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revue de presse
Revue de presse
plusieurs classes de psychotropes sont asso-
ciées à une prise de poids non désirée,
incluant les antipsychotiques, les antidé-
presseurs, les régulateurs de l’humeur et,
dans une moindre mesure, les anxioly-
tiques. D’une manière générale, les médi-
caments qui bloquent les récepteurs H1 de
l’histamine, 5HT de la sérotonine et D2 de
la dopamine semblent associés à la prise de
poids. Parmi les antipsychotiques courants,
les phénothiazines (chlorpromazine, thio-
ridazine, mesoridazine) et les nouveaux
antipsychotiques (clozapine, olanzapine,
rispéridone, quetiapine) sont le plus sou-
vent associés à une prise de poids clini-
quement problématique. La molindone est
unique en son genre car elle n’est jamais
associée à une prise de poids. Elle est à
l’origine d’une perte poids dans de nom-
breuses études. Lorsque la prise de poids a
lieu, elle est rapide au cours de la phase
aiguë du traitement et, en général, se stabi-
lise après un à deux ans. Chez un à deux
tiers des patients sous lithium, la prise de
poids est d’au moins 5 %, et parfois beau-
coup plus. La prise de poids semble liée à
la dose administrée. Elle apparaît principa-
lement au cours des deux premières années
de traitement et est plus fréquente chez les
patients présentant une surcharge pondé-
rale initiale. Un quart à la moitié des
patients traités par des anticonvulsivants,
dont l’acide valproïque et la carbamazé-
pine, grossissent dans les mêmes propor-
tions. En ce qui concerne les antidépres-
seurs, le traitement par les tricycliques et
par les IMAO s’accompagne de prise de
poids importante, en particulier lors du trai-
tement au long cours. Une revue de littéra-
ture récente semble néanmoins nuancer
cette affirmation : la prise de poids serait
modeste, même sur le long terme, mais en
revanche un petit nombre de patients pré-
senterait une prise de poids très importante.
On a longtemps pensé que les inhibiteurs
de la recapture de la sérotonine, comme la
fluoxétine, la sertraline, la paroxétine, la
fluvoxamine, étaient associés à une prise de
poids. Une étude multicentrique à large
échelle menée avec la fluoxétine
(60 mg/jour) a permis d’observer au
contraire une baisse de poids significative,
qui atteint son maximum après vingt
semaines de traitement. En moyenne, les
patients avaient retrouvé leur poids d’ori-
gine au bout d’un an de traitement. Les
sujets obèses doivent-ils essayer de perdre
du poids ? Le comportement souvent
observé de régime en “yo-yo” (perte de
poids suivie de reprise de poids) démora-
lise le patient, rend la perte de poids ulté-
rieure encore plus difficile et n’est pas sans
risque pour la santé. Les effets de la perte
de poids sur le long terme sont en vérité mal
connus et demandent à être systématique-
ment évalués. Il est certain qu’une perte de
poids, même modeste, permet de réduire
les risques sanitaires chez les patients
obèses, en tout cas sur le court terme.
L’ e xistence et l’augmentation du nombre
de personnes obèses constituent un pro-
blème sérieux qui ne doit pas être ignoré
par les professionnels de santé mentale. Le
traitement ne devrait pas s’adresser à l’obé-
sité seulement, mais aussi à ses effets sur
l’estime de soi, dans un climat culturel plu-
tôt hostile.
Mots clés. Obésité – Psychotropes.
Anomalies physiques
mineures et difficultés
familiales : facteurs de
risque pour la délinquance
violente à l’adolescence ?
Montréal (Canada)
La délinquance grave accompa-
gnée de comportement violent semble cul-
miner à la fin de l’adolescence et au début
de l’âge adulte. Toutefois, les comporte-
ments violents n’apparaissent pas brus-
quement chez un individu lors de son déve-
loppement, et des études longitudinales ont
démontré que des comportements turbulents
lors de l’enfance comptent parmi les
meilleurs prédicteurs de délinquance et de
personnalité antisociale à l’âge adulte. Le
délinquant violent aurait donc des compor-
tements prédicteurs dès le plus jeune âge.
Par conséquent, il serait logique de s’inté-
resser aux facteurs étiologiques précoces. Le
contexte familial et des complications péri-
natales sont parmi les facteurs les plus pré-
coces susceptibles d’influencer le dévelop-
pement comportemental. Plus précisément,
au cours de la grossesse, le fœtus est exposé
à des influences diverses pouvant affecter
négativement son développement, et des
anomalies physiques mineures sont consi-
dérées comme des indicateurs de perturba-
tion du développement fœtal. Le système
nerveux central peut lui aussi être affecté par
des facteurs provoquant des anomalies phy-
siques mineures, le développement du cer-
veau étant simultané à celui des organes pré-
sentant ces petites anomalies. Parce que l’on
sait que des anomalies neurologiques peu-
vent être associées à des problèmes com-
portementaux, il se pourrait bien que des
anomalies physiques mineures reflètent des
facteurs de risque pour le développement de
troubles comportementaux. C’est cette
hypothèse qu’ont cherché à démontrer les
auteurs de ce rapport : l’incidence cumulée
d’anomalies physiques mineures et de diffi-
cultés familiales lors de la petite enfance et
l’interaction de ces facteurs sont-elles des
prédicteurs de comportement de délin-
quance violente pour des adolescents d’ori-
gine urbaine ? Il s’agissait également d’iden-
tifier les anomalies spécifiquement
impliquées dans la délinquance violente, par
opposition à la délinquance non violente
(Arseneault L, Tremblay R, Boulerice B et
al. Minor physical anomalies and family
adversity as risk factors for violent delin-
quency in adolescence. Am J Psychiatry
2000 ; 157 : 917-23). Cent soixante-dix
adolescents blancs francophones, origi-
naires de banlieues défavorisées de Mont-
réal, ont été inclus dans l’étude. Ils étaient
de même culture et possédaient un pool