1 – Le grand changement de paradigme : du capitalisme de

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LA NOUVELLE SOCIETE DU COUT MARGINAL ZERO. QUE RETENIR POUR
UNE EDUCATION TECHNOLOGIQUE DE DEMAIN ?
1 Le grand changement de paradigme : du capitalisme de marché aux communaux
collaboratifs
Document rédigé par Ignace Rak en septembre 2015 pour l’association PAGESTEC
www.pagestec.org
Mots-clés sur http://pagesperso-orange.fr/techno-hadf/index.html Technologie futur :
approche systémique ; la 3e révolution industrielle.
La présente série de documents de réflexion est une contribution pour reconnaître ce qui se fait
déjà dans certaines classes de collège et repérer quelques éléments nouveaux extraits de
l’ouvrage et à intégrer dans l’enseignement de la discipline « technologie » d’aujourd’hui, voire
à utiliser directement dans les cours.
Mais cette série de documents a aussi pour objectif d’alimenter la réflexion pour une évolution
de l’éducation technologique pour demain, ainsi que faire envie de lire l’ouvrage complet. Cet
ouvrage reflète un point de vue, parmi d’autres, celui de J.Rifkin. Mais par sa qualité, il est
représentatif d’une réflexion incontournable et fondée. Il peut aussi servir de ressource à
d’autres disciplines que la technologie.
Ce document fait suite au document sur le chapitre 0 « Présentation générale » que j’ai rédigé
en septembre 2015 (1) qui fait partie de la première partie de l’ouvrage et intitulé « La nouvelle
société du coût marginal zéro. L’internet des objets, l’émergence des communaux collaboratifs
et l’éclipse du capitalisme». Il reprend des éléments de l’ouvrage de Jeremy Rifkin (2). Pour
faciliter les citations de l’auteur Jeremy Rifkin, c’est l’abrégé J.R. qui est employé dans ce
document.
Dans cette introduction, J.R. décrit plusieurs faits historiques, et aussi technique et économique
sur lesquels il fonde son analyse et qu’il développe dans cet ouvrage.
Avertissement aux lecteurs du présent document.
Les extraits sélectionnés ci-après sont des éléments qui éclairent essentiellement mes points de
vue : technique, de citoyen et historique pour une éducation technologique devant se mettre en
place aujourd’hui pour préparer demain. Cette sélection est personnelle. Les extraits sont
présentés entre parenthèses »). Parfois ils sont précédés ou suivis de («…) (… »). Ceci
indique qu’il a dans l’ouvrage une petite, ou une grande partie, non citée du texte qui précède,
ou qui suit l’extrait.
D’autre part les nombreux renvois à des articles, études et références, sites, ne sont pas
mentionnées dans mon document. Or toute l’analyse de J.R., puis ses propositions, s’expriment
à partir de ces faits et des études prospectives. Si vous voulez connaître les sources de ses
chiffres et avis, il est nécessaire d’aller les consulter dans l’ouvrage de J.R. chapitre par
chapitre.
Dans tous les cas, seule la lecture de l’original fait foi, car lors de la saisie il peut y avoir
éventuellement des erreurs, fautes ou omissions.
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« L’éclipse du capitalisme » (extraits) (3)
Dans l’introduction de cette partie de chapitre, J.R. rappelle les définitions des principaux
paradigmes qui structurent son ouvrage sur l’avènement de ce changement. Il est très utile de
les retenir si l’on veut comprendre le sens de la totalité de l’ouvrage.
« Un nouveau système économique entre dans la scène mondiale, les communaux collaboratifs.
C’est le premier paradigme économique à prendre racine depuis l’avènement du capitalisme
et du socialisme au début du XXe siècle. Les communaux collaboratifs transforment notre façon
d’organiser la vie économique : ils permettent de réduire considérablement l’écart des revenus,
de démocratiser l’économie mondiale et de créer une société écologique durable. Nous voyons
déjà émerger une économie hybride, mi-marché, mi-communal. Les deux systèmes travaillent
souvent en tandem et parfois en concurrence… ».
