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Actualité Santé
Épilepsie
Comment vivre une grossesse ?
L’épilepsie est définie comme l’expression d’une perturbation électrique des neurones ou d’une partie d’entre eux. Il est important de
faire la distinction entre la crise d’épilepsie et l’épilepsie-maladie.
Celle-ci n’empêche pas une grossesse si le traitement est bien
conduit.
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Infos
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Diagnostic
Le diagnostic repose
sur l’examen
clinique du patient
et sur l’interrogatoire
des témoins.
Pour le confirmer, un
EEG permet, à partir
d’électrodes posées
sur le sommet de la
tête, d’enregistrer
des potentiels
électriques
cérébraux. Cet
examen est
généralement
réalisé entre les
crises. Lorsqu’une
cause lésionnelle est
suspectée, le
médecin prescrit une
IRM cérébrale.
l existe plus de 50 formes différentes d’épilepsie ! Seul un
interrogatoire approfondi combiné à des investigations complémentaires peut conduire au diagnostic du type d’épilepsie. On ne peut
parler de l’épilepsie comme maladie
que lorsque les crises se répètent
spontanément, c’est-à-dire en l’absence de facteur déclenchant identifié. Et pour qualifier une épilepsie, il
faut au moins deux crises sans
cause. Une crise d’épilepsie étant,
elle, un symptôme banal d’agression
cérébrale qui peut survenir à l’état
isolé dans des circonstances très
diverses : traumatisme crânien,
fièvre, infection, prises de toxiques,
etc. Parmi ces crises, on doit distinguer encore deux grands types : les
crises généralisées (60 %) et les
crises partielles ou focales (60 %),
auxquelles il faut ajouter 10 % d’épilepsies indéterminées. À l’intérieur
de ces deux groupes figurent des
subdivisions qui rendent compte
des différentes causes de l’épilepsie.
On distingue ainsi les épilepsies idiopathiques (20 %), les épilepsies
symptomatiques (40 %) et les épilepsies cryptogéniques (40 %).
Quant à l’état de “mal épileptique”
au cours duquel les crises perdurent
plus de 20 minutes, il constitue une
urgence parfois vitale.
Une maladie parfois mortelle
Malgré tous les progrès des traitements qui vont jusqu’à la chirurgie,
la maladie enregistre une mortalité
surélevée en particulier dans les
formes pharmacorésistantes ou mal
contrôlées où les risques sont multipliés par cinq. Cette surmortalité est
liée, au risque de mort subite inattendue (MSIE) survenant chez un
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 65 • août-septembre 2005
jeune adulte en bonne santé, majorée par les accidents sur la voie
publique et par les suicides plus fréquents que dans la moyenne nationale. Un meilleur contrôle de la
maladie épileptique et une prise en
compte du contexte dépressif pourrait réduire de 40 % cette surmortalité.
La femme en âge de procréer
En France, 500 000 personnes sont
concernées aujourd’hui par la maladie épileptique, dont 100 000 femmes en âge de procréer. Chez ces
dernières, outre les risques communs comme la mort subite, les
traumatismes dus aux chutes parfois
sévères et aggravés, il existe des
risques spécifiques. Certains concernent la contraception, car quelques
antiépileptiques peuvent réduire l’efficacité d’une couverture contraceptive par estroprogestatifs, d’où des
risques de malformation congénitales, ou le post-partum avec l’allaitement et le danger de chutes avec le
bébé.
Par ailleurs, chez la femme où il
existe des influences hormonales
complexes, certaines molécules antiépileptiques génèra des effets
secondaires (prise de poids, éruptions cutanées, pilosité excessive,
baisse de la libido, etc.). Même si
ces effets indésirables restent rares,
ils sont à prendre en compte. Tout
d’abord, si le trouble persiste, un
médicament doit être remplacé par
un autre. Ensuite, les interactions
médicamenteuses, avec les estroprogestatifs comme on l’a vu, mais
aussi avec certains antibiotiques et
antiulcéreux sont à surveiller.
Pourtant, il est parfois difficile de distinguer la part due à la maladie elle-
même ou à ses causes et celles provenant des médicaments.
La grossesse
La grossesse est possible pour la
plupart des femmes épileptiques. Si
la majorité des grossesses se
déroule sans complication, il existe
des risques nécessitant la mise en
place de mesures préventives. Une
surveillance particulière doit être réalisée au cours de la grossesse du fait
d’une augmentation de la fréquence
des crises en début, en fin de grossesse et pendant le post-partum
immédiat.
En bref : que ce soit pour un désir
de contraception, ou de grossesse,
le traitement antiépileptique doit
entrer en compte dans le suivi de la
femme en âge de procréer. Un traitement adapté est nécessaire en
choisissant les molécules en adéquation avec les problématiques
potentielles de la patiente. Chez les
femmes en âge de procréer, le choix
doit se porter, quand cela est possible compte tenu du type d’épilepsie, vers des molécules antiépileptiques de nouvelle génération qui
n’ont pas ou peu d’effets inducteurs.
Le traitement doit être adapté avant
la conception avec une monothérapie quand c’est possible, une surveillance clinique conjointe avec le
gynécologue et le neurologue, et
avec une bonne observance par la
patiente. Après l’accouchement, un
bon contrôle des crises par un suivi
médical régulier et une éventuelle
aide à domicile préviendront le
risque d’accidents. Il existe, par
ailleurs, des registres prospectifs de
grossesse qui permettent de mieux
identifier les risques des médicaments disponibles pour en évaluer
le bénéfice/risque.
ALP
– Ligue française contre l’épilepsie (LFCE) :
www.Ifce-epilepsies.org
– Medec 2005 : d’après l’intervention du
Dr A. Arzimanoglou, Hôpital Robert-Debré,
Paris.
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