´eduisent facilement des propri´et´es analogues, d´ej`a
vues, pour les fonctions r´eelles d´erivables.
Proposition 2.2. — Soient f, g :ICdeux fonctions d´erivables et soit γC.
(i) La fonction γf +gest d´erivable, de d´eriv´ee γf 0+g0.
(ii) L’ensemble D(I, C)des fonctions d´erivables ICest un sev du C-espace vectoriel F(I, C)
de toutes les fonctions IC, et l’application D:D(I, C)F(I, C),f7→ f0est lin´eaire.
(iii) La fonction fg est d´erivable, de d´eriv´ee f0g+fg0.
D´emonstration. Il r´esulte aussitˆot des d´efinitions que si αR, la fonction αf +gest d´erivable,
de d´eriv´ee αf0+g0. Pour la suite de la d´emonstration, ´ecrivons f=a+ib, avec a=Re(f) et
b=Im(f).
Alors, on a (if)0= (b+ia)0=b0+ia0=i(a0+ib0) = if0. En ´ecrivant γ=α+, avec
α, β R, on obtient donc que
(γf)0= (αf +βif)0=αf0+β(if)0=αf0+βif0=γf 0.
Ceci prouve (i), et le point (ii) n’est qu’une reformulation de (i).
Prouvons (iii). Si rest une fonction d´erivable IR, alors rf =ra +irb d’o`u
(rf)0= (ra)0+i(rb)0=r0a+ra0+i(r0b+rb0) = r0(a+ib) + r(a0+ib0) = r0f+rf0.
En ´ecrivant g=r+is, avec r=Re(f) et s=Im(f), on obtient alors, en utilisant le point (i) :
(gf)0= (rf +isf)0=r0f+rf0+i(s0f+sf0) = (r0+is0)f+ (r+is)f0=g0f+gf0.
La proposition est d´emontr´ee.
12 CHAPITRE 2. FONCTIONS `
A VALEURS COMPLEXES, ´
EQUATIONS DIFF´
ERENTIELLES LIN´
EAIRES
D´efinition 2.3 (Primitives d’une fonction f:IC). Soit f(t) = a(t)+ib(t) une appli-
cation IC. Une application F:ICest une primitive de fsur Isi elle est d´erivable de
d´eriv´ee f. Si on ´ecrit F(t) = A(t) + iB(t), ceci ´equivaut `a dire que A(resp. B) est une primitive
de a(resp. b) sur I. Si Gest une autre primitive de fsur Ialors, d’apr`es le point (3) de 2.1, il
existe cCtel que G=c+F.
2.2. Primitivation par parties et primitives de eaxeibxP(x)
Soient IRun intervalle ouvert non vide, x0Iet h:IRune application continue.
Vous avez vu en Terminale (et nous verrons dans ce cours) que la fonction H(x) = Rx
x0h(t)dt est
une primitive de hsur I, et que toute primitive de hsur Iest de la forme H+c, pour un r´eel c.
Pour cette raison, on d´esignera par Rhune primitive quelconque de hsur Iet le proc´ed´e d´ecrit
ci-dessous est appel´e «Inegration par parties »(IPP en abr´eg´e) au lieu de «Primitivation par
parties ».
Soit donn´e un produit h=fg de fonctions continues sur I, et supposons qu’on connaisse d´ej`a
une primitive Fde fsur I. La formule (F g)0=F0g+F g0=fg+F g0donne alors fg = (F g)0F g0
donc si on connaˆıt une primitive RF g0de F g0sur I, alors H=F g RF g0sera une primitive de
fg sur I. Illustrons ceci par l’exemple suivant.
(I) Cherchons une primitive de eaxP(x), o`u aRet P(x)R[x] est un polynˆome de degr´e
d1. Soient f(x) = eax,g(x) = P(x) et k= 1/a. Alors une primitive de fest F(x) = keax donc
on a :
(1) ZeaxP(x) = keaxP(x)ZF(x)P0(x) = keax kZeaxP0(x)
donc le calcul d’une primitive de eaxP(x) est ramen´e `a celui d’une primitive de eaxP0(x), o`u
maintenant P0est un polynˆome de degr´e d1. On peut r´ep´eter l’op´eration : on a ReaxP0(x) =
keaxP0(x)kReaxP00 (x) et donc
(2) ZeaxP(x) = keaxP(x)k2eaxP0(x) + k2ZeaxP00 (x).
