actua-prof Actua-Professionnelle Tribune libre pour améliorer la vie pratique du professionnel L’épilepsie dans le groupe des trente T. Delangre* L’article D.322-1 du à leur condition patholoCode de la Sécurité gique… Bien des malabtenir le 100 % pour un patient épileptique relève sociale a été modifié le dies se trouvent qualiparfois du parcours du combattant et souvent 6 décembre 1999. Cet fiées de graves pour d’échanges épistolaires imagés avec le médecin conseil article, qui définit “la beaucoup moins ! Mais, de la caisse. La sagesse du législateur qui a élevé liste des affections comil faut savoir raison garportant un traitement prol’épilepsie grave dans le groupe des trente afffections qui der : une crise unique longé et une thérapeurépondant à des causes peuvent y prétendre va peut-être résoudre ce problème tique particulièrement déclenchantes aussi prési les neurologues avancent ensemble. coûteuse susceptible cises qu’éradicables ne d’ouvrir droit à la supsaurait entrer dans ce pression de la participanouveau cadre. Il incomtion des assurés sociaux aux tarifs serbe donc à nos sociétés savantes de troulaissant de côté les épilepsies idiopavant de base au calcul des prestations en ver un consensus afin que les demandes thiques ou cryptogéniques ; nature de l’assurance maladie”, prend en de prise en charge et les accords soient – les prises en charge sont accordées de compte trente affections. Les affections homogènes selon les régions. Si la façon hétérogène selon les caisses prineurologiques pouvant relever d’une pharmacorésistance des crises représenmaires, les médecins qui en font la prise en charge à 100 % doivent désorte un critère de gravité facilement demande ou qui ont à la traiter ; mais entrer dans le cadre suivant : authentifié, la nécessité d’avoir recours – enfin, l’épilepsie en tant que telle reste à une bithérapie pourrait en être un – accident vasculaire cérébral invalidant ; pour les organismes de Sécurité sociale aussi… Les conséquences de crises peu – formes graves des affections neuroloun symptôme, alors que pour les neuronombreuses sur l’activité du patient giques et musculaires (dont myopathies), logues, c’est une condition. doivent aussi être analysées : même peu épilepsie grave ; L’épilepsie, ainsi reconnue, est grave, le fréquentes, elles peuvent entraîner perte – maladie de Parkinson ; petit Robert est toujours utile dans la d’emploi ou suppression de permis, recherche du sens des adjectifs, et nous elles peuvent donc être qualifiées de – paraplégie ; pourrions être d’accord sur celui-ci : conséquences fâcheuses. Qui peut alors – sclérose en plaques invalidante. “grave : susceptible de conséquences nier la qualification de gravité ? Le Jusqu'à présent, il était possible pour un sérieuses, de suites fâcheuses, dangehandicap automobile est d’ailleurs patient épileptique d’être pris en charge à reuses”. Or, cette définition peut s’appliloin d’être le plus anodin, surtout en 100 % au titre d’une “forme grave des quer à tous les patients épileptiques, ou milieu rural. La possibilité qu’offre affections neurologiques”. Désormais, peu s’en faut… L’épidémiologie a bien la prise en charge à 100 % d’utiliser l’épilepsie est clairement désignée montré les conséquences délétères de la des transports sanitaires pour des comme telle. Est-ce un progrès ? condition épileptique sur leur éducation, consultations représente alors un Certainement, aurions-nous envie de emploi, psychisme et efficience. Auenjeu essentiel. Sur l’application répondre, pour au moins trois raisons : delà des préjugés traditionnels, des respondérée de ces différents critères, le – cette prise en charge se voit accorder le trictions légales leur sont imposées. neurologue dispose donc désormais plus souvent pour des épilepsies symptoComme si cela ne suffisait pas, ils paient de la possibilité de mieux prendre en matiques au titre de l’affection causale, un tribut de surmortalité non négligeable charge ses patients. O * Département de neurologie, CHU de Rouen. Act. Méd. Int. - Neurologie (1) n° 1, avril 2000 45