Repères : les grandes études de la chimiothérapie néoadjuvante D

La Lettre du Sénologue - n ° 39 - janvier-février-mars 2008
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Repères : les grandes études de la chimiothérapie
oadjuvante
The big studies of neoadjuvant chemotherapy
IP E. Fondrinier*
ÉTUDE NSABP B18
Fisher B, Brown A, Mamounas E et al. Effect of preoperative
chemotherapy on local-regional disease in women with ope-
rable breast cancer: findings from National Surgical Adjuvant
Breast and Bowel Project B-18. J Clin Oncol 1997;15(7):2483-
93.
But : Évaluer l’impact d’une chimiothérapie néoadjuvante sur le
taux de conservation mammaire et datteinte ganglionnaire.
Matériel et méthodes : 1 523 femmes ont été randomisées :
759 recevant une chimiothérapie postopératoire et 747, pré-
opératoire. Le protocole était le même : quatre cycles de doxo-
rubicine et endoxan (AC) suivie de tamoxifène en adjuvant en
cas de récepteurs hormonaux positifs.
Résultats : Cliniquement, duction de la tumeur dans 80 %
des cas qui devient même impalpable dans 36 % des cas. Mais
seules 26 % de ces dernières ont une disparition histologique
complète. Disparition des ganglions dans 73 % des cas avec
une réponse histologique complète dans 44 % des cas. Glo-
balement, 12 % de conservation mammaire en plus en cas
de chimiothérapie oadjuvante et 17,5 % dans le groupe des
grosses tumeurs (> 5 cm).
Conclusion : La chimiothérapie néoadjuvante devient une
alternative reconnue pour les patientes présentant une volu-
mineuse tumeur.
MISE À JOUR DE 2001 DU NSABP B18
Wolmark N, Wang J, Mamounas E, Bryant J, Fisher B. Preope-
rative chemotherapy in patients with operable breast cancer:
nine-year results from National Surgical Adjuvant Breast and
Bowel Project B-18. J Natl Cancer Inst Monogr 2001;(30):96-
102.
Les résultats du protocole B-18 du NSABP ont émis à jour
en 2001, avec un suivi de 9 ans. Il n’y a toujours aucune diffé-
rence de survie, globale ou sans récidive.
La survie globale à 9 ans est de 70 % dans le groupe ayant eu
une chimiothérapie postopératoire versus 69 % en néoadju-
vant (p = 0,80). La survie sans récidive est respectivement de
53 % versus 55 % (p = 0,50).
La corrélation entre la réponse histologique et la survie se
confirme de plus en plus. Il n’y a aucune différence statistique
en termes de récidive locale entre les deux groupes à 9 ans :
* Centre régional de lutte contre le cancer Paul-Papin, 3, rue Moll, 49100 Angers.
10,7 % en cas de traitement néoadjuvant versus 7,6 % en cas
de traitement adjuvant (NS) avec un taux de conservation su-
périeur dans le premier groupe. Un effet âge tend à apparaître,
avec une meilleure survie globale et sans récidive pour les fem-
mes jeunes. La conclusion de 1997 est confirmée avec force.
EORTC 10902
van der Hage JA, van de Velde CJ, Julien JP, Tubiana-Hulin M,
Vandervelden C, Duchateau L. Preoperative chemotherapy
in primary operable breast cancer: results from EORTC trial
10902. J Clin Oncol 2001;19:4224-37.
But : Évaluer l’apport de la chimiothérapie néoadjuvante en
termes de survie, récidive locale et conservation mammaire.
Matériel et méthodes : 698 femmes présentant un cancer
opérable du sein ont été randomisées : quatre cycles de FEC
en pré- ou postopératoire.
Résultats : À un suivi médian de 56 mois, il n’y a aucune dif-
férence ni en survie globale (82 % versus 84 %, à 4 ans), ni en
survie sans récidive (65 % versus 70 % à 4 ans). Trente-six pa-
tientes ont eu une récidive locale dans le groupe néoadjuvant
versus 33 dans l’autre groupe. Les délais de survenue de ces
récidives ne sont pas différents. Vingt-trois pour cent des pa-
tientes candidates à la mastectomie ont pu avoir une conser-
vation mammaire après chimiothérapie néoadjuvante.
Conclusion : La chimiothérapie oadjuvante pour des pa-
tientes opérables donne des résultats comparables en termes
de survie globale et sans récidive, et de récidive locale en per-
mettant d’augmenter le taux de conservation mammaire.
ÉTUDE NSABP B27
Bear HD, Anderson S, Brown A et al. e effect on tumor res-
ponse of adding sequential preoperative docetaxel to preope-
rative doxorubicin and cyclophosphamide: preliminary results
from National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project
Protocol B-27. J Clin Oncol 2003;21(22):4165-74.
But : Évaluer l’apport de docétaxel après quatre cures de
chimiothérapie AC (cf. NSABP B-18).
