Récemment, un de mes clients a choisi de réinventer une
de ses lignes d’affaires. La direction, accompagnée de son
comité, s’est penchée sur la performance de cette division
et sur ce que celle-ci devrait devenir. Cet exercice était es-
sentiel. Mais, il s’est fait sans le dirigeant de la division et
son équipe.
Pourtant… Qui, mieux que le person-
nel de cette division, sait ce qui est bon
pour les clients qu’ils servent depuis
des années ? Qui, chaque jour, est
confronté aux con traintes et aux sub-
tilités des besoins de ces clients ?
Bien sûr, la direction peut porter un
regard d’ensemble sur les enjeux glo-
baux de l’entreprise. Ce que le diri-
geant d’une division et son équipe ne
peuvent pas. Mais, selon moi, il est
essentiel qu’il y ait rencontre entre la
vision de la direction et l’action sur le
terrain. Je crois beaucoup aux vertus
du dialogue et de la rencontre. C’est
un exercice exigeant, pafois difficile,
mais il m’a toujours servi. À mes
clients aussi. Et ce, dans les bons mo-
ments comme dans les moins heu-
reux. C’est probablement parce que je
crois en la capacité des êtres humains
à s’élever au-dessus des enjeux de leur quotidien.
Je suis convaincu que toute personne est capable de ce
type d’échange. À condition, bien sûr, d’avoir créé au préa-
lable un climat de confiance. À condition aussi que nos
employés aient déjà participé aux décisions et qu’ils aient
l’habitude de réfléchir par eux-mêmes. Si nous arrivons à
la conclusion que nous devons réfléchir à leur place, c’est
que nous avons failli quelque part. En tant que leader, il est
essentiel que nous réfléchissions à notre propre confiance
en nous- même, à notre maturité et à la culture que nous
avons contribué à développer.
Dans le secteur des soins de santé, par exemple, nous
avons trop longtemps pensé savoir ce qui était bon pour
les patients. Aujourd’hui, nous reconnaissons que les per-
sonnes les mieux placées pour le savoir sont le patient
lui-même et ses proches. Si nous poursuivons cette ré-
flexion en amont, nous prenons conscience que c’est la
préposée aux bénéficiaires, l’infirmière,
l’infirmière-chef, etc. qui savent ce qui
est bon pour elles. Il est donc essentiel
de réfléchir avec elle s sur ce qui tou-
che les horaires, les conditions de pra-
tique, l’évolution de leur métier, etc.
Les gens sont intelligents et capa-
bles de réfléchir par eux-mêmes. Ils
sont aussi capables de s’élever au-
dessus des situations si on les y invite.
Je me souviens de cette directrice
d’un des bureaux d’Adecco qui, lors
d’un échange sur la vision de son
marché, est parvenue elle-même à la
conclusion que le plus sage était de
fermer sa succursale. Nous avons
donc décidé ensemble, avec tous les
membres de l’équipe, de la manière
de procéder.
Je me rappelle aussi combien une
autre directrice et son équipe se sont
prises en main après qu’on a évoqué
la fermeture de leur bureau. Cette succursale est devenue
une des plus profitables du groupe.
Laissons-nous donc surprendre par nos équipes. La vie
en entreprise peut être autre.
86 | COMMERCE | DÉCEMBRE 2009 - JANVIER-FÉVRIER 2010
LE MONDE
Rémi Tremblay
PHOTO : MARIE-CLAUDE HAMEL
Laissons-nous surprendre par nos employés
RÉMI TREMBLAY vient de cosigner avec Diane Bérard J’ai
perdu ma montre au fond du lac, un essai
sur le leadership et la tranquillité intérieure. En 2004, il a fondé
Esse Leadership, qui accompagne les dirigeants qui souhaitent
repousser les frontières de leur leadership.
Les gens sont
intelligents et
capables de s’élever
au-dessus des
situations si
on les y invite.
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HORS-PISTE