Leçon 241 : Suites et séries de fonctions - exemples, contre

Leçon 241 : Suites et séries de fonctions - exemples,
contre-exemples.
Mélinand Benjamin, Pierre Olivier
Dans tout ce qui suit, on considérera pour simplifier des fonctions à valeurs dans K=Rou C.
1 Modes de convergence, propriétés
1.1 Suites de fonctions
Définition 1. Soient fn, f :XK.
On dit que la suite (fn)n0converge simplement vers fsi pour tout xX, la suite (fn(x))n0
converge.
La suite (fn)n0converge uniformément vers fsi :
ε > 0,NN,nN, xX, |fn(x)f(x)| ≤ ε.
Remarque 1. La convergence uniforme implique la convergence simple. La réciproque est
fausse : considérer la suite de fonctions fn(x) = x
x+npour tout nN, et xR+.
Proposition 1. La convergence uniforme d’une suite (fn)est équivalente au critère de Cauchy
uniforme :
ε > 0,NN,m, n N, xX, |fn(x)fm(x)|< ε.
1.2 Continuité, dérivabilité
Ici, Xsera un espace métrique.
Théorème 1. Soit fn:XKune suite de fonctions continues en aX, et qui converge
uniformément vers f. Alors fest continue en a, et de plus :
lim
xalim
n+fn(x) = lim
n+lim
xafn(x).
Remarque 2. Il suffit que (fn)converge uniformément au voisinage de a.
Contre-exemple : Soit fn(x) = xnpour x[0,1] et nN. Alors limn+fn(x) = 0 pour
tout 0x < 1, mais limn+fn(1) = 1. On ne peut donc avoir convergence uniforme.
Théorème 2. (Dini) Soient Xun compact de R,(fnune suite de fonctions continues convergent
simplement vers fcontinue. On suppose en outre que pour tout n,fnfn+1.
Alors (fn)converge uniformément vers fsur X.
Exemple : fn(x) = 1 + x
nn
n+exsur [0,1].
Théorème 3. Soit Iun intervalle de R, et fn:IK. On suppose que les fnsont dérivables
sur I, avec (f0
n)convergent uniformément vers une fonction g, et qu’il existe aItel que (fn(a))
converge.
Alors la suite (fn)converge uniformément vers une fonction dérivable f, avec de plus f0=g.
Contre-exemple : fn(x) = sin(n2x)
n2.
1
1.3 Séries de fonctions
Définition 2. On dit que Pfnconverge simplement vers fsur Xsi la suite des sommes
partielles (P0knfk)converge simplement.
Définition 3. On dit que Pfnconverge uniformément vers fsur Xsi Pfnconverge simple-
ment, et si la suite des restes (Pknfk)converge uniformément vers 0.
Définition 4. On dit que Pfnconverge normalement vers fsur Xsi la série Pkfnkconverge.
Remarque 3. La convergence normale implique la convergence uniforme. La réciproque est
fausse : considérer X
n1
(1)n
nxnsur [0,1].
Remarque 4. Il est important de noter qu’en considérant la suite des sommes partielles, on
obtient les mêmes théorèmes de continuité et de dérivabilité sous la signe somme.
Contre-exemples :
La série Pn1
sin(nx)
nconverge uniformément sur tout compact de ]0,2π[, mais n’est pas
continue en 0.
x7→ Pn0
d(4nx,Z)
4ndéfinit une fonction continue sur Rmais nulle part dérivable.
2 Intégrabilité de suites et de séries de fonctions
Dans cette section, (X, A, µ)est un espace mesuré.
2.1 Convergences dans un espace mesuré
Définition 5. On dit que (fn)converge µ-presque partout vers fsur X, s’il existe NX
négligeable (i.e. inclus dans un ensemble de mesure nulle), tel que (fn)converge simplement vers
fsur X\N.
Définition 6. On dit que (fn)converge vers fdans Lp(µ)(où 1p+), si f, fnLp(µ),
et si limn+kfnfkLp= 0.
