Comment réduire les mauvaises utilisations des MSO

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Comment réduire les mauvaises utilisations des MSO
ANAES juin 2004 (résumé)
Rédigées à la demande de la direction géné-
rale de la Santé et diffusées à l’entrée
même de la conférence de consensus, les
“Recommandations pour la pratique cli-
nique, réduire les mauvaises utilisations
des médicaments de substitution des opia-
cés (MSO)” de l’Agence nationale d’ac-
créditation et d’évaluation en san
(ANAES), comportent, en substance :
Lors de la première consultation :
la nécessité de faire un diagnostic de
dépendance aux opiacés (critères du DSM
IV ou de la CIM 10…). Les personnes qui
pondent aux seuls critères d“abu s ”
selon le DSM IV ou d’“usage nocif pour la
santé” selon la CIM 10, ne justifient pas de
prescription d’un MSO ;
– la nécessité de faire préciser l’ensemble
des substances (légales ou illégales) utili-
sées, actuellement ou dans le passé, leur
mode d’administration actuel (voie iv,
inhalation, etc.) et leffet recherc ;
d’évaluer, parmi les substances consom-
mées (alcool benzodiazépines…), les
dépendances possibles ; de prendre en
compte les aspects psycholog i q u e s
(comorbidités psychiatriques), somatiques
et sociaux ;
l’utilisation de dosages urinaires, obl i g a-
toires en cas de primoprescription de tha-
done, ne permet pas de faire le diagnostic de
dépendance aux opias. Ils peuvent aider à
faire le bilan des consommations de la per-
sonne et clarifier le dialogue autour de celles-
ci. Lutilisation de dosages urinaires dans le
cadre de la decine de ville cessite leur
prise en charge par l’assurance maladie.
Au moment du début du traitement :
Il convient de déterminer avec la personne
dépendante le cadre de soins et le MSO
qui lui sont les plus adaptés, en fonction de
ses problèmes psychiatriques, somatiques.
Si la prise en charge initiale paraît pou-
voir être centrée sur le médecin de ville, le
choix se fait vers la buprénorphine haut
dosage ; établir d’emblée un contact avec
le pharmacien ; si la prise en charge initia-
le doit nécessiter un centre spécialisé, elle
doit se faire en CSST ou ES, la bupré-
norphine haut dosage et la méthadone peu-
vent être prescrites.
Des antécédents d’échec d’un traitement
par buprénorphine haut dosage doivent
amener à l’évaluation avec la personne de
ces échecs.
Les modalités de prescription
et de dispensation du MSO :
– en début de traitement, revoir en consul-
tation la personne dépendante plusieurs
fois par semaine afin d’adapter, si besoin,
la posologie prescrite, en recherchant des
manifestations de sous- (pour la buprénor-
phine haut dosage, particulièrement), ou
surdosage (pour la méthadone) ;
– évaluer l’observance du traitement ; faire
le point des attentes, des besoins et des dif-
ficultés rencontrées ;
rechercher l’association avec d’autres
substances psychoactives, y compris les
médicaments psychotropes.
La fréquence des consultations doit :
– tenir compte des modalis de dispensation
prévues avec le pharmacien (quotidienne ou
non, en présence ou non du pharm a c i e n ,
échange régulier d’informations) ;
adapter à l’évolution et aux difficultés
rencontrées par la personne.
L’adaptation des posologies :
– les doses minimales initiales efficaces sont
jugées sur la diminution eff e c t ive des
consommations et la duction du besoin de
c o n s o m m e r, et pas uniquement sur l’absence
de signes de sevrage. Elles peuvent être
atteintes pour la bu p r é n o r phine haut dosage
en 1 à 2 jours et, pour la méthadone, en une
semaine ;
– pourterminer la dose de stabiliau long
cours adaptée à chaque personne, les modifi-
cations de posologie sont à espacer de 10 à 15
jours. Cette période secondaire d’adaptation
peut prendre plusieurs semaines ;
la majorité des personnes traitées par la
méthadone sont stabilisées grâce à une
posologie d’environ 60 à 160 mg par
jour. Quelques personnes nécessitent des
posologies supérieures, parfois très supé-
rieures. Le RCP de la méthadone ne men-
tionne pas de posologie maximale, ce qui
n’est pas le cas pour le RCP de la bupré-
norphine haut dosage ; pour la bu p r é n o r -
phine haut dosage, la majorité des per-
sonnes sont stabilisées grâce à une posolo-
gie de 8 et 16 mg par jour. Cependant,
quelques-unes nécessitent des posolog i e s
supérieures à 16 mg par jour (jusqu’à 32 m g
par jour), c’est-à-dire au-delà de la posolog i e
autorisée par l’AMM. Demander, si besoin,
un avis spécialisé (CSST, ES, addicto-
logue, psychiatre, etc.) ;
l’augmentation doit être initialement
faite dans le cadre d’une dispensation quo-
tidienne et prise sur place, puis secondai-
rement adaptée. Le médecin conseil peut
utilement en être averti pour assurer la
continuité de la prise en charge.
La dispensation du traitement :
– dispositions obl i g atoires pour la méthado-
ne, fortement recommandées pour la bu p r é -
n o rphine haut dosage : l’établissement d’un
contact avec le pharmacien dispensateur, si
p o s s i ble en présence du patient, et la men-
tion de son nom sur l’ordonnance. Le phar-
macien respectera strictement la prescrip-
tion du decin et délivrera le nombre ex a c t
de comprimés de bu p r é n o r phine haut dosa-
ge prescrits, si cessaire après décondition-
nement ; il préviendra le decin prescrip-
teur en cas de constatation de fa l s i f i c a t i o n s
ou de vols d’ordonnances, de rythmes de
dispensation trop ou pas suffisamment rap-
prochés ou de l’existence de multiples pres-
cripteurs ; il enve r ra une copie des ordon-
nances fa l s i f es au centre d’évaluation et
d ’ i n f o rmation sur la pharm a c o d é p e n d a n c e
(CEIP) correspondant.
Le chevauchement d’ordonnances :
Ppossible dans la mesure il est men-
tionné sur l’ordonnance, conformément à
la réglementation en vigueur (article R.
5213 du code de la santé publique).
Le suivi et la réévaluation :
Le médecin prescripteur peut proposer une
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Le Courrier des addictions (6), n° 3, juillet-août-septembre 2004
prise en charge conjointe avec un CSST ou
un ES, ou avec un spécialiste, une équipe
ou un service spécialisé en addictologie ou
en psychiatrie, voire passer le relais, tran-
sitoirement ou définitivement (en cas de
comorbidités, de polyconsommation,
situation sociale précaire, suspicion d’un
mésusage d’emblée…).
La continuité des soins :
La prescription des MSO s’intègre dans un
projet thérapeutique au long cours. À cet
égard, l’existence d’un réseau de soins est
un atout pour la prise en charge :
– lors des relais de prescription, (déména-
gement, départ en vacances du patient ou
du praticien…), il est recommandé au
médecin prescripteur de contacter au préa-
lable le pharmacien et le médecin qui
prendra le relai ;
– en cas de déplacement à l’étranger au sein
de l’espace Schengen, le patient doit être
muni d’une autorisation délivrée par la
DDASS ; et, en dehors, que le médecin pres-
cripteur prenne contact avec l’unité stupé-
fiants et psychotropes de l’Afssaps pour
connaître les modalités qui s’appliquent.
La prescription d’urgence :
– à titre exceptionnel, dans le cas où la pres-
cription d’urgence est cliniquement argu-
mentée (syndrome de sevrage, etc.), elle
peut être faite en dépannage (la prescription
d’urgence n’est pas une primo-prescription).
Elle est limitée à quelques jours (2-3 jours),
avec dispensation quotidienne et prise sur
place. Dans le cas où un patient traité par un
MSO se présente en état de sevrage au ser-
vice d’accueil des urgences hospitalières, il
convient de prévenir l’équipe de liaison en
addictologie si elle existe, et de proposer une
réponse adaptée ;
– au même titre que la prescription d’ur-
gence, la prescription dite de “dépannage”
doit être exceptionnelle et limitée à
quelques jours. F.A.R.
Consulter sur : http://www.anaes.fr.
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