13. Passer de la propriété à l`accès

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COUT MARGINAL ZERO. QUE RETENIR POUR UNE EDUCATION
TECHNOLOGIQUE DE DEMAIN ?
13. Passer de la propriété à l’accès
Document rédigé par Ignace Rak en novembre 2016 pour l’association PAGESTEC
www.pagestec.org
Mots-clés sur http://pagesperso-orange.fr/techno-hadf/index.html
Technologie futur :
e
approche systémique ; la 3 révolution industrielle ; coût marginal zéro.
La présente série de documents de réflexion est une contribution pour reconnaître ce qui se fait
déjà dans certaines classes de collège et repérer quelques éléments nouveaux extraits de
l’ouvrage et à intégrer dans l’enseignement de la discipline « technologie » d’aujourd’hui, voire
à utiliser directement dans les cours.
Mais cette série de documents a aussi pour objectif d’alimenter la réflexion pour une évolution
de l’éducation technologique pour demain, ainsi que faire envie de lire l’ouvrage complet. Cet
ouvrage reflète un point de vue, parmi d’autres, celui de J.Rifkin. Mais par sa qualité, il est
représentatif d’une réflexion incontournable et fondée. Il peut aussi servir de ressource à
d’autres disciplines que la technologie.
Ce treizième document fait suite au document sur le chapitre 12 « La lutte pour définir et
contrôler l’infrastructure » que j’ai rédigé en novembre 2016 (1), chapitre qui fait partie de la
quatrième partie de l’ouvrage intitulé « Le capital social et l’économie du partage ». Il reprend
et approfondit des éléments de l’ouvrage de Jeremy Rifkin (2) et de son autre ouvrage sur
l’avènement de la troisième révolution industrielle (3).
Pour faciliter les citations de l’auteur Jeremy Rifkin, c’est l’abrégé J.R. qui est employé dans
ce document.
Avertissement aux lecteurs du présent document.
(Relire cet avertissement dans le document « Le grand changement de paradigme : du
capitalisme de marché aux communaux collaboratifs ») (4).
Ce treizième chapitre est consacré à l’impact que peut avoir l’évolution constatée de la notion
d’autopartage générée par les communaux et sur la régression de la propriété de produits et
services et donc la répercussion sur l’économie en général. Avec en parallèle, dans certains
secteurs comme la santé, le constat d’une progression des échanges sur Internet quant aux
échanges sur des symptômes de maladies en temps réel des patients pour alerter plus rapidement
en cas d’épidémie, voire participer à la recherche dans les cas de maladies rares. Sans oublier
l’effet Internet des avis avant l’achat de produits, ce qui vient entraver les méthodes
publicitaires traditionnelles.
Dans son introduction J.R. entre directement dans le sujet avec un exemple significatif à partir
de la possession d’une automobile «…Le terme même d’automobile est porteur d’une idée
chère à la tradition économique classique : l’humanité a pour force motrice la quête
d’autonomie et de mobilité, et chacun veut être maître chez soi. Pour les Américains, la liberté
est traditionnellement liée à ces deux notions…L’automobile est l’ultime enclosure…la liberté
se mesure davantage à la capacité de se connecter aux autres sur des réseaux sociaux qu’à la
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possession de biens sur les marchés. Plus ces relations sont profondes et inclusives, plus on se
sent libre. Etre continuellement connecté aux autres sur des réseaux sociaux comme Facebook
et Twitter donne un sens à la vie. La liberté pour la génération Internet, c’est la possibilité de
coopérer avec les autres, sans restriction, dans un univers pair à pair.
Dans une enquête récente, 46% des conducteurs âgés de 18 à 24 ans ont déclaré qu’accéder à
Internet est plus important pour eux que de conduire une voiture… ».