En note de bas de page les traducteurs de cet ouvrage de J.R.explicitent : « En appelant ce
nouveau système Collaborative Commons, J.R. désigne les pratiques collaboratives actuelles
du cyberespace en reprenant le nom traditionnel des textes gérés collectivement, dont
l’appropriation privée, lors du mouvement des enclosures, a donné le coup d’envoi de l’essor
de l’économie de marché en Angleterre. En raison de l’importance de ce rapprochement dans
la démarche générale du livre, nous procéderons de la même façon : plutôt que par « biens
communs » ou « ou « communs » (autres traductions possibles et pratiquées), nous traduirons
« commons » (souvent employé au singulier a commons) par « communal » ou
« communaux », et commoners par « communiers » (terme encore en usage en Savoie ou en
Suisse romande pour désigner les usagers et gestionnaires d’un communal). Pour commons
management ou gouvernance, nous parlerons de gestion ou de gouvernance
« communaliste » ».
J.R. décrit historiquement le capitalisme dans ses contradictions « …La logique opératoire du
capitalisme est ainsi faite qu’en réussissant, il se détruit. Je m’explique…Dans son ouvrage
Adam Smith, père du capitalisme moderne, pose que le marché opère sur le même mode que
les lois de la gravitation découvertes par Newton. Comme dans la nature, à toute action
correspond réaction de force égale et opposée, l’offre et la demande s’entre-équilibrent sur un
marché autorégulateur.
Le philosophe français des Lumières Jean Baptiste Say, autre architecte de la première heure
de la théorie économique classique, ajoute un second postulat, encore en empruntant une
métaphore à la physique newtonienne « …Le seul fait de la formation d’un produit ouvre dès
l’instant même un débouché à d’autres produits… » ».
Et J.R. se livre à une petite analyse « …Mais attention ! Ces principes supposent un marché
concurrentiel. Si quelques vendeurs, voire un seul, deviennent beaucoup plus gros que leurs
concurrents, les éliminent et établissent sur le marché un oligopole ou un monopole, ils peuvent
maintenir des prix artificiellement élevés, puisqu’ils savent que les acheteurs n’ont pas d’autres
solutions - notamment quand les biens et services vendus sont essentiels. Dans ce cas, le
monopoliste n’a ni besoin, ni envie d’introduire de nouvelles technologies plus économes en
main d’œuvre pour accroitre la productivité, réduire les prix et rester concurrentiel… ».
Plusieurs exemples sont décrits où des produits sont maintenant créés et commercialisés
directement par leurs créateurs, venant ainsi concurrencer le système de monopole. Ainsi J.R.
cite pour les livres : « …Des auteurs toujours plus nombreux écrivent des livres qu’ils
proposent à prix réduits, ou même gratuitement, sur internet en contournant éditeurs,
correcteurs, imprimeurs, grossistes, distributeurs et détaillants. Commercialiser et expédier
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chaque exemplaire ne coûte quasiment rien. Les seuls coûts sont le temps passé à créer le
produit et le prix du matériel informatique et de la connexion à Internet. Un livre numérique
peut donc se produire et se diffuser à un coût marginal quasi nul… ». Et J.R. cite quelques
autres exemples de cette « révolution du coût marginal zéro » : l’énergie renouvelable, la
fabrication par impression 3D et l’enseignement supérieur en ligne, etc.
Et J.R. de résumer sur ce point : « …En fait les biens et services qui constituent le tissu
économique de la société vont être de plus en plus nombreux à se rapprocher du coût marginal
quasi nul et à devenir pratiquement gratuits… ».
« Le changement de paradigme économique » (extraits) (4)
J.R. rappelle une définition de « paradigme » à partir de celle qu’en donne Thomas Kuhn
« …Selon Kuhn, un paradigme est un système de croyance et de postulats qui créent
conjointement, unifiée, une vision du monde intégrée si convaincante et impérieuse qu’on la
confond avec la réalité elle-même. Il appelle des modèles scientifiquement admis, ou peu s’en
faut, comme la physique newtonienne et l’évolution darwinienne… ».
Pour J.R. le « paradigme capitaliste…est attaqué sur deux fronts ».
Pour le premier front « une nouvelle génération de travaux de recherche interdisciplinaires
réunissant des champs d’études jusque-là séparés les sciences écologiques, la chimie, la
biologie, l’ingénierie, l’architecture, l’urbanisme et les technologies de l’information – défie la
théorie économique standard (indissociable des métaphores de la physique newtonienne) par
une nouvelle approche de l’économie, enracinée dans les lois de la thermodynamique ». Pour
illustrer J.R. souligne que «…Quelle que soit l’énergie contenue dans le produit ou le service,
on l’a mise en dépensant de l’énergie utilisée ou perdue pour effectuer l’activité économique
le long de la chaine de la valeur : c’est la facture entropique. Finalement, les biens produits
sont consommés, mis au rebut et recyclés dans la nature, ce qui, encore, accroit
l’entropie… ».
