LA NOUVELLE SOCIETE DU COUT MARGINAL ZERO. QUE RETENIR POUR UNE EDUCATION TECHNOLOGIQUE DE DEMAIN ? 8- Le dernier des travailleurs. Document rédigé par Ignace Rak en avril 2016 pour l’association PAGESTEC www.pagestec.org Mots-clés sur http://pagesperso-orange.fr/techno-hadf/index.html Technologie futur : approche systémique ; la 3e révolution industrielle ; coût marginal zéro. La présente série de documents de réflexion est une contribution pour reconnaître ce qui se fait déjà dans certaines classes de collège et repérer quelques éléments nouveaux extraits de l’ouvrage et à intégrer dans l’enseignement de la discipline « technologie » d’aujourd’hui, voire à utiliser directement dans les cours. Mais cette série de documents a aussi pour objectif d’alimenter la réflexion pour une évolution de l’éducation technologique pour demain, ainsi que faire envie de lire l’ouvrage complet. Cet ouvrage reflète un point de vue, parmi d’autres, celui de J.Rifkin. Mais par sa qualité, il est représentatif d’une réflexion incontournable et fondée. Il peut aussi servir de ressource à d’autres disciplines que la technologie. Ce huitième document fait suite au document sur le chapitre 7 « Les MOOC et l’enseignement à coût marginal zéro » que j’ai rédigé en avril 2016 (1), chapitre qui fait partie de la deuxième partie de l’ouvrage intitulé « La nouvelle société du coût marginal zéro. L’internet des objets, l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme ». Il reprend des éléments de l’ouvrage de Jeremy Rifkin (2) et de son autre ouvrage sur l’avènement de la troisième révolution industrielle (3). Pour faciliter les citations de l’auteur Jeremy Rifkin, c’est l’abrégé J.R. qui est employé dans ce document. Avertissement aux lecteurs du présent document. (Relire cet avertissement dans le document « Le grand changement de paradigme : du capitalisme de marché aux communaux collaboratifs ») (4). Ce huitième chapitre est consacré à la prévision de la fin des travailleurs tels que nous les connaissons actuellement et à l’avènement, à cause de l’automatisation dans une troisième révolution industrielle, d’une nouvelle société s’inscrivant aussi dans un nouveau concept de l’économie à cause de l’arrivée inéluctable, selon lui, du coût marginal zéro pour tous les produits. Et il démontre que tous autres travailleurs du « savoir » subiront le même sort, c’està-dire qu’ils seront « jetables » à cause, notamment, de l’automatisation que procure Big Data. Dans l’introduction de ce chapitre, J.R. pointe l’avenir de la manière suivante « …Les mêmes technologies de l’information et d’Internet qui emportent les communications, l’énergie, l’industrie manufacturière et l’enseignement supérieur vers le coût marginal quasi nul en font autant pour le travail humain...». « La fin du travail » (5) A partir d’un de ces ouvrages paru en 1995 intitulé « La fin du travail », J.R. rappelle quelques faits que nous connaissons bien dans l’enseignement professionnel en France depuis 1981 où 1 les programmes de formation des élèves, ainsi que le renouvellement des équipements, ainsi que dans la mise en place en technologie de l’usinage sur des machines commandées par ordinateur, ont fait leur apparition « …Les premiers indices du paradoxe (NDLR relation entre hausse de la productivité et baisse des effectifs), sont apparus aux premières heures de la révolution des technologies de l’information, au début des années 1960, avec l’introduction de l’ordinateur à l’usine. A l’époque ; on appelait cette technologie la « machine à commande numérique »…Le cabinet de conseil en gestion Cox and Cox, de Chicago, a mesuré toute la portée du remplacement des travailleurs par des ordinateurs et les technologies informatiques : avec des machines-outils à commande numérique, a- t-il proclamé, « une révolution du management est là […] : la gestion des machines au lieu de la gestion des hommes »…Bond en avant de cinquante ans : aujourd’hui, et de plus en plus, les usines pratiquement sans ouvriers sont la norme, dans les pays industrialisés comme le monde en développement. La sidérurgie en est un exemple typique. Comme l’industrie automobile… » «…Des industriels qui ont longtemps compté sur la main d’œuvre bon marché de leurs usines chinoises rapatrient le production dans leurs pays pour la confier à une robotique avancée, moins chère et plus efficace que leurs ouvriers chinois…Dans la nouvelle électronique de Philips aux Pays-Bas, les 128 bras robotiques travaillent à un tel rythme qu’il faut les placer derrière des vitrines pour qu’ils ne blessent pas les quelques employés qui surveillent leur fonctionnement… ». Et