La Lettre du Cardiologue - n° 350 - décembre 2001
12
INFORMATIONS
de BNP diminuent grâce à une intensification thérapeutique. Il
peut apporter une aide à la prescription de bêtabloquants en sélec-
tionnant les patients à haut risque, et un taux de BNP bas doit
faire éviter l’apparition d’une déplétion importante en diminuant
les diurétiques rapidement. Il existe des faux positifs au dosage
du BNP qui sont surtout représentés par les embolies pulmonaires
graves (cœur pulmonaire) et les insuffisances rénales évoluées.
Au total, le dosage du BNP apporte des éléments diagnostiques,
pronostiques et thérapeutiques, mais cela doit être confirmé par
des études de plus large envergure et, surtout, il faudra définir des
valeurs cut-off standardisées et unanimement applicables. Celles-
ci semblent être différentes en termes diagnostiques, pronostiques
et thérapeutiques (D. Logeart, Clichy).
Le dosage de BNP peut être couplé à une mesure de la VO2 max
afin d’obtenir une sélection plus fine des patients. Les patients
avec un taux de BNP bas, mais un pic de VO2 max inférieur à
14 ml/kg/mn et ceux avec un taux de BNP haut, mais un pic de
VO2supérieur à 14 ml/kg/mn gardent un pronostic relativement
bon. Seuls les patients avec un taux de BNP élevé et un pic de
VO2bas ont un pronostic péjoratif. Au total, les neurohormones
sont des marqueurs puissants, non invasifs, pouvant être combi-
nés aux facteurs classiques et dont l’utilisation doit se dévelop-
per (F. Pousset, Paris).
ASPECTS PARTICULIERS DE CERTAINES CARDIOMYOPA-
THIES
Un exposé a été fait sur le dépistage précoce du retentissement
cardiaque des chimiothérapies anticancéreuses. Il s’agit surtout
de la cardiopathie aux anthracyclines, qui présentent deux toxici-
tés : la première, aiguë, rythmique avec risque de mort subite, et
la seconde chronique, par développement d’une cardiopathie qui
s’accompagne d’un pronostic effroyable. Le risque est important
si la dose cumulée dépasse 550 mg/m2,le risque de développer une
cardiopathie restant inférieur à 10 % si cette dose n’est pas dépas-
sée. En cours de traitement, l’utilisation de cardioprotecteurs (dex-
razoxane) ou d’anthracyclines encapsulées diminuerait l’incidence
de la cardiopathie, mais l’efficacité de ces thérapeutiques reste à
démontrer. La détection précoce de la cardiopathie est nécessaire.
La biopsie myocardique détecte des anomalies histopathologiques
avant l’apparition d’une dysfonction ventriculaire gauche. Il s’agit
de l’examen de référence ; cependant, et pour des raisons bien com-
préhensibles, cet examen ne peut être répété fréquemment, et l’éva-
luation de la fonction ventriculaire gauche se fait à l’aide des
méthodes habituelles. La fraction d’éjection ventriculaire gauche
isotopique est l’examen de surveillance recommandé. Si elle est
réalisée au repos, sa sensibilité est de 53 % et sa spécificité de 75 %.
Son couplage à une épreuve de stimulation augmente la sensibi-
lité (89 %), mais il est parfois de réalisation difficile chez des
patients qui sont souvent en mauvais état général. L’évaluation de
nouveaux marqueurs biochimiques (ANP, BNP, ET-1) ou élec-
triques (altération précoce de la variabilité sinusale) paraît inté-
ressante (G. Roul, Strasbourg).
Un exposé a porté sur grossesse et cardiomyopathies. La car-
diomyopathie hypertrophique est en général de bon pronostic, les
complications étant rares pendant la grossesse ou lors de l’ac-
couchement (trouble rythmique, OAP, mort subite), et surtout fré-
quentes en cas d’obstacle intraventriculaire gauche. Si la patiente
est asymptomatique, aucun traitement n’est requis. Chez les
patientes symptomatiques, on note une aggravation des symp-
tômes dans 50 % des cas et la prescription de bêtabloquants est
recommandée, avec une prise en charge indispensable du nou-
veau-né du fait du risque de bradycardie. Il faut également se
méfier, au moment de l’accouchement, du risque hypovolémique,
surtout en cas d’anesthésie péridurale. Les données concernant
la cardiomyopathie dilatée sont rares, il n’existe que des cas iso-
lés dans la littérature. La grossesse doit être déconseillée si la
patiente est très symptomatique ou présente une FEVG très alté-
rée. Pendant la grossesse, la patiente peut suivre un traitement
classique, à l’exception des IEC qui restent contre-indiqués. La
cardiomyopathie du péri-partum (tableau III) est rare (1/3 000 à
1/4 000 naissances) et d’étiopathogénie incertaine (myocardite
ou origine immunologique ?). Son évolution est imprévisible,
avec une récupération dans 25 à 50 % des cas, une évolution vers
le décès, l’assistance circulatoire ou la greffe dans 15 à 50 % des
cas. Lorsqu’il survient, le décès est le plus souvent précoce. En
cas de récupération totale, le risque lié à une grossesse ultérieure
est faible, mais non négligeable. Le traitement est identique à
celui de la cardiomyopathie dilatée (M. Burban, Nantes).
Le risque cardiovasculaire des insuffisants cardiaques lors d’une
chirurgienon cardiaque est le plus souvent faible, surtout depuis
que les thérapeutiques vaso-actives sont plus fréquemment
employées en cours d’anesthésie. La morbidité et la mortalité
sont identiques en cas d’anesthésie générale, d’anesthésie péri-
durale ou de rachianesthésie. Le risque de décès ou d’apparition
d’un OAP est faible (inférieur à 1 %) si les patients sont en
classe I, II ou III de la NYHA. La réalisation d’une échographie
préopératoire est recommandée, car l’altération de la fonction
ventriculaire gauche est un facteur prédictif important. Le risque
est élevé (supérieur à 5%) chez les sujets âgés et en cas de chi-
rurgie artérielle sur l’aorte ou les membres inférieurs (M. Pinaud,
Nantes). ■
✔
La suite de ce compte-rendu paraîtra dans le prochain numéro
✔
Tableau III. Les quatre critères diagnostiques de la cardiopathie du
péri-partum.
✔Signes d’insuffisance cardiaque apparaissant de un mois avant jus-
qu’à cinq mois après l’accouchement
✔Pas de cardiopathie connue auparavant
✔Absence d’étiologie décelable
✔Altération de la fonction ventriculaire gauche échographique