Correspondances en Onco-hématologie - Vol. VI - n° 1 - janvier-février-mars 2011
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dossier thématique
Risques organiques
Partie II
✓des inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou
des antagonistes des récepteurs de l’angiotensine2
(ARA2), dont le chef de le en pédiatrie est le captopril ;
✓
des bêta-bloquants spéci ques de l’insu sance
cardiaque (bisoprolol, carvédilol, métoprolol) ;
✓des antialdostérones (spironolactone) ;
✓
des diurétiques de l’anse (furosémide) en cas de
signes congestifs.
Les IEC et les ARA2 sont des vasodilatateurs artériels
systémiques qui diminuent la post-charge du ventricule
gauche ; ce sont aussi des bloqueurs du système rénine-
angiotensine-aldostérone (SRAA) qui permettent de
lutter contre les e ets délétères de ce système humoral
sur le remodelage ventriculaire. Ils limitent la dilata-
tion ventriculaire gauche et l’altération de la fraction
d’éjection du ventricule gauche (FEVG) et l’on constate
même dans certains cas un “remodelage inverse” avec
diminution du volume télésystolique du ventricule
gauche et amélioration de la FEVG. Leur utilisation,
bien validée chez les adultes atteints de cardiotoxicité
aux anthracyclines (15, 16), est largement adoptée,
malgré un niveau de preuve moins important chez
l’enfant (17).
Les états de choc cardiogénique, rares, nécessitent l’ad-
mission en unité de soins intensifs cardiologiques pour
l’usage d’inotropes positifs (dobutamine, milrinone,
lévosimendan).
Dans le cas particulier des jeunes femmes en âge de
procréer ayant été exposées aux anthracyclines, une
surveillance échocardiographique rapprochée est
préconisée avant et pendant la grossesse (surtout au
troisième trimestre), en raison d’un risque réel d’aggra-
vation de l’insu sance cardiaque (14), et également
lors de l’accouchement, qui représente une surcharge
de travail importante pour le cœur.
Conclusion
La cardiotoxicité des chimiothérapies est un problème
dont l’incidence augmente en raison de l’amélioration
de la survie dans les cancers de l’enfant. Les anthracy-
clines sont les principaux agents incriminés. L’incidence
de la cardiomyopathie dilatée augmente en fonction
de la dose cumulative d’anthracyclines et du temps
d’exposition après la chimiothérapie. La mesure préven-
tive la plus utilisée actuellement reste la réduction des
indications des anthracyclines quand cela est possible :
induction des LAL de bas risque ou maladie de Hodgkin,
par exemple. Le dexrazoxane semble néanmoins très
prometteur pour limiter la cardiotoxicité des anthracy-
clines. Le dépistage de ces complications, qui repose
principalement sur l’échocardiographie, doit être régulier
et doit être poursuivi sur le long terme.
■
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Références