I N F O R M A T I O N S Vles Journées nationales du groupe “Insuffisance cardiaque et cardiomyopathies” de la Société française de cardiologie (1re partie) ● O. Roth* L es VIes Journées du groupe “Insuffisance cardiaque et cardiomyopathies” ont eu lieu les 24 et 25 septembre 2001 à Lyon. L’insuffisance cardiaque (IC) est une maladie grave et de fréquence croissante. Différentes sessions ont porté sur l’épidémiologie de l’IC, les nouveaux concepts physiopathologiques, les techniques d’imagerie et les derniers développements thérapeutiques dans cette maladie. ÉPIDÉMIOLOGIE DE L’INSUFFISANCE CARDIAQUE La prévalence de l’IC est de 0,3 à 2 %, avec une discordance selon la méthode employée et l’époque de l’étude. L’incidence annuelle est de 1 à 5 pour mille. La prévalence et l’incidence augmentent de manière majeure avec l’âge des patients. L’insuffisance cardiaque à fonction systolique conservée (tableau I) représente environ 50 % de l’ensemble des IC, avec une prévalence plus importante chez les sujets âgés. La létalité des patients insuffisants cardiaques est deux à trois fois supérieure à celle des patients de même âge non insuffisants cardiaques (Framingham), avec environ 25 % des patients qui survivent à 5 ans. Il s’agit d’une pathologie grave : la mortalité de l’IC comparée à celle des cancers montre que seul le cancer du poumon a un pronostic plus péjoratif (figure 1). L’insuffisance cardiaque est le premier motif d’hospitalisation aux États-Unis : 30 % des patients seront réhospitalisés dans l’année qui suit. La durée moyenne de séjour est de 11 jours et monte à 28 jours en service de gériatrie. L’IC représente 1 à 2 % des dépenses de santé en France. L’insuffisance cardiaque à fonction systolique conservée a un pronostic trois à quatre fois plus sévère que celui de la population non insuffisante cardiaque, mais deux fois moins sévère que celui de l’insuffisance cardiaque à fonction systolique altérée. Avec les progrès thérapeutiques récents, le pronostic de l’insuffisance cardiaque a-t-il changé ? En fait, le taux de survie des Tableau I. Définition de l’insuffisance cardiaque diastolique ou à fonction systolique conservée. European Study Group on diastolic heart failure. Eur Heart J 1998 ; 19 : 990-1003. ✔ Signes/symptômes d’insuffisance cardiaque ✔ Fonction systolique ventriculaire gauche normale ou peu altérée ✔ Évidence d’anomalies de la relaxation, du remplissage, de la distensibilité ou de la rigidité diastoliques du ventricule gauche * Hôpital cardiovasculaire et pneumologique Louis-Pradel, 28, av. du Doyen-Lépine, 69500 Bron. 8 Figure 1. Mortalité de l’insuffisance cardiaque comparée à celles de différents cancers chez les patients hospitalisés. (Stewart S. Eur J Heart Failure 2001 ; 3 : 315-22). patients insuffisants cardiaques n’a pas augmenté durant les 40 années d’observation de Framingham. Cependant, on note dans les études récentes une baisse de l’incidence ajustée sur l’âge, sans effet sur le pronostic global du fait du vieillissement de la population. Il semblerait que les effets bénéfiques des nouvelles thérapeutiques soient minimes au niveau de la population générale, essentiellement parce que les critères d’inclusion des études sont assez restrictifs et non représentatifs de la population générale (F. Delahaye, Lyon). La Lettre du Cardiologue - n° 350 - décembre 2001 I Dans le registre des hôpitaux généraux français, la durée moyenne de séjour est de 12 jours. Les patients ont un âge moyen de 75 ans, sont plus souvent de sexe masculin (60 %) et sont, dans 80 à 85 % des cas, en stade II ou III de la NYHA. Il s’agit une fois sur deux de cardiopathie ischémique et une fois sur trois de cardiopathie hypertensive. Il y a une amélioration clinique dans 72 % des cas, mais 7,8 % des patients décèdent à l’hôpital, avec comme facteur de mauvais pronostic une insuffisance rénale grave (créatininémie > 250 µmol/l), une fraction d’éjection ventriculaire gauche inférieure à 30 %, un stade NYHA IV ou une cardiopathie de nature ischémique. La prescription