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tieux des fibres du système nerveux sym-
pathique des patients atteints de MCJ.
On ne peut exclure, chez les patients
atteints de MCJ à un stade terminal, qu’il
existe des sites extraneuronaux infec-
tieux à un titre très faible. Les experts
estiment que l’infectiosité présente dans
le tissu périphérique concerné par l’en-
doscopie serait mille fois inférieure à
celle du tissu cérébral, soit environ une
unité infectieuse souris par 25 mg de
tissu.
La dose infectante chez l’homme n’est pas
connue, mais il a été établi expérimenta-
lement qu’une unité infectieuse est insuf-
fisante pour transmettre la maladie par une
injection périphérique. L’extrapolation à
une autre espèce doit être prudente, car
l’efficacité de la transmission de l’animal
de laboratoire varie en fonction de l’ino-
culum (espèce, souche, tissu), de l’éven-
tuel traitement du produit infecté, de la
voie d’inoculation, de la dose et de la sus-
ceptibilité de l’hôte.
Cette approche théorique tend à montrer
que le risque de transmission nosoco-
miale par endoscopie est “faible”, selon
l’expression même des experts. Actuelle-
ment, aucun cas de transmission iatrogène
de la MCJ par des actes endoscopiques
n’a été rapporté. Pour les experts, cette
constation doit être nuancée par le fait que
le temps d’incubation de la maladie trans-
mise par voie périphérique dépasse la
décade et que la puissance des enquêtes
épidémiologiques dans ce contexte est
minime.
Les experts concluent : “Le risque de
contamination iatrogénique par endosco-
pie est certainement très faible mais ne
peut certainement pas être écarté tant que
nous n’aurons pas une connaissance du
statut infectieux des tissus périphériques.
Il est donc prudent de recommander que
les endoscopes, plus particulèrement ceux
destinés à l’exploration du tube digestif,
subissent une décontamination adaptée
avant d’être réutilisés chez un autre
patient, en particulier lorsqu’il y a prélè-
vement biopsique.”
Pour ce qui concerne la nouvelle forme
de la MCJ liée à l’encéphalopathie spon-
giforme bovine (ESB), la détection de la
PrPsc dans les amygdales et l’appendice
suggère sa présence dans l’ensemble des
tissus lymphoïdes. Par conséquent, le
risque est de tout autre nature. Les conclu-
sions d’une réunion interministérielle en
mars 1999 ont été de prendre en compte
une évolution défavorable de la situation
épidémiologique en France de la nv-
MCJ. Cependant, l’incidence actuelle de
la nv-MCJ en France ne justifie pas une
mise en œuvre immédiate de mesures spé-
cifiques. Le groupe de travail estime que,
dans ce cas, tout acte endoscopique
devient à risque et que, dans l’attente d’une
méthode de décontamination validée, le
matériel utilisé chez un patient atteint ou
suspect de nv-MCJ devra être détruit.
Quel est l’impact
des traitements actuels
des endoscopes sur le risque
infectieux ?
Les experts soulignent, comme le faisait
déjà la circulaire de 1995, la grande
importance du nettoyage mécanique qui
précède l’étape de désinfection. Habituel-
lement, les données de la littérature indi-
quent que la réduction du titre d’une
souillure (particule inerte, cellule, pro-
téine,ADN, microbe…) soumise à un trai-
tement mécanique varie de 3 log à 5 log.
Sachant que la charge infectieuse théo-
rique contenue dans le tissu périphérique
est faible, on conçoit que le nettoyage
mécanique ait un effet bénéfique impor-
tant sur le risque lié au prion. Il ne saurait
cependant se substituer à la stérilisation
ou, selon le cas, à la désinfection.
L’inactivation des particules infectieuses
dans les maladies à prion est très mal
connue. L’efficacité d’une procédure ne
peut être prouvée qu’en exposant une pré-
paration au traitement inactivant, puis en
l’inoculant à un animal de laboratoire.
Toute la question est de déterminer la
durée d’incubation qui permet de valider
l’absence de pouvoir infectieux résiduel.
Néanmoins, on admet aujourd’hui qu’il
existe trois méthodes d’inactivation (voir
circulaire DGS n°100-11, décembre
1995) :
– inactivation thermique (chaleur humide
18 mn à 134 °C) ;
– hydroxyde de sodium (1 N pendant
1 heure) ;
– hypochlorite de sodium (6D chloromé-
trique pendant 1 heure).
Toutefois, un certain nombre de traite-
ments sont considérés non seulement
comme inefficaces mais comme pouvant
protéger le prion contre l’action stérilisant
de l’autoclave. C’est le cas du formaldé-
hyde ou de l’alcool. Le principe actif des
solutions de désinfection utilisées pour les
endoscopes étant généralement le gluta-
raldéhyde, on peut craindre que ce traite-
ment ne soit de nature à stabiliser les pro-
téines et à fixer l’infectiosité prion à la
surface des endoscopes. Cependant, le for-
maldéhyde et le glutaraldéhyde n’ont pas
tout à fait la même réactivité chimique
mais entraînent la réticulation des pro-
téines.
Dans la littérature, il a été clairement mon-
tré que le formaldéhyde protège les prions
de l’action stérilisante de l’autoclave ou de
l’eau de Javel. L’action du glutaraldéhyde
sur le prion n’a été étudiée, de façon très
succinte, qu’une seule fois. Une réduction
du titre infectieux a été observée. Cepen-
dant, le fait de savoir si le pouvoir infec-
tieux était résistant à l’action ultérieure
d’un traitement efficace, tel que l’eau de
Javel ou l’autoclave, n’a jamais été testé.