Mise au point
La Lettre du Cardiologue - n° 401 - janvier 2007
CONCLUSION
Il est actuellement diffi cile d’établir des recommandations sur la
conduite à tenir vis-à-vis du traitement anticoagulant dans les
suites immédiates d’une hémorragie cérébrale chez les patients
porteurs d’une PVméca ou d’une FANV. Cela tient au fait que le
RTE à l’arrêt des AVK et les facteurs prédictifs du risque d’aggra-
vation hémorragique ne sont pas précisément connus (9), tout en
rappelant que le RTE est particulièrement élevé en cas de PVméca
mitrale. L’idéal serait d’arriver à établir de façon individuelle un
risque quantifi é prenant en compte le RTE à l’arrêt des AVK et
le risque hémorragique à la reprise de l’héparine. Ainsi, pour
chaque patient, il serait possible d’établir un rapport bénéfi ce/ris-
que permettant de défi nir l’instant propice pour réintroduire le
traitement anticoagulant. À défaut d’un essai comparatif diffi cile
à réaliser dans ce type de pathologie, l’établissement d’un registre
prospectif serait intéressant. Il permettrait d’avoir une base de
données à partir desquelles on pourrait mieux étudier les varia-
bles prédictives du RTE et du risque hémorragique, à condition
d’utiliser des paramètres d’évaluation cliniques et paracliniques
pertinents et communs aux diff érents centres. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Nouvelles de l’industrie pharmaceutiqueNouvelles de l’industrie pharmaceutique
Abaisser la fréquence
cardiaque pour vivre
plus longtemps
Une élévation à long terme de la fréquence
cardiaque de repos accroît de près de 50 % le risque
de mortalité dans une population d’hommes d’âge
moyen, tandis qu’une baisse à long terme le réduit
de près de 20 %.
Des travaux préalables avaient déjà montré le lien
entre une fréquence cardiaque de repos élevée et
un risque de mortalité accru. Aujourd’hui, cette
étude, présentée au congrès de l’American Heart
Association (Chicago, 12-15 novembre 2006) par
l’équipe de X. Jouven, est la première à mettre en
lumière l’infl uence de l’évolution de la fréquence
cardiaque au repos sur le risque de mortalité au
cours du temps.
La fréquence cardiaque au repos est un indicateur
des capacités d’eff ort du cœur pour adapter le débit
cardiaque aux besoins de l’organisme. X. Jouven et
son équipe (unité Inserm 780 et hôpital européen
Georges-Pompidou) se sont intéressés à l’évolution
sur cinq ans de la fréquence cardiaque au repos chez
4 320 hommes âgés de 42 à 53 ans, recrutés entre
1967 et 1972, examinés annuellement pendant
cinq ans (examen physique, électrocardiogramme,
questionnaire, analyses sanguines). La mesure de
la fréquence cardiaque reposait sur la prise du
pouls radial, enregistré sur une minute, après cinq
minutes de repos en position allongée.
Les chercheurs ont analysé les tendances indivi-
duelles sur cinq années, et ont identifi é trois groupes
d’hommes, caractérisés par une fréquence cardiaque
de repos stable, augmentée ou diminuée au cours
de cette période. Leur mortalité a ensuite été suivie
pendant 20 ans : il y eut 1 018 décès de causes variées,
incluant des étiologies cardiovasculaires.
Le risque de mortalité, comparativement à celui
observé chez les hommes dont la fréquence
cardiaque de repos restait stable au cours de
ces cinq années, était abaissé de 18 % chez les
hommes dont la fréquence cardiaque de repos
avait diminué de plus de sept battements par
minute. Tout autre facteur de risque classique,
tel que l’âge, l’activité physique, la consomma-
tion tabagique, l’indice de masse corporelle, la
pression artérielle systolique, la glycémie et le
niveau de cholestérol, était par ailleurs ajusté.
À l’inverse, les hommes dont la fréquence
cardiaque avait augmenté au cours des cinq
années connaissaient une élévation de 47 % de
leur risque de mortalité.
L’équipe conclut que la fréquence cardiaque
de repos et son évolution, observées au cours
de ces cinq années, sont des facteurs de risque
importants de mortalité dans la population
générale. Même si “on ne sait pas pourquoi la
fréquence cardiaque de repos fl uctue au cours
du temps, explique X. Jouven, la mesure qui
permet le plus d’abaisser le pouls au repos est
la pratique régulière d’un exercice physique”, à
condition, bien sûr, de (re)commencer progres-
sivement. En eff et, si une fréquence cardiaque
de repos comprise entre 60 et 80 battements
par minute est considérée comme normale,
on estime que les athlètes ou les sujets en
excellente condition physique peuvent avoir
des fréquences cardiaques de l’ordre de 40 ou
50 battements par minute. “L’arrêt du tabac et
l’adoption d’un régime alimentaire adapté en
cas de surcharge pondérale peuvent également
permettre d’abaisser la fréquence cardiaque”.
L’auteur souligne aussi que l’on ne sait pas si
la fréquence cardiaque de repos est seulement
le marqueur d’un autre processus patholo-
gique, ou si elle est directement associée à la
mortalité.
Le rôle et la mesure de la fréquence cardiaque de
repos comme indicateur de santé ont longtemps
été sous-estimés.
A. Lavergne
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