Fibrose, stéatose, cirrhose et complications 43e congrès de l’EASL (European Association for the Study of the Liver) 23-27 avril 2008, Milan, Italie # Philippe Sogni* L e 43e congrès de l’EASL a amplifié le succès des congrès précédents, en rassemblant plus de 7 000 congressistes et en donnant lieu à plus de 1 000 communications. Les communications portant sur la fibrose, la stéatose ou la cirrhose et ses complications étaient nombreuses, permettant un tour d’horizon complet. Les abstracts ont été publiés dans Journal of Hepatology 2008;48 (S2). STÉATOHÉPATITE ALCOOLIQUE ET NON ALCOOLIQUE La stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) est associée à une surmortalité (S6) Une nouvelle étude, réalisée aux États-Unis, confirme l’augmentation du risque de décès des patients ayant une élévation des transaminases sans autre cause de maladie hépatique qu’une NAFLD. Les personnes ayant une hépatite B ou C, une consommation excessive d’alcool ou une augmentation du coefficient de saturation de la transferrine avaient été exclues de cette étude. Deux cohortes de patients ont ainsi été définies en fonction de la normalité (n = 10 468) ou non (n = 817) des transaminases et suivies pendant 8,7 ans (médiane). Par définition, dans cette étude l’augmentation des transaminases était liée à une NAFLD étant donné l’absence des autres causes les plus fréquentes et ce malgré le manque de données échographiques ou histologiques. Les patients qui avaient une augmentation des transaminases étaient le plus souvent des hommes, avaient plus fréquemment une obésité, une hypertension artérielle, un diabète ou un syndrome métabolique, étaient moins souvent d’origine caucasienne et avaient un niveau d’éducation et de revenu plus bas. Dans ce groupe, l’âge, le sexe masculin, l’origine caucasienne non hispanique, le niveau d’éducation et de revenus bas, un IMC élevé, la présence d’une hypertension artérielle, d’un diabète ou d’un syndrome métabolique étaient associés à une surmortalité, laquelle était due, par ordre décroissant, aux complications cardiovasculaires, aux cancers et aux complications hépatiques. L’atteinte hépatique représentait donc la troisième cause de décès chez ces patients alors qu’elle n’était que la onzième cause de décès chez les personnes à transami- * Service d’hépato-gastroentérologie, hôpital Cochin, Paris. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n° 3 - mai-juin 2008 nases normales. Cette étude confirme donc des résultats déjà publiés, à la fois américains et européens, même s’il n’était pas possible de séparer les stéatoses simples des stéatohépatites non alcooliques (NASH). Échos des congrès É chos des congrès Intérêt du dosage de CDT (transferrine désialylée) pour le diagnostic de maladie alcoolique du foie (S909) Cette étude prospective française a inclus 2227 patients consécutifs ayant une mesure de l’élasticité hépatique par FibroScan® en notant la consommation d’alcool (unités/semaine) et les résultats d’un bilan sanguin incluant le dosage de CDT. Une valeur de CDT > 2,5 % était retrouvée chez 26 % des buveurs excessifs et chez 4 % de ceux qui ne l’étaient pas. Cette valeur de CDT avait une sensibilité, une spécificité, une valeur prédictive positive et négative de 26 %, 96 %, 40 % et 93 % respectivement pour le diagnostic de buveur excessif (> 35 unités/semaine). La valeur moyenne de l’élasticité était de 6,4 kPa dans cette population. En analyse multivariée, une valeur de CDT > 2,5 % était associée au sexe masculin, à la consommation d’alcool (> 21 unités/semaine), à la consommation de tabac et à un taux d’ASAT anormal. En revanche, le taux d’élasticité mesuré par FibroScan® n’était pas associé à un taux de CDT > 2,5 %. Inversement, parmi les facteurs associés à une élasticité > 12,5 kPa, la CDT n’était pas retrouvée en analyse multivariée. Cette étude confirme