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Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (15) - n° 8 - octobre 2001
ter un service avant consultation médicale
et un autre après celle-ci pour conseiller les
patients. Il existe par ailleurs de plus en plus de
sites d’information médicale comme
www.notreDocteur.com, www.medimania.
com, www.33 docavenue.com, qui permettent
au patient de s’informer en dehors de la pré-
sence des médecins et hors les murs des cabi-
nets de consultation ou des hôpitaux.
Parallèlement à cette évolution, les recom-
mandations destinées aux médecins, pour l’in-
formation des patients, ont été publiées par
l’Agence nationale d’accréditation et d’éva-
luation en santé (ANAES) (6), en mars 2000,
à la suite du rapport du Pr Dominique Thou-
venin. Ce rapport a le mérite de réaffirmer la
primauté de l’information orale sur l’infor-
mation écrite et de rappeler les buts de l’in-
formation délivrée par le médecin : éclairer le
patient sur son état de santé, lui décrire la
nature et le déroulement des soins, lui fournir
les éléments de la décision d’accepter ou de
refuser les actes diagnostiques ou thérapeu-
tiques qui lui sont proposés, consolider la rela-
tion de confiance avec le médecin et obtenir
la participation active du malade aux soins.
On constate néanmoins que, au-delà de ces
recommandations, aussi indispensables
soient-elles, les patients et les familles recher-
chent une information autre, souvent du
domaine de l’écrit et de plus en plus fré-
quemment obtenue et diffusée en dehors de
toute relation médecin-patient, soit à travers
la presse et les sites Internet.
Il convient donc de réfléchir à l’évolution de
la relation médecin-patient et des rapports
entre la médecine et la société en regard de
cette évolution (7). Cela conduit à s’interro-
ger sur la nature même de l’acte médical, sur
les choix pédagogiques auxquels les méde-
cins doivent se former et sur les domaines dans
lesquels ils doivent s’impliquer pour instau-
rer une démarche de progrès qui permette aux
patients de mieux comprendre et les pousse à
réclamer plus de lisibilité.
Données médicales sur le Web :
l’importance d’un discours médical
transparent et validé
Le corps médical ne peut s’enfermer dans le
silence. Il doit s’impliquer dans la gestion des
enjeux éthiques et symboliques liés à l’évo-
lution du savoir et des pratiques médicales. Ce
constat est aujourd’hui d’autant plus néces-
saire que, désormais, le progrès scientifique
et médical, bien qu’améliorant incontestable-
ment la santé des personnes, renferme des
facettes qui intriguent (génétique, clonage,
devenir de la recherche sur l’embryon, égalité
d’accès aux soins, prise en charge de la dou-
leur, devenir des personnes âgées, etc.). Il y a
là des choix de société impliquant directement
la santé des individus dont les médecins ont
la charge et pour lesquels la responsabilité de
l’acte professionnel est engagée (application
incertaine de nouvelles technologies, sécurité
sanitaire, choix en matière de politique de
dépistage ou remboursement de soins).
Il convient donc de promouvoir, en termes
d’éducation de la population et d’organisation
du débat social, une réelle politique de trans-
parence, d’information, mais aussi de prise en
compte des mécanismes de compréhension,
de désir ou de peur de l’opinion publique, du
fait même que la vie des individus qui la com-
posent est souvent impliquée en premier lieu
par les conséquences des décisions prises.
La régulation des pratiques de soins et des
choix médico-scientifiques se doit donc de
prendre en compte les aspects culturels et
humains de la population (prise en compte des
impacts symboliques, sociologiques, anthro-
pologiques, etc.), qu’ils soient rationnels ou
non, pour accompagner harmonieusement et
démocratiquement le progrès médical.
Ainsi, alors qu’un discours général, parti-culiè-
rement médiatique et entretenu par certains
scientifiques, pourrait consister à présenter la
performance technologique uniquement sous
ses angles spectaculaires et positifs, il est du
devoir médical d’en souligner aussi les incon-
vénients, les limites, voire les dérives, et de les
exposer au public, préalablement (et non a pos-
teriori) à la réalisation des choix. Sinon, un dis-
cours qui laisserait croire en permanence que
les choix sont établis sur des certitudes débou-
cherait, en cas d’aléas, sur une attitude de rejet
et de défiance du public à l’égard du corps
médical, qui n’aurait pas joué son rôle de vigile
en santé publique et de garant de la santé des
individus. Une telle attitude pourrait être
source, à l’avenir, d’une suspicion du public à
l’égard du progrès médical, et donc source de
régression.
Au début de l’année 2000, le site du secréta-
riat d’État à la Santé a présenté le nouveau
portail d’accueil, sante.fr, donnant accès aux
différentes adresses Web des organismes et
agences officiels du secteur de la santé
publique. Cette annonce faite par la Direction
générale de la Santé s’inscrit dans la perspec-
tive de promotion de la qualité des informa-
tions santé sur Internet (8).
Durant ce même premier semestre 2000, le
Conseil national de la recherche aux États-
Unis a rendu un rapport sur la mise en place
des systèmes de soins sur Internet (9).
Il constate que des milliers de sites existent
déjà, qu’ils soient constitués dans une visée
pédagogique, diagnostique ou thérapeutique,
avec possibilité d’achat de médicaments en
ligne. Il souligne que, en regard des services
proposés, les exigences opérationnelles habi-
tuelles de la pratique médicale ne sont pas tou-
jours respectées en termes de déontologie, de
compétence professionnelle, de validité des
informations et, enfin, sur les plans marchand
et commercial. L’essor considérable des nou-
velles technologies telles qu’Internet aboutit
à une abondance d’informations dont la vali-
dité doit être remise en cause. N’importe qui
peut délivrer des données sur la santé, abor-
der des maladies et des traitements, proposer
des produits et des services. La qualité des
informations est très variable, ce qui, en
matière de santé, peut faire courir de réels dan-
gers. La difficulté est de distinguer ce qui est
valable de ce qui ne l’est pas.
On peut rapprocher ce constat des recom-
mandations destinées aux médecins, concer-
nant l’information des patients (6). Ce travail
pose clairement la question de la légitimité
Éthique
Éthique
©Le Courrier de l’Arcol et de la SFA
2001 (3) ; 1 : 15-18.