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Sténose suspendue post-traumatique
de l’iléon
Vincent Maunoury*, Charlotte Marmin*, Julien Branche*, Éric Dupire**, Jacques-François Crinquette**
* Hôpital Huriez et ** clinique de la Louvière, Lille.
U
n homme de 72 ans, sans autre antécédent
qu’une leucémie lymphoïde chronique, consulte
en novembre 2011 pour des épisodes subocclusifs récidivants. L’interrogatoire nous apprend qu’il
a fait, presque 3 mois plus tôt, en Espagne, alors qu’il
était debout sur une chaise, une chute avec impact
sus-pubien le conduisant aux urgences de l’hôpital, où
le bilan réalisé a conclu à un hématome mésentérique
avec hémopéritoine modéré, dont l’évolution a été
spontanément favorable à court terme.
L’iléocoloscopie pratiquée devant cette symptomatologie subocclusive récidivante est normale. L­ ’entéro-IRM
décrit une “iléite suspendue discrètement sténosante
pouvant évoquer une maladie de Crohn”. L’état général
est bon, et il n’y a pas de syndrome inflammatoire.
En février, le patient présente à nouveau 3 épisodes
subocclusifs avec syndrome de Kœnig, et, en avril, une
nouvelle IRM témoigne de la persistance d’une iléite
suspendue de 10 cm de long (photo 1). Avant d’envisager une entéroscopie, on réalise un transit baryté de
l’intestin grêle, qui montre une sténose iléale suspendue
à raccordement sus- et sous-jacent progressif (photo 2).
Celle-ci fait finalement l’objet d’une résection-anastomose, dont l’étude histopathologique confirme
l’origine présumée ischémique, vraisemblablement
post-­traumatique. L’évolution ultérieure est favorable.
La principale étiologie d’une sténose de l’intestin grêle
est la maladie de Crohn. Plus exceptionnellement en
cause sont la prise d’AINS, l’extension digestive d’une
endométriose pelvienne profonde ou… une ischémie
digestive segmentaire (1). Sa survenue après un traumatisme fermé de l’abdomen a déjà été rapportée (2).
Après un intervalle libre, elle rend compte d’une
sympto­matologie occlusive dans un délai de 15 jours
à 3 mois. Elle est différente d’une occlusion plus tardive
liée à l’incarcération d’une anse intestinale dans une
déchirure mésentérique ou à une adhérence constituée
à partir d’une perforation méconnue. Son mécanisme
est mal compris, même s’il passe le plus souvent par
la constitution d’un hématome présumé compressif.
Sa survenue sur un terrain vasculaire ou une éventuelle
localisation préférentielle sur l’iléon – en rapport avec
la faiblesse de l’irrigation vasculaire de ce segment
intestinal – ne sont pas démontrées (3).
■
I M A G E S
Références
bibliographiques
▲▲▲
Photo 1. IRM, coupe coronale T2.
Épaississement pariétal sténosant de l’anse grêle.
▶▶▶
Photo 2. Sténose ischémique suspendue du grêle.
° 5 - -septembre-octobre
l’Hépato-Gastroentérologue••Vol.
Vol.XV
XV--nn° 2
mars-avril 2012 2012
230 | La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue
1. Dilauro S, Crum-Cianflone
NF. Ileitis: when it is not Crohn’s
disease. Curr Gastroenterol Rep
2010;12(4):249-58.
2. Northcutt A, Hamidian Jahromi
A, Johnson L, Youssef AM. Unusual late occurrence of bowel
obstruction following blunt abdominal trauma. J La State Med Soc
2011;163(6):305-7.
3. Anthony A, Dhillon AP, Pounder
RE, Wakefield AJ. Ulceration of the
ileum in Crohn’s disease: correlation
with vascular anatomy. J Clin Pathol
1997;50(12):1013-7.
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