la bonne spécificité et la bonne valeur prédictive négative de la CDT par rapport à une consommation d’alcool récente ou semi-récente. En revanche, contrairement à d’autres études antérieures, cette étude portant sur un grand nombre de patients, suggère que la valeur de CDT n’est pas influencée par le degré de fibrose, même en cas de cirrhose. Hépatite alcoolique aiguë grave traitée par corticoïdes : un risque majeur d’infection ? (S34) Cette étude lilloise a recherché prospectivement les infections chez tous les patients hospitalisés pour hépatite alcoolique aiguë grave (Maddrey > 32) avant, pendant et 2 mois après le début d’un traitement par corticoïdes. À l’entrée et en cas de suspicion d’infection, étaient réalisés systématiquement des hémocultures, un ECBU, une ponction d’ascite avec asciticulture ainsi qu’une radiographie de thorax. Un dosage de CRP était également fait toutes les semaines. Tous les patients étaient traités par 40 mg/j de prednisolone pendant 28 jours. La réponse aux corticoïdes était définie comme une diminution de la bilirubinémie à J7 de traitement. Parmi les 189 patients inclus, 47 (25 %) ont eu 101 Échos des congrès É chos des congrès une infection diagnostiquée avant le début des corticoïdes, correspondant à 21 infections spontanées du liquide d’ascite, 4 pneumopathies, 16 infections urinaires et 6 autres. Toutes les infections ont été traitées par antibiotiques et 2 patients sont décédés avant le début de la corticothérapie. Celle-ci débutait en moyenne 7 jours après le diagnostic de l’infection. La survie à 2 mois n’était pas différente chez les patients avec infection (68 ± 7 %) et sans (72 ± 4 %). Après le début de la corticothérapie, 41 patients (22 %) ont développé une infection dans un délai médian de 14 jours. Il s’agissait de 12 infections spontanées du liquide d’ascite, 15 pneumopathies, 8 infections urinaires et 6 autres. Les infections survenaient plus fréquemment chez les non répondeurs aux corticoïdes (43 %) que chez les répondeurs (9 %). En analyse multivariée, la réponse aux corticoïdes était le seul facteur associé à la présence d’une infection et à la survie. Ni le MELD ni la présence d’une infection n’étaient associés à la survie. Cette étude prospective, réalisée chez un grand nombre de malades graves, souligne la nécessité de rechercher systématiquement et de traiter les infections bactériennes. En revanche, la présence d’une infection ne doit pas contre-indiquer l’initiation ou la poursuite des corticoïdes puisque le seul facteur associé à la survie reste la réponse aux corticoïdes indépendemment de la présence d’une infection. Hépatite alcoolique aiguë grave : quand les corticoïdes ne marchent pas ? (S38, S950) Le traitement par corticoïdes est le traitement de référence pour l’hépatite alcoolique aiguë grave. Cependant, en cas de nonréponse définie par l’absence de diminution de la bilirubinémie à J7, la mortalité reste élevée. Dans ce sous-groupe de patients, l’équipe de Lille a testé l’efficacité du système MARS (molecular adsorbent recirculating system) [S950]. Le MARS n’apportait aucun bénéfice puisque la mortalité à 1 et 2 mois du groupe traité par MARS (n = 19) était de 53 % et 42 % respectivement, non différente de celle du groupe contrôle (53 % et 32 % respectivement). De plus, une fibrinolyse a été constatée chez 6 des 8 premiers patients traités par MARS. Cette fibrinolyse a pu être prévenue par l’administration d’Exacyl® chez les patients suivants mais sans bénéfice sur la survie. Une étude randomisée multicentrique française (S38) a comparé l’efficacité d’un traitement par corticoïdes (prednisolone pendant 4 semaines) à l’association corticoïdes + N-acétyl-cystéine (J1 : 150, 50, 100 mg/kg dans 250, 500 et 1 000 ml de G5 % respectivement ; J2-J5 : 100 mg/kg dans 1 000 ml de G5 %) chez les patients avec hépatite alcoolique