Hernie de Bochdalek
Pascal Dumont et coll.
Cas clinique
108 Chirurgie Thoracique Cardio-Vasculaire - 2007 ; 11 : 106-109
éventration diaphragmatique car il y avait un large
defect diaphragmatique. Il ne s’agissait pas d’une
rupture traumatique car l’anomalie était connue
depuis l’enfance. A noter qu’un facteur traumatique
(choc violent à l’occasion d’un match de rugby)
peu de temps avant la décompensation respiratoire
a vraisemblablement aggravé la migration intra
thoracique des organes abdominaux. Il s’agit donc
vraisemblablement d’une hernie congénitale. Les
hernies diaphragmatiques congénitales sont rares.
Elles surviendraient de 1,7 à 5,7 fois pour 10 000
naissances [1]. Dans les hernies congénitales il y a
classiquement les hernies de Bochdaleck, de Morgani
et paraoesophagiennes. Des trois, seule la hernie de
Bochdaleck pourrait être plausible. En effet, elle est
par défi nition postérieure et plus souvent à gauche ce
qui est le cas dans notre observation et bien objectivé
par le scanner. La présence ou non d’un sac herniaire
formé du péritoine est variable. C’est la forme sans
sac ou le feuillet péritonéal se continue directement
au pourtour de la brèche par le feuillet pleural qui est
la plus fréquente (85%) [2]. Dans les formes révélées
tardivement la présence d’un sac est un facteur de
meilleur pronostic ainsi que la petite taille de la brèche,
limitant la migration des organes abdominaux. La
hernie de Bochdalek est rare chez l’adulte et un peu
plus d’une centaine de cas ont été rapportés dans la
littérature [2]. Certaines études, publiées par des
radiologues, suggèrent que l’incidence de ces hernies,
notamment dans les formes mineures serait plus élevée,
et que la prédominance à gauche serait moins marquée
[3]. Dans la plupart des cas cliniques rapportés la taille
des brèches diaphragmatique est petite [2]. Notre
observation est particulière par la taille de l’anomalie
qui se rapproche de l’agénésie diaphragmatique,
malformation encore plus rare (14% des hernies
diaphragmatiques congénitales) et de mauvais pronostic
avec une survie des enfants de moins de 50% à 2 ans [4]
[5]. L’agénésie diaphragmatique représente une forme
extrême des défects diaphragmatiques congénitaux. Il
est diffi cile cliniquement de la distinguer des formes
graves des hernies de Bochdalek [5]. Compte tenu
des caractéristiques de cette malformation et de sa
bonne tolérance pendant plusieurs décennies nous
considérons qu’il s’agit de hernie de Bochdalek de
grande taille.
Sur le plan thérapeutique la préoccupation principale
à été la réintégration des organes dans l’abdomen,
ces derniers ayant perdu leur «droit de cité» avec
survenue en post-opératoire d’un syndrome
compartimental abdominal. Il est défi ni par une
pression intra-abdominale supérieure à 30 mm de
Hg. Nous avions déjà rencontré ce type de problème
dans une cure d’éventration diaphragmatique
avec évolution défavorable et décès du patient. Ce
syndrome a été décrit dans les laparotomies pour
traumatismes abdominaux et dans les réparations
des volumineuses hernies ventrales. C’est d’ailleurs
la principale complication qui nous avait fait différer
Tableau I : Traitement et paramètres de surveillance au cours des 6 premiers jours postopératoires.
Jours post-opératoires J0 J1 J2 J3 J4 J5
noradrénaline (µg/kg/min) * 0,4 0,5 0,7 0,8 0,5 0,3
pression intra-abdominale (mmHg) 64 25 20 20 15 12
curarisation NIMBEX“** oui oui oui oui non non
diurèse des 24H 600 200 200 1800 4100 3600
urée (mmol/l) 4,2 13 21 16 10 8
créatinine (µmol/l) 83 88 170 139 115 103
ASAT (UI) 18 86 2122 911 330 150
ALAT (UI) 15 67 1878 1586 906 537
* pour une pression artérielle moyenne à 70 mmHg. - ** pour zéro réponse au test de stimulation électrique
Figure 3 : Radiographie pulmonaire à 1 an.