LIBÉRALE ESB Expliquer malgré les zones d’ombre Il se raconte beaucoup de choses sur la vache folle et le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ). Il faut dire que des zones d’ombre ternissent les connaissances acquises. Le rôle des soignants est de rassurer une population très sensible sur les risques alimentaires. L e nvMCJ, nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, se différencie de la MCJ, déjà connue. Celle-ci concerne des personnes âgées de 60 à 70 ans, commence par des signes psychiatriques relativement discrets sur une courte période, la durée de la maladie allant de six semaines à six mois. Le nvMCJ atteint des personnes jeunes, dont l’âge moyen est de 29 ans, bien qu’un cas ait été observé chez une personne âgée. La nouvelle maladie commence par un état dépressif ou un aspect pseudo-schyzoïde. Ces aspects psychiatriques peuvent durer plusieurs mois. La maladie dure en moyenne quatorze mois et se distingue par la présence de plaques florides en quantité importante. Si 85 cas ont été enregistrés en Grande-Bretagne, on en a dénombré 1 en Irlande et 2 en France. Le troisième cas suspecté ne sera confirmé qu’après la mort du sujet atteint, puisque seule l’autopsie révèle aujourd’hui de façon irréfutable la MCJ. Les risques D’après les connaissances actuelles, le risque est essentiellement lié à la viande de bovin. En effet, depuis le XVIIe siècle, la branlante des moutons est connue et n’a présenté aucun risque pour les hommes qui ont mangé des animaux atteints. Les connaissances sur la nvMCJ avancent relativement vite, mais les tests pour détecter le virus chez les bovins sont encore imparfaits. Ils ne peuvent détecter la protéine anormale qu’entre huit et dix mois avant l’apparition des signes cliniques chez le bovin, ce qui rend difficile son dépistage, du moins lors de sa forme asymptomatique. Les mesures actuelles de retrait de la chaîne alimentaire de certaines parties réduisent le risque au strict minimum puisque le muscle, le sang et le lait n’ont jamais recélé, même en laboratoire, le prion coupable. 38 Une bonne cuisson de la viande n’a pas d’action pour inactiver le prion. Les farines animales incriminées dans la transmission du prion ont été interdites dès l’année 1990. Aujourd’hui, ce sont les farines animales destinées à l’alimentation des volailles et du porc qui sont interdites. Parce que des industriels ou des éleveurs peu scrupuleux ou inconscients n’ont pas pris assez de précautions pour que ces farines ne se mélangent pas à l’alimentation des bovins. Incertitudes Même si l’origine alimentaire reste la plus probable, on ne sait pas comment les personnes ont contracté la maladie. En théorie, les maladies à prions se transmettent par injection ou ingestion d’éléments contaminés. Des transmissions interhumaines ont été enregistrées dans des cas de greffes, dont celles de la cornée, et dans des cas liés au matériel chirurgical désinfecté selon les règles en vigueur avant 1995. Depuis cette date, les modes de stérilisation ont changé : stérilisation à 134-136 °C en autoclave pendant au moins 18 minutes, soude 1N pendant une heure à température ambiante ou encore eau de Javel à 50 % au moins pendant une heure à température ambiante. Ces trois procédés sont capables d’inactiver les prions. Chez les patients à risque, deux cycles de stérilisation sont effectués, de même que dans les actes à risque. Le nettoyage des instruments est prépondérant. D’après les experts, si la réponse à une éventuelle épidémie ne peut être constatée avant l’an 2005, il semble que le pic de l’infection soit déjà passé compte tenu des diverses mesures de précaution prises. Enfin, il est impossible de dire quel est le délai d’incubation puisque le plus jeune patient identifié a développé la maladie à l’âge de treize ans. Anne Cormi