aiguë grave prouvée histologiquement. Au total, 87 patients ont été inclus, avec comme critère principal de jugement la mortalité à M6, et comme critères secondaires, la mortalité à 1 et 3 mois et la baisse de la bilirubinémie à J7. Une analyse intermédiaire était prévue pour la moitié de l’effectif inclus. La mortalité à 1, 3 et 6 mois était respectivement de 7 %, 23 % et 28 % dans le groupe corticoïdes + NAC et de 23 % (p = 0,039), 32 % (ns) et 36 % (ns) dans le groupe corticoïdes seuls. Ces résultats intermédiaires sont donc encourageants mais nécessitent d’être confirmés avec un bénéfice sur la survie à 6 mois qui était le critère de jugement principal. 102 CARCINOME HÉPATOCELLULAIRE Intérêt de l’échographie de contraste (S25, S372) L’échographie de contraste (C-US) est une technique non invasive qui se développe dans l’exploration de la pathologie tumorale hépatique. Son intérêt pour le diagnostic et pour le suivi thérapeutique a été apprécié par deux études. Une étude italienne a évalué l’efficacité diagnostique de l’échographie de contraste pour distinguer le caractère malin ou cruorique des thromboses portes (S25). Dans cette étude, 205 patients atteints de cirrhose et avec une thrombose du tronc porte (n = 62) et/ou de la branche droite (n = 94) et/ou de la branche gauche (n = 111) ont été évalués prospectivement. La prise de contraste du thrombus à la C-US était considérée comme en faveur de la malignité. Un suivi était effectué tous les 2 mois. La reperméabilisation ou la disparition du thrombus était considérée comme une preuve du caractère cruorique. À l’inverse, l’élargissement du thrombus, la rupture de la paroi vasculaire et l’infiltration du parenchyme faisaient porter le diagnostic de thrombus tumoral. Durant le suivi moyen de 20 mois, le diagnostic de thrombus malin a été fait chez 134 patients. La sensibilité, la spécificité, la valeur prédictive positive et négative pour la C-US étaient respectivement de 94 %, 100 %, 100 % et 90 %. La C-US apparaît donc comme une technique très spécifique pour affirmer le caractère malin d’une thrombose porte. Une étude italienne (S372) a comparé la C-US au scanner spiralé, qui est la méthode de référence, pour apprécier l’efficacité de la radiofréquence ou l’alcoolisation éventuellement associées à la chimioembolisation chez 85 patients. Une nécrose complète était observée au scanner pour 77 (68 %) lésions et à la C-US pour 83 (73 %) lésions. La sensibilité, spécificité, valeur prédictive positive et négative pour la C-US étaient respectivement de 96 %, 98 %, 97 % et 98% comparées au scanner. Ces chiffres excellents placent donc la C-US comme une alternative au scanner spiralé dans le suivi des ablations locales des carcinomes hépatocellulaires. Thérapies ciblées (S27, S362, S994) Le sorafénib a montré son efficacité dans l’étude SHARP de phase III en augmentant la survie des patients atteints de carcinomes hépatocellulaires non résécables avec une fonction hépatique conservée. Une sous-étude de SHARP sélectionnant les patients qui avaient déjà eu un premier traitement de leur carcinome hépatocellulaire avant l’inclusion a été présentée (S994). L’efficacité du sorafénib était conservée, que le traitement initial soit à visée curative (n = 158) ou mené par chimioembolisation (n = 176). La tolérance reste un problème débattu chez ces patients. Deux études de faible effectif ont donné des résultats contradictoires. Une première étude (S27) a rapporté l’utilisation du sorafénib chez 55 patients atteints de carcinome hépatocellulaire non résécable avec une cirrhose Child-Pugh A, B et C chez respectivement 22, 14 et 9 patients. La survie médiane était respectivement de 6,6 mois, 6,5 mois et 1,5 mois chez les patients Child-Pugh A, B et C. Les effets secondaires étaient dominés par la diarrhée et non différents dans les trois groupes. Une