La Lettre du Cardiologue - n° 370 - décembre 2003
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ABSTRACTS
L’insuffisance coronaire est la cause la plus fréquente de
mortalité chez les patients porteurs d’insuffisance rénale
chronique (IRC). Ces patients, qui développent un syndrome
coronaire aigu (SCA), ont un très mauvais pronostic, avec un taux
de mortalité supérieur à 70 % à deux ans. Malgré la gravité de
ces données, aucune étude n’a vraiment analysé la stratégie thé-
rapeutique optimale en cas de SCA dans ce groupe de patients.
Le but de cette étude est de comparer l’efficacité de la revascu-
larisation coronaire à celle du traitement médical sur la survie à
long terme des patients avec IRC présentant un SCA.
Méthodes. On a étudié prospectivement, de 1990 à 1998,
4 758 patients admis en soins intensifs de cardiologie pour un
SCA. Sur ces patients, 1 654 ont présenté une IRC significative,
comme défini par la National Kidney Foundation, avec, comme
critère, une filtration glomérulaire inférieure à 60 ml/mn/1,73 m2.
La survie à long terme était évaluée en fonction de la stratégie thé-
rapeutique adoptée (traitement médical versus revascularisation),
et les données sur le suivi étaient disponibles dans plus de 99 %
des cas, avec un suivi maximum de 8 ans. Sur ces 1 654 patients
avec IRC, 64 (3 %) ont subi un pontage coronarien, 232 (14 %)
une angioplastie coronaire, 280 (17 %) ont bénéficié d’une coro-
narographie, puis d’un traitement médical, et 1 078 (66 %) ont été
traités par médicaments uniquement. Les résultats en termes de
morbi-mortalité sont nettement en faveur de l’angioplastie coro-
naire, avec une survie à long terme significativement supérieure.
Conclusion. Les patients avec IRC sévère présentant un SCAont
un meilleur pronostic s’ils sont traités par angioplastie coronaire
ou par revascularisation chirurgicale, justifiant ainsi une straté-
gie volontiers plus invasive pour ce groupe de patients.
E. Messas, hôpital Necker, Paris
Analyse de la survie à long terme des patients avec insuffisance rénale chronique
présentant un syndrome coronaire aigu
Analysis of long-term survival after revascularization in
patients with chronic kidney disease presenting with acute
coronary syndromes
.
Keeley EC, Kadakia R, Soman S, Borzak S, McCullough PA
l
JACC 2003 ; 92 : 509-14.
Quels sont les caractéristiques et le devenir des patients
présentant un infarctus du myocarde aigu (IDM) dû à
une atteinte prédominante du ventricule droit et compliqué
de choc cardiogénique ?
À partir du registre randomisé SHOCK (SHould we emergently
revascularize Occluded coronaries for Cardiogenic shocK ?),
49 patients pour lesquels le choc cardiogénique post-IDM était
dû à une atteinte prédominante du ventricule droit et 884 pour
lesquels la défaillance cardiaque était la conséquence de l’infar-
cissement ventriculaire gauche ont été comparés.
Les premiers sujets (atteinte ventriculaire droite) étaient plus
jeunes (81,6 % avaient moins de 75 ans, contre 67,5 % pour
les seconds, p = 0,041), ils avaient une moindre prévalence
d’IDM anciens (25,5 % contre 40,1 %, p = 0,047), d’IDM
de localisation antérieure (10,6 % contre 58,8 %, p < 0,0001,
dans la logique d’IDM préférentiellement inférieurs ou pos-
térieurs en cas d’IDM du ventricule droit), et de lésions coro-
naires pluritronculaires (34,8 % contre 77,8 %, p < 0,001) ;
ils présentaient un délai plus court entre le diagnostic d’IDM
et l’apparition du choc cardiogénique (2,9 heures contre
6,2 heures, p = 0,003). La fraction d’éjection ventriculaire
gauche était logiquement plus élevée pour les patients à
atteinte ventriculaire droite prédominante : 41,9 % contre
30 %, p = 0,002).
Les patients à atteinte ventriculaire droite prédominante ont été
plus souvent traités par thrombolyse (51,1 % contre 34,4 %,
p = 0,021) ; ils ont eu aussi plus fréquemment une angioplastie
coronaire : 49 % contre 32,8 %, p = 0,029).
La mortalité hospitalière est similaire pour les deux groupes
de patients : 53,1 % en cas d’atteinte droite prédominante et
60,8 % en cas d’atteinte gauche prédominante (p = 0,296), et l’in-
fluence de la revascularisation sur la mortalité ne diffère pas selon
les groupes. L’incidence des récidives d’IDM et des récurrences
ischémiques est identique pour les deux groupes.
En analyse multivariée, le choc cardiogénique post-IDM dû
à une défaillance droite n’est pas un facteur prédictif de
moindre mortalité hospitalière (rapport des cotes = 1,07).
Conclusion. En dépit de caractéristiques “favorables”
(patients plus jeunes, ayant un moindre taux d’IDM antérieurs ou
anciens avec une fonction systolique ventriculaire gauche mieux
préservée, et présentant davantage de lésions coronaires mono-
tronculaires [en grande majorité coronaire droite : 96 %]), le
devenir des patients ayant constitué un IDM de prédominance
droite compliqué de choc cardiogénique est identique à celui
des patients pour lesquels la défaillance cardiaque est consé-
cutive à un IDM de prédominance gauche, et plus d’un patient
sur deux décède pendant son hospitalisation.
Ces constatations renforcent pour ces patients l’indication d’une
revascularisation précoce.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
Infarctus du ventricule droit et choc cardiogénique
Cardiogenic shock caused by right ventricular infarction.
A report from the SHOCK Registry.
Jacobs AK, Leopold JA, Bates E et al.
l
J Am Coll Cardiol
2003 ; 41 : 1273-9.