Pour le second front «…une puissante plate-forme technologique nouvelle sort des entrailles
de la seconde révolution industrielle et exacerbe la contradiction cruciale de l’idéologie
capitaliste en accélérant son arrivée au stade final susmentionné. La jonction entre l’Internet
des communications et deux structures naissantes, l’Internet de l’énergie et l’Internet de la
logistique, au sein d’une infrastructure intelligente unifiée du XXIe siècle, l’Internet des objets
(IdO) donne le coup d’envoi d’une troisième révolution industrielle. L‘Internet des objets
stimule déjà la productivité jusqu’au point le coût marginal de production de nombreux
biens et services est quasi nul, ce qui les rend pratiquement gratuits… ».
« L’Internet des objets » (extraits) (5)
Une brève description, avec des exemples concrets déjà existants, sont donnés par J.R.
« L’internet des objets connectera tout et tous dans un réseau mondial intégré…Le cluster
européen de recherche sur l’internet des objets (IERC) créé par l’exécutif de Union
Européenne, la Commission Européenne, pour faciliter le passage de l’ère nouvelle de
l’informatique ubiquitaire, a cartographié certaines des multiples façons dont on déploie déjà
l’Internet des objets pour connecter la planète au sein d’un réseau mondial distribué…On
introduit l’Internet des objets dans tous les secteurs industriels et commerciaux…UPS par
exemple, se sert de Big Data pour rester informé à tout instant sur l’état de ses 60 000 véhicules
aux Etats Unis : le géant de logistique y a embraqué des capteurs qui surveillent chacune de
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leurs pièces pour repérer les signes de dysfonctionnement ou d’usure potentielle ; il peut ainsi
les remplacer avant qu’une panne coûteuse se produise sur la route… ».
Cette solution de capteurs se généralise et J.R. de citer « …Des capteurs enregistrent et
communiquent la disponibilité des matières premières…D’autres capteurs indiquent en temps
réel l’évolution de la consommation d’électricité des appareils des entreprises et des
ménages…Grâce aux capteurs installés chez les détaillants, les services des ventes et du
marketing savent aussitôt quels articles sont regardés, pris en main, remis sur les
rayonnages…Les chercheurs implantent des capteurs dans des animaux sauvages et en
disposent tout le long de leurs routes migratoires pour repérer les changements
d’environnement et de comportement qui risquent de nuire à leur bien-être : on peut ainsi
prendre des mesures préventives pour restaurer la dynamique des écosystèmes… » Etc.
Quant aux compagnies mondiales des technologies de l’information qui travaillent déjà sur la
mise en place de l’Internet des objets, J.R. cite «L’internet industriel de Général Electric,
l’Internet de tous de Cisco, la planète plus intelligente d’IBM et les villes durables de
Siemens…pour mettre en ligne une infrastructure intelligente de troisième révolution
industrielle capable de connecter quartiers, ville, régions et continents dans un « système
nerveux mondial »… ».
Et de résumer ainsi l’orientation générale nécessaire «…nous avons une certitude : le noyau du
système opératoire de l’internet des objets est l’union de l’Internet des communications, de
l’Internet de l’énergie et de l’Internet de la logistique en une plate-forme cohérente qui
fonctionne. Si chaque Internet reste séparé des autres, il sera impossible d’édifier l’Internet des
objets et de réaliser la vision d’une société intelligente et d’un monde durable. (Nous
reviendrons tout au long de ce livre aux trois Internet qui constituent le mécanisme de l’Internet
des objets)…».
« L’essor des communaux collaboratifs » (extraits) (6)
J.R. rappelle ce qu’il nomme les communaux par rapport à d’autres modes d’organisation de
l’économie « …Nous avons coutume de penser qu’il n’y a que deux moyens d’organiser
l’économie : le marché capitaliste et l’Etat…Les communaux sont antérieurs au marché
capitaliste et au gouvernement représentatif ; ils constituent la forme d’autogestion
institutionnalisée la plus ancienne du monde
Les communaux contemporains offrent un espace des milliards de personnes vivent les
aspects profondément sociaux de leur vie…associations caritatives, ordres religieux, ateliers
artistiques et culturels, fondations pédagogiques, clubs sportifs amateurs, coopératives de
production et de consommation, banques coopératives, organisations de santé, groupes de
défense d’une cause, associations de résidents et tant d’autres institutions déclarées ou
informelles la liste est presque interminable qui créent le capital social de la société…
Quant aux communaux traditionnels gérés démocratiquement, on en trouve dans des
collectivités dispersées sur tous les continents. Des communautés rurales locales regroupent
leurs ressources communes la terre, l’eau, les forêts, les poissons, le gibier, les pâturages etc.