deuxième étude (S362) a rapporté les effets secondaires chez 13 patients essentiellement Child-Pugh A avec un état général La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n° 3 - mai-juin 2008 conservé. La fréquence des effets secondaires et leur gravité étaient particulièrement élevées puisque 50 % des malades ont dû arrêter leur traitement. Ces résultats contradictoires dans des études de faibles effectifs peuvent être dus à l’expérience différente des équipes et aux critères de sélection des malades. Ils doivent encourager à rester prudent quant à la mise sous traitement des patients plus graves qui de toute façon ont un pronostic vital mis en jeu à court terme. HYPERTENSION PORTALE ET CIRRHOSE Mortalité et cirrhose (S288) Les patients atteints de cirrhose ont une mortalité élevée. Cette mortalité est liée à la maladie hépatique mais également aux comorbidités, fréquentes chez ces patients. Une étude réalisée de 1995 à 2006 à partir du registre danois a inclus 14976 patients atteints de cirrhose parmi lesquels 38% avaient au moins une comorbidité (S288). La survie globale était de 65,5% à 1 an et de 21,5% à 10 ans. Par rapport à l’absence de comorbidité, les patients avec un index de comorbidité à 1 avaient une augmentation du risque de décès multipliée par 1,17, par 1,51 pour un index de 2 et par 2,00 pour un index de 3 ou plus. De plus, la présence d’une comorbidité semble augmenter le risque de décès de cause hépatique. Amélioration de l’hémodynamique splanchnique : de nouvelles pistes (S55, S85) La simvastatine est utilisée très largement dans le traitement des dyslipidémies. Elle exerce également un effet vasculaire bénéfique en augmentant expression et l’activité de la NO synthase endothéliale, ce qui pourrait avoir un effet sur la circulation intra-hépatique chez le patient atteint de cirrhose. Une étude randomisée a comparé l’effet hémodynamique à 1 mois de la simvastatine (20 mg/j de J0 à J15 puis 40 mg/j de J15 à J30) au placebo chez 59 patients avec une cirrhose et un gradient de pression hépatique ≥ 12 mmHg (S55). La simvastatine entraînait une diminution du gradient de pression hépatique de – 8,3 ± 2,2 %, significativement supérieure au placebo (– 1,6 ± 2,3 %), sans effet indésirable particulier. Ce bénéfice ne semblait pas modifié en cas de prise concommittante de bêtabloquants. Des études de plus forte ampleur sont nécessaires pour confirmer le bénéfice hémodynamique de la simvastatine, notamment chez les patients traités par bêtabloquants, en recherchant en particulier une augmentation significative du nombre de répondeurs hémodynamiques définis par une baisse du gradient ≥ 20 % ou < 12 mmHg. L’effet d’une décontamination intestinale sur l’hémodynamique splanchnique a été testé par l’administration de rifaximine (1,2 g/j pendant 28 jours) chez 30 patients atteints de cirrhose Child-Pugh > 7 avec ascite (S85). Le taux d’endotoxine diminuait significativement entre J0 et J29, aussi bien au niveau systémique que splanchnique. Il était observé une diminution significative du gradient de pression hépatique de 17,6 mmHg à 14,5 mmHg en moyenne, avec une baisse observée chez 23 patients. Ces données cliniques, corroborant des données obtenues chez l’animal, doivent être confirmées par des études contrôlées randomisées. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n° 3 - mai-juin 2008 Hyponatrémie et cirrhose : sans doute un groupe hétérogène (S272) L’hyponatrémie chez le patient atteint de cirrhose est un facteur de mauvais pronostic car correspondant le plus souvent à un syndrome de dysfonction circulatoire et donc à une stimulation des systèmes vasoconstricteurs et antinatriurétiques. Une étude a rapporté l’évolution de 90 patients consécutifs atteints de cirrhose et vus avec une hyponatrémie de dilution en 18 mois (S272). Le seul traitement de l’hyponatrémie était la restriction hydrique. En analyse multivariée, seuls le MELD initial et le caractère persistant à 1 mois de l’hyponatrémie étaient associés au risque de décès à 3 mois. La mortalité à 3 mois des patients avec une hyponatrémie persistante à 1 mois était de 40 % contre 14 % en cas d’hyponatrémie transitoire (p < 0,01). Ce caractère transitoire ou persistant de l’hyponatrémie pourrait être un élément important à prendre en compte dans les études testant les nouveaux médicaments inhibiteurs des récepteurs à la vasopressine. Échos des congrès É chos des congrès Hémorragie digestive chez le cirrhotique : quelle prévention secondaire optimale ? Une méta-analyse a comparé la ligature endoscopique des varices et l’association bêtabloquants + dérivés nitrés sur la prévention de la récidive hémorragique chez les patients atteints de cirrhose (S285). Six études randomisées incluant 713 patients ont été intégrées. Globalement, l’efficacité du traitement endoscopique et du traitement pharmacologique était comparable en termes de récidive hémorragique, de mortalité et d’effets indésirables. En revanche, le traitement pharmacologique réduisait le risque d’effets indésirables après ligature endoscopique à la phase aiguë. Un deuxième travail a comparé l’efficacité de l’association traitement endoscopique + pharmacologique au traitement endoscopique seul ou au traitement pharmacologique seul sur la prévention de la récidive hémorragique chez les patients atteints de cirrhose (S284). Une première méta-analyse a ainsi comparé le traitement combiné au traitement endoscopique en incluant 17 études (14 avec sclérothérapie) et 1 133 patients. Le traitement combiné réduisait le risque de récidive hémorragique (OR = 0,50) et de mortalité (OR = 0,70). Une deuxième méta-analyse a comparé le traitement combiné au traitement pharmacologique en incluant cinq études et 556 patients. Le traitement combiné réduisait le risque de récidive hémorragique (OR = 0,52) et de récidive hémorragique par rupture de varices œsophagiennes (OR = 0,40) sans bénéfice sur la mortalité. L’association traitement endoscopique par ligature et traitement pharmacologique par bêtabloquants apparaît donc comme le traitement le plus efficace de la prévention de la récidive hémorragique chez les patients atteints de cirrhose. Hémorragie digestive chez le cirrhotique : jusqu’où faut-il aller à la phase aiguë ? Environ 10 à 15 % des patients atteints de cirrhose ont un échec de contrôle de l’hémorragie digestive à la phase aiguë par un traitement bien conduit associant traitement pharmacologique, traitement endoscopique, antibioprophylaxie et réanimation 103 Échos des congrès É chos des congrès adaptée. Ce sous-groupe de patients a un risque de décès particulièrement élevé. Les facteurs associés à ce risque d’échec sont un score de Child-Pugh élevé, une hémorragie sévère et un gradient de pression hépatique ≥ 20 mmHg. Une étude multicentrique contrôlée et randomisée a comparé la prise en charge habituelle de l’hémorragie associée à une prévention de la récidive par ligature + bêtabloquants + dérivés nitrés (n = 31) au même traitement + TIPS couvert (n = 32) [S992]. Cette étude a inclus des patients atteints de cirrhose ayant fait une hémorragie digestive par rupture de varices œsophagiennes ou de varices œsogastriques de type 1 ou 2 avec un score de Child-Pugh B + une hémorragie active à l’endoscopie ou un score de Child-Pugh C (< 13). Le TIPS couvert était de 10 mm de diamètre et devait être posé dans les 72 heures (en fait, plus de la moitié ont été posés dans les 24 heures). Dans le groupe TIPS, il était noté une amélioration significative de la survie à 6 mois (96 % versus 67 %), de la survie à 1 an (86 % versus 60 %), du séjour en réanimation (3,6 j versus 8,6 j) et du pourcentage de temps passé à l’hôpital (17% versus 43%). Le taux