« L’automobile comme métaphore » (5)
Comme dans toutes les parties de ses ouvrages, J.R. s’appuie sur une documentation référencée
en citant de nombreux chiffres à l’appui de ses analyses, éléments que je ne reprends pas
systématiquement dans l’ensemble de mes résumés. Ainsi sur ce sujet « …Une étude récente
menée par Frost and Sullivan Consultants, prévoit qu’il y aura plus de 200 entreprises
d’autopartage dans l’Union Européenne en 2020, et un parc de véhicules disponibles qui
devrait passer de 21 000 à 240 000. L’adhésion à ces associations devrait passer de 21 000 à
240 000… »
« …L’autopartage ne réduit pas seulement le nombre de véhicules sur les routes, il fait aussi
diminuer les émissions carboniques. En 2009, chaque véhicule partagé remplaçait 15 voitures
de particuliers ; et les membres des associations d’autopartage conduisaient moins que
lorsqu’ils possédaient un véhicule : leur temps de conduite avait baissé de 31%. Ces
changements de comportements ont réduit de 482 170 tonnes les émissions de CO2 des EtatsUnis… ».
« …Aux Etats-Unis et au Canada, 58% des nouvelles activités de bicyclettes partagées utilisant
les technologies de l’information sont gérées par des organisations à but non lucratif…Le
partage des vélos permet aussi d’économiser de l’argent qu’il aurait fallu dépenser en utilisant
une voiture…En 2016, selon les estimations de Frost and Sullivan, un véhicule partagé neuf
sur cinq sera un VE (NDLR Véhicule Electrique) ; sur l’ensemble du parc, ce sera un sur
dix… ».
Et bien sûr J.R. d’aborder le point de vue des constructeurs d’automobiles qui n’ignorent pas
cette tendance au partage « …GM et les autres constructeurs automobiles se trouvent dans la
même situation intenable que connaissent les firmes capitalistes dans d’autres secteurs de
l’économie. L’émergence d’un communal en réseau fait baisser le coût des transports…Les
profits des constructeurs étant aujourd’hui très réduits et leurs marges de manœuvre très
étroites s’ils veulent rester dans la course, ils ne peuvent pas se permettre d’ignorer le secteur
de l’autopartage, même si son succès va réduire leurs ventes de voitures et amoindrir leurs
marges de rentabilité déjà fort minces.. ».
« …Laurence D.Burns, vice-président de la recherche développement et de la planification chez
General Motors…fait cet aveu incroyable : « Si l’on remplaçait les voitures personnelles par
des voitures partagées et coordonnées en réduisant d’environ 80% le nombre de véhicules, on
aurait le même niveau de mobilité, pour un investissement moindre ». il voit bien que, du point
de vue de l’efficacité sociale, des véhicules partagés qui offrent la même mobilité à 20% du
coût nécessaire à l’acquisition et à l’utilisation d’une voiture améliorent le bien-être général :
c’est une trop bonne affaire pour ne pas en profiter, même si elle va probablement réduire de
80% le construction et la vente d’automobiles… ».
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J.R. pointe alors ce passage progressif en cours de la propriété à l’accès « …L’automobile
privée, pièce maitresse du marché capitaliste pendant la seconde révolution industrielle, est en
train de succomber aux offres de transport distribuées et latérales de l’autopartage sur les
communaux collaboratifs en ascension, mieux adaptés pour améliorer le bien-être général de
la société. Ce n’est pas le marché qui dompte les communaux, ce sont les communaux qui
domptent le marché…Le passage de la propriété à l’accès et des marchés aux communaux
partagés en matière de mobilité personnelle va probablement s’accélérer dans les années qui
viennent avec l’introduction des voitures sans chauffeur…Certains passionnés d’automobile
s’inquiètent de la sécurité de ces véhicules. Pourtant, les ingénieurs spécialisés soulignent que
90% des accidents de la route sont dus à l’erreur humaine. A la différence des conducteurs
humains, les véhicules automatisés ne se laisse pas distraire, ne boivent pas ne s’endorment
pas au volant. ».
