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réalisés et si l’acte est à risque, la séquestration du matériel et des dispositifs médicaux est
impérative jusqu’au diagnostic.
Il s’agit de bien peser l’indication opératoire et la nature de l’acte chirurgical, car le
matériel devra être séquestré jusqu’au diagnostic, celui-ci étant fait la plupart du temps en
post mortem. Si le diagnostic est confirmé, le matériel devra être incinéré à haute température.
Il faut donc prendre en compte les conséquences de la séquestration du matériel et éviter une
pénurie de matériel compromettant la délivrance des soins aux malades.
Description du cas clinique
Il s‘agit d’une patiente de 77 ans, hospitalisée en 2005 pour un épisode de démence avec
un état pseudo psychiatrique suite à un choc post-opératoire. Une MCJ est suspectée devant
une IRM montrant des hyper signaux et la présence de Pr 14.3.3. Mais la patiente présente
également une carence en vitamine B1, bien jugulée par le traitement. Devant l’amélioration
de l’état de la patiente, l’hypothèse de la MCJ est écartée.
Deux ans plus tard, elle est admise de nouveau dans le service de neurologie pour le même
épisode. L’IRM est négative mais la Pr14.3.3 est augmentée. La patiente chute dans le service
et se fracture le col du fémur. La question d’une intervention se pose alors mais surtout du
type d’intervention :
• Pose d’une prothèse de hanche qui devrait apporter un bénéfice rapide à la patiente en
lui permettant une reprise précoce de la marche, mais avec séquestration du matériel
ancillaire, étant donné qu’il s’agit d’un sujet suspect.
• Intervention par vissage : technique plus simple, moins coûteuse en terme de matériel
utilisé mais autorisant un retour à la marche plus tardif, ce qui est souvent très
préjudiciable chez les personnes âgées.
Il faut préciser que ce type de chirurgie ne fait pas partie des actes à risque de transmettre
l’agent en cause de la MCJ.
La cellule MCJ s’est réunie pour prendre une décision pour cette patiente. Il a été décidé
d’opérer la patiente avec un vissage pour ne pas devoir séquestrer de matériel.
La question posée dans ce type de situation n’est pas tant celle du rapport
bénéfices/risques (dans le cas présent, il y avait plus de bénéfices à poser une prothèse de
hanche à cette patiente) que celle du rapport coût/efficacité. Il ne s’agit pas ici d’une
limitation des soins mais d’un rationnement des soins.
Doit-on se soumettre, dans nos décisions médicales, au rationnement des soins ? On
rappelle le positionnement du Comité d’éthique lors de sa séance du 05 juillet 07 concernant
les critères d’admission des personnes âgées en institution : « le Comité d’éthique
recommande que la personne et le « prendre soin » soient privilégiés et précise qu’il ne faut
pas prendre en compte que les données économiques pour admettre un patient »
S’il y a un problème éthique posé par ce sujet, il s’agit d’un problème de justice : il y a
peu de matériel disponible et en séquestrant du matériel très coûteux, on risque de priver ou
de différer l’intervention de futurs patients.
Il faut admettre une certaine réalité : on ne peut pas dire : « on payera à tous les
coups » La nécessité de soins qui ne soient pas trop lourds à faire supporter à la communauté
influe sur nos pratiques.