La Lettre du Cardiologue - n° 363 - mars 2003
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ABSTRACTS
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Le but de l’étude randomisée multicentrique Gusto V (Glo-
bal Use of Strategies to Open coronary arteries) était de
comparer les effets à un an de l’administration de rétéplase seul
à dose standard (deux bolus de 10 U à 30 minutes de distance)
à l’administration d’abciximab (0,25 mg/kg bolus ; 0,125 µg/kg/
mn avec au maximum 10 µg/mn pendant 12 heures) et de rété-
plase à mi-dose. La population concernée comptait 16 588 patients
traités pour infarctus du myocarde (IDM) aigu, randomisés lors
des 6 premières heures (délai moyen 2,7 heures), inclus dans
l’étude entre juillet 1999 et février 2001. Le suivi en termes de
mortalité à un an a été obtenu pour 99,2 % des sujets.
La mortalité globale à un an a été de 8,38 % (692 patients sur
8260) pour le groupe rétéplase seul, et de 8,38 % (698 patients
sur 8 328) pour le groupe association abciximab + rétéplase
mi-dose (p > 0,99). Une différence absolue de mortalité de 0,3 %
observée à 30 jours en faveur des patients traités par association
thérapeutique s’est maintenue jusqu’à 90 jours, pour disparaître
ensuite.
Une récidive d’IDM lors des 7 premiers jours est survenue chez
3,5 % des patients du groupe rétéplase seul contre 2,3 % des
patients du groupe association abciximab + rétéplase mi-dose
(p < 0,001), et la présence d’une récidive d’IDM à ce terme
est prédictive de la mortalité à un an : 22,6 % pour l’ensemble
des patients ayant présenté cette complication évolutive contre
8% pour les autres sujets (hazard ratio = 3,08 % ; p < 0,001).
Conclusion. L’étude Gusto V a testé une alternative à la fibrino-
lyse pleine dose à la phase aiguë d’un IDM : la combinaison d’un
fibrinolytique à mi-dose et d’un anti-GPIIb/IIIa.
Elle n’a pas démontré de supériorité (ni d’infériorité) de cette
association sur la mortalité à un an, en dépit d’une diminu-
tion significative des récidives d’IDM à une semaine et de l’im-
pact de cette complication sur le devenir à un an.
On peut considérer cette association thérapeutique comme une
alternative à la fibrinolyse traditionnelle, présentant un avantage
en termes d’événements ischémiques non fatals précoces mais
sans retentissement authentifié ici sur la survie à un an, et en
tenant compte du risque hémorragique (résultats à 30 jours, the
GUSTO V Investigators, Lancet 2001), en particulier pour les
sujets plus âgés (> 75 ans), pour lesquels, il est vrai, le choix thé-
rapeutique se dirige plutôt vers l’angioplastie primaire.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
GUSTO V (thrombolyse ± anti-GPIIb/IIIa) : mortalité à un an post-infarctus
Mortality at 1 year with combination platelet glycoprotein IIb/IIIa
inhibition and reduced-dose fibrinolytic therapy versus conventio-
nal fibrinolytic therapy for acute myocardial infarction. Gusto V ran-
domized trial.
Lincoff AM, Califf RM, Van de Werf F et al., for the Gusto V
Investigators
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JAMA 2002 ; 288 : 2130-5.
But. Évaluer la prévalence des fuites valvulaires chez les
patients prenant des anorexigènes type fenfluramine et/ou
dexfenfluramine.
Méthode. Des données cliniques ont été analysées à partir d’une
large base de données épidémiologiques (étude HyperGEN). Une
échocardiographie a été réalisée chez tous les patients de l’étude
(n = 2 024) avec analyse de la fonction VG, quantification des
fuites mitrale et aortique, et évaluation de la taille de l’aorte au
niveau des sinus de Valsalva.
Résultats. Dix-neuf sujets prenaient régulièrement des anorexi-
gènes (0,9 %). L’index de masse corporelle était plus élevé chez
ces patients, mais le taux d’hypertendus et le sex-ratio étaient
comparables à ceux de la population générale de l’étude. La pré-
sence de calcifications fibreuses aortiques à l’échographie car-
diaque était plus fréquente dans le groupe anorexigènes (32 %
versus 12 %, p = 0,2). La dimension de l’aorte au niveau des sinus
de Valsalva tendait à être également plus importante dans ce
groupe (3,6 ± 5 versus 3,4 ± 0,4 cm, p = 0,10).
L’insuffisance aortique était plus fréquente dans ce groupe, quelle
que soit l’importance de la fuite (32 % versus 6 %, p = 0,001). Il
y avait par contre une tendance à la diminution de la prévalence
des fuites mitrales dans le groupe anorexigènes (11 % versus
19 %, p = 0,56). Après analyse multivariée, la fuite aortique,
quelle que soit son importance (odds-ratio 6,3) et la calcification
fibreuse aortique (OR = 1,6) étaient plus fréquentes dans le groupe
anorexigènes.
Conclusion. L’utilisation des anorexigènes a été associée à la pré-
sence de fuites aortiques indépendamment de la présence d’une
dilatation aortique au niveau des sinus de Valsalva ou de calcifi-
cations aortiques. On peut remarquer que, normalement, les fuites
aortiques peuvent être associées à une dilatation de la jonction
sino-tubulaire, ce qui n’a pas été étudié ici.
E. Messas, clinique cardiologique, hôpital Necker, Paris
Anorexigènes et incidence des valvulopathies (étude sur population) :
étude HyperGEN
Appetite suppressants and valvular heart disease in a population-
based sample : the HyperGEN study.
Palmier V, Armets DK, Roman MJ et al.
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Am J Med 2002 ; 112 :
710-5.