et conviennent de les utiliser collectivement…Les communaux ont apporté un modèle de
gouvernance assez satisfaisant aux collectivités locales vivant de l’agriculture de subsistance,
où production et consommation s’organisent surtout autour de l’usage et non de l’échange. Ils
sont les premiers archétypes de l’économie circulaire d’aujourd’hui…
5
Le grand mouvement des « enclosures », qui ont conduit dans toute l’Europe à l’effondrement
de la société féodale, à l’essor de l’économie de marché moderne et finalement au système
capitaliste, ont mis un terme aux communaux ruraux mais non à l’esprit de partage qui les
animait…
Des sociétés de secours, des écoles, des hôpitaux, des syndicats, des coopératives et toute sorte
d’institutions ont commencé à prendre racine et à s’épanouir, posant les bases de ce que l’on
appellera au XIXe siècle, la société civile…Au XXe siècle la société civile s’est
institutionnalisée sous la forme d’associations exemptées d’impôts, et on l’a rebaptisée
« secteur à but non lucratif »…Mais la nouvelle génération commence à dépasser ces anciennes
distinctions : elle préfère parler de « communaux sociaux » L’économie sociale n’en pas
moins une force impressionnante. Selon une étude menée dans quarante pays par le Center for
Civil Society Studies (Centre d’étude sur la société civile) de l’Université Johns Hopkins, les
communaux à but non lucratif représentent 2 200 milliards de dollars de dépenses
d’exploitation. En fait, si toutes les organisations de la société civile disparaissaient du jour au
lendemain, la société ne tarderait pas à s’étioler et à mourir…Sans lieux de cultes, sans écoles,
sans hôpitaux, sans associations d’entre aides locales, etc…nous perdrions notre sentiment
d’identité, notre motivation collective et les liens sociaux qui nous unissent en tant que famille
humaine étendue ».
Et J.R. de faire ainsi une transition entre cette partie économique avec la partie technologique
à disposition des communaux : « …Si le marché capitaliste a pour fondement l’intérêt
personnel et pour moteur le gain matériel, les communaux sociaux sont motivés par des intérêts
collaboratifs et dynamisés par un désir profond de relation avec les autres et de partage. Tandis
que le premier promeut les droits de propriété, le principe caveat emptor c’est à l’acheteur
de faire attention ») et la quête de l’autonomie, les seconds privilégient l’innovation en source
ouverte, la transparence et la recherche de la communauté… ».
J.R. constate que « …L’Internet des objets est « l’âme sœur » des communaux collaboratifs
émergents…La logique opératoire de l’Internet des objets consiste à optimiser la production
latérale par les pairs, l’accès universel, l’inclusion – les valeurs qui sont cruciales pour
entretenir et créer le capital social dans la société civile…La plate-forme transforme tout
participant en prosommateur et toute activité en collaboration…Sans la plate-forme Internet
des objets, les communaux collaboratifs ne seraient ni réalisables, ni imaginables...
Les prosommateurs ne se contentent pas de produire et de partager leurs propres informations,
divertissements, énergies vertes, produits imprimés en 3D et cours en ligne sur les communaux
collaboratifs à coût marginal quasi nul. Ils partagent entre eux des voitures, des maisons et
même des vêtements par l’intermédiaire de sites de réseaux sociaux, de systèmes de location,
de clubs de redistribution et de coopératives, à coût marginal faible ou proche de zéro…De
jeunes entrepreneurs sociaux lancent des activités à sensibilité écologique, financent de
nouvelles entreprises par le crowdfundingdes consommateurs toujours plus nombreux
choisissent l’accès plutôt que la propriété : quand ils décident de ne payer que le temps limité
où ils utilisent une voiture, une bicyclette, un jouet, un outil ou un autre article, ils font baisser
le PIB…
La métrique traditionnelle du PIB qui mesure la performance de l’économie sur le marché
capitaliste consiste exclusivement à compiler la somme des biens et services produits chaque
année, sans le moindre effort pour distinguer le négatif du positif dans la croissance…L’Union
Européenne, les Nations Unies, l’organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) et plusieurs pays industrialisés et en développement, ont introduit de
nouvelles métriques pour mesurer les progrès de l’économie, en privilégiant des indicateurs de
1 / 6 100%

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