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Correspondances en Onco-hématologie - Vol. II - n° 2 - avril-mai-juin 2007
Théorie et pratique des essais thérapeutiques en onco-hématologie
Figure. Effet des données manquantes sur la survie globale.
Courbes en pointillé : données incomplètes ; courbes en plein : données complètes. Les
données manquantes (mal actualisées) peuvent faire croire, à tort, à une différence.
OPTImIseR lA quAlITé Des DOnnées
Pour chaque investigateur-coordinateur, en charge
de l’écriture du cahier de recueil des données, la
tentation est fréquente de vouloir collecter un
maximum de données avec des cahiers d’ob-
servation de plus de 100 pages ayant l’ambition
d’être absolument exhaustifs. En fait, plus les
informations sont nombreuses, plus elles courent
le risque d’être altérées ou inexploitables. Par
ailleurs, elles vont être extrêmement coûteuses
en temps et en argent, car il va falloir payer le
technicien d’étude clinique qui aura à “monito-
rer” l’étude en se rendant sur le site pour vérier
les données et clarier les imprécisions. Sur le
plan méthodologique, le cahier d’observation
doit essentiellement permettre de déterminer
l’éligibilité du patient, l’observance du traitement,
et de mesurer les critères de jugement principal et
secondaire. En pratique, les cahiers comportent
trois sections : caractéristiques hématologiques
initiales, traitements et toxicités, évaluation en
n de traitement et au cours du suivi. Le niveau
de monitoring peut être adapté au niveau de
l’étude : toutes les variables pour les phases I et
seulement les principales pour les phases III. Les
cahiers associent, autant que possible, des items
à cocher an de faciliter la saisie en ligne et limi-
ter les possibilités d’interprétation personnelle.
En revanche, un espace de texte en clair est réservé
pour permettre à l’investigateur d’apporter des
précisions. Par ailleurs, la double validation de la
saisie sur logiciel et la validation médicale sont
garantes de la qualité du recueil des données.
PROgRAmmeR les AnAlyses
InTeRméDIAIRes
En onco-hématologie, il arrive que l’investigateur
ait des nouvelles récentes concernant uniquement
un sous-groupe de patients non représentatifs de
la population étudiée. Par exemple, les patients
revus dans les trois derniers mois peuvent être
soit des patients dont la consultation était prévue
par le protocole, soit des patients en rechute ou
présentant une complication. Pour limiter ce biais,
une date de point est déterminée arbitrairement,
au-delà de laquelle on ne tient pas compte des
informations lors de l’analyse.
Les analyses intermédiaires non planifiées
constituent un autre difcile problème. Certes,
des considérations éthiques liées à l’expérimen-
tation sur l’homme nécessitent l’arrêt précoce
de l’essai en cas de différence d’efcacité ou de
toxicité importante. Cependant, plus les données
sont réévaluées, plus elles sont exposées à des
uctuations statistiques pouvant conduire à des
conclusions faussement positives (augmentation
du risque alpha en fonction du nombre d’analy-
ses). Une solution est de planier, lors du calcul
de l’effectif, le nombre d’analyses intermédiai-
res et de déterminer les seuils de signication
permettant de préserver un risque alpha de 5 %
sur l’ensemble de l’essai (par exemple pour deux
analyses intermédiaires, p = 0,02 à chacune).
Bien entendu, une analyse intermédiaire doit être
faite sur des données complètes. On prend, par
exemple, les deux premières années d’inclusion
(pour une étude qui dure quatre ans) et on se
donne six mois pour collecter les données an
de ne pas s’exposer à une conclusion erronée,
comme le montre la gure.
CAs De lA quAlITé De vIe (qDv)
Durant ces dernières années, les essais théra-
peutiques n’ont plus uniquement été centrés
sur le contrôle de la maladie, mais ils ont pro-
gressivement intégré un concept plus large de
la santé. Ce concept est sous-tendu par la dé-