de bêtabloquants et d’anti-aldostérones est en augmentation (tableau II), ce qui démontre l’observance des conclusions des grands essais (J.J. Dujardin, Douai). N F O R M A T I O N S men semble aisé, puisque 66 % des médecins généralistes arrivent facilement à avoir une échographie pour leurs patients. Les médecins ont une bonne perception des bénéfices apportés par les différentes thérapeutiques. On retrouve un bon taux de prescription d’IEC mais, ici aussi, souvent à un dosage trop faible (A. Cohen-Solal, Clichy). NOUVELLES CONNAISSANCES PHYSIOPATHOLOGIQUES DANS L’INSUFFISANCE CARDIAQUE L’IC est à l’origine d’une dysfonction endothéliale avec une baisse de l’expression endothéliale de la NO-synthétase aboutissant à une baisse de la vasodilatation et une diminution de la relaxation. Cette dysfonction précède les signes cliTableau II. Prescription des thérapeutiques de l’insuffisance cardiaque dans les différents registres. niques d’IC. Un réentraînement adapté à l’effort du patient insuffisant cardiaque Diurétiques Digitaliques IEC ARA II Bêtabloquants Anti-aldostérone permet un retour à l’activité NO-synthétase des patients non insuffisants carRegistre des hôpitaux 86 % 30 % 60 % 7 % 20 % 24 % diaques (H. Drexler, Hanovre). Les généraux kinines sont des peptides vasodilatateurs puissants. Ils agissent en se fixant sur deux Registre des cardiologues 78,2 % 36,9 % 82 % 8,7 % 29,1 % 28 % récepteurs : B1 et B2 (figure 2). Leur libéraux action sur la fonction ventriculaire est “Improvement-HF” 50 % 34,2 % 59 % 35 % 12 % complexe, mais semble plutôt inotrope positive in vivo par libération de catécholamines. Leur action sur le récepteur B2 permet une augmentation de la synthèse de NO par l’endoDans le registre des cardiologues libéraux (8 618 patients), les thélium, une stimulation de la synthèse de marqueurs de l’inhommes sont également plus souvent concernés (68 %), et l’âge flammation (PGI2) et de facteurs hyperpolarisants (EDHF). Une moyen est de 70 ans. Les patients sont en stade II ou III de la balance correcte entre les systèmes angiotensine II et bradykiNYHA dans 94,3 % des cas. L’origine de la cardiopathie est ischénines est indispensable pour le développement d’un cœur normique dans 46,7 % des cas et hypertensive dans 22,6 % des cas. mal. L’action des bradykinines est préservée dans l’insuffisance La fraction d’éjection ventriculaire gauche moyenne est de cardiaque, d’où l’intérêt des thérapeutiques favorisant leur pro39,6 % ; elle est surtout abaissée dans les tranches d’âge inféduction locale : IEC, ARAII, inhibiteurs de l’endopeptidase neutre rieures. Les patients avec une fraction d’éjection inférieure à 30 % (J.N. Trochu, Nantes). sont dans 36 % des cas sous bêtabloquants (tableau II). Les IEC sont prescrits dans 82 % des cas, mais souvent à des doses inféNéanmoins, la bradykinine intervient dans l’effet vasodilatateur rieures à celles recommandées (G. Jullien, Marseille). lors d’une administration aiguë d’IEC, mais il ne semble pas que ce soit le cas lors d’une administration chronique (M. Galinier, “Improvement-HF” est un registre européen regroupant Toulouse). 11 000 patients sur 14 pays et qui recueille les informations auprès des médecins généralistes. Il comprend deux parties : une enquête de perception et une enquête sur les pratiques effectives. L’enKininases : ECA* NEP** Kininogénases quête de perception démontre que les médecins pensent au diagnostic d’insuffisance cardiaque dans 96 % des cas devant une dyspnée. La classification peu sévère, moyennement sévère ou Fragments inactifs Kininogène Bradykinine sévère est utilisée dans 46,4 % des cas, alors que la classification NYHA ne l’est que dans 35,7 %. Le concept d’insuffisance cardiaque à fonction systolique conservée est mal assimilé : 46,1 % Récepteur Bradykinine 2 des médecins déclarent savoir la différencier de l’insuffisance cardiaque à fonction systolique altérée, 32 % ne savent pas et 21,6 % se déclarent non familiers avec le concept ; seulement NO (endothélium) PGI2 EDHF 60,5 % des