Remarque 5. La convergence Lpn’implique pas la convergence µ-presque partout. Considérer
la suite de fonctions (fn)n1définies par :
fn(x) = 1[k
2N,k+1
2N](x),avec 2Nn+ 1 <2N+1,et k=n2N+ 1.
2.2 Théorèmes principaux
Théorème 4. (Beppo Levi)
Soit (fn)une suite croissante de fonctions de L1(µ), telle que sup
n0ZX
fndµ < . Alors (fn)
converge µ-presque partout vers une fonction fL1(µ), et de plus limn+kffnkL1= 0.
Théorème 5. (Fatou)
Soit (fn)une suite de fonctions positives de L1(µ), telle que sup
n0ZX
fndµ < . Alors :
ZX
lim inf
nfnlim inf
nZX
fn.
Contre-exemple : On peut avoir inégalité stricte : considérer fn=n1[0,1
n].
Remarque 6. La convergence µ-presque partout n’implique pas la convergence Lp(pour p <
).
Théorème 6. (Convergence dominée)
Soit (fn)nune suite de fonctions de L1(µ), convergent µ-presque partout vers f. S’il existe
gL1(µ)telle que pour tout nN,|fn(x)| ≤ g(x)pour µ-presque tout x, alors
lim
n+kffnkL1= 0.
2
Exemple : On peut montrer les égalités suivantes :
Z+
0
exln(x)dx = lim
n+Zn
01x
nn
ln(x)dx =γ.
Bien que la convergence Lpn’implique pas la convergence µ-presque partout (p < ), on
peut cependant s’y ramener, comme le montre le théorème ci-après.
Théorème 7. Soient 1p < +, et (fn)nune suite de fonctions de Lp(µ), qui converge vers
fen norme Lp. Alors il existe une sous-suite (fnk)kconvergent µ-presque partout vers f.
De même, sous certaines hypothèses, la convergence µ-presque partout peut entraîner la
convergence Lp.
Théorème 8. (Brezis-Lieb)
Soit (fn)nune suite de fonctions de Lp(µ)(pour 1p < +) bornée dans Lp(i.e.
supnkfnkp<+). Si (fn)nconverge µ-presque partout vers f, alors fLp(µ), et on a :
lim
n+kfnkp
p− kfnfkp
p=kfkp
p.
Nous en déduisons le corollaire suivant.
Corollaire 1. Soit (fn)nune suite de Lp(µ)qui converge µ-presque partout vers f, avec
kfnkp
n+kfkp
p. Alors (fn)nconverge vers fen norme Lp.
Nous disposons donc d’une condition nécessaire et suffisante pour que la convergence µ-
presque partout entraîne la convergence Lp.
2.3 Interversion somme et intégrale
Théorème 9. (Fubini)
Soit (fn)nune suite de fonctions de L1(µ), telle que la série Pkfnk1converge. Si fdésigne
la somme de la série Pfn, on a alors fL1(µ)et X
n0ZX
fn=ZXX
n0
fn.
Théorème 10. On considère ici fn: [a, b]K, continue sur [a, b](pour tout nN). Si (fn)n
converge uniformément vers fsur [a, b], alors :
Zb
a
f(x)dx = lim
n+Zb
a
fn(x)dx.
Contre-exemple : Ce résultat est faux si l’intervalle considéré n’est plus compact. Considérer
une suite de fonctions "triangles" s’aplatissant de plus en plus sur Ret donc l’aire est constante
égale à 1 :
fn(x) =
x
n2+1
nsi x[n, 0],
x
n2+1
nsi x[0, n],
0sinon.
3 Séries entières, fonctions holomorphes.
3.1 Séries entières
Dans ce paragraphe, (an)n0désignera une suite de nombres complexes, et un ouvert de
C.
Théorème 11. (Lemme d’Abel)
S’il existe z0Ctel que la suite (anzn
0)nsoit bornée, alors la série Pn0anznconverge
normalement sur tout disque fermé D(0, r), où 0< r < |z0|.
Définition 7. Une fonction f: Ω Cest dite développable en série entière (DSE) au voisinage
Vad’un point ade s’il existe une suite de nombres complexes (an)telle que :
zVa, f(z) = X
n0
an(za)n.