En r´ep´etant dfois ce processus, on obtient que
ZeaxP(x) = keax³P(x)kP 0(x) + k2P00(x) · · · + (k)d1P(d1)(x)´+ (k)dZeaxP(d)(x),
et comme P(d)(x) est une constante (puisque deg(P) = d), alors une primitive de eaxP(d)(x) est
keaxP(d)(x). L’´egalit´e pr´ec´edente d´emontre donc la premi`ere partie de la proposition suivante :
Proposition 2.4. — Soit aRet soit PR[x]de degr´e d1.
(i) Les primitives sur Rde h(x) = eaxP(x)sont les fonctions H(x) = c+eaxQ(x), o`u cest un
r´eel arbitraire et Q(x)est le polynˆome k¡P(x)kP 0(x) + · · · +kdP(d)(x)¢, qui est ´egalement de
degr´e d.
(ii) Comme (eaxQ(x) + c)0=eax(aQ(x) + Q0(x)),Qest d´etermin´e par l’´egalit´e aQ +Q0=P,
donc si P(x) = a0+a1x+· · · +adxd, on cherche Qsous la forme Q(x) = b0+b1x+···+bdxd,
o`u les biRsont des coefficients inconnus que l’on d´etermine en ´ecrivant que Q0(x) + aQ(x) =
(b1+ab0) + (2b2+ab1)x+· · · + (dbd+abd1)xd1+abdxd=a0+a1x+· · · +adxd. Donc, en
posant k= 1/a, on obtient : bd=kad, puis bd1=k(ad1dbd) = kad1k2dad, etc.
(II) Cherchons maintenant une primitive de eax cos(bx), o`u a, b R. On pourrait faire deux
IPP successives : en posant f(x) = eax et g(x) = cos(bx), une primitive de fest (1/a)fet
l’on a g0=bsin(bx), d’o`u Reax cos(bx) = (1/a)eax cos(bx) + (b/a)Reax sin(bx), puis en posant
v(x) = sin(bx) on a v0(x) = bcos(bx) d’o`u Reax sin(bx) = (1/a)eax sin(bx)(b/a)Reax cos(bx),
et l’on obtient l’´egalit´e
Zeax cos(bx) = 1
aeax cos(bx) + b
a2eax sin(bx)b2
a2Zeax cos(bx),
2.2. PRIMITIVATION PAR PARTIES ET PRIMITIVES DE eaxeibxP(x)13
d’o`u a2+b2
a2Reax cos(bx) = 1
aeax cos(bx) + b
a2eax sin(bx). Donc les primitives sur Rde eax cos(bx),
o`u a, b R, sont les fonctions : eax
a2+b2¡acos(bx) + bsin(bx)¢+c.
Montrons que l’on peut obtenir ceci de fa¸con plus rapide en utilisant les nombres complexes.
Rappelons que pour tout yRon pose : eiy = cos(y) + isin(y) . Il r´esulte des formules trigo-
nom´etriques :
cos(y+y0) = cos(y0) cos(y)sin(y0) sin(y) sin(y+y0) = sin(y0) cos(y) + cos(y0) sin(y)
que l’on a : eiyeiy0=ei(y+y0)pour tout y, y0R. Puis, on pose ex+iy =exeiy pour tout x, y R,
o`u exesigne l’exponentielle r´eelle usuelle. Il r´esulte de ce qui pr´ec`ede que pour tout z=x+iy
et z0=x0+iy0, avec x, x0, y, y0R, on a ez+z0=ezez0. De plus, on a l’importante proposition
suivante (le point (ii) sera utilis´e au parag. 2.3.2) :
Proposition 2.5. — Soient a, b R. Posons z=a+ib et consid´erons la fonction h:RC,
(Q) t7→ h(t) = ezt =eateibt =eat¡cos(bt) + isin(bt)¢.
(1) hest d´erivable, et h0(t) = (a+ib)h(t) = zh(t)pour tout tR.
(2) Les fonctions complexes f:RCsolutions de l’´equation diff´erentielle f0(t) = zf(t)sont
les fonctions f(t) = Cezt, o`u CC.
D´emonstration. — (i) D’apr`es la d´efinition 2.1, la fonction g(t) = eibt = cos(bt) + isin(bt) est
d´erivable, de d´eriv´ee bsin(bt) + ib cos(bt) = ibg(t). Par cons´equent, la fonction h(t) = eatg(t) est
d´erivable, de d´eriv´ee aeatg(t) + eatibg(t) = (a+ib)h(t) = zh(t).