médecins s’aident d’une échographie, alors que 23,2 % disent se servir de la clinique. L’utilisation de l’échograVASODILATATION phie cardiaque est d’ailleurs globalement insuffisante : dans l’enquête de perception, 44,6 % des médecins la demandent de * Enzyme de conversion de l'angiotensine ** Endopeptidase neutre manière usuelle, 29,4 % de manière inconstante et 15,5 %, rarement. En pratique, 80 % des patients insuffisants cardiaques ont une échographie cardiaque dans leur dossier. L’accès à cet exaFigure 2. Système kallicréines-kinines. .../... La Lettre du Cardiologue - n° 350 - décembre 2001 9 I N F O R M A T I O N S .../... Les cellules myocardiques du cœur défaillant ainsi que les tissus périphériques hypoperfusés sécrètent des cytokines. La plus connue est le TNFα, qui est cachectisant, inotrope négatif, mais également antifibrosant, grâce à un effet sur le collagène. Les cytokines synthétisées ont d’abord un effet bénéfique, et secondairement un effet aggravant. Un taux élevé de TNFα est de mauvais pronostic dans l’insuffisance cardiaque ; l’augmentation de l’expression du récepteur soluble du TNFα serait même un facteur prédictif de mauvais pronostic précédant les marqueurs classiques. Deux essais cliniques avec des thérapeutiques anti-TNFα ont été arrêtés prématurément du fait de l’absence de bénéfice lors de l’analyse intermédiaire (M. Desnos, Paris). LES EXAMENS PARACLINIQUES DANS L’INSUFFISANCE CARDIAQUE L’échographie doppler cardiaque Lorsque l’on découvre une cardiopathie dilatée, la nature ischémique est systématiquement recherchée. Les études concernant l’échographie cardiaque ont démontré que, devant une fraction d’éjection ventriculaire gauche inférieure à 35 %, l’analyse segmentaire en échographie “standard” retrouvait des troubles de la contraction segmentaire dans 22 à 100 % des cardiopathies non ischémiques. De même, on retrouve fréquemment une hypokinésie globale en cas de cardiopathie ischémique. Le doppler tissulaire semble apporter des arguments en faveur d’une origine ischémique : l’augmentation des vitesses pré-éjectionnelles par rapport aux vitesses éjectionnelles serait en faveur d’une origine ischémique ; de même, l’analyse des vitesses dans la couche épicardique au moment du maximum des vitesses endocardiques apporte des arguments en faveur de l’origine ischémique. Cependant, ces données sont issues de petites séries et méritent d’être confirmées (D. Pellerin, Londres). L’analyse segmentaire de la fonction contractile peut également être effectuée par ciné-IRM, surtout si l’on associe un tagging, c’est-à-dire un marquage régional. L’analyse segmentaire est bonne et facilement utilisable, mais limitée du fait de la pénurie de machines (P. Croisille, Lyon). L’échographie doppler apporte des arguments pronostiques importants. L’évaluation du flux doppler mitral est validée si la fraction d’éjection ventriculaire gauche est inférieure à 40 %. Il y a une augmentation graduelle de la mortalité chez les patients avec un flux doppler mitral et veineux pulmonaire normal, puis chez ceux avec un trouble restrictif, et enfin chez ceux avec un flux doppler pseudo-normal. L’analyse du flux veineux pulmonaire permet également une approche de la pression auriculaire gauche, dont on sait qu’elle est évaluée en hémodynamique le plus souvent de manière indirecte par la pression capillaire pulmonaire. Si la pente de décélération de l’onde D au doppler veineux pulmonaire est inférieure à 175 ms, la pression auriculaire gauche (POG) est supérieure à 17 mmHg, avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 94 % (E. Donal, Poitiers). La réalisation d’une échographie de stress avec des faibles doses de dobutamine dans le cadre d’une cardiomyopathie dilatée permet la recherche d’une réserve contractile myocardique (RCM) de manière assez aisée et avec un faible risque (trouble rythmique La Lettre du Cardiologue - n° 350 - décembre 2001 ± 4 %). La RCM se définit par une amélioration de la FEVG sous l’effet du stimulus avec, également, une diminution