La Lettre d’Oriade I Mai 2014
Et quid du diagnostic diérentiel avec d’autres pathologies lors de la première
poussée ?
Les principaux autres diagnostics différentiels d’une poussée inaugurale de MICI
sont les colites infectieuses, médicamenteuses (aux AINS particulièrement),
ischémiques, diverticulaires et systémiques (associées au lupus, à la Polyangéite
Microscopique, au Purpura Rhumatoïde, à la maladie de Wegener, à la maladie de
Behcet). L’aspect endoscopique ne permet pas de différencier une poussée inaugurale
de MICI d’une colite infectieuse, à l’exception de la colite pseudomembraneuse
spécique du Clostridium Difcile, encore que dans les MICI, l’aspect endoscopique
n’est pas typique.
Une situation plus compliquée est celle d’un malade avec une coproculture positive
et qui ne répond pas aux antibiotiques.
L’association poussée inaugurale de MICI colique et colite infectieuse est possible.
Une autre difculté rencontrée pour le diagnostic différentiel est celle des infections à
germes non recherchés dans les coprocultures standards. Ce sera le contexte clinique
qui orientera le diagnostic et induira les recherches microbiologiques et histologiques
spéciques : syndrome hémolytique et urémique pour E. coli entéro hémorragique,
prise récente d’antibiotique pour Klebsiella Oxytoca et Clostridium Difcile, sans
oublier la recherche de tuberculose chez les malades originaires d’Afrique ou d’Asie.
Lorsque les colites sont limitées au rectum et au sigmoïde, il faut les distinguer du
syndrome de l’ulcère solitaire du rectum et des MST. Les MST du rectum peuvent
être asymptomatiques (dans 85 % des cas) ou associées à un syndrome rectal avec
des rectorragies, des émissions glaireuses, des douleurs-pelviennes, de la diarrhée
ou une constipation. Des signes généraux comme de la èvre, des arthralgies, ou
des myalgies peuvent être présents. L’examen clinique recherche des adénopathies
inguinales (Chlamydia, Syphilis), des vésicules cutanées évoquant un herpès ou
un chancre. La biologie dispose à présent de techniques sensibles et spéciques
pour dépister Chlamydia/Gonocoque sur écouvillonnage anal (PCR avec recherche
couplée)
Chez la personne âgée, le diagnostic de poussée inaugurale de MICI est rare mais
possible, et celui de colite ischémique doit être systématiquement évoqué, à fortiori
en cas de colite «suspendue» respectant le rectum.
Un malade atteint de MICI qui a des symptômes n’est pas systématiquement victime
d’une poussée de sa maladie !
Comme tout sujet, il peut être sujet à une infection ou à une complication iatrogène
(colites aux AINS).
Ces diagnostics doivent être évoqués lorsque les symptômes sont inhabituels, qu’il y
a une notion de contage ou que le malade ne répond pas au traitement.
Comme le reste de la population, les patients atteints de MICI sont concernés par les
infections à Clostridium Difcile et ceci même en l’absence d’une antibiothérapie
préalable. L’infection par Clostridium Difcile aggrave le pronostic des MICI.
Indépendamment du
diagnostic initial, qu’en
est- il des diagnostics
diérentiels lors des
poussées, chez un
malade déjà porteur
d’une MICI ?