d’épisodes d’ascites ou d’encéphalopathies à 12 mois n’était pas différent dans les deux groupes. Ces chiffres intéressants émanent de groupes experts dans la prise en charge des patients atteints de cirrhose à la phase aiguë de l’hémorragie. AUTRES Cirrhose biliaire primitive (CBP) : quel pronostic ? (S146, S870) Une étude hollandaise prospective multicentrique a évalué le pronostic des patients atteints de CBP (Child-Pugh B et C exclus) et traités par acide ursodésoxycholique à la dose préconisée de 13 à 15 mg/kg/j en le comparant au score pronostique de la Mayo Clinic et à la survie d’une population de référence (S146). Il a pu être inclus 375 patients avec un suivi de 10 ans en moyenne. Durant cette période, il a été observé 22 transplantations hépatiques, 26 décès de cause hépatique et 43 décès de cause non hépatique. En analyse multivariée, une augmentation de la bilirubine, une diminution de l’albumine et la présence d’une cirrhose avant la mise en route du traitement par acide ursodésoxycholique étaient associées à une surmortalité. Les patients avec une bilirubinémie et une albuminémie normales à l’entrée avaient une survie comparable à la population de référence et meilleure que celle prédite par le score de la Mayo Clinic. En divisant cette population en trois groupes – formes précoces (albumine et bilirubine normales), formes intermédiaires (albumine diminuée ou bilirubine élevée) et formes avancées (albumine diminuée et bilirubine élevée) – les 104 causes de décès ont été analysées (S870). Dans le groupe de formes précoces (n = 225), les causes de décès étaient hépatiques dans 17% et dues à la survenue d’un carcinome hépatocellulaire dans 6%, dans les formes intermédiaires (n = 95) dans 63% et dans 17%, et dans les formes sévères (n = 34) dans 91% et dans 0% respectivement. En résumé, les causes de décès sont essentiellement non hépatiques dans les formes précoces et le risque de carcinome hépatocellulaire est élevé dans les formes intermédiaires. Hépatite auto-immune (HAI) : un nouveau traitement (S989) Une étude randomisée a comparé l’association prednisolone (40 mg/j pendant les 4 premières semaines puis décroissance) + azathioprine (1-2 mg/kg/j) à l’association budésonide (9 mg/j) + azathioprine chez 208 patients atteints d’hépatite auto-immune sans cirrhose nouvellement diagnostiqués (S989). En intention de traiter et en per protocole, l’objectif principal (normalisation des transaminases sans effets indésirables à 6 mois) était plus fréquemment obtenu dans le groupe budésonide (47 % versus 18 % et 46 % versus 17 % respectivement). En intention de traiter, les taux de normalisation des transaminases et d’absence d’effets indésirables étaient plus fréquents dans le groupe budésonide (60 % versus 39 % et 72 % versus 47 % respectivement) alors que les taux de normalisation de la bilirubine et des IgG n’étaient pas différents. Cette étude, qui est l’étude randomisée ayant inclus le plus de malades atteints d’hépatite auto-immune, démontre clairement le bénéfice à 6 mois de l’association budésonide + azathioprine par rapport au schéma classique. Traitement chélateur du fer : un espoir Les nouveaux chélateurs du fer, type déférasirox (Exjade®), sont en cours de développement dans le traitement des surcharges hépatiques en fer. Dans les surcharges en fer post transfusionnelles, l’Exjade® per os à la dose initiale de 5-10 mg/kg avait peu d’effets sur les paramètres du fer. En revanche, à la dose de 20-30 mg/kg/j, il était observé une diminution de la ferritinémie, du contenu intra-hépatique en fer et de l’inflammation hépatique à 1 an (S181, S189). Ces résultats sont encourageants pour les futures études dans l’hémochromatose. CONCLUSION Rendez-vous l’année prochaine à Copenhague pour la 44e édition ! N La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n° 3 - mai-juin 2008