Cela n’empêche pas que les « …Les traditionnalistes affirment que les conducteurs, dans leur
majorité, ne suivrons pas : ils préféreront sûrement conserver l’exaltation de la conduite – et
le contrôle du véhicule. Peut-être les automobilistes de l’ancienne génération réagiront ils
ainsi, en effet. Mais il parait peu probable que ceux de la génération Internet, déjà si souvent
distraits au volant par leur smartphone, préfèrent conduire une automobile plusieurs heures
qu’être conduits par la voiture. A l’ère collaborative, l’attention est précieuse et le temps est
une denrée rare. Ne plus avoir à conduire une automobile plusieurs heures par jour en ferait
gagner beaucoup. On pourrait alors se livrer à des activités plus intéressantes sur l’espace
virtuel… ». Alors « …Les observateurs du secteur estiment que les véhicules sans conducteur
seront disponibles commercialement dans huit ans environ. Brin (NDLR cofondateur de
Google) est plus optimiste : il pense qu’une automobile entièrement autonome sera mise sur le
marché d’ici cinq ans au plus tard… ».
« L’abandon de la propriété » (6)
Le passage de la « propriété » à « l’accès » est ainsi explicité par J.R. « …Aujourd’hui, peu de
secteurs sont épargnés par le passage de la propriété à l’accès et des marchés aux communaux
en réseaux, car la jeune génération mobilise sa puissance collaborative pour créer une société
du coût marginal quasi nul. Des millions de personnes partagent non seulement des
automobiles et des bicyclettes, mais aussi leur maison, leurs vêtements, leurs outils, leurs jouets
et leurs compétences dans des communaux en réseaux…Pour la première fois, des millions de
familles ont commencé à regarder tous ces objets dont elles n’avaient plus besoin et qu’elles
n’avaient même pas fini de payer, et qu’elles se sont demandé, non pas seulement : « pourquoi
ai-je fait ça ? », mais : « pourquoi ? »… ».
Et J.R. de donner des exemples dans différents secteurs « …La location de jouets a aussi connu
une belle ascension. Baby Plays, Rent That Toy ! et Spark Box Toys en sont les bons
exemples…Même les vêtements, articles pourtant très personnels, se métamorphosent de biens
possédés en services…Si les sites de location sont en plein essor, les réseaux de distribution le
sont aussi. Il n’est pas surprenant qu’une génération qui a grandi avec le recyclage des
matières plastiques, du verre et du papier ait envie de recycler les objets qu’elle possède.
Optimiser le cycle de vie des articles pour en produire moins, au lieu de ne les utiliser que
partiellement, est devenu une seconde nature chez les jeunes : pour eux, la durabilité est la
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nouvelle frugalité…Qui pourrait s’opposer à l’idée de consommation collaborative et
d’économie du partage ?...».
« …Neal Gorenflo, cofondateur et rédacteur en chef de la revue Shareable (Partageable), une
publication en ligne à but non lucratif…se demande ce peuvent faire les détaillants, avec leur
formidable puissance commerciale, pour intégrer rapidement la consommation collaborative
aux pratiques de masse. Gorenflo envisage un système de traçabilité, qui permettrait au
détaillant de prélever une partie du revenu de chaque article vendu quand il passe d’un usager
à un autre au sein de l’économie de partage…Chaque article serait automatiquement codé, il
possèderait un identifiant unique qui fournirait toutes les informations le concernant : les
différentes transactions et l’historique de son parcours d’un usager à un autre…Puisqu’ils
feraient des profits tout au long du cycle de vie de l’objet, les détaillants seraient encouragés à
améliorer la qualité et la durabilité de leurs produits…L’idée est intéressante. Il est certain
qu’elle redonne un rôle au détaillant – mais en lui proposant des miettes et non une affaire en
or. Les petites commissions qu’il recevra au fil du cycle de vie du produit vendu seront
insignifiantes comparées aux pertes qu’il subira quand des millions de personnes partageront
plus et achèteront moins…On partage même les jardins…Beaucoup d’AMAP (NDLR
Associations pour la Maintien d’une agriculture Paysanne) ont des pratiques écologiques et
des techniques de culture biologique, qui suppriment les coûts élevés et les dégâts
environnementaux dus à l’usage des engrais et des pesticides pétrochimiques. L’élimination
des emballages plastiques et du transport des denrées sur une longue distance réduit encore
les coûts énergétiques et environnementaux… ».
