Ainsi s’exprimait, dans les colonnes du Matin du 18 octobre
1926, le professeur Gustave Roussy, premier cancérologue à
intervenir dans les médias.
La 34eréunion annuelle de l’American Society of Clinical
Oncology aurait sans doute suscité de sa part un certain
nombre de réactions. Les informations les plus importantes de
ce congrès l’auraient comblé, puisqu’elles portent sur la détec-
tion précoce des cancers de la prostate et la prévention du can-
cer du sein.
Dans une première étude, l’équipe québécoise d’urologie
démontre l’intérêt du PSA dans la détection des cancers de la
prostate avec une mortalité ainsi diminuée de 69 %.
ÉDITORIAL
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La Lettre du Cancérologue - volume VII - n° 3 - juin 1998
“Le cancer fait en Amérique l’objet
d’un congrès international”
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J.F. Morère*
* Hôpital Avicenne, 125, route de Stalingrad, 93000 Bobigny.
“Vous savez qu’à l’heure actuelle, dans tous les pays d’Europe et d’Amérique, on s’efforce d’intensifier la lutte contre le
cancer qui, chaque année, fait plus d’un demi-million de victimes dans le monde. Nul ne saurait donc rester indifférent à
une manifestation comme celle que vient de provoquer l’American Society for the Control of Cancer. Cette importante
société, qui, aux États-Unis, coordonne les efforts de la lutte anticancéreuse, avait prié un certain nombre de spécia-
listes d’Europe et d’Amérique d’assister à une “réunion internationale”...”.
“À la suite des rapports portant sur les différents problèmes du cancer, certaines questions ont plus particulièrement
retenu l’attention des congressistes ; ce sont : 1° l’origine et la nature du cancer ; 2° la valeur des méthodes de traite-
ment actuellement en usage ; 3° l’organisation de la lutte sociale contre le cancer. Commençons, si vous le voulez bien,
par l’origine et la nature du cancer, question qui domine tout le problème actuel. Ne voyons-nous pas, chaque année,
annoncer à grand bruit la découverte de la cause du cancer, découverte qui, bien vite, ne résiste pas au contrôle des
savants et finit par tomber dans l’oubli ? Ce n’est pas qu’il faille se décourager de poursuivre les recherches faites en
vue de mieux connaître le mécanisme intime de la maladie, dont déjà on sait beaucoup de choses, beaucoup plus qu’on
ne le croit généralement. En effet, les résultats des travaux les plus récents confirment de plus en plus cette notion
que le cancer n’est pas dû à un agent vivant, “microbe ou parasite” venu de l’extérieur, comme c’est le cas pour les
maladies infectieuses, ou encore un de ces êtres infiniment petits et invisibles qu’on nomme “ultra-virus”. Le cancer
n’est donc pas une maladie contagieuse, et cette opinion doit être largement répandue dans le public. Il apparaît au
contraire que le cancer est une maladie de ces petits éléments qui composent nos tissus, qu’on nomme “cellules” et
dont la vie intime peut être altérée par des causes multiples. Plusieurs de ces causes nous échappent encore, mais
quelques-unes déjà nous sont connues. Cette “maladie cellulaire”, que l’on peut reproduire à volonté chez certains ani-
maux, ne peut donc pas être considérée comme une maladie héréditaire ; voici encore une notion importante à répandre
dans le public. Telles sont, dans leurs grandes lignes, les idées que j’ai défendues au récent congrès des États-Unis et
que j’ai eu le plaisir de voir adopter par la grande majorité des membres présents. Passons maintenant aux méthodes
actuelles de traitement du cancer. L’avis est unanime à cet égard en Amérique, comme en Europe, pour admettre que
seules deux méthodes de traitement ont fait jusqu’ici leurs preuves : l’exérèse chirurgicale et la destruction de la
tumeur par les rayons X ou le radium. Mais pour que ces méthodes puissent avoir un effet, il faut que le cancer soit
traité le plus tôt possible après son début, avant que la maladie ait envahi l’organisme. À ce stade de début, on ne
saurait trop le répéter, le cancer est parfaitement guérissable. C’est pourquoi nous devons nous efforcer de perfection-
ner les méthodes de diagnostic précoce et de convaincre les malades d’aller consulter leur médecin dès l’apparition des
premiers symptômes de la maladie...”.