Prouvons (ii). Les fonctions Cezt sont solutions, d’apr`es (i). R´eciproquement, soit fune so-
lution. Alors la fonction complexe k(t) = f(t)ezt est d´erivable, de d´eriv´ee k0(t) = zf (t)ezt
f(t)zezt = 0, donc k(t) et une constante CC, et donc f(t) = Cezt. La proposition est
d´emontr´ee.
Revenons au calcul d’une primitive de eat cos(bt). Si b= 0, on trouve imm´ediatement une
primitive de eat, donc le cas «ineressant »est lorsque b6= 0. Dans ce cas, une primitive de
h=eateibt est la fonction complexe H(t) = 1
a+ibeateibt. Ses parties r´eelle et imaginaire sont
donn´ees par :
H(t) = aib
a2+b2eat¡cos(bt)+isin(bt)¢=eat
a2+b2h¡acos(bt)+bsin(bt)¢+i¡bcos(bt)+asin(bt)¢i.
Alors la partie r´eelle (resp. imaginaire) de Hest une primitive de la partie r´eelle eat cos(bt) (resp. la
partie imaginaire eat sin(bt)) de h(t) = eateibt. On a donc obtenu le point (i) de la proposition
suivante :
Proposition 2.6. — Soient aRet bR.
(i) Les primitives sur Rde la fonction complexe eat¡cos(bt) + isin(bt)¢sont les fonctions com-
plexes c+aib
a2+b2eateibt, o`u cC. En prenant les parties r´eelles et imaginaires, ceci donne les
primitives de eat cos(bt)et de eat sin(bt).
(ii) Plus g´en´eralement, soit P(t) = a0+a1t+· · · +adtdR[t]un polynˆome de degr´e d1.
Les primitives sur Rde la fonction complexe h(t) = eatP(t)¡cos(bt) + isin(bt)¢sont les fonctions
complexes c+eateibtQ(t), o`u cCet Q(t) = b0+b1t+· · · +bdtdC[t]est le polynˆome d´etermin´e
par l’´egalit´e (a+ib)Q+Q0=P, c.-`a-d., en posant k=1
a+ib =aib
a2+b2, on a : bd=kad, puis
bd1=k(ad1dbd) = kad1k2dad, etc. En prenant les parties r´eelles et imaginaires, ceci
donne les primitives de eatP(t) cos(bt)et de eatP(t) sin(bt).
14 CHAPITRE 2. FONCTIONS `
A VALEURS COMPLEXES, ´
EQUATIONS DIFF´
ERENTIELLES LIN´
EAIRES
D´emonstration de (ii). Si Q(t) est un polynˆome complexe, la fonction eateibtQ(t) a pour d´eriv´ee
eateibt¡(a+ib)Q(t) + Q0(t)¢donc c’est une primitive de h(t) si et seulement si Qerifie l’´equation
(a+ib)Q+Q0=P. Comme z0=a+ib 6= 0 ceci entraˆıne que Qest de mˆeme degr´e que P;
´ecrivant alors Q(t) = b0+b1t+· · · +bdtd, on voit que les bisont uniquement d´etermin´es par les
ai: notant k= 1/z0, on a bd=kad, puis bd1=k(ad1dbd) = kad1k2dad, etc. Enfin,
comme deux primitives de hsur Rne diff`erent que par une constante cC, on obtient bien que
toutes les primitives de hsur Rsont de la forme c+eateibtQ(t).
2.3. ´
Equations diff´erentielles lin´eaires `a coefficients constants
2.3.1. ´
Equations diff´erentielles lin´eaires du 1er ordre `a coefficients constants. Soit
λR. Rappelons les r´esultats vus en 1M001 sur l’´equation diff´erentielle
()x0(t)λx(t) = g(t),
o`u g(t) est une fonction continue sur un intervalle ouvert I. Ceci ´equivaut `a eλt(x0(t)λx(t)) =
eλtg(t) et l’on reconnaˆıt dans le membre de gauche la d´eriv´ee de eλtx(t). D’autre part, la
fonction h(t) = eλtg(t) ´etant continue sur I, la th´eorie de l’inegration (qu’on verra plus tard)
nous assure qu’elle admet des primitives sur I. Si l’on fixe t0I, l’une d’elles est H(t) =
Rt
t0g(u)du, et toute autre primitive est de la forme c+H, avec cR. (Et donc Hest la primitive
de hqui s’annule en t0.)
Donc, les solutions de () sont les fonctions x(t) = eλt(H(t) + c) = eλtH(t) + ceλt. Une telle
solution est enti`erement d´etermin´ee par la donn´ee de sa valeur initiale x0=x(t0) car on a
c=eλt0x0(compte tenu de H(t0) = 0). Le slogan `a retenir est donc : «chaque solution xde ()
est d´etermin´ee par sa valeur initiale x(t0), qui peut ˆetre choisie arbitrairement ».