« Des soins pilotés par le patient » (7)
Autre secteur où J.R. cite dans sa quête d’exemples, celui de la santé « …Partager son canapé,
ses vêtements, sa nourriture est un geste très personnel, mais quand on partage son dossier
médical sur des communaux, on touche à la vie intime. Des millions de personnes mettent en
ligne les détails de leur histoire médicale et de leur état de santé ; partagent des informations
sur les symptômes, les diagnostics et les médicaments ; collaborent aux recherches pour trouver
les traitements,…C’est un peu par hasard, du nombre croissant de personnes qui cherchaient
à s’autodiagnostiquer sur Internet, qu’est né le mouvement de la santé piloté par
ordinateur… ».
« …Ces sites de santé pilotés par les patients sont nés d’histoires très personnelles : ils traitent
pour la plupart de maladies rares auxquelles on n’a pas consacré que peu d’attention, et encore
moins de recherches en vue de les traiter et de les guérir… ».
Et J.R. de citer un exemple, la maladie de LAM (lymphangioléiomatose). « …La recherche
guidée par le patient commence même à entrer dans le saint des saints de la science. Certaines
communautés virtuelles d’e-patients ont créés des banques de tissus et de spécimens ; d’autres
des lignées cellulaires… ».
« …Alors que les études cliniques contrôlées en double aveugle sont extrêmement coûteuses,
l’étude observationnelle réalisée à l’initiative des patients, qui utilise Big Data et algorithmes
pour découvrir les profils et les effets des maladies, peut s’effectuer à un coût marginal quasi
nul….Encore balbutiante, cette méthode de recherche en source ouverte souffre souvent d’une
lacune : il lui manque la vérification que le processus éprouvé de révision par les pairs, plus
lent, assure aux essais randomisés contrôlés traditionnels. Les défenseurs de la recherche
pilotée par les patients en sont conscients, mais ils pensent qu’elle se dotera bientôt de
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l’expertise nécessaire, comme le fait Wikipédia qui vérifie et valide tous les articles publiés sur
ses sites…Les partisans de la recherche médicale sur communaux en source ouverte pilotés
par les patients ne voient pas pourquoi le crowdsourcing de la recherche, si l’on l’accompagne
de protocoles scientifiques rigoureux, serait moins efficace…».
« Tout le monde est médecin » (8)
Personnellement je découvre cette approche des communaux que je n’avais jamais approfondi.
J.R. développe « …Certains indices montrent qu’une jeune génération de médecins s’engage
sur la voie des communaux de la santé pilotés par les patients. Dan Hoch, neurologue
spécialiste de l’épilepsie au Massachussets General Hospital, a écrit un texte fort intéressant
sur sa conversion aux nouveaux mouvements des communaux en ligne d’e-patients. Il reconnait
que la profession médicale a toujours « implicitement interdit » les contacts entre patients, de
crainte qu’ils ne fragilisent l’autorité des médecins…Hoch a été surpris de découvrir que,
contrairement à ses attentes, 30% seulement des messages étaient centrés sur le soutien affectif.
Dans les 70% restants, les membres échangeaient des informations sur la maladie, les options
de traitement, les protocoles de gestion, les effets secondaires et la façon de vivre l’affection
au jour le jour. Un point lui a paru particulièrement intéressant : les membres ne cessaient de
vérifier mutuellement les faits qu’ils avançaient, dans un processus d’autocorrection, et ils
contestaient les informations infondées ou douteuses….Le Big Data qui sera disponible dans
un futur proche aux Etats-Unis et dans d’autres pays va fournir un réservoir d’informations ;
utilisées sur des communaux de la santé pilotés par les patients avec des garanties de respect
de la vie privée, elles pourraient révolutionner la médecine…. ».