des diamètres ventriculaires. La présence d’une RCM est corrélée à un meilleur pronostic. Elle serait le reflet physiopathologique d’un degré de fibrose moindre avec, peut-être, plus de cellules en hibernation que dans les cardiomyopathies dilatées sans RCM, où il y aurait plus de cellules mortes par apoptose. La présence d’une RCM permettrait également de sélectionner les patients répondeurs aux bêtabloquants : les patients présentant une augmentation de la FEVG sous faibles doses de dobutamine sont ceux qui l’augmentent également sous carvédilol. Mais il s’agit ici aussi d’études réalisées sur un faible nombre de patients (P. Jourdain, Pontoise). Les dosages neuro-hormonaux Les taux de BNP (brain natriuretic peptide) et d’ANP (atrial natriuretic peptide) sont augmentés dans l’insuffisance cardiaque (figure 3). Insuffisance cardiaque N-ANP tension pariétale Oreillette Ventricule Pro-ANP Pro-BNP ANP Inhibition Système rénine-angiotensine-aldostérone Système sympathique N-BNP BNP Vasodilatation Facteurs de croissance vasculaires Natriurèse Figure 3. Neuro-hormones ANP (atrial natriuretic peptide) et BNP (brain natriuretic peptide). Le dosage de référence du BNP se fait par méthode radioactive, mais il dure 48 heures, reste complexe et il est donc peu utilisable en pratique courante. Les dosages ultrarapides par triage BNP test® permettent un dosage en 10 à 15 minutes bien corrélé avec le dosage radioactif de référence. Le BNP apporte une aide au diagnostic devant une dyspnée aiguë (figure 4), mais permet également le dépistage d’une éventuelle dysfonction ventriculaire gauche asymptomatique, avec ici une valeur cut-off plus basse (18 pg/ml). Le dosage du BNP apporte une aide au traitement : le pronostic est amélioré chez les patients dont les valeurs DYSPNÉE AIGUË BNP < 80 pg/ml IVG éliminée Attention à l'OAP flash BNP > 80 pg/ml 80-300 pg/ml Doute Échographie cardiaque > 300 pg/ml IVG sauf EP grave Figure 4. Arbre décisionnel devant une dyspnée aiguë en fonction du dosage du BNP. 11 I N F O R M A T I O N S de BNP diminuent grâce à une intensification thérapeutique. Il peut apporter une aide à la prescription de bêtabloquants en sélectionnant les patients à haut risque, et un taux de BNP bas doit faire éviter l’apparition d’une déplétion importante en diminuant les diurétiques rapidement. Il existe des faux positifs au dosage du BNP qui sont surtout représentés par les embolies pulmonaires graves (cœur pulmonaire) et les insuffisances rénales évoluées. Au total, le dosage du BNP apporte des éléments diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques, mais cela doit être confirmé par des études de plus large envergure et, surtout, il faudra définir des valeurs cut-off standardisées et unanimement applicables. Cellesci semblent être différentes en termes diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques (D. Logeart, Clichy). Le dosage de BNP peut être couplé à une mesure de la VO2 max afin d’obtenir une sélection plus fine des patients. Les patients avec un taux de BNP bas, mais un pic de VO2 max inférieur à 14 ml/kg/mn et ceux avec un taux de BNP haut, mais un pic de VO2 supérieur à 14 ml/kg/mn gardent un pronostic relativement bon. Seuls les patients avec un taux de BNP élevé et un pic de VO2 bas ont un pronostic péjoratif. Au total, les neurohormones sont des marqueurs puissants, non invasifs, pouvant être combinés aux facteurs classiques et dont l’utilisation doit se développer (F. Pousset, Paris). ASPECTS PARTICULIERS DE CERTAINES CARDIOMYOPATHIES Un exposé a été fait sur le dépistage précoce du retentissement cardiaque des chimiothérapies anticancéreuses. Il s’agit surtout de la cardiopathie aux anthracyclines, qui présentent deux toxicités : la première, aiguë, rythmique avec risque de mort subite, et la seconde chronique, par développement d’une cardiopathie qui s’accompagne d’un pronostic effroyable. Le risque est important si la dose cumulée dépasse 550 mg/m2, le risque de développer une cardiopathie restant inférieur à 10 % si cette