Si g(t) = eµtP(t), o`u µRet PR[t] est un polynˆome de degr´e d0, il s’agit donc de
trouver les primitives de h(t) = e(µλ)tP(t). Il y a deux cas. Si µ=λ, alors h(t) = P(t) et les
primitives sont des polynˆomes de degr´e d+ 1 : on peut les ´ecrire sous la forme H=Q+c, o`u Q
est l’unique polynˆome tel que Q0=Pet Q(0) = 0 (si P=Pd
i=0 aitialors Q(t) = Pd
i=0 ai
ti+1
i+ 1).
Si a=µλ6= 0, on a vu dans la Prop. 2.4 que les primitives sur Rde eatP(t) sont les fonctions
H(t) = c+eatQ(t), o`u cest un r´eel arbitraire et Q(t)R[t] est le polynˆome d´etermin´e par
l’´egalit´e aQ +Q0=P. On peut englober le cas o`u g(t) ´egale eµtP(t) cos(bt) ou eµtP(t) sin(bt),
pour un r´eel b6= 0, en consid´erant ceci comme la partie r´eelle ou imaginaire de eµteibtP(t). Posant
a=µλon sait, d’apr`es la Prop. 2.6, que les primitives sur Rde la fonction eateibtP(t) sont les
fonctions H(t) = c+eateibtQ(t), o`u cCet Q(t)C[t] est le polynˆome d´etermin´e par l’´egalit´e
(a+ib)Q+Q0=P. Dans tous les cas, la solution g´en´erale de () est de la forme x(t) = eλtH(t)
et l’on a donc d´emontr´e la proposition suivante :
Proposition 2.7. — Soient λR,zCet g(t) = eztP(t), o`u PR[t]est un polynˆome 6= 0.
(Q) La solution g´en´erale de l’´equation diff´erentielle x0(t)λx(t) = Re(g(t)) ou Im(g(t)) est la partie
r´eelle ou imaginaire des fonctions suivantes, o`u cCest une constante :
eztQ(t) + ceλt si z=λ, o`u QR[t]est d´etermin´e par Q0=Pet Q(0) = 0. On a
deg(Q) = deg(P)+1.
eztQ(t) + ceλt si z6=λ, o`u QC[t]est d´etermin´e par (zλ)Q+Q0=P. On a
deg(Q) = deg(P)et l’on a QR[t]si zR.
2.3.2. ´
Equations diff´erentielles lin´eaires du 2`eme ordre `a coefficients constants.
Soient a, b R. Soit El’ensemble des solutions de l’´equation diff´erentielle lin´eaire homog`ene :
()x00(t) + ax0(t) + bx(t) = 0.
La fonction nulle est solution, et si x1, x2Eet αR, on voit que αx1+x2est aussi solution,
car (αx1+x2)0=αx0
1+x0
2et (αx1+x2)00 =αx00
1+x00
2. Donc Eest un sous-espace vectoriel du
R-espace vectoriel D2(R,R) des applications deux fois d´erivables RR.
2.3. ´
EQUATIONS DIFF´
ERENTIELLES LIN´
EAIRES `
A COEFFICIENTS CONSTANTS 15
On associe `a () le polynˆome P = X2+aX +b. Soient λ, µ ses deux racines dans C(pas
n´ecessairement distinctes). Comme (Xλ)(Xµ) = X2(λ+µ)X+λµ =X2sX +p, o`u
s(resp. p) d´esigne la somme (resp. produit) des racines, on obtient les formules (`a connaˆıtre !) :
a=s=(λ+µ) et b=p=λµ .
Bien qu’on s’ineresse a priori aux solutions r´eelles de (), il sera utile, comme dans les para-
graphes pr´ec´edents, de chercher les solutions complexes z(t) = x1(t) + ix2(t), o`u x1, x2sont des
fonctions r´eelles. Comme z00 +az0+bz = (x00
1+ax0
1+bx1) + i(x00
2+ax0
2+bx2), on voit qu’une telle
fonction zest une solution complexe de () si et seulement si x1et x2en sont des solutions r´eelles.
Notons ECl’ensemble des solutions complexes, on voit comme plus haut que c’est un C-espace
vectoriel.
Lemme 2.8. — Les fonctions f(t) = eλt et eµt sont solutions de ().