«…Il est crucial de suivre la propagation d’une épidémie en temps réel pour la maitriser. Etre
en mesure de mobiliser des services de santé locaux, s’assurer que les vaccins antigrippaux
sont disponibles et rapidement administrés là où l’on en a besoin, prévenir la population - tout
cela peut influencer considérablement sur l’ampleur de la contagion. Dans le système
traditionnel, il faut une à deux semaines pour collecter les informations dans le pays auprès
des médecins, qui se fondent sur les visites des patients. A ce moment-là,, le virus de la grippe
a trés bien pu atteindre son pic : il est même déjà en bout de course…A présent, les
épidémiologistes estiment que ces outils de pistage de première alerte sont un complément,
voire un supplément indispensable, des modèles de surveillance avérés et éprouvés…. ».
Et J.R. de pronostiquer pour les années à venir « …Au milieu du XXIe siècle ou même plus tôt,
chacun pourra, j’en suis sûr, accéder au moteur de recherche d’un communal mondial de la
santé, y enregistrer sa constitution génétique, trouver une grappe correspondante de génomes
similaires et recevoir un compte rendu détaillé des problèmes de santé qu’il pourrait rencontrer
au cours de sa vie, ainsi qu’une liste des traitements médicaux personnalisés les plus efficaces
pour recouvrer la santé et la conserver, à coût marginal quasi nul… ». Et pour «…Les
transplantations d’organes (qui) comptent parmi les opérations chirurgicales les plus
coûteuses… »
J.R. cite différents exemples qui utilisent l’impression tridimensionnelle 3D de parties de corps
humain « …prototypes de rein à partir de cellules vivantes…fragment fonctionnel de tissu de
foie humain…cellules musculaires et nerveuses dans un tissu vivant…Cameron Ferris,
chercheur à L’Autralian Rescarch Coucil (ARC), explique comment fonctionne la bioimpression : « Nous employons la technologie des imprimantes à jet d’encre, mais au lieu
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d’encre nous utilisons des types cellulaires ». En se servant de cellules prélevées dans le propre
corps du patient pour reproduire le tissu, au lieu d’implanter celui d’un donneur, on évite ainsi
le risque du rejet…Le nouveau monde des pièces détachées corporelles bio-imprimées en 3D
sera probablement une réalité dans les décennies à venir. Comme pour d’autres formes
d’impression 3D, le coût de reproduction des pièces détachées biologiques s’effondrera quand
la nouvelle technologie progressera… ».
« La fin de la publicité » (9)
Avec ce titre, J.R. montre que les pratiques du prosommateur font évoluer les techniques
traditionnelles de la publicité à l’encontre du public « …En 2012, les recettes de la publicité se
sont montées aux Etats-Unis à 153 milliards de dollars. Dans le monde, elles ont atteint 479,9
milliards de dollars. Bien que ce secteur soit apparemment florissant, ses acteurs sont inquiets.
Ils assistent à la métamorphose de millions de consommateurs passifs en prosommateurs pair
à pair de leurs propres informations, savoirs, loisirs et énergies (Et bientôt de leurs propres
produits fabriqués en 3D). Ces millions de gens achètent moins sur le marché puisqu’ils
partagent dans l’économie collaborative des articles d’occasion …Une nuée d’études récentes
indiquent que, pour leurs décisions d’achats, les gens font autant confiance aux avis de
consommateurs sur Internet qu’aux conseils de leurs amis ou de leur cercle familial…Les sites
d’avis abondent sur Internet…Aujourd’hui, on peut obtenir ces informations sur place, quand
on choisit le produit en faisant ses courses dans un magasin. Consumer Reviews est une
application pour smartphone qui donne directement accès à des avis sur des produits précis.
L’usager n’a qu’à scanner le code-barre de l’article avec son téléphone : il obtient
instantanément des critiques… ».
« …Une étude réalisée en 2012 par IBM Global Business Services sous un titre choc, « La fin
de la publicité telle que nous la connaissons », reconnait que les communaux sociaux d’Internet
« mettent en danger la base de revenus des intérêts établis traditionnels qui regroupent et
distribuent des contenus »…Quand les consommateurs deviennent des prosommateurs et
échangent entre eux des contenus gratuitement dans une économie du partage, quelle valeur
ajoutée peut apporter une publicité d’entreprise ?...
