traitement chez des patients répondeurs aux TKI au départ. La situa-
tion est d’autant plus compliquée qu’il existe certainement des inter-
actions avec d’autres voies de signalisation. Ainsi, les mutations
de kRas seraient un facteur de non-réponse aux TKI, à l’inverse
del’hyperexpression d’HER2, mais toutes ces études ont été faites
sur des pièces opératoires et sur un faible nombre de patients. Les
essais portant sur un plus grand nombre de patients apportent des
résultats très contradictoires. La recherche de l’amplification de
l’EGFr (méthode FISH) ou de l’hyperexpression protéique (par
immunohistochimie) pourrait avoir un intérêt pour “prédire” la
réponse aux TKI, contrairement à ce qui était rapporté auparavant
(tableau IV) (9), et les mutations des gènes codant pour l’EGFr
ne sont pas toujours corrélées à la survie. Des études sur des popula-
tions homogènes de patients avec des techniques identiques devraient
pouvoir apporter rapidement les réponses à ces questions.
(13 mois versus 5 mois, p = 0,01). Un essai de phase II a été pré-
senté par Mark Kris et al. (11) portant sur 78 carcinomes
bronchiolo-alvéolaires (dont 20 prétraités par CT) traités par erlo-
tinib (150 mg/j). Vingt-quatre pour cent de réponses objectives
ont été relevées, avec 57 % de survie à un an. Il faut noter que,
dans cette série, 66 % des patients inclus étaient des femmes. Les
inhibiteurs de TKI apparaissent donc comme une option thérapeu-
tique dans ces carcinomes bronchiolo-alvéolaires. Néanmoins, la
variabilité de leur définition suivant les équipes, les résultats des
CT de première ligne et l’absence de différence en termes de sur-
vie entre patients non prétraités et patients prétraités fait qu’il reste
logique de commencer la thérapeutique des carcinomes bronchiolo-
alvéolaires non résécables par une CT, suivie en deuxième ligne
par ces inhibiteurs. L’absence d’amélioration et de rash après 4 à
6semaines doit sûrement être un facteur d’arrêt de ces traitements
quelle que soit la ligne thérapeutique utilisée.
L’avenir des TKI ?
Ces molécules méritent de voir leur développement se poursuivre
afin que nous puissions mieux connaître leur place dans notre
arsenal thérapeutique : maintenance, première ligne dans des
populations ciblées, etc.
CÉTUXIMAB ET CBNPC
Le cétuximab est un anticorps monoclonal dont le site d’action
est au niveau du site extracellulaire du récepteur de l’EGFr. Si les
toxicités sont proches de celles des inhibiteurs des TKI (rash), les
modes d’action sont différents. Rafael Rosell et al. (12) ont pré-
senté les résultats de l’essai randomisé de phase II “Lucas” chez
86 patients, avec une randomisation cisplatine-vinorelbine ± cétuxi-
mab, 400 mg/m2lors de la première injection puis 250 mg/m2en
administration hebdomadaire. Cent un patients sur les 112 “screenés”
présentaient une hyperexpression de l’EGFr (méthode immuno-
histochimique) ; 86 d’entre eux ont été inclus dans cet essai. Les
critères d’inclusion étaient habituels, et les deux groupes sem-
blables pour leurs caractéristiques. Les résultats ne montrent pas
de différence significative entre les deux bras, mais une tendance
en faveur de l’association : répondeurs et maladies stables : 35 cas
sur 49 versus 28 cas sur 40, survie à un an : 32 % versus 26 %,
survie à 2 ans : 14 % versus 0 %. Une phase III est programmée.
LES ANTIANGIOGÈNES
Le bevacizumab (Avastin®) est un anticorps monoclonal à plus de
90 % d’origine humaine, empêchant la fixation du VEGF sur le
récepteur. Le VEGFr est hyperexprimé dans les CBNPC, et cette
hyperexpression est un facteur de mauvais pronostic. L’étude de
phase III rapportée à l’ASCO en 2005 (13)portait sur 878 patients
présentant un CBNPC “non épidermoïde” sans hémoptysie ni
traitement anticoagulant (en effet, un essai de phase II démontrait
un risque important d’hémoptysie en cas de cancer épidermoïde).
L’essai randomisait carboplatine AUC 6 et paclitaxel (225 mg/m2)
tous les 21 jours avec ou sans bevacizumab (15 mg). La réponse
objective était de 27,2 % (bras bevacizumab) versus 10 % (taux de
réponse particulièrement faible dans le bras chimiothérapie seule)
Tableau IV. Corrélations entre mutations EGFr, amplification EGFr par
méthode FISH et IHC. Cohorte de 204 patients (Italie + États-Unis) (9).
Patients Réponse Survie sans Survie
(n) objective (%) progression (mois) médiane (mois)
FISH + 33 (33 %) 36 9 18,7
FISH - 69 (67 %) 3 2,5 7
IHC + 58 (59 %) 21 5,2 11,5
IHC - 40 (41 %) 5 2,3 5
Mut + 15 (17 %) 53 9 20,8
Mut - 74 (83 %) 5 2,6 8,4
Inhibiteurs des TKI et carcinomes bronchiolo-alvéolaires
La définition histologique des carcinomes bronchiolo-alvéolaires
est actuellement très précise et restrictive : elle ne correspond qu’à
des cancers atteignant les alvéoles sans envahir les tissus adjacents,
ou alors de façon minime, et, en tout cas, n’entraînant pas d’exten-
sion à distance (adénomégalie, pleurésie, métastase). Cette défi-
nition “officielle” très restrictive en fait un cancer rarissime.
Néanmoins, de nombreuses équipes, notamment américaines, ont
une définition plus large des carcinomes bronchiolo-alvéolaires,
incluant tous les adénocarcinomes ayant un aspect histologique,
même partiel, de bronchiolo-alvéolaire. Si on le définit ainsi, sa
fréquence est beaucoup plus grande. Au nom du SWOG, Howard
West et al. (10) ont rapporté une étude de phase II portant sur
137 patients ayant un carcinome bronchiolo-alvéolaire ou “appa-
renté” et traités par gefitinib 500 mg/j. Trente-cinq patients avaient
été prétraités par CT, mais 102 ne l’étaient pas. Sur les 91 patients
dont la tumeur était mesurable, 19 % de réponses partielles étaient
notées, dont 6 % de réponses complètes dans le groupe non pré-
traité et 9 % dans le groupe prétraité, le tiers des patients présen-
tant par ailleurs une maladie stable. La survie médiane était de
13 mois dans le groupe prétraité et de 12 dans le groupe non pré-
traité. Les femmes avaient une meilleure survie : 19 mois versus
8mois (p = 0,007), ainsi que les non-fumeurs (médiane non encore
atteinte versus 10 mois ; p = 0,04) et les PS 0 et 1 versus 2 (15 mois
versus 5 mois ; p = 0,006). De même, l’existence d’un rash cutané,
quel que soit son grade, était un facteur de meilleur pronostic
DONNÉES NOUVELLES
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La Lettre du Pneumologue - Volume VIII - no5 - septembre-octobre 2005