D´emonstration. — f00(t) + af0(t) + bf(t)=(λ2++b)eλt = 0 puisque λest racine de P. Et
idem bien sˆur pour eµt.
Th´eor`eme 2.9. — Eest un R-espace vectoriel de dimension 2, et ECest un C-espace vectoriel
(Q) de dimension 2. Plus pr´ecis´ement :
(i) Si λ, µ R, alors une base (f, g)de Eest donn´ee par f(t) = eλt,g(t) = eµt si µ6=λ, et
f(t) = eλt,g(t) = teλt si µ=λ. Ces fonctions forment aussi une base de ECcomme C-espace
vectoriel, i.e. toute fonction hECs’´ecrit de fa¸con unique h=vf +u g, avec u, v C.
(ii) Si λ=γ+avec γ, ω Ret ω6= 0, alors µ=γ. Une base (f, g)de ECest donn´ee
par f(t) = eλt =eγtet et g(t) = eµt =eγtet, une autre base (h, k)de ECest form´ee des
fonctions r´eelles h(t) = eγt cos(ωt)et k(t) = eγt sin(ωt). Ces fonctions forment aussi une base du
R-espace vectoriel E, i.e. toute fonction pEs’´ecrit de fa¸con unique p=uh +vk, avec u, v R.
Le point-cl´e de la d´emonstration est le lemme suivant.
Lemme 2.10. — Soit z(t)une solution complexe de ().´
Ecrivons z(t) = eλtϕ(t). Alors :
(1) ϕ00 + (λµ)ϕ0= 0, et donc ϕ0(t) = Ce(µλ)tpour un certain CC.
(2) Si µ=λ, on a donc ϕ(t) = ut +v, avec u, v C, d’o`u z(t) = uteλt +veλt.
(3) Si µ6=λ, on a donc ϕ(t) = ue(µλ)t+v, avec u, v C, d’o`u z(t) = ueµt +veλt.
D´emonstration. On a z0(t) = eλt¡λϕ(t) + ϕ0(t)¢et z00 (t) = eλt¡λ2ϕ(t)+2λϕ0(t) + ϕ00(t)¢, d’o`u
0 = z00(t) + az0(t) + bz(t) = eλthP(λ)ϕ(t) + (2λ+a)ϕ0(t) + ϕ00(t)i
=eλthϕ00 (t)+(λµ)ϕ0(t)i,
o`u la derni`ere ´egalit´e d´ecoule de P(λ) = 0 et a=λµ. On a donc ϕ00(t) + (λµ)ϕ0(t) = 0.
D’apr`es le point (ii) de la Prop. 2.5, on a donc ϕ0(t) = Ce(µλ)tpour un certain CC. Ceci
prouve (1).
Si µ=λ, alors d’une part λRet d’autre part, posant u=Con a ϕ0(t) = ud’o`u ϕ(t) = ut +v,
avec u, v C. Donc z(t) = uteλt +veλt, et de plus cette ´ecriture est unique car les fonctions f(t) = eλt et
g(t) = teλt sont lin´eairement ind´ependantes. Ceci montre que (f, g) forme une base du C-espace vectoriel
EC. De plus, si la solution zest `a valeurs r´eelles alors les ´egalit´es z(0) = vet z(1) = (u+v)eλdonnent
que v=z(0) et u=z(1)eλvsont r´eels. Ceci montre que les fonctions r´eelles fet gforment une base
du R-espace vectoriel E. Ceci prouve (2), ainsi qu’une partie du point (i) du th´eor`eme.
Supposons d´esormais que α=µλsoit 6= 0. Alors ϕ0(t) = Ce(µλ)tentraˆıne que ϕ(t) = ue(µλ)t+v,
o`u u=Cet vCest arbitraire. Donc z(t) = eλtϕ(t) ´egale ueµt +veλt, ce qui prouve (3). De plus cette
´ecriture est unique car les fonctions f(t) = eλt et g(t) = eµt sont lin´eairement ind´ependantes. Ceci montre
que (f, g) forme une C-base de EC, qui est donc de dimension 2.
Si λ, µ R, alors les fonctions f, g sont r´eelles, et si z=vf +u g est `a valeurs r´eelles, alors on d´eduit des
´egalit´es : z(0) = v+u,z(1) = veλ+ueµque u(eµeλ) = z(1) z(0)eλet v(eλeµ) = z(1) z(0)eµ, ce
qui entraˆıne que les coefficients u, v sont r´eels. Ceci montre que dans ce cas (f, g) est une base du R-espace
vectoriel E. Ceci ach`eve la preuve du point (i) du th´eor`eme.
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !