Des soins à trois volets
P
our les patients atteints de
troubles schizophréniques,
sée conduisant à la perturbation
des sensations, des émotions et
des croyances. La symptomato-
logie positive (hallucinations, ex-
citation, désorganisation) est ca-
ractéristique de la phase aiguë de
la maladie alors que la sympto-
matologie négative (retrait social,
émoussement affectif ou pauvreté
du contact, pensée stéréotypée)
est retrouvée dans la phase chro-
nique. Plusieurs formes ont été
décrites ainsi que différents ta-
bleaux cliniques, rendant assez
floues les frontières entre schizo-
phrénies et organisation névro-
tique. Le pronostic varie d’un
patient à l’autre et, en général,
les troubles schizo-affectifs ont
un meilleur pronostic. Autre
constat : la fluctuation du dia-
gnostic. En effet, des troubles
schizophréniques peuvent évo-
luer vers les troubles dépressifs
bipolaires (présence d’éléments
maniaques tels que l’hyperacti-
vité et l’impulsivité) ou l’inverse.
Étant donné qu’il n’existe pas une
réponse sûre quant à la fixation
définitive du patient dans un
type de psychose, le problème de
diagnostic devrait être exploré et
discuté avec le patient et sa fa-
mille. Chez les adolescents, le
trouble bipolaire peut revêtir des
aspects trompeurs avec prédo-
minance des accès dépressifs et
des symptômes de type psycho-
tique (20 à 40 % ont des halluci-
nations). Selon le consensus
belge, en 1999, le diagnostic de
schizophrénie ne peut être posé
qu’après un temps suffisant pour
éviter le danger de stigmatiser la
personne, et le surtraitement par
des médicaments non anodins.
En revanche, il faut être attentif
et offrir un suivi psychologique à
tout adolescent qui présente des
signes inquiétants.
La prise en charge des patients
schizophrènes repose sur trois
moyens thérapeutiques : le trai-
tement médicamenteux, le sou-
tien psychothérapique et l’ac-
compagnement psychosocial.
Bref, les patients schizophrènes
ont besoin d’être aidé dans la
vie de tous les jours par une
équipe pluridisciplinaire com-
prenant le psychiatre, l’infir-
mière, l’assistante sociale, etc. Le
rôle des soignants est d’aider les
patients schizophrènes à ap-
prendre à gérer leur maladie, de
les convaincre de l’utilité des
traitements et du suivi psycho-
thérapeutique régulier, et de la
nécessité de maintenir leur santé
physique et leurs activités. Il faut
toujours prendre en compte la
grande vulnérabilité au stress
des schizophrènes, leurs déficits
d’attention et leurs difficultés
àélaborer et suivre un plan d’ac-
tion. «Les patients schizophrènes
ont un handicap psychosocial et
réagissent avec une plus grande
émotivité à des contrariétés qui ne
déstabilisent pas la moyenne des
Français. Il est important d’es-
sayer de les aider à résoudre leurs
tracasseries et leurs ruminations
anxieuses. Lorsque l’on arrive à éta-
blir une relation de confiance, ces
patients acceptent un suivi régu-
lier », note le Dr Alain Bottéro
(Paris). Reste le problème de l’in-
suffisance des structures d’ac-
cueil, qui a été récemment mis en
avant par l’UNAFAM (Union na-
tionale des amis et des familles
de malades mentaux).
Des progrès thérapeutiques
Le traitement antipsychotique de
longue durée vise à prévenir les
rechutes. Tous les neuroleptiques
agissent en bloquant la transmis-
sion synaptique des neurones
Dans le domaine des troubles schizophréniques, on a assisté,
au cours de ces dix dernières années, au développement des
alternatives à l’hospitalisation. Les soins s’appuient sur un
trépied comprenant le traitement médicamenteux, le soutien
psychothérapique et le volet social.
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Schizophrénie
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No39 - août-septembre 2002
sont développées des straté-
gies thérapeutiques utilisant les
neuroleptiques classiques à plus
faibles doses ou les nouveaux
neuroleptiques atypiques entraî-
nant moins d’effets extrapyrami-
daux. De plus, il est désormais
admis que les soignants, mais
aussi les patients et leur famille,
ont besoin d’avoir l’accès à des
données récentes sur cette mala-
die, dont la symptomatologie et
le pronostic sont variables.
Préserver une vie citadine
Les personnes atteintes de schi-
zophrénie sont des citoyens qui
ont droit à une vie “citadine”, tel
était l’un des sujets abordés lors
du dernier congrès de l’American
Psychiatric Association en mai
2002. Ainsi, afin de lutter contre
la stigmatisation qui apparaît
comme un obstacle principal à
la qualité de vie et à la réintégra-
tion des patients schizophrènes,
un programme est en cours dans
22 pays.
En France, l’emploi du terme
“schizophrénie” demeure très
abusif et, comme l’a montré une
enquête IPSOS pour l’institut
Lilly, l’image de cette maladie
reste erronée et péjorative auprès
du grand public : 48 % des per-
sonnes interrogées pensait que
les schizophrènes sont des indi-
vidus dangereux pour autrui, le
manque de connaissances étant
corrélé aux idées reçues.
La schizophrénie est considérée
aujourd’hui par l’autorité médi-
cale comme une maladie multi-
factorielle qui se manifeste par
l’organisation altérée de la pen-