Matériel et méthodes : 2 411 femmes avec un cancer opé-
rable ont été randomisées pour recevoir, avant la chirurgie
mammaire, uniquement 4 AC, ou 4 AC + 4 docétaxel, ou 4 AC
avant la chirurgie et 4 docétaxel après.
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Résultats : La toxicité est supérieure chez les patientes rece-
vant du docétaxel (10,3 % versus 23,4 %).
Ladjonction de docétaxel en préopératoire augmente le taux
de réponse clinique (40,1 % versus 63,6 % ; p < 0,001), de -
ponse histologique complète (13,7 % versus 26,1 % ; p < 0,001),
et de ganglions négatifs (50,8 % versus 58,2 % ; p < 0,001). Le
taux de conservation mammaire est le même (61,6 % versus
63,7 %, p = 0,33). La disparition clinique est corrélée au taux
de conservation : 70,2 % de conservation versus 55,8 % si la tu-
meur est toujours palpable (p < 0,001).
Conclusion : L’adjonction de docétaxel augmente les répon-
ses cliniques et histologiques. Remarque : on compare aussi
quatre cures à huit cures.
TAANALYSE DE MAURI, 2005
Mauri D, Pavlidis N, Ioannidis JP. Neoadjuvant versus adju-
vant systemic treatment in breast cancer: a meta-analysis. J
Nat Cancer Ins 2005;97:188-94.
Le but : Comparer les résultats de la chimiothérapie néoadju-
vante à la chimiothérapie postopératoire.
Matériel et méthodes : Recherche des études comparant le
même régime de chimiothérapie en pré- ou postopératoire.
Résultats (études éligibles) : Douze études sont identifiées,
trois sont exclues. Les neuf restantes permettent d’avoir ac-
cès aux données de 3 861 patientes randomisées entre néoa-
djuvant et adjuvant. Le nombre de cures est variable entre les
études.
Métaanalyse :
il nexiste aucune différence en survie, récidive et progression ;
un plus fort taux de conservation mammaire après chimio-
thérapie oadjuvante est retrouvée dans cinq études, mais
napparaît pas dans trois études. Il existe une grande variation
dans les pourcentages de traitements conservateurs selon les
études variant de 0 à 92 % pour les traitements adjuvants et de
28 à 89 % pour les traitements néoadjuvants ;
aucune différence en termes de récidive locale napparaît dans
les études où la chirurgie a été réalisée. Il existe une différence
de récidive locale qui apparaît fortement dans les trois études
la chirurgie a été omise après chimiothérapie néoadjuvante ;
le taux de réponse histologique complète est donné dans
cinq études et varie de 4 à 29 %.
Conclusion : La chimiothérapie néoadjuvante est équivalente
en termes de survie. Le risque de récidive locale est augmenté
quand la radiothérapie est faite sans chirurgie après chimio-
thérapie néoadjuvante.
TAANALYSE DE MIEOG, 2007
Mieog JS, van der Hage JA, van de Velde CJ. Neoadjuvant che-
motherapy for operable breast cancer. Br J Surg 2007;94:1189-
200.
Le but : Évaluer l’apport de la chimiothérapie néoadjuvante
par rapport à la chimiothérapie postopératoire.
Matériel et méthodes : Recherche et analyse des études ran-
domisées comparant chimiothérapie pré- et postopératoire
chez les femmes présentant un cancer du sein opérable. Mé-
todologie “Cochrane” .
Résultats : Onze études éligibles regroupant 5 500 femmes.
Les suivis varient de 24 à 124 mois. Dans huit études, les pa-
tientes ont aussi reçu de la chimiothérapie postopératoire et
dans sept études, du tamoxifène après la chirurgie. Trois étu-
des ont aussi associé de la radiothérapie préopératoire. Huit
donnent des critères satisfaisants de la méthode de randomi-
sation.
De la métaanalyse :
dix études rapportent la survie globale (4 620 femmes) : il
n’y a aucune différence. La survie globale est identique dans
les deux groupes ;
– onze études rapportent des données de récidives locorégio-
nales (5 041 femmes). Dans trois études, les patientes nont
pas été opérées. Si on les exclut, car le traitement locorégional
nest pas conforme aux standards, il n’y a pas de différence de
récidive locale entre les deux groupes ;
dix études permettent d’apprécier le taux de conservation
mammaire (5 292 femmes) : la chimiothérapie néoadjuvante
augmente le taux de conservation mammaire. Dans un quart
des cas, un traitement conservateur non envisageable au dé-
but a pu être réalisé et dans 4,3 % des cas, une chirurgie plus
importante ;
– les quatre études (1 290 femmes) corrélant la réponse histo-
logique complète et la survie confirment la prédictivité de ce
facteur sur ce critère ;
les quatre études (2 799 femmes) rapportant les complica-
tions infectieuses de la chimiothérapie notent une diminution
quand celle-ci est faite en néoadjuvant.
Conclusion : La chimiothérapie oadjuvante pour des pa-
tientes opérables permet effectivement une diminution de la
tumeur favorisant la conservation mammaire, sans aucune
perte de chance par ailleurs. Le risque de récidive locorégio-
nale nest pas augmenté. n
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