Si les utilisateurs passifs de la télévision ne sont pas trop excédés par les interruptions
publicitaires, les usagers actifs et engagé d’Internet sont beaucoup moins tolérants ;…Et,
quand ils cherchent des ressources ou des services, ils font de moins en moins confiance aux
moteurs de recherche, car ceux-ci, moyennant finance, placent les entreprises qui les
sponsorisent en tête de liste…Bref, en matière de décisions d’achat, la majorité des usagers
d’Internet se méfient des messages publicitaires et fait confiance aux critiques pair à pair ; et
une bonne partie du contenu en ligne est produit par les utilisateurs eux-mêmes et non par des
communicants d’entreprises…
La décision de General Motors de retirer ses publicités de Facebook en 2012, au motif qu’elles
avaient « peu d’effets sur les ventes de voitures », illustre le sentiment qui monte dans certaines
entreprises quant à sa valeur réelle de la publicité sur Internet…Le taux de croissance des
recettes publicitaires sur la toile va probablement continuer à chuter, car des millions
d’usagers passent des ordinateurs aux appareils mobiles. Google, le plus gros bénéficiaire de
ces recettes, constate déjà que cette transition commence à les tarir…
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Dans certains cas, le marché et les communaux trouveront des synergies potentielles, voire une
relation symbiotique qui les fera progresser ensemble. Mais dans des secteurs comme la
publicité, dont le principe de base est diamétralement opposé à la nature collaborative et pair
à pair des communaux sociaux, la recherche d’un compromis ressemblera plutôt aux tentatives
de mêler l’huile et l’eau.
Toutes les entreprises citées dans les pages qui précèdent sont naturellement collaboratives,
conçues pour le partage et utilisent pleinement l’architecture distribuée et latérale de l’Internet
des objets. Certaines pratiquent le partage sous la forme de don, comme Couchsurfing.
D’autres sont mixtes : elles combinent le don et l’échange avec une forme de rémunération.
D’autres encore sont des entreprises à but purement lucratif, comme eBay. Si nous classons
dans l’économie collaborative tant le don que la redistribution et le recyclage rémunérés ou
non, tous les cas sont couverts…
Des travaux récents soulignent le potentiel économique important des communaux
collaboratifs. Une étude de 2012 menée par Campbell Mithun, une agence publicitaire de
Minneapolis, en partenariat avec Carbonview Research, a constaté que 62% des membres de
la génération X et des Millénaires sont séduits par l’idée de partager des biens, des services et
des expériences sur des communaux collaboratifs. Ces deux générations sont sensiblement
différentes de celles de la Seconde Guerre mondiale et du Baby-Boom : elles privilégient l’accès
et non la propriété. Quand on leur demande de classer les bénéfices matériels de l’économie
du partage, elles citent d’abord les économies, puis l’effet sur l’environnement, la flexibilité du
style de vie, la commodité du partage et l’accès facile aux biens et services ? Quant aux
avantages affectifs, elles mentionnent d’abord la générosité, puis le sentiment d’être un membre
apprécié d’une communauté, d’agir intelligemment, d’être plus responsable et de faire partie
d’un mouvement…
J.R. termine cette treizième partie de son ouvrage en citant Umair Haque, auteur de l’ouvrage
New Capitalist Manifesto (Nouveau manifeste capitaliste) qui disait ceci « Si ceux que l’on
appelait jusqu’ici des consommateurs se mettent à consommer 10 % de moins et à échanger
entre pairs 10 % de plus, l’effet sur les marges des grandes entreprises traditionnelles sera
bien supérieur à ce pourcentage… ».
