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Le grand mouvement des « enclosures », qui ont conduit dans toute l’Europe à l’effondrement
de la société féodale, à l’essor de l’économie de marché moderne et finalement au système
capitaliste, ont mis un terme aux communaux ruraux mais non à l’esprit de partage qui les
animait…
Des sociétés de secours, des écoles, des hôpitaux, des syndicats, des coopératives et toute sorte
d’institutions ont commencé à prendre racine et à s’épanouir, posant les bases de ce que l’on
appellera au XIXe siècle, la société civile…Au XXe siècle la société civile s’est
institutionnalisée sous la forme d’associations exemptées d’impôts, et on l’a rebaptisée
« secteur à but non lucratif »…Mais la nouvelle génération commence à dépasser ces anciennes
distinctions : elle préfère parler de « communaux sociaux »… L’économie sociale n’en pas
moins une force impressionnante. Selon une étude menée dans quarante pays par le Center for
Civil Society Studies (Centre d’étude sur la société civile) de l’Université Johns Hopkins, les
communaux à but non lucratif représentent 2 200 milliards de dollars de dépenses
d’exploitation. En fait, si toutes les organisations de la société civile disparaissaient du jour au
lendemain, la société ne tarderait pas à s’étioler et à mourir…Sans lieux de cultes, sans écoles,
sans hôpitaux, sans associations d’entre aides locales, etc…nous perdrions notre sentiment
d’identité, notre motivation collective et les liens sociaux qui nous unissent en tant que famille
humaine étendue… ».
Et J.R. de faire ainsi une transition entre cette partie économique avec la partie technologique
à disposition des communaux : « …Si le marché capitaliste a pour fondement l’intérêt
personnel et pour moteur le gain matériel, les communaux sociaux sont motivés par des intérêts
collaboratifs et dynamisés par un désir profond de relation avec les autres et de partage. Tandis
que le premier promeut les droits de propriété, le principe caveat emptor (« c’est à l’acheteur
de faire attention ») et la quête de l’autonomie, les seconds privilégient l’innovation en source
ouverte, la transparence et la recherche de la communauté… ».
J.R. constate que « …L’Internet des objets est « l’âme sœur » des communaux collaboratifs
émergents…La logique opératoire de l’Internet des objets consiste à optimiser la production
latérale par les pairs, l’accès universel, l’inclusion – les valeurs qui sont cruciales pour
entretenir et créer le capital social dans la société civile…La plate-forme transforme tout
participant en prosommateur et toute activité en collaboration…Sans la plate-forme Internet
des objets, les communaux collaboratifs ne seraient ni réalisables, ni imaginables...
Les prosommateurs ne se contentent pas de produire et de partager leurs propres informations,
divertissements, énergies vertes, produits imprimés en 3D et cours en ligne sur les communaux
collaboratifs à coût marginal quasi nul. Ils partagent entre eux des voitures, des maisons et
même des vêtements par l’intermédiaire de sites de réseaux sociaux, de systèmes de location,
de clubs de redistribution et de coopératives, à coût marginal faible ou proche de zéro…De
jeunes entrepreneurs sociaux lancent des activités à sensibilité écologique, financent de
nouvelles entreprises par le crowdfunding…des consommateurs toujours plus nombreux
choisissent l’accès plutôt que la propriété : quand ils décident de ne payer que le temps limité
où ils utilisent une voiture, une bicyclette, un jouet, un outil ou un autre article, ils font baisser
le PIB…
La métrique traditionnelle du PIB qui mesure la performance de l’économie sur le marché
capitaliste consiste exclusivement à compiler la somme des biens et services produits chaque
année, sans le moindre effort pour distinguer le négatif du positif dans la croissance…L’Union
Européenne, les Nations Unies, l’organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) et plusieurs pays industrialisés et en développement, ont introduit de
nouvelles métriques pour mesurer les progrès de l’économie, en privilégiant des indicateurs de