dose n’est pas dépassée. En cours de traitement, l’utilisation de cardioprotecteurs (dexrazoxane) ou d’anthracyclines encapsulées diminuerait l’incidence de la cardiopathie, mais l’efficacité de ces thérapeutiques reste à démontrer. La détection précoce de la cardiopathie est nécessaire. La biopsie myocardique détecte des anomalies histopathologiques avant l’apparition d’une dysfonction ventriculaire gauche. Il s’agit de l’examen de référence ; cependant, et pour des raisons bien compréhensibles, cet examen ne peut être répété fréquemment, et l’évaluation de la fonction ventriculaire gauche se fait à l’aide des méthodes habituelles. La fraction d’éjection ventriculaire gauche isotopique est l’examen de surveillance recommandé. Si elle est réalisée au repos, sa sensibilité est de 53 % et sa spécificité de 75 %. Son couplage à une épreuve de stimulation augmente la sensibilité (89 %), mais il est parfois de réalisation difficile chez des patients qui sont souvent en mauvais état général. L’évaluation de nouveaux marqueurs biochimiques (ANP, BNP, ET-1) ou électriques (altération précoce de la variabilité sinusale) paraît intéressante (G. Roul, Strasbourg). 12 Un exposé a porté sur grossesse et cardiomyopathies. La cardiomyopathie hypertrophique est en général de bon pronostic, les complications étant rares pendant la grossesse ou lors de l’accouchement (trouble rythmique, OAP, mort subite), et surtout fréquentes en cas d’obstacle intraventriculaire gauche. Si la patiente est asymptomatique, aucun traitement n’est requis. Chez les patientes symptomatiques, on note une aggravation des symptômes dans 50 % des cas et la prescription de bêtabloquants est recommandée, avec une prise en charge indispensable du nouveau-né du fait du risque de bradycardie. Il faut également se méfier, au moment de l’accouchement, du risque hypovolémique, surtout en cas d’anesthésie péridurale. Les données concernant la cardiomyopathie dilatée sont rares, il n’existe que des cas isolés dans la littérature. La grossesse doit être déconseillée si la patiente est très symptomatique ou présente une FEVG très altérée. Pendant la grossesse, la patiente peut suivre un traitement classique, à l’exception des IEC qui restent contre-indiqués. La cardiomyopathie du péri-partum (tableau III) est rare (1/3 000 à 1/4 000 naissances) et d’étiopathogénie incertaine (myocardite ou origine immunologique ?). Son évolution est imprévisible, avec une récupération dans 25 à 50 % des cas, une évolution vers le décès, l’assistance circulatoire ou la greffe dans 15 à 50 % des cas. Lorsqu’il survient, le décès est le plus souvent précoce. En cas de récupération totale, le risque lié à une grossesse ultérieure est faible, mais non négligeable. Le traitement est identique à celui de la cardiomyopathie dilatée (M. Burban, Nantes). Tableau III. Les quatre critères diagnostiques de la cardiopathie du péri-partum. ✔ Signes d’insuffisance cardiaque apparaissant de un mois avant jusqu’à cinq mois après l’accouchement ✔ Pas de cardiopathie connue auparavant ✔ Absence d’étiologie décelable ✔ Altération de la fonction ventriculaire gauche échographique Le risque cardiovasculaire des insuffisants cardiaques lors d’une chirurgie non cardiaque est le plus souvent faible, surtout depuis que les thérapeutiques vaso-actives sont plus fréquemment employées en cours d’anesthésie. La morbidité et la mortalité sont identiques en cas d’anesthésie générale, d’anesthésie péridurale ou de rachianesthésie. Le risque de décès ou d’apparition d’un OAP est faible (inférieur à 1 %) si les patients sont en classe I, II ou III de la NYHA. La réalisation d’une échographie préopératoire est recommandée, car l’altération de la fonction ventriculaire gauche est un facteur prédictif important. Le risque est élevé (supérieur à 5%) chez les sujets âgés et en cas de chirurgie artérielle sur l’aorte ou les membres inférieurs (M. Pinaud, Nantes). ■ ✔ La suite de ce compte-rendu paraîtra dans le prochain numéro ✔ La Lettre du Cardiologue - n° 350 - décembre 2001