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PHARMACOLOGIE
34 | La Lettre de l’Infectiologue Tome XXVIII - n° 1 - janvier-février 2013
Commentaire
L’intérêt de cette étude est de montrer que la
mesure des concentrations d’un médicament dans
les cheveux est un indicateur d’exposition pour
une période donnée. Le polymorphisme génétique
du CYP2B6 est un facteur de variabilité important
des concentrations plasmatiques d’efavirenz, et
cet effet est retrouvé dans l’analyse de la concen-
tration dans les cheveux, dont le prélèvement est
peu contraignant pour les patients et peut être
réalisé à n’importe quel moment par rapport à la
prise (diapositive 4).
Référence bibliographique
Gandhi M, Greenblatt RM, Bacchetti P et al.; Women’s
Interagency HIV Study. A single-nucleotide polymorphism
in CYP2B6 leads to >3-fold increases in efavirenz concen-
trations in plasma and hair among HIV-infected women.
J Infect Dis 2012;206:1453-61.
Un polymorphisme génétique
du CYP2B6 augmente
de plus de 3 fois les concentrations
d’efavirenz dans le plasma
et les cheveux
Contexte
L’efavirenz (EFV) est un antirétroviral (ARV) de la classe des inhibi-
teurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse du VIH-. Du fait de son activité virologique
et clinique démontrée et de sa disponibilité en combinaison à dose fixe, associé au ténofovir
et à l’emtricitabine en 1 prise par jour, et de la faible interaction avec les médicaments
antituberculeux, en particulier la rifampicine, l’EFV est en passe de devenir un des ARV de
première ligne les plus utilisés dans le monde, aussi bien dans les pays du Nord que dans
ceux du Sud. Sur le plan pharmacocinétique, l’EFV a également des atouts. Sa demi-vie est
longue (> 24 h) ; malgré une variabilité interindividuelle importante, son absorption semble
bonne et sa biodisponibilité absolue est supérieure à 70 %. Cependant, l’EFV n’est pas dénué
d’effets indésirables, en particulier de type neurologique, qui surviennent surtout en début
de traitementchez certains patients paraissant particulièrement susceptibles. De plus, l’EFV
a, sur le plan virologique, une faible barrière génétique. Il est métabolisé principalement par
un cytochrome (CYP), le CYP2B6. Un certain nombre de polymorphismes ont été identifiés,
qui expliquent la variabilité des concentrations et des effets indésirables.
Méthode
Gandhi et al., de l’université de Californie à San Francisco, ont étudié les facteurs, ycompris
génétiques, qui pouvaient expliquer la variabilité des concentrations de l’EFV chez 111femmes,
majoritairement afro-américaines, incluses dans la cohorte nord-américaine WIHS (Women’s
Interagency HIV Study). L’exposition à l’EFV à court terme a été quantifiée par la mesure des
concentrations plasmatiques dans l’intervalle de temps entre 2doses et à long terme en
mesurant la quantité d’EFV retrouvée dans un échantillon de cheveux dont la coupe a été
standardisée près du scalp (diapositive 1).
Résultats
Les facteurs de variabilité identifiés dans les analyses multivariées expliquent 53 % et 34 %
de la variabilité interindividuelle des concentrations de l’EFV respectivement dans le plasma
(ASC) et dans les cheveux (diapositive 2). Ces facteurs sont les polymorphismes génétiques
du CYP2B6, G516T et T983C, qui entraînent une augmentation respectivement d’un facteur
3,5 et 2,0 des concentrations plasmatiques. L’augmentation des concentrations dans les
cheveux est très voisine(3,2 et 1,7 respectivement pour les 2 polymorphismes) [diaposi-
tive3]. D’autres facteurs sont identifiés pour expliquer l’augmentation des concentrations
plasmatiques, mais dont l’effet est moins important : un polymorphisme génétique sur ABCB1
(qui code la glycoprotéineP) qui augmente les concentrations de 60 %, la consommation
de jus d’orange, etl’augmentation des ALT qui augmentent les concentrations de 25 %.
L’adhésion au traitement n’est pas un facteur qui ressort significativement dans l’analyse
de la variabilité des concentrations dans les cheveux, probablement parce que 79 % des
patientes ont un score d’observance évalué par une échelle visuelle analogique supérieur à
95 % sur les 6mois précédant l’étude. II
Anne-Marie Taburet
(Service de pharmacie,
hôpital Bicêtre,
Le Kremlin-Bicêtre).
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La Lettre de l’Infectiologue Tome XXVIII - n° 1 - janvier-février 2013 | 35
À retrouver sur le site www.edimark.fr
Un polymorphisme génétique
du CYP2B6 augmente de plus de 3 fois
les concentrations d’efavirenz
dans le plasma et les cheveux
Diapositive 1.
Diapositive 3.
Diapositive 2.
Diapositive 4.
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