Correspondances en Onco-hématologie - Vol. I - n° 1 - octobre-novembre-décembre 2006
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méthodologie
La recherche clinique en onco-hématologie
présente des particularités dues à la gravité
initiale des pathologies contrastant avec
leur possibilité de guérison. Notre objectif tout
au long de cette chronique, en neuf épisodes,
est de rappeler les règles méthodologiques et de
préciser les approches statistiques pour l’analyse
des essais thérapeutiques.
DIFFÉReNTS TyPeS D’eSSAIS ClINIqueS
Quatre phases d’essais cliniques font suite
aux études menées chez l’animal. Elles ont des
objectifs différents, les résultats de chaque
étape devant être validés avant de passer à la
suivante.
Les phases I cherchent à déterminer la dose
maximale tolérée pour un schéma d’adminis-
tration précis et étudient éventuellement la
pharmacocinétique. Les patients présentent une
atteinte disséminée, résistant aux thérapeutiques
usuelles, mais leurs fonctions rénales et hépati-
ques doivent être intactes.
Les phases II évaluent l’efcacité d’un nouveau
traitement et sa toxicité à court terme pour une
dose et un schéma xe. Les patients présentent
des cibles mesurables. Pour des raisons éthiques,
les essais sont proposés à des patients en échec
des traitements de référence. Cette approche per-
met de sélectionner des sous-groupes cliniques
ou biologiques pouvant présenter une meilleure
réponse, notamment lors des thérapeutiques
ciblées.
Les phases III cherchent à conrmer l’efcacité
d’une thérapeutique ayant montré un intérêt en
phase II en la comparant avec le traitement de
référence. Elles conduisent à l’Autorisation de
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mise sur le marché. Deux types de situations sont
possibles. Les essais de différence cherchent à
montrer une efcacité supérieure à celle du trai-
tement standard. Les essais de non-infériorité
recherchent des avantages en termes de toxicité
ou de coût-qualité.
Les phases IV ont pour objectif l’étude des
toxicités tardives. En fait, en onco-hématologie, ce
sont surtout les cohortes de sujets inclus dans les
phases III qui permettent l’étude secondaire des
toxicités. Les registres des groupes coopératifs
ou les cohortes d’ATU (autorisation temporaire
d’utilisation) fournissent aussi des sources inté-
ressantes.
INTÉRêT De lA RANDoMISATIoN
La règle scientique fondamentale repose sur le
fait que les deux groupes comparant l’efcacité
des traitements doivent être identiques “toutes
choses égales, par ailleurs”, sinon le risque est
d’attribuer à tort aux traitements une différence
due aux caractéristiques de la population. La ran-
domisation permet ainsi d’équilibrer les groupes
en éliminant les biais de sélection et limitant ceux
d’évaluation. Elle est habituellement utilisée en
phase III, mais il existe actuellement, à l’heure des
thérapies ciblées, un intérêt particulier à réaliser
des phases II randomisées. Ces dernières ne per-
mettent pas de déterminer un bénéce (phase III),
mais d’estimer l’efcacité de deux traitements sur
une population de patients semblables recrutés
“hic et nunc”. En effet, l’appariement avec une
série contrôle (historique ou institutionnelle)
fournit une sécurité trompeuse, car elle assure
l’identité de seulement quelques caractéristiques
sélectionnées et, de surcroît, ne permet pas de
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Théorie et pratique
des essais thérapeutiques
en onco-hématologie
Épisode 1
Theory and practice of clinical trials
N. Mounier*
* Département d’onco-hématologie,
CHU l’Archet, 06200 Nice.