✓asynchronisme intraventriculaire (contraction tardive de la
paroi latérale, analysée en mode TM couplé au doppler tissulaire,
se prolongeant au-delà de la fermeture de la valve aortique, voire
de l'ouverture mitrale).
Ces paramètres échographiques simples, accessibles à tous les
échographistes, permettent de sélectionner les candidats à une
stimulation multisites et d’en apprécier le résultat postopératoire.
Les résultats sont en effet différents selon que le patient est un
primo-implanté (avec surtout une amélioration de la durée du
remplissage et de la synchronisation intraventriculaire) ou qu’il
a déjà été appareillé en DDD (avec surtout une amélioration par
réduction du délai prééjectionnel gauche).
Resynchronisation
cardiaque.
Pourquoi ? Comment ?
(C. Leclercq, Rennes)
En 2003, le traitement de l’insuffisance cardiaque est avant tout
un traitement médical. Cependant, ce dernier a pour limites l’ob-
servance du traitement et le suivi des recommandations. De plus,
le pronostic des patients en insuffisance cardiaque réfractaire est
sévère. On observe que 35 % des patients décèdent dans l’année
qui suit le diagnostic d’insuffisance cardiaque réfractaire au trai-
tement médical et, surtout, que 80 % des patients décèdent ou
sont réhospitalisés, avec un délai d’hospitalisation moyen d’un
mois.
Cela explique l’émergence de thérapeutiques non pharmacolo-
giques telles que la transplantation cardiaque, la revascularisa-
tion myocardique, les systèmes d’assistance ventriculaire gauche
implantable (REMATCH study), la transplantation cellulaire, et,
enfin, la thérapeutique électrique, qui présente deux approches
complémentaires : le défibrillateur automatique implantable
(DAI) et la resynchronisation cardiaque.
POURQUOI LA RESYNCHRONISATION ?
Les troubles de la conduction sont fréquents. Différentes études
ont montré une prévalence de PR allongé > 200 ms chez 20 à
47 % des patients en insuffisance cardiaque et un délai de conduc-
tion intraventriculaire > 120 ms dans 25 % à 50 % des cas.
Les troubles de la conduction entraînent des troubles électromé-
caniques. Dans l’étude VEST, réalisée chez des patients en
classe II-IV de la NYHA, l’âge, la créatinémie, la FEVG, la fré-
quence cardiaque et la durée du complexe QRS sont apparus
comme étant des facteurs indépendants de mortalité, avec un
risque relatif multiplié par cinq pour les patients ayant les com-
plexes QRS les plus larges.
Dans l’étude de Fauchier, les patients non désynchronisés avaient
moins d’événements cardiovasculaires (J Am Coll Cardiol 2002).
COMMENT RÉALISER UNE RESYNCHRONISATION ?
Reconnaître la désynchronisation
On distingue trois types d’anomalies de la conduction, donc trois
types d’asynchronisme :
1. Asynchronisme auriculo-ventriculaire : par l’étude du flux
mitral au doppler pulsé, l’échocardiographie doppler est l’exa-
men de premier choix. Le flux mitral de remplissage principal du
ventricule gauche est à l’origine de l’onde E, tandis que la
contraction de l’oreillette gauche est à l’origine de l’onde A.
Lorsque le délai de conduction auriculo-ventriculaire est allongé,
on peut observer une fusion de l’onde E et de l’onde A. Un syn-
chronisme optimal serait donc obtenu par un réglage de délai AV
le plus court possible, permettant d’obtenir une onde A bien dif-
férenciée de l’onde E.
2. Asynchronisme interventriculaire : on recherchera par écho-
cardiographie doppler un décalage entre les délais prééjection-
nels pulmonaire et aortique. Un delta > 40 ms signe un asyn-
chronisme interventriculaire.
3. Asynchronisme intraventriculaire, notamment gauche :
plusieurs méthodes existent, la plus ancienne utilisant le TM de
la paroi latérale de l’anneau mitral. D’autres techniques plus
récentes, telles que le DTI couleur et le strain rate, sont utilisées
(Sogaard. J Am Coll Cardiol 2002 ; 40 : 723-30).
Stimulation du ventricule gauche
Elle se fait préférentiellement via le sinus coronaire, par la veine
coronaire latérale ou postéro-latérale. Le site optimal de stimu-
lation est en fait le dernier site de stimulation ventriculaire gauche.
Il se trouve habituellement au niveau de la paroi postéro-latérale
proche de la base, ou à mi-chemin entre la base et l’apex.
Le site de stimulation est important. La stimulation de la paroi
latérale permettrait une réduction de 33 msec de la durée de QRS
par rapport aux autres sites, et une amélioration du test de marche
de 6 mn de plus de 120 m en latéral par rapport à 45 m pour les
autres sites (étude MUSTIC).
Différentes études ont montré que cette technique était réalisable
avec un taux de succès important : MUSTIC (93 %), MIRACLE
(93 %), CONTAK CD (87 %) et MIRACLE ICD (88 %). Mais
certaines complications liées à cette technique invasive méritent
d’être précisées : dissection du sinus coronaire (3 %), complica-
tions infectieuses (1-2 %), déplacement de sonde (5-7 %) et
stimulation du nerf phrénique (3 %).
Les résultats des études
Trois mille cinq cents patients ont été inclus dans différentes
études. La majorité de ces patients avaient un QRS large
≥120 msec et étaient en rythme sinusal.
L’objectif primaire était pour la plupart l’amélioration du stade
de la NYHA, la qualité de vie et le test de marche de 6 mn. Il a
été atteint pour la plupart des études.
Du fait de l’effet de la resynchronisation sur le remodelage ven-
triculaire, d’autres bénéfices sont apparus, à savoir la réduction
des volumes télésystolique et télédiastolique ventriculaires gauches,
une amélioration de la FEVG et une réduction des hospitalisations
pour insuffisance cardiaque allant jusqu’à 30 % (figure 8).
La Lettre du Cardiologue - n° 372 - février 2004
9
INFORMATIONS