Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Supplément au vol. XVI - n° 7 - septembre 2012
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Stérols végétaux
et risque cardiovasculaire
Revue systématique et méta-analyse
des études épidémiologiques
D’après la communication du Dr B. Genser,
Heidelberg, Allemagne.
Une revue systématique et une méta-analyse des études
épidémiologiques évaluant l’impact des concentra-
tions plasmatiques de sitostérol et de campestérol sur
le risque cardiovasculaire ont été présentées (1). Une
recherche systématique a été réalisée dans les bases
de données Medline (de 1950 à avril 2010), Embase
(de 1996 à avril 2010) et Cochrane : 17 études ont été
retenues pour un total de 11 182 participants. Deux
méta-analyses ont été effectuées selon un principe
conceptuel :
une analyse du ratio de risque (RR) de maladie car-
diovasculaire portant sur 8 études, en respectant les
quartiles de distribution des concentrations en stérols
plasmatiques ;
une analyse portant sur 15 études et concernant les
différences moyennes standardisées (SMD) entre les cas
de maladie cardiovasculaire et les contrôles. Les résul-
tats (tableau II) ne montrent pas de relation évidente
entre les concentrations plasmatiques de sitostérol et
de campestérol (concentrations absolues ou ratios par
rapport au cholestérol total – CT) et le risque accru de
survenue de maladies cardiovasculaires.
Résultats d’Homburg
D’après la communication
du Dr O. Weingärtner, Homburg,
Allemagne.
La sitostérolémie est une maladie autosomale récessive
caractérisée par une mutation des transporteurs ABCG5/
ABCG8 responsable d’une augmentation de l’absorption
et d’une diminution de l’excrétion des stérols végétaux,
avec des concentrations plasmatiques multipliées par
20 environ (2, 3). Cette maladie a pour conséquences
l’apparition de xanthomes et d’une athérosclérose pré-
coce et sévère avec sténoses serrées de l’aorte et décès
précoce d’origine cardiovasculaire. Une étude épidémio-
logique récente, réalisée selon le principe des genome
wide association studies chez 13 764 patients coronariens
versus 13 860 sujets contrôle, a mis en évidence une
association entre des concentrations plasmatiques
élevées de campestérol (sujets porteurs de mutation
du transporteur ABCG8) et la survenue d’événements
cardiovasculaires (4). Les sujets consommateurs régu-
liers de phytostérols présentent une augmentation
des concentrations de phytostérols plasmatiques et
au niveau des valves cardiaques (5). Dans une étude
réalisée chez 82 patients porteurs d’une sténose ser-
rée de l’aorte, une association significative (r = 0,524 ;
p < 0,0005) a été retrouvée entre des concentrations de
stérols dans les valves aortiques et des concentrations
plasmatiques élevées en campestérol chez 10 patients
consommateurs réguliers de margarine enrichie en
PS (5). Enfin, l’étude PROCAM a montré, dans l’analyse
d’un sous-groupe de 159 hommes coronariens versus
318 hommes témoins, une augmentation du risque
d’événement coronaire à 10 ans chez des patients pré-
sentant des concentrations plasmatiques élevées en
sitostérol (> 0,21 mg/dl) [figure 9, p. 12] : le RR est de
1,8 (p = 0,014) pour les sujets dans le quartile supérieur
de sitostérolémie versus les 3 autres quartiles. Chez les
sujets avec un risque cardiovasculaire supérieur à 20 %
à 10 ans, les taux élevés de sitostérol sont associés à un
surrisque (RR = 3 ; p = 0,032) [6].
Pour le Dr Weingärtner, la prudence doit rester de mise
avec les stérols végétaux : il en veut pour preuve la posi-
Tableau II. Résultats de la méta-analyse (d’après [1]).
Exposition Nombre
d’études
RR IC95 p Nombre
d’études
SMD IC95 p
Campestérol
Concentrations
Ratio/CT
2
6
1,02
1,19
0,94-1,09
0,94-1,50
0,675
0,150
7
15
0,09
0,02
– 0,10-0,28
– 0,10-0,14
0,368
0,770
Sitostérol
Concentrations
Ratio/CT
3
8
1,06
0,94
0,84-1,34
0,68-1,31
0,644
0,730
6
14
0,09
0,01
– 0,12-0,29
– 0,09-0,12
0,400
0,837
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tion du NHS (National Institute for Health and Clinical
Excellence) au Royaume-Uni, qui, à la différence des
Recommandations américaines et européennes, ne les
préconise pas en prévention primaire chez les patients
dyslipidémiques et demande des études complémen-
taires sur une durée d’au moins 2 ans et avec des critères
de jugement clinique appropriés.
Figure 9. Étude PROCAM – risque d’événement coronaire à 10 ans en fonction de la sitostérolémie
plasmatique (d’après [6]).
5,0
10,0
0,0 < 10 10-20 > 20
Sitostérolémie bassse
(< 0,21 mg/dl) Sitostérolémie élevée
(> 0,21 mg/dl)
* p = 0,032
1,0 1,4
2,9 4,2
5,8
17,2
*
Hazard-ratios
15,0
20,0
1. Genser B et al. Eur Heart J 2012;33(1):444-51.
2. Bhattacharyya AK et al. J Clin Invest 1974;53(4):1033-43.
3. Stalenhoef AF. N Engl J Med 2003;349(1):51.
4. Teupser D et al. Circ Cardiovasc Genet 2010;3(4):331-9.
5.
Weingärtner O et al. J Am Coll Cardiol 2008; 51(16):1553-61.
6. Assmann G et al. Nutr Metab Cardiovasc Dis 2006;16(1):13-21.
Références
Les stérols végétaux sont-ils
à recommander dans la prise en charge
du patient hypercholestérolémique ?
Figure 10. Les stratégies de prévention – stratégie populationnelle et stratégie des sujets à
haut risque.
Stratégie populationnelle
(après avant )
Ferrières J. Comment faire de la prévention. Dans Médecins de Santé Publique 2006. Editions ENSP
Limite des
“valeurs normales”
Stratégie des sujets à “haut risque
(après : quasi-élimination de la zone orange)
APRÈS
APRÈS AVANT
Distribution de la variable dans la population
Facteur de risque
Le pour
D’après la communication du Pr J. Ferrières,
CHU Rangueil, Toulouse.
Les stratégies de prévention comportent à la fois une
approche populationnelle et une approche ciblant les
sujets à “haut risque (figure 10).
L’approche populationnelle pure montre qu’une dimi-
nution de 10 % du cholestérol total se traduit par une
diminution de 19,7 % de la mortalité coronaire à 10 ans
(1). Léquipe de Toulouse a montré que 76 % des cas de
maladie coronaire aiguë en population générale fran-
çaise peuvent être expliqués par les facteurs de risque
principaux (tabagisme, hypertension artérielle, diabète,
dyslipidémies) et que 16 % des cas pourraient être évités
si l’on ramenait le LDL-c en dessous de 1,6 g/l (figure 11).
Dans un échantillon représentatif de la population
générale française, après avoir éliminé les patients
traités pour maladie cardiovasculaire ou par hypoli-
pémiants, il reste 30 % de sujets adultes présentant
une hypercholestérolémie (2). Sur la période 1996-
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