Et J.R. d’illustrer sa conclusion par deux exemples déjà visibles « …Cet effet perturbateur à
seuil faible a déjà décimé les maisons de disques, les journaux et les librairies. Dans l’édition,
les livres numériques ont représenté aux Etats-Unis 22,6 % des ventes en 2012. Le coût
marginal décroissant de la production et de la distribution de ces ouvrages a beaucoup pesé
sur les prix de vente des livres papier, ce qui a contraint de petits éditeurs et de nombreux
libraires à cesser leurs activités. Même les livres numériques moins chers affrontent la
concurrence toujours plus rude des ouvrages en copyleft, qui sont distribués gratuitement ou
presque…
Nous avons vu à l’œuvre ce même effet à seuil faible au chapitre 5 (10), dans les
bouleversements que crée aujourd’hui l’énergie renouvelable en Allemagne : à cause de la
production d’électricité verte, qui ne pèse que 22 % du total, le coût d’introduction de nouvelles
centrales électriques de secours fonctionnant à l’énergie fossile est déjà prohibitif pour les
grandes compagnies d’électricité. Les envois massifs de courant d’origine solaire et éolienne
sur le réseau des millions de prosommateurs réduisent les périodes pendant lesquelles on aurait
besoin d’utiliser ces nouvelles centrales. Dans ces conditions, le temps que mettaient les
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entreprises pour couvrir leurs coûts fixes devient trop long et trop imprévisible pour justifier
les dépenses initiales de construction de ces équipements…
Il n’est pas déraisonnable de s’attendre à une forte mortalité des entreprises mondiales à
intégration verticale de la révolution industrielle quand les communaux collaboratifs pèseront
10 à 30 % de l’activité économique dans un secteur. Au minimum, nous pouvons affirmer que
les marchés capitalistes traditionnels perdront de plus en plus leur emprise sur l’économie et
les échanges mondiaux : dans les années qui viennent, les coûts marginaux quasi nuls vont
pousser une part toujours plus grande de l’activité économique vers les communaux
collaboratifs… ».
Que retenir pour une éducation technologique de demain ?
Dans ce chapitre, un certain nombre de notions peuvent être revisitées ou revues, pour nous les
professeurs, et aussi pour les élèves : autopartage, propriété, publicité, imprimante 3D.
Et découvrir les notions de crowdsourcing, couchsurfing.
Dans le prochain chapitre
Le prochain document traitera du chapitre 14 « Financer collectivement le capital social,
démocratiser la monnaie, humaniser l’esprit d’entreprise et repenser le travail » l’ouvrage de
J.R. qui aborde un certain nombre de notions qui peuvent être revisitées ou revues, pour nous
les professeurs, et aussi pour les élèves : le crédit et de monnaie.
Et découvrir ou approfondir les notions : le crédit pair à pair, d’entreprise sociale à but non
lucratif et monnaie locale, .etc.
Bibliographie, sitographie
(1) RAK, I. (2016). La nouvelle société du coût marginal zéro. Que retenir pour une éducation
technologique de demain ? 12 – La lutte pour définir et contrôler l’infrastructure - sur
http ://pagesperso-orange.fr/techno-hadf/index.html.
(2) RIFKIN, J. (2014). La nouvelle société du coût marginal zéro. L’internet des objets,
l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme. Editions Les liens qui
libèrent. IBSN : 979-10-209-0145-5 ; 510 pages, 26 euros.
(3) - RIFKIN, J. (2012). La troisième révolution industrielle. Editions : Les liens qui libèrent
Editions. ISBN 978-2918597476. 380 pages. 24 euros.
(4) RAK, I. (2015). Le grand changement de paradigme : du capitalisme de marché aux
communaux collaboratifs http ://pagesperso-orange.fr/techno-hadf/index.html p.1.
(5) RIFKIN, J. (2014). Op cité p. 338-346.
(6) RIFKIN, J. (2014). Op cité p. 346-360.
(7) RIFKIN, J. (2014). Op cité p. 360-365.
(8) RIFKIN, J. (2014). Op cité p. 365-370.
(9) RIFKIN, J. (2014). Op cité p. 370-380.
(10) RAK, I. (2016). La nouvelle société du coût marginal zéro. Que retenir pour une éducation
technologique de demain ? 5 – La productivité extrême, l’Internet des objets et l’énergie
gratuite - sur http ://pagesperso-orange.fr/techno-hadf/index.html.
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