I
l existe plus de 50 formes diffé-
rentes d’épilepsie ! Seul un
interrogatoire approfondi com-
biné à des investigations complé-
mentaires peut conduire au diagnos-
tic du type d’épilepsie. On ne peut
parler de l’épilepsie comme maladie
que lorsque les crises se répètent
spontanément, c’est-à-dire en l’ab-
sence de facteur déclenchant identi-
fié. Et pour qualifier une épilepsie, il
faut au moins deux crises sans
cause. Une crise d’épilepsie étant,
elle, un symptôme banal d’agression
cérébrale qui peut survenir à l’état
isolé dans des circonstances très
diverses : traumatisme crânien,
fièvre, infection, prises de toxiques,
etc. Parmi ces crises, on doit distin-
guer encore deux grands types : les
crises généralisées (60 %) et les
crises partielles ou focales (60 %),
auxquelles il faut ajouter 10 % d’épi-
lepsies indéterminées. À l’intérieur
de ces deux groupes figurent des
subdivisions qui rendent compte
des différentes causes de l’épilepsie.
On distingue ainsi les épilepsies idio-
pathiques (20 %), les épilepsies
symptomatiques (40 %) et les épi-
lepsies cryptogéniques (40 %).
Quant à l’état de “mal épileptique”
au cours duquel les crises perdurent
plus de 20 minutes, il constitue une
urgence parfois vitale.
Une maladie parfois mortelle
Malgré tous les progrès des traite-
ments qui vont jusqu’à la chirurgie,
la maladie enregistre une mortalité
surélevée en particulier dans les
formes pharmacorésistantes ou mal
contrôlées où les risques sont multi-
pliés par cinq. Cette surmortalité est
liée, au risque de mort subite inat-
tendue (MSIE) survenant chez un
jeune adulte en bonne santé, majo-
rée par les accidents sur la voie
publique et par les suicides plus fré-
quents que dans la moyenne natio-
nale. Un meilleur contrôle de la
maladie épileptique et une prise en
compte du contexte dépressif pour-
rait réduire de 40 % cette surmorta-
lité.
La femme en âge de procréer
En France, 500 000 personnes sont
concernées aujourd’hui par la mala-
die épileptique, dont 100 000 fem-
mes en âge de procréer. Chez ces
dernières, outre les risques com-
muns comme la mort subite, les
traumatismes dus aux chutes parfois
sévères et aggravés, il existe des
risques spécifiques. Certains concer-
nent la contraception, car quelques
antiépileptiques peuvent réduire l’ef-
ficacité d’une couverture contracep-
tive par estroprogestatifs, d’où des
risques de malformation congéni-
tales, ou le post-partum avec l’allaite-
ment et le danger de chutes avec le
bébé.
Par ailleurs, chez la femme où il
existe des influences hormonales
complexes, certaines molécules anti-
épileptiques génèra des effets
secondaires (prise de poids, érup-
tions cutanées, pilosité excessive,
baisse de la libido, etc.). Même si
ces effets indésirables restent rares,
ils sont à prendre en compte. Tout
d’abord, si le trouble persiste, un
médicament doit être remplacé par
un autre. Ensuite, les interactions
médicamenteuses, avec les estro-
progestatifs comme on l’a vu, mais
aussi avec certains antibiotiques et
antiulcéreux sont à surveiller.
Pourtant, il est parfois difficile de dis-
tinguer la part due à la maladie elle-
L’épilepsie est définie comme l’expression d’une perturbation élec-
trique des neurones ou d’une partie d’entre eux. Il est important de
faire la distinction entre la crise d’épilepsie et l’épilepsie-maladie.
Celle-ci nempêche pas une grossesse si le traitement est bien
conduit.
Épilepsie
Comment vivre une grossesse ?
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 65 • août-septembre 2005
même ou à ses causes et celles pro-
venant des médicaments.
La grossesse
La grossesse est possible pour la
plupart des femmes épileptiques. Si
la majorité des grossesses se
déroule sans complication, il existe
des risques nécessitant la mise en
place de mesures préventives. Une
surveillance particulière doit être réa-
lisée au cours de la grossesse du fait
d’une augmentation de la fréquence
des crises en début, en fin de gros-
sesse et pendant le post-partum
immédiat.
En bref : que ce soit pour un désir
de contraception, ou de grossesse,
le traitement antiépileptique doit
entrer en compte dans le suivi de la
femme en âge de procréer. Un trai-
tement adapté est nécessaire en
choisissant les molécules en adé-
quation avec les problématiques
potentielles de la patiente. Chez les
femmes en âge de procréer, le choix
doit se porter, quand cela est pos-
sible compte tenu du type d’épilep-
sie, vers des molécules antiépilep-
tiques de nouvelle génération qui
n’ont pas ou peu d’effets inducteurs.
Le traitement doit être adapté avant
la conception avec une monothéra-
pie quand c’est possible, une sur-
veillance clinique conjointe avec le
gynécologue et le neurologue, et
avec une bonne observance par la
patiente. Après l’accouchement, un
bon contrôle des crises par un suivi
médical régulier et une éventuelle
aide à domicile préviendront le
risque d’accidents. Il existe, par
ailleurs, des registres prospectifs de
grossesse qui permettent de mieux
identifier les risques des médica-
ments disponibles pour en évaluer
le bénéfice/risque.
ALP
Ligue française contre l’épilepsie (LFCE) :
www.Ifce-epilepsies.org
Medec 2005 : d’après l’intervention du
Dr A. Arzimanoglou, Hôpital Robert-Debré,
Paris.
Infos ...
Diagnostic
Le diagnostic repose
sur l’examen
clinique du patient
et sur l’interrogatoire
des témoins.
Pour le confirmer, un
EEG permet, à partir
d’électrodes posées
sur le sommet de la
tête, d’enregistrer
des potentiels
électriques
cérébraux. Cet
examen est
généralement
réalisé entre les
crises. Lorsqu’une
cause lésionnelle est
suspectée, le
médecin prescrit une
IRM cérébrale.
Actualité Santé
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