Dossier thématique
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La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 8 - septembre-octobre 2007
Ce mode évolutif rend compte du fait que la présentation
clinique est dominée par les manifestations d’obstruction de
type extrahépatique : ictère rétentionnel suivant une phase
plus ou moins longue de cholestase parfois responsable d’une
dénutrition sévère, prurit, risque accru de surinfection à type
d’angiocholite. Il est donc le plus souvent nécessaire de réaliser
un drainage des voies biliaires obstruées, afi n de :
soulager les symptômes invalidants (prurit, ictère) ;
rétablir les fonctions digestives et améliorer l’état général ;
prévenir ou traiter les complications infectieuses.
Le drainage, dont l’objectif est palliatif, peut être un traitement
exclusif ou bien participer d’une stratégie plus complexe telle
que la préparation à une chirurgie à visée curative jugée non
réalisable d’emblée, ou la combinaison à un traitement antitu-
moral administré par voie systémique ou locale.
Le drainage peut être réalisé selon trois modalités qui ne sont
pas exclusives les unes des autres : la dérivation chirurgicale,
la radiologie interventionnelle et l’endoscopie intervention-
nelle. Le développement des méthodes instrumentales ayant
rendu caduques les techniques chirurgicales palliatives, ces
dernières ne seront pas développées. Le drainage biliaire
par voie endoscopique rétrograde ou par voie percutanée
est donc désormais une composante essentielle de la prise
en charge thérapeutique du cholangiocarcinome, générale-
ment dès son diagnostic ; il doit être considéré comme tel,
et non uniquement comme une technique d’appoint ou de
sauvetage (4).
TECHNIQUES ET OBJECTIFS DU TRAITEMENT
ENDOSCOPIQUE
Principe du drainage endoscopique
L’objectif clinique du drainage endoscopique est d’obtenir la
régression de l’ictère et du prurit éventuellement associé, ainsi
que l’amélioration de l’appétit qui s’ensuit habituellement. La
régression de l’ictère est souvent plus lente en cas d’obstacle
hilaire qu’en cas d’obstacle distal, et le patient doit être informé
de la nécessité d’attendre environ 2 semaines en moyenne pour
observer une quasi-normalisation clinique. Bien que l’on estime
en général que le drainage de 30 % du parenchyme hépatique
fonctionnel suffi se à atteindre cet objectif, il est impératif lorsque
le drainage est partiel que les secteurs non drainés n’aient pas
été contaminés. Lorsque le siège de la tumeur est périhilaire (ou
lorsqu’il s’agit de la propagation au hile d’un carcinome vésicu-
laire), l’infi ltration de secteurs biliaires contigus du foie réalise
un cloisonnement sectoriel que la classifi cation de Bismuth et
Corlette aide à caractériser.
L’endoscopie permet, par un abord rétrograde de la voie biliaire
principale, de drainer l’ensemble des voies biliaires intrahépa-
tiques par une seule prothèse lorsque l’obstacle respecte entiè-
rement la convergence principale (Bismuth I) ; il est possible
de réaliser également un drainage complet par deux prothèses
placées en parallèle lorsque la tumeur atteint le plafond de la
convergence (Bismuth II). En cas d’extension aux convergences
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segmentaires, de façon uni- ou bilatérale (Bismuth III droit ou
gauche et Bismuth IV), les techniques endoscopiques ne permet-
tent qu’exceptionnellement de drainer l’ensemble des secteurs
obstrués, ce qui impliquerait la mise en place d’au moins trois
prothèses. Cependant, un drainage partiel limité aux secteurs
les plus volumineux et fonctionnels peut être bénéfi que, à la
condition de ne pas infecter par des manœuvres instrumentales
des secteurs qui resteront exclus en fi n de procédure. Le succès
et l’effi cacité du drainage endoscopique, particulièrement dans
les formes avancées, nécessitent donc de porter une attention
particulière à certains points de technique endoscopique désor-
mais assez bien codifi és.
Technique
Le premier point concerne les conditions de réalisation du geste
endoscopique. Dès lors que la tumeur intéresse la convergence
biliaire principale, une analyse et une interprétation exactes de
la distribution des canaux sectoriels et de l’extension tumorale
canalaire doivent pouvoir être faites sur un patient en décu-
bitus dorsal. Cela implique l’intubation trachéale du malade,
d’autant plus que le geste endoscopique peut nécessiter une
anesthésie longue, dépassant parfois 2 heures. Étant donné
l’injection de produit de contraste dans des canaux dilatés
en surpression, le risque bactériémique est augmenté ; une
antibiothérapie probabiliste à large spectre est indispensable
pour encadrer le geste endoscopique. Une quinolone à bonne
diff usion hépatique est un choix approprié. En cas d’incerti-
tude sur la qualité et le caractère complet du drainage biliaire,
l’antibiothérapie peut être élargie afi n de couvrir notamment
le Pseudomonas sp, grâce à une uréidopénicilline ou à une
céphalosporine appropriée.
Lors du cathétérisme rétrograde et avant l’appareillage par
endoprothèse(s), il est possible de réaliser des prélèvements à
visée diagnostique sous forme de brossage ou d’aspiration de
bile pour examen cytologique ou encore sous forme de biopsies
endocanalaires (4).
La diffi culté à cathétériser certains secteurs intrahépatiques
obstrués peut être due à l’angulation des sténoses ou au carac-
tère serré ou particulièrement dur de celles-ci ; l’opérateur
doit avoir à sa disposition un choix complet de matériel pour
surmonter ces diffi cultés (fi ls-guides droits et courbés, de calibre
variable, dilatateurs hydrostatiques, canules orientables, etc.).
En général, il convient de n’opacifi er que des secteurs dont le
drainage effi cace pourra être obtenu avec une quasi-certitude.
Cette dernière est très liée à l’expérience de l’opérateur, reposant
entre autres sur la confrontation du trajet du fi l-guide observé
sous fl uoroscopie et des éléments recueillis lors des explorations
non invasives préalables, telle la cholangio-IRM (5). Lorsqu’au
moins deux secteurs doivent être intubés séparément, la mise
en place de deux fi ls-guides en parallèle est une précaution
importante avant la mise en place des prothèses. En revanche,
un troisième secteur, lorsqu’il doit être drainé, ne peut être
traité simultanément. Le secteur paraissant le plus diffi cile à
appareiller doit être préférentiellement traité en premier, la
mise en place d’une seconde prothèse étant souvent plus diffi cile