J.R de donner de nombreux exemples bien connus des professeurs enseignant dans les Lycées professionnels et technologiques, ou en technologie au collège. Parmi ces exemples, celui à des vêtements : «…La conception assistée par ordinateur (CAO) a réduit le temps nécessaire pour dessiner un vêtement…La fabrication du vêtement lui-même est assurée par un personnel moins nombreux, assisté par des programmes informatiques. Il y a cinquante ans, un ouvrier du textile faisait fonctionner à lui seul cinq métiers, et sur chacun d’eux le fil de trame passait entre les fils de de chaîne cent fois par minute. Aujourd’hui, les métiers les métiers vont six fois plus vite et un agent en surveille cent : la production a été multipliée par 120… ». Autre exemple aux Etats-Unis cité par J.R. pour les tenues militaires : « …le nouveau système automatisé éliminera les quelques cinquante mille personnes employées par des sous-traitants pour confectionner les tenues militaires : il pourra les produire à des coûts marginaux de maind’œuvre pratiquement nuls… ». Et J.R. de prédire que « …l’emploi industriel, qui représentait 163 millions de postes en 2003, n’en comptera probablement que quelques millions en 2040, ce qui marquera la fin du travail industriel de masse dans le monde… ». Concernant la logistique, «…L’envoi d’e-mails en quelques secondes dans le monde entier, à coup marginal de main d’œuvre quasi nul, a porté un coup très dur aux services postaux de tous les pays. Celui des Etats Unis était il y a dix ans à peine la plus grande entreprise américaine avec plus de 500 000 salariés. Il est passé sous la barre des 500 000 en 2013…il est aujourd’hui pratiquement menacé d’extinction car son activité « courrier » est de plus en plus captée par l’e-mail… ». Concernant cette automatisation J.R. cite aussi le cas d’Amazon qui utilise le même principe «…pour éliminer un travail manuel…pour s’approcher le plus près possible des coûts marginaux de main d’œuvre quasi-nuls… ». Tout comme les distributeurs automatiques qui « …vendent aujourd’hui de tout…quand ils ont fini leurs courses, ils appuient sur le bouton « terminé » et l’application leur donne un « QR code » personnalisé (QR signifie quick response, réaction rapide). La caisse automatique enregistreuse scanne le QR code sur le smartphone, fait l’addition et demande au client un mode de paiement… ». 2 Et J.R. de revenir sur les vêtements « …Quelques magasins commencent à faire payer le droit de flâner et de regarder les articles pour décourager le « vol à l’essayage ». d’autres commerçants craignent, probablement à juste titre, que, sils font payer l’entrée et l’essayage, les clients ne viennent plus du tout dans leurs magasins… ». Mais « …Les vendeurs de vêtements en ligne propose l’essayage en virtuel. Leurs clients peuvent créer un modèle virtuel d’eux-mêmes en donnant des informations sur leur tour de taille, leur sexe, leur âge, leur poitrine, leur tour de taille et leur tour de hanches. Avec sa souris, le client peut même vérifier sous différents angles si le vêtement lui va… ». « Même les travailleurs du savoir sont jetables » (6) Et J.R. analyse un autre champ de l’automatisation, celui du « savoir » via l’informatique, avec toutes ses répercussions prévisibles sur les salariés de ce secteur. Dans cette partie J.R. continue, toujours exemples à l’appui, « …de penser que le grand débat sur l’automatisation va peut-être s’ouvrir : pour la première fois, les innovations récentes dans l’usage du Big Data, le raffinement croissant des algorithmes et les progrès de l’intelligence artificielle remontent subrepticement l’échelle des qualifications et touchent le travail intellectuel qualifié lui-même, que l’on avait longtemps cru à l’abri des forces de l’automatisation et des progrès de l’éviction technologique… ». Et d’expliciter : « …On programme à présent des ordinateurs pour reconnaitre des structures, avancer des hypothèses, autoprogrammer des réactions, appliquer des solutions et même déchiffrer des communications et traduire en temps réel d’une langue à une autre des métaphores complexes avec une exactitude approchant celle des meilleurs traducteurs du monde… ». Parmi les nombreux exemples dans des domaines différents, celui de la justice et celui de la musique. Pour la justice « …Le journaliste du New York Times John Markoff cite l’exemple d’un procès retentissant en 1978 entre cinq chaînes de télévision, le département de la Justice et CBS. Les avocats et les assistants juridiques des chaines ont eu la tâche peu enviable de lire plus de six millions de documents pendant des mois : leur temps de travail de travail a coûté 