3
Exemple : exp(z) := Pn0
zn
n!définit une fonction entière sur C.
Proposition 2. Si fest DSE en a, alors fest de classe Csur Vaet an=f(n)(a)
n!.
Contre-exemple : f(x)=e1
x1R
+(x)est Csur Rmais non DSE en 0.
Théorème 12. (Théorème taubérien de Hardy-Littlewood : premier développement)
Soit (an)n0une suite de réels telle que an=O1
nen +. Si la fonction F(x) := Pn0anxn
est bien définie pour x[0,1[, et vérifie limx1F(x) = s, alors la série Pn0anconverge et
vaut s.
3.2 Fonctions holomorphes
Définition 8. Une fonction f: Ω Cest dite holomorphe si elle est C-dérivable.
Proposition 3. (Formule de Cauchy)
Soient a, et r > 0tel que D(a, r). Alors fholomorphe sur satisfait la formule de
Cauchy :
zD(a, r), f(z) = ZC(a,r)
f(ω)
zω.
Corollaire 2. Si fest holomorphe sur , alors fest DSE en chacun de ses points.
Théorème 13. Soient fn, f : Ω C, avec les fnholomorphes sur . Si (fn)nconverge unifor-
mément sur tout compact de vers f, alors fest holomorphe sur , et pour tout kN, la suite
(f(k)
n)nconverge uniformément vers f(k)sur tout compact.
Exemple : La fonction ζ(s) = Pn01
nsest holomorphe sur {sC,<(s)>1}.
4 Séries de Fourier
On se placera sur le tore T=R2πZ.
4.1 Définitions
Définition 9. On dit que fL1(T)si 1
2πZπ
π|f(t)|dt < +.
On notera en:t7→ eint pour nZ.
Les coefficients de Fourier de fL1(T)sont définis par ˆ
f(n) = 1
2πZπ
π
f(t)eintdt.
Proposition 4. (Lemme de Riemann-Lebesgue)
Si fL1(T), alors limn+ˆ
f(n)=0.
4.2 Théorèmes principaux
Définition 10. On définit les sommes partielles de Fourier associées à fpar Sn(f) =
n
X
k=n
ˆ
f(k)ek.
Les sommes partielles de Fejér associées à fsont σn(f) = 1
n+ 1
n
X
k=0
Sk(f).
Théorème 14. (Théorème de Dirichlet)
Soit f∈ C1
m(T)(i.e. de classe C1par morceaux). Alors (Sn(f)) converge simplement vers
˜
f:t7→ 1
2(f(t+) + f(t)).
4
Exemple : Calcul de la série Pn01
n2à l’aide de f(t) = 1t2
π2.
Théorème 15. (Fejér)
Si f∈ C(T), alors (σn(f))nconverge uniformément vers f.
Corollaire 3. Les polynômes trigonométriques sont denses dans C(T).
Proposition 5. L’application F:L1(T)CZqui à fassocie la suite de ses coefficients de
Fourier (ˆ
f(n))nest injective.
Proposition 6. Soit fL1(T)telle que PnZ|ˆ
f(n)|<. Alors fest égale à la série de
Fourier et est continue.
Application : Formule sommatoire de Poisson (deuxième développement)
Soit f∈ C(R)L1(R)telle qu’il existe M > 0,α > 1, de façon à ce que |f(x)| ≤ 1
(1 + |x|)α
pour tout xR. Supposons que X
nZ|ˆ
f(n)|<, alors :
X
nZ
ˆ
f(n) = X
nZ
f(n).
Exemple : On définit la fonction θ(t) = PnZeπn2tpour t > 0.
Alors θ(t) = 1
tθ1
t.
4.3 Théorie L2
Théorème 16. L’espace L2(T)est hilbertien dont une base hilbertienne est donnée par (en)nZ.
Corollaire 4. Pour tout fL2(T), on a SN(f)L2
n+f.
Exemple : La fonction Pn0
(1)n
nenn’est pas dans L2(T)car ses coefficients de Fourier ne
sont pas de carré sommables.
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