hépatique en utilisant des hématies traitées au glutaraldéhyde, dont l’action de réticulation des
protéines de surface de l’érythrocyte réduit la libération de la drogue d’intérêt. Dans l’industrie ses
propriétés sont mises à profit en tannerie.
6. La différence de réactivité entre le formaldéhyde et le glutaraldéhyde est liée à la présence de
deux fonctions aldéhydes réactives dans le glutaraldéhyde. Deux types de réactions peuvent être
observés :
1°) Soit la réaction classique de formation d’imines (dites bases de Schiff). C’est ce type de
réaction que l’on observe avec des aldéhydes simples du type formaldéhyde ou acétaldéhyde. Dans le
cas du glutaraldéhyde qui possède deux fonctions aldéhyde, il se forme une diimine, ce qui va
entraîner la réticulation des protéines.
2°) Soit une réaction de cyclisation entre les 2 fonctions aldéhydes du glutaraldéhyde et le NH2
libre de la lysine entraînant la formation d’une dihydropyridine, très instable qui s’oxyde en présence
d'oxygène en formant un sel de pyridinium stable, et que l’on peut caractériser par spectroscopie UV.
7. Dans la littérature, l’action du glutaraldéhyde sur les prions n’a été étudiée de façon très succincte
qu’une seule fois (14). Une réduction du titre infectieux a été observée. Cependant, le fait de savoir si
le pouvoir infectieux résiduel était résistant à l’action ultérieure d’un traitement efficace, tel que l’eau
de Javel ou l’autoclave, n’a jamais été testé, à notre connaissance.
8. Dans ce contexte, certains experts, estiment que tout traitement (formaldéhyde, glutaraldéhyde et
autres aldéhydes.) qui aurait comme propriété de réticuler les protéines entre elles, et donc d’avoir une
action stabilisante sur la protéine prion et donc de rendre le nettoyage moins efficace, ne doit pas être
utilisé.
9. D’autres experts, estiment que l’on ne peut pas préjuger de l’action du glutaraldéhyde sur les
prions compte tenu des différences de réactivités chimiques sur les protéines entre le formaldéhyde et
le glutaraldéhyde.
10. En dehors du contexte des ESST, les experts dans leur ensemble, reconnaissent que le
glutaraldéhyde induit des réactions d’irritation cutanée et des muqueuses, d’hypersensibilité cutanée et
pulmonaire. Par action directe sur l’ADN il induit directement in vitro des mutations et aberrations
chromosomiques sur des cellules eucaryotes. De ce fait les effets carcinologiques à long terme ne
peuvent pas être écartés, même après rinçage des instruments.
11. En conséquence, nous recommandons que les normes d’exposition à ce toxique soient
rigoureusement appliquées (0.2ppm, qui est le seuil d’irritation), voire diminuées (normes U.S.A =
0.05ppm, norme qui s’appuie sur le seuil génotoxique) et que des procédés de substitution soient
développés en s’appuyant sur d’autres produits de désinfection tel que les oxydants ou les produits
chlorés.
D. Les procédés de substitution
1. Les procédés de substitution du glutaraldéhyde sont nombreux. Cependant, ils n’ont pas été
développés pour répondre au risque prion. L’usage en France a été de sélectionner pour la désinfection
des endoscopes des endoscopes ne pénétrant pas dans les cavités stériles" le glutaraldéhyde à cause de
sa capacité sporicide bien que la circulaire DGS/DH n° 236 du 2 avril 1996 relative aux modalités de
désinfection des endoscopes dans les lieux de soins n’impose pas la nécessité de cette activité.
2. Cet " état de fait " est en cours de réévaluation en raison de la nouvelle nécessité de prise en
compte de l’activité sur les mycobactéries, en particulier aux Etats Unis où cette nouvelle référence est
devenue obligatoire (FDA). Par ailleurs la manipulation du glutaraldéhyde présente des inconvénients
dûs à sa toxicité (irritant pour la peau et les muqueuses, allergisant cutané et respiratoire) nécessitant
des précautions d'emploi pour le personnel (voire 10 ci-dessus).
3. Parmi les propositions alternatives, citons par exemple, les produits contenant des peroxydes, ou
des produits chlorés, comme le dioxyde de chlore. Peut être également citée l’utilisation des appareils
dits gaz plasma, qui peuvent réaliser une désinfection par le peroxyde d’hydrogène, sans rinçage final
et en conservant l’endoscope sous un emballage de protection. Cette application d’un appareil conçu
pour la stérilisation du matériel thermosensible peut être intéressante dans certain cas et est utilisée
déjà en France. Elle possède les inconvénients d’être onéreuse (sous emploi d’un stérilisateur en