2,2 milllions de dollars. En janvier 2011, BlackStone Discovey, une entreprise de Palo Alto (Californie), a analysé 1,5 millions de documents juridiques avec un logiciel d’eDiscovery – pour moins de 100 000 dollars… ». Après une énumération de la situation «…des travailleurs intellectuels en tout genre et de toute nature –radiologues, comptables, cadres moyens, graphistes et même commerciaux – qui (sont) déjà sous pression en ces temps où les logiciels de reconnaissance de formes commencent à pénétrer tous les métiers… », pour la musique J.R cite cet exemple, « …Mike McCready dirige une start-up nommée Music Xray, qui utilise le Big Data et les algorithmes pour identifier les tubes musicaux potentiels. Cette société, qui a passé des contrats d’enregistrement avec plus de cinq mille artistes en moins de trois ans, utilise un logiciel raffiné pour comparer la structure d’une chanson à d’autres chansons enregistrées antérieurement, afin d’évaluer ses chances de percer et de faire un tabac. La société a déjà un bilan impressionnant de prévisions exactes… ». Et J.R., à nouveau dans ce chapitre, montre qu’à partir des points précédemment évoqués, l’éclipse inéluctable du capitalisme, sous-titre de son ouvrage au travers de cet extrait de le conclusion de ce chapitre « …Le remplacement général du travail salarié de masse et du travail intellectuel qualifié par la technologie intelligente commence à gripper les rouages du système 3 capitaliste. Qu’arrive t-il au capitalisme de marché quand les gains de productivité qu’apporte la technologie intelligente réduisent constamment les besoins en travail humain ?C’est la question que les économistes ont si peur de se poser. Nous assistons au découplage de la productivité et de l’emploi. Aujourd’hui la première, loin de stimuler le second, l’élimine. Mais puisque sur les marchés capitalistes le capital et le travail s’entre-alimentent, que se passe t-il quand ceux qui disposent d’un emploi rémunérateur sont si peu nombreux qu’il n’y a pas assez d’acheteurs pour acquérir les biens et services des vendeurs ?... ». Que dit J.R. sur une alternative possible « …Amasser du capital social sera aussi précieux demain qu’accumuler du capital financier l’a été hier. Ce ne sera plus la prospérité matérielle mais l’attachement à la communauté et la quête de transcendance et de sens qui donneront la mesure d’une vie…Il est probable que, dans un demi-siècle, nos petits-enfants regarderont l’époque du plein emploi sur le marché avec le même sentiment d’incrédulité totale que nous inspirent l’esclavage et le servage d’autrefois. L’idée même que la valeur d’un être humain se mesurait presque exclusivement à sa production de biens et services et à sa fortune matérielle leur paraitra primitive et même barbare : elle sera perçue comme une effroyable perte de richesse humaine par nos descendants qui, dans un monde ultra-automatisé, vivront le plus clair de leur vie sur les communaux collaboratifs…». Que retenir pour une éducation technologique de demain ? Il est évident, dans ce chapitre encore, que les évolutions technologiques mises en avant par J.R. avec l’évolution de la société, auront une grande répercussion sur notre avenir de demain, notamment l’éclipse du capitalisme, seraient à traiter en relation avec les professeurs de français et de mathématiques. Je pense notamment aux notions de travailleur, d’automatisation et de Big Data. Dans le prochain chapitre Le prochain document traitera avec le chapitre 9 « L’ascension du prosommateur et la construction de l’économie intelligente » de la deuxième partie de l’ouvrage de J.R. « La société du coût marginal quasi nul » qui aborde des notions comme : prosommateurs, Wi-Fi gratuit, web propre, et de communaux collaboratifs en réseaux. etc. Bibliographie, sitographie (1) RAK, I. (2015). La nouvelle société du coût marginal zéro. Que retenir pour une éducation technologique de demain ? – L’impression 3D - sur http ://pagesperso-orange.fr/technohadf/index.html. (2) RIFKIN, J. (2014). La nouvelle société du coût marginal zéro. L’internet des objets, l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme. Editions Les liens qui libèrent. IBSN : 979-10-209-0145-5 ; 510 pages, 26 euros. (3) - RIFKIN, J. (2012). La troisième révolution industrielle. Editions : Les liens qui libèrent Editions. ISBN 978-2918597476. 380 pages. 24 euros. (4) RAK, I. (2015). Le grand changement de paradigme : du capitalisme de marché aux communaux collaboratifs http ://pagesperso-orange.fr/techno-hadf/index.html p.1. Pages 135 à 141. (5) RIFKIN, J. (2014). Op cité p.183-194. (6) RIFKIN